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Balance Interruption - Door 218

Chronique

Balance Interruption Door 218
J'ai un peu trop parlé de Black Metal "classique", ces derniers temps. Pour contrebalancer, et verser un peu plus dans les compositions alambiquées et les cassures rythmiques, autant parler d'un disque qui est passé sous le nez de tous les amateurs (le mien également) l'année dernière, alors qu'il méritait clairement sa place dans la plupart des bilans. Un disque conjuguant judicieusement le meilleur de Dodheimsgard et Aborym dans ce qu'ils peuvent avoir de plus follement grandiose, ne se refusant pas même quelques ajouts surprenants - un saxophone en tête, tantôt fulgurant, tantôt plus lounge, presque érotique, apportant réellement quelque chose aux compositions plutôt que d'être utilisé en tant que caution "expérimentale". Abordons donc l'OVNI "Door 218", des ukrainiens de Balance Interruption. Reste à savoir par quel appendice.

Duo, puis trio, ces allumés de l'Est avec un grand E (tant leur terre d'origine est marquée par les formations de talent) n'en sont pas à leur premier essai : troisième album depuis 2005, rien que ça. Les débuts un peu tâtonnants ("Nuclear War for Rescue" en 2007 et "Era II : Desert of Ashes" en 2011) étaient autant d'échauffements préparant le monstre "Door 218", auquel il aura fallu six ans pour voir le jour. Et à son écoute, on comprend aisément pourquoi : de la difficulté de trouver un batteur compétent capable de jouer les partitions bestialo-tordues imposées par les compositions, de la nécessité de trouver un ingénieur compétent capable de produire et mixer les dizaines d'arrangements saupoudrés sur les huit titres de l'opus... Longue gestation, mères éprouvées, mais l'attente en valait la peine.

Si l'on a trop souvent tendance à hurler "Avantgarde Black Metal !!" dès qu'une formation de péquins change trois fois de plan rythmique ou sample deux bricoles dans un titre, Balance Interruption mérite très clairement cette étiquette. Chez eux, les sorties de route sont toujours maîtrisées à la perfection - contrairement à une bonne partie de la scène, dont les tentatives tiennent plus de Mario dans "Le Salaire de la Peur" que de la maîtrise de Michel Vaillant. Le meilleur ? Les ukrainiens font rarement dans la demie-mesure dès qu'il s'agit de briser les carcans. Car si "Door 218" peut sonner résolument classique dans sa propension à pédaler à toute vitesse, ses duos growls/chant Black et autres riffs marqués du sceau de la bête, les huits compositions font vite tomber le décor factice du "disque Black", laissant entrevoir un enchevêtrement de couloirs, de portes, d'escaliers digne d'Escher.

Batterie-punition au son gonflé par un mixage intensif, oscillant entre blast-beats impressionnants (rappellant les plus belles heures du décrié mais non mois excellent "Supervillain Outcast") et parties bien plus nuancées, bassiste qui ne joue pas mais claque littéralement les cordes de son instrument (le final jazzy du morceau éponyme), empilement d'arrangements en tous genres et de samples vocaux russophones, riffing écartelé (la vélocité imparable de "Suicidealer")... Difficile pour l'auditeur d'accrocher son attention à un petit détail, où même d'habituer son cerveau à un pattern pour pouvoir souffler. Balance Interruption se fait un plaisir de nous perdre, en empilant des beats électroniques par dessus des rythmiques déjà solides ("Last Sunset Without Sun"), en colmatant ses tricots de cordes avec un mastic composé de nappes bruitistes ("Not Survived to the Sentencing") et de samples fleurant bon l'industrie de la viande froide ("D.U.S.T.") - jamais dans l'excès, toujours savamment utilisés, ces montagnes d'arrangements apportent encore plus de matière à un disque qui, sans elles, aurait déjà été un monolithe de Black/Death. Balance Interruption a su piocher dans l'essence froide et typiquement indus des légendes que sont Blacklodge ou Mysticum, accouplant cette dernière à l'organique des instruments acoustiques et plus "surprenants" (le fameux saxophone). Si l'on fait le grand écart entre tabassage pur et simple et ambiances presque douces, le tempo ne faiblit que rarement, et les temps morts sont inexistants. Les quarante minutes de l'album prennent la forme d'une machine qui fonce droit au but, monstre d'efficacité, mais dont les mécanismes internes sont d'une complexité impressionnante.

"Door 218" est un patchwork qui aurait pu se révéler ennuyeux et lassant dans ses motifs dépareillés, mais dont la cohérence force le respect. Plutôt que de poser n'importe où ses ajouts expérimentaux, le trio les incorpore à sa mixture avec brio. Album sans grumeau, qui révèle tout son potentiel et le travail qu'il cache au fil des écoutes, il est à considérer à la fois comme le point de départ d'une nouvelle vie pour Balance Interruption, et comme point culminant d'une discographie déjà relativement fournie. Et surtout, comme une écoute immanquable qui aura cruellement manqué aux bilans de l'année dernière.

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Balance Interruption
Black/Death Expérimental
2016 - Satanath Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (4)  8.63/10
Webzines : (2)  8.17/10

plus d'infos sur
Balance Interruption
Balance Interruption
Black/Death Expérimental - 2005 -
  

tracklist
01.   Last Sunset Without Sun  (05:12)
02.   Door 218  (04:55)
03.   Not Survived to the Sentencing  (04:18)
04.   D.U.S.T.  (05:12)
05.   Suicidealer  (05:40)
06.   Incubatum Conveyor  (05:16)
07.   Morbid Soul Shelter  (03:29)
08.   Hypnotik Eye Kvlt Terror  (04:54)

Durée : 38:56

parution
28 Septembre 2016

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