Kosmokrator - First Step Towards Supremacy
Chronique
Kosmokrator First Step Towards Supremacy (EP)
Depuis quelques temps on assiste à une résurgence de la scène noire de Belgique, car si ENTHRONED et dans une moindre mesure EMPTINESS ont longtemps été les fers de lance du mouvement chez nos amis du plat pays, de nouveaux venus aux dents longues ont décidé de faire parler la poudre. Si on peut citer parmi ces jeunes loups POSSESSION et ARS VENEFICIUM, nul doute que KOSMOKRATOR (qui signifie « Maitre du Monde » en Grec ancien) va trouver sans problème sa place parmi eux tant il frappe un grand coup avec ce premier EP qui augure du meilleur pour la suite, et confirme les promesses entrevues avec la démo « To The Svmmit » en 2014. Celle-ci proposait un Black/Death sombre et mystérieux assez classique dans sa forme, mais dont on décelait déjà un immense potentiel qui ne demandait qu’un peu plus de temps et d’expérience pour trouver sa marque et sa voie, ce qui est le cas aujourd’hui.
Car en à peine plus d’une demi-heure le quintet nous offre un voyage entre mysticisme, ambiance cosmique où l’on navigue entre abîmes tourmentées, infini de l’Espace et froideur extrême proche du zéro absolu, où l’ensemble prend le temps de se développer et de se construire via une durée importante mais jamais excessive, comme sur « Initiate Decimate » qui ouvre les hostilités. Débutant par des incantations religieuses qui servent à se mettre dans l’ambiance, le quintet se lâche ensuite totalement en balançant des gros riffs typiquement Black assortis avec une batterie tout en vitesse et en blast, et où le chant en réverb’ sait trouver sa place. En effet la prestation du chanteur est impressionnante (et le sera tout du long de ces quatre titres) qui passe facilement entre growl caverneux, voix criardes malsaine et passages clairs réussis (qui ne sont pas sans rappeler ceux de Nornagest d’ENTHRONED), et qui se mêle parfaitement aux passages plus lourds et spatiaux mis en avant aussi par un jeu de toms simple et efficace, qui sert de socle avant l’ultime déferlement de violence où tous les ingrédients sont mis en lumière par la production impeccable de Phorgath. Le bassiste d’ENTHRONED (décidemment l’ombre du combo est présente) dont le travail au Blackout Studio est de plus en plus réputé, s’est chargé de l’enregistrement et du mixage en offrant un écrin sonore superbe au rendu naturel où les guitares sont mises légèrement en avant, tout en jouant sur le côté brumeux pour accentuer l’expérience sensorielle. Après cette première plage tentaculaire, dynamique et réussie, les gars continuent sur leur lancée avec « Death Worship » encore plus évolué et tempétueux qui laisse plus de place à la lourdeur et la lenteur, mais qui n’oublie pas les passages furibards (qui se font cependant moins présents) qui se logent au milieu des parties écrasantes et légèrement mélodiques aux relents légèrement progressifs et atmosphériques, qui servent de base au chant qui n’hésite pas à haranguer l’auditeur pour y faire passer un message teinté de philosophie. Le côté plus direct n’est cependant pas oublié avec « Kosmokratoras III – Mother Whore » qui laisse une large place aux parties déchaînées à son début et à sa fin, et qui se retrouve complété en son milieu par des moments plus techniques et posés (mis en exergue par des chants grégoriens réussis qui renforcent le côté religieux), qui prouvent s’il le fallait encore que les Belges sont dans une forme olympique, avant d’entamer leur ultime fait d’arme, et pièce-maîtresse de l’ensemble. Intitulée « Myriad » elle commence de manière glaciale tant ses notes de guitares semblent coupantes, avant que le tempo de la batterie lent et binaire ne vienne apporter plus d’épaisseur à l’ensemble qui se révèle incroyablement prenant, et qui explose ensuite par une férocité sans nom, avant de se calmer et de laisser les larsen à l’œuvre pour donner plus de place aux riffs délicats et à la basse légère. Cependant pour terminer en apothéose le frappeur se met à jouer doucement sur les toms avant de nouveau d’envoyer la purée, et en finir par une nouvelle de dose plus posée, avant que le tout ne se conclut par une fin synthétique durant plusieurs minutes (et qui s’avère finalement assez peu intéressante).
Malgré cette toute fin un peu trop longue il n’y a absolument rien à jeter du début à la fin, tant la composition et l’écriture se révèlent d’une cohérence et d’une accroche imparables. Sans jouer dans la surenchère technique le groupe nous bluffe par sa musicalité incroyable, sa très grande variété et surtout le pas de géant franchi depuis sa dernière livraison, qui n’est finalement pas si ancien. Du coup il ne fait pas de doute que le renouveau et la vitalité des formations d’Outre-Quiévrain passera forcément par eux s’ils maintiennent un tel niveau dans le futur, c’est tout ce qu’on leur souhaiter à la fois pour leur pays, mais aussi pour la bonne santé de la scène musicale qui ne cesse décidemment de se renouveler et de nous surprendre.
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