Sphæra - C8H11NO2
Chronique
Sphæra C8H11NO2 (EP)
Alors que DEFICIENCY a sorti un très bon album, que TEMNEIN revient avec un opus attendu, et que WHEELFALL a mis les petits plats dans les grands, SPHAERA montre que la scène de Lorraine est en grande forme cette année tout en confirmant son originalité. Car derrière ce nom en latin (qui signifie Sphère en Français) se cache un quintet originaire à la fois de Metz et de Nancy qui propose une musique intelligente, barrée et subtile inspirée par le Death Progressif, mais qui reste toujours dans les clous et évite les écueils de la sortie de route, trop souvent fréquents quand on veut mélanger diverses influences. Formé l’an dernier celui-ci a déjà mis du cœur à l’ouvrage en proposant un premier EP d’un peu moins d’un quart d’heure mais déjà sacrément prometteur pour la suite, tant on sent une cohésion à travers ses membres qui amènent chacun leur vécu et leur ressenti, le tout mis en lumière par une fluidité impeccable, ainsi qu’une écriture riche et sans faute de goût.
Sous le titre curieux de cet EP se cache la formule brute de la dopamine, qui est souvent citée comme étant la molécule du plaisir et des addictions, et le moins que l’on puisse dire c’est que cela colle parfaitement aux trois morceaux du combo, tant on va prendre son pied sans aucun temps mort. Avec « Faceless » il nous montre d’entrée son côté le plus brutal, car ici on reste majoritairement calé entre blasts furibards et parties de double sur un tempo élevé, tout en sonnant moderne et légèrement GOJIRA, mais cependant on s’aperçoit que les gars font le grand écart stylistique et ne se contentent pas de bourriner en continu. En effet outre un très gros boulot fait sur la voix qui passe facilement du growl le plus classique à des vocalises plus claires et chantées, sans tomber dans le mielleux, on remarque aussi les passages plus lourds et lents histoire de renforcer l’attention et la cohésion, avant que le solo magnifique tout en technique et en toucher au feeling imparable (qui n’est pas sans rappeler ceux joués par Jérémy Durin de DUNGORTHEB – également situé dans la région). Autant dire que d’entrée les mecs ont mis la barre extrêmement haut et pourtant la suite va monter encore plus en altitude, avec d’abord « Half-Life » aux relents de Djent et de Metal moderne. Cependant celle-ci se fait presque religieuse tant le recueillement se fait sentir et se marie à merveille avec cette sensation d’écrasement et l’agressivité qui s’en dégage de manière éparse ici et là, pour un rendu encore parfait et qui n’a rien à voir avec ce qui a été entendu avant cela. Le constat s’applique aussi pour « Alchemistry » qui va mettre l’accent sur les ambiances, car ici nulle pointe de vitesse mais ça va partir plutôt vers quelquechose d’apaisant et de calme sans perdre en puissance et subtilité. Après un démarrage tout en douceur où les notes des guitares se font fines et mélodieuses, l’ensemble va s’alourdir progressivement tout en faisant de la place au chant qui joue sur les différentes tessitures possibles (susurrée, plaintive …) qui se met au diapason de la musique très aérienne et qui largue l’auditeur en orbite, avant d’y ajouter un peu de riffs syncopés et une facette plus progressive. Là-encore le résultat est sans-fautes et diffère complètement de son prédécesseur, sans pour autant que cela ne nuise à l’homogénéité de cette expérience musicale et sensorielle.
Bien que les différences soient notables autour de ces trois titres aucune ne fait tâche et ne sert de remplissage, au contraire bien qu’inclassable ce disque reflète une alchimie et une maturité artistique assez impressionnante pour un groupe aussi jeune mais enrichi par des membres qui savent ce qu’ils veulent, et qui associent avec précision les goûts de chacun. Avec une production en béton et une ligne directrice qui est conservée jusqu’à la dernière seconde, ceux-ci n’en font également jamais trop à la fois sur les chœurs d’une justesse impeccable, et sur la technique qui ne tombe pas dans la surenchère inutile et ennuyeuse. Du coup on ne peut qu’être admiratif du boulot abattu par les Lorrains qui sont une sacrée belle découverte, et dont on a déjà hâte d’entendre la suite qui risque de faire très mal si elle est du même acabit, l’avenir le dira mais vu comment c’est parti le futur risque de leur être prometteur et radieux, c’est tout ce qu’on leur souhaite !
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