Spaceslug - Mountains & Reminiscence
Chronique
Spaceslug Mountains & Reminiscence
Si vous cherchez du bon son mais que vous êtes en manque d'inspiration, vous pouvez faire confiance à l'algorithme de Bandcamp pour vous dénicher de petites perles pile - poil dans vos goûts. Les labels, petits et moins petits, ne s'y sont pas trompés puisqu'ils y distribuent à la fois leurs nouveautés et leur back catalog depuis quelques années. Tandis que Myspace s'éteint comme les dinosaures et que Soundclooud est promis à un avenir tout aussi sombre, il semblerait que Bandcamp soit un site prometteur sur le créneau de la mise en relation d'artistes avec leur public. Comme chaque matin, j'ai reçu hier l'email où Bandcamp me recommande des sorties en s'appuyant sur mon historique d'écoutes et ce matin, j'avais dans mon escarcelle un groupe de Stoner de derrière les fagots qui explore un genre musical aussi passionnant que fun : le Space Rock.
C'est un power trio de Stoner Polonais appelé SPACESLUG, ce qui signifie les limaces de l'espace . Et ce nom n'est pas du tout un fait du hasard car il est souvent question d'espace dans la musique de SPACESLUG, et parfois aussi de limaces. C'est en tout cas ce sympathique gastéropode et ami des jardiniers qui illustre les deux premiers disques sortis par le trio en février 2016 (Lemanic) et février 2017 (Time Travel Dilemna) (quoique pour ce second opus, il s'agit plutôt d'un escargot). Le disque dont je vous parle ici est le troisième opus, Mountains & Reminiscence paru en septembre 2017. Abandonnant les mollusques, l'artwork très sobre représente une montagne tracée à la pointe sèche. Le gang ne renonce aucunement à l'espace puisque les cinq pistes de la tracklist sont du Space Stoner pur jus, avec un émouvant extrait de 2001, l'Odyssée de L'espace en clôture du très beau "Space Sabbath", histoire d'enfoncer le clou.
Musicalement parlant, le disque évoque un peu MARS RED SKY (tout particulièrement sur l'ouverture de "Space Sabbath") et STONED JESUS. On retrouve dans Mountains & Reminiscence les atmosphères étirées et tripantes que savent si bien distiller les Bordelais comme les Ukrainiens. Les constructions du gang mettent en valeur le travail de chaque musicien et une production organique fait bien ressortir chaque instrument et propose de belles surprises. Chaque piste est unique, le trio ne recycle jamais ses idées et ne tombe pas non plus dans la complaisance consistant à étirer des instrumentations jusqu'à plus soif. Les ambiances spatiales sont le résultat d'un savant mélange où le juste dosage est essentiel : les rythmes sont lents, les guitares saturées et gorgées d'effets immersifs, le chant trainant, le rythme planant ("Bemused And Gone"). Le recours à l'extrait de 2001 où Hal révèle à Franck qu'il ne peut pas le laisser le débrancher car il faut terminer la mission est parfaitement choisi car le chef d'oeuvre de Kubrick fonctionne sur les mêmes ressorts que la musique de SPACESLUG. Il y a dans les deux créations cette lenteur contemplative sans être vaine. Un exercice d'équilibriste entre force et poésie que peu de créateurs sont parvenus à respecter, tant au cinéma que dans le Space Rock.
Une dernière bonne nouvelle pour clôturer cette chronique enthousiaste : d'après le commentaire d'un fan sur Bandcamp, les deux autres albums du gang sont tout aussi variés et cool que ce troisième opus. Chouette, non ?
| rivax 24 Octobre 2017 - 1136 lectures |
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