Wheelfall - The Atrocity Reports
Chronique
Wheelfall The Atrocity Reports
Parmi la foule de formations de qualité venant de l’Est de la France les Nancéiens sont sans doute parmi les plus originaux, futuristes et productifs, car à peine plus de deux ans après l’aventureux « Glasrew Point » ils sont déjà de retour et réussissent le tour de force de garder intact leur(s) style(s). Car si le Stoner pratiqué au début est nettement moins présent aujourd’hui, il a été complété par une dose d’Indus et un côté Post-Metal plus marqué, ce qui permet d’obtenir un mélange atypique et vivant, notamment depuis l’arrivée de Thibaut Thieblemont dont le travail aux claviers et aux chœurs a permis à la musique de ses confrères de prendre une toute autre ampleur. Cependant ici le groupe a décidé de revenir à quelquechose de plus court, et donc de ne pas reproduire le schéma du double album fleuve précédemment obtenu, mais si le tout se fait plus concis et accessible ça n’est pas pour autant moins intéressant qu’auparavant bien au contraire.
On s’aperçoit de cela avec le très court et rapide « The Way To Every Crime Is Ours » au tempo élevé et à l’accroche immédiate, qui alterne entre riffs syncopés et basse massive et étouffante, avec un côté martial présent en force et qui tape comme il faut. D’ailleurs ce son sidérurgique se retrouve beaucoup dans la première moitié de cet opus, notamment sur le lourd et écrasant « Nothing But Worms » qui se fait également un peu plus remuant grâce aux guitares assez présentes, tout en conservant un riffing assez simple et direct. Le constat est le même avec « Violence Is Seduction » qui lui n’hésite pas à opter pour quelquechose de plus tribal et dodelinant, tout en mélangeant les rythmes et les tempos, d’ailleurs avec « Impenitent » on atteint un des summums de cette alternance. A l’instar des morceaux précédents la qualité sera au rendez-vous et sans faiblesse générale, d’autant plus que les gars lorgnent largement vers NINE INCH NAILS vu que tout rappelle la musique de Trent Reznor et ses camarades de jeu, que ce soit au niveau du son des guitares comme de la manière de chanter. Tout ceci déjà présent auparavant trouve ici un écho plus conséquent qui passe sans souci de vitesses franches à des moments plus posés, sans perdre en puissance et cohésion, et là encore les Lorrains font très fort vu que le tout se digère facilement et évite l’écueil des longueurs à rallonge. D’ailleurs juste avant l’arrivée d’un interlude à l’ambiance apocalyptique « There Is No You » se charge de rappeler via son démarrage façon « Tambours du Bronx » et « Stomp » qu’ils ne se contentent pas de recycler ce qui a été fait.
Ils arrivent à imposer leurs influences et leur patte sans chercher à s’affranchir de ce qui les a nourrit à leurs débuts, du coup il n’est pas étonnant ici d’entendre un léger souffle planant au milieu d’une masse hermétique et légèrement synthétique, qui permet à l’auditeur de partir plus loin et plus haut dans le trip des créateurs. Après une très courte pause la place est laissée libre à « Black Bile » qui se permet d’accentuer les ambiances sombres et futuristes grâce à une voix tout douce et claire durant une majorité de l’espace disponible. Fabien derrière son micro réalise d’ailleurs une prestation de haut vol modulant ses cordes vocales avec aisance passant sans souci d’une tessiture légère à une autre plus agressive, comme on l’entend sur « Compulsions » où il harangue la foule et son public avec conviction, le tout avec une musique au rythme volontairement bridé, comme pour mieux les maintenir dans un étau et dans un état de vigilance permanent. Ceci permet d’être au taquet car après une dernière pause voilà que débarque la pièce-maîtresse « Lost Cause » qui est parfaite pour clôturer les débats, tant elle se révèle un gloubiboulga digeste de tout ce qu’on a pu entendre auparavant (qui fait passer par tous les états possibles et inimaginables). Avec quelques notes froides en guise d’introduction, la suite nous fait entendre une voix douce par-dessus les notes tout en faisant un éloge de la lenteur, vu que le tempo reste particulièrement calme, mais pour ne pas plonger dans la léthargie quelques moments énergiques se font entendre ici et là, avant de redescendre et de se terminer de façon hybride vu qu’on ne sait pas trop où la situer dans cette fourmilière de palette technique de chacun des membres.
Avec sa qualité permanente où aucune déperdition ne pointe le bout de son nez, sa production en béton à la fois aérienne, sèche et glaciale, et son écriture complexe mais aussi paradoxalement très directe et simple il n’y a absolument rien à jeter. Du coup ce troisième opus est sans défauts majeurs ni longueurs, et arrive à mixer parfaitement le son électrique avec celui plus électronique sans qu’ils empiètent l’un sur l’autre. Une superbe réussite d’un combo discret et au manque de reconnaissance certain, mais qui continue son chemin hors des sentiers battus avec comme seul objectif de faire ce qui lui plait, et vu comment il s’améliore au fur et à mesure du temps qui passe il aurait tort de s’en priver.
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