Morfin - Consumed By Evil
Chronique
Morfin Consumed By Evil
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, ce proverbe est très à la mode depuis quelques années tant on assiste à un retour en force de styles que l’on croyait définitivement éteints et faisant partie de l’histoire. Pourtant à l’instar de la nouvelle scène Thrash qui redécouvre avec joie l’œuvre des précurseurs, le Death n’est pas non plus épargné par cela et le label Allemand F.D.A. Rekotz en a d’ailleurs fait son fonds de commerce principal. Si au départ ce sont les formations de son pays qui se sont engouffrées dans la brèche (et qui ont signé chez lui par la même occasion), on assiste depuis quelques temps à l’exportation de ce mouvement vers la Californie, et curieusement au sein de la communauté latino-américaine où il rencontre un vif succès. Ca n’est donc pas un hasard si le quatuor est étroitement lié de près comme de loin à SKELETAL REMAINS (qui est un des fers de lance du genre sur la côte ouest), ils sont en effet signés tous les deux sur le spécialiste du genre d’outre-Rhin, ils ont fait une tournée commune en Europe il y’a quelques mois, et ils possèdent désormais deux albums chacun au compteur. Après le très bon « Inoculation » sorti en 2014 (et qui sentait bon le regretté Chuck Schuldiner - époque « Leprosy » et « Spiritual Healing »), la formation de Jesus Romero aura mis le temps pour lui donner un successeur, il faut dire que celle-ci a été renouvelée de moitié avec l’arrivée du batteur Edward Andrade et surtout du guitariste Mike De La O (ancien de SKELETAL REMAINS, tiens donc !), qui se sont parfaitement intégrés avec leurs nouveaux camarades de jeu, pour un rendu impeccable et sans surprises mais aussi plus mature.
Malheureusement dès le début du pourtant excellent et classique « Reincarnated » on s’aperçoit d’un problème majeur, en effet bien que la qualité d’écriture et d’interprétation soit au rendez-vous il est impossible de ne pas remarquer la production totalement foireuse qui va gâcher une grande partie du plaisir d’écouter ce morceau et les suivants (on se demande d’ailleurs si le groupe et l’ingénieur chargé de mixage souffrent de surdité profonde ou s’ils étaient totalement bourrés pendant cette ultime phase). Ce rendu sonore est franchement étonnant car le précédent opus avait un son puissant et rétro, ici l’ensemble manque cruellement de volume, les guitares sont trop en retrait et donnent l’impression d’être branchées sur des amplis à bout de souffle et totalement hors d’âge. La basse mise hyper en avant bouffe tout l’espace, tout comme la batterie qui vampirise le reste d’espace disponible avec un son de toms et de cymbales qui fait presque amateur, du coup difficile de rester concentré sur la durée mais quand on y arrive on est d’autant plus déçu que ces trente-cinq minutes n’aient pas droit au traitement qu’elles auraient dû avoir.
Car outre les compos courtes et classiques bien rentre-dedans comme le groovesque et rapide « Slowly Dismembered », ainsi que les brutaux, directs et entraînants « Demonic Infestation » et « Contorted Truths », le quatuor a repris les mêmes recettes en poussant son propos plus loin. Un des meilleurs exemples est l’interlude « Posthumous » qui ressemble étrangement à « Primordial » présent sur « Inoculation » où l’on retrouve les mêmes bases que celui-ci, à savoir un solo de basse (avec une rythmique de batterie simple derrière) certes agréable mais qui ne présente que peu d’intérêt (hormis de montrer le talent de Michael Gonzalez), bien que son écoute se fasse sans écueil. En revanche les trois pièces majeures sont là pour prouver que malgré un pompage évident de certains plans de DEATH et de la scène floridienne des années 90 (le début du fracassant « Carcinogenic Parasite » ressemble étrangement à celui de « Lunatic Of God’s Creation » de DEICIDE) les gars font preuve désormais de plus de personnalité. Le morceau-titre est un des meilleurs exemples tant il mixe intelligemment passages rapides et d’autres plus lourds, duels de guitares qui crépitent légèrement, et parties remuantes parfaites pour headbanguer, où l’on s’aperçoit qu’ils arrivent à rester proches de leurs influences majeures sans tomber dans le plagiat. Le constat est identique avec l’écrasant et mid-tempo « Embodiment » qui conserve un rythme bien pépère et remuant tout au long de ses cinq minutes hyper agréables et qui passent comme une lettre à la poste.
Quand on en a terminé on est du coup franchement frustré car on sent l’apport du nouveau venu qui permet à ses acolytes de faire une musique plus adulte et personnelle, toujours aussi accessible et accrocheuse, tout en conservant son côté délicieusement rétro. Mais on ne peut faire abstraction du mixage final qui confirme qu’un disque de qualité peut être flingué par un rendu moisi (à l’instar d’un « Of Lucifer And Lightning » d’ANGELCORPSE et beaucoup d’autres), bref tout ceci est franchement dommage car l’album a les arguments qu’il faut … sauf celui-ci, ce qui fait beaucoup ! Heureusement qu’il reste les tournées pour entendre tout cela avec un vrai rendu, en espérant que les Américains rattraperont le coup la prochaine fois, au risque de voir s’envoler leur statut prometteur.
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