Dans le Temple des Gardiens de la Brutalité s'avança le jeune MoM, connu également sous son pseudonyme « Metal on Metal ». La sueur sur son front trahissait son angoisse ainsi que son incompréhension : il attendait d'en savoir plus sur le pourquoi de cette convocation qu'il avait reçue quelques jours plus tôt.
Malgré cette émotion qui lui étreignait le cœur, il se tint droit face aux juges, royalement installés derrière des pupitres richement ornés. Les tenus officielles rappelant les toges des Ancêtres, ainsi que le symbole des cornes qui les surplombait terminaient de créer cette ambiance solennelle. Et d'une voix commune, les juges prirent la parole.
- Monsieur Metal, nous vous avons convoqué afin de parler de votre comportement au sein de notre communauté. Vous avez été accueilli pour diffuser la parole de la Sainte Brutalité, comme en témoigne notre principe : « Webzine Metal à tendance brutale ». Toutefois, nous vous avons à plusieurs reprises observé en train de prêcher la voie du Metal non-brutal. Et voici que, aujourd'hui, vous nous trahissez à nouveau, en parlant d'un certain « ARCH ECHO ». Qu'avez-vous à répondre face à cela ?
- Mesdames, messieurs, loin de moi l'idée de vous froisser ou de transgresser les Saintes Règles, mais sachez que le Metal est vaste, et mon amour pour cette communauté est grand. Aussi, cet amour ne connaît aucune limite.
- Nous comprenons bien, mais pourquoi s'époumoner à parler de l'école Progressive pure ?
- C'est que cette école m'a beaucoup bercé. J'ai grandi avec des jeux de rôle japonais, où la musique se veut variée. Nobuo Uematsu, compositeur des musiques de Final Fantasy, n'hésitait pas à piocher dans les répertoires classiques, tels que Bach et Vivaldi, mais aussi dans des références plus actuelles, telles que Jimi Hendrix, Elton John, les genres du Funk et du Fusion, ainsi que du Heavy Metal. Ces musiques sont variées, et forcément liées à l'école Progressive pure.
- Et pensez-vous que les enseignements de cette école auraient leur place dans notre communauté ?
- Je préfère le dire tout de suite : ceux qui cherchent de la brutalité pure et simple ne la trouveront pas ici. ARCH ECHO propose une musique véritablement Fusion, qui lorgne aussi bien dans le Blues, le Progressive Rock de RUSH et également le Funk, avec des slaps de basse et un jeu de la double-pédale qui sont propre à ce qui se fait dans le Fusion, on entend ça dans « Afterburger », notamment. C'est un morceau digne de ce qu'on a entendu dans Secret of Mana, avec une accroche à la double qui évoque quelques morceaux musclés de cette bande-son. La piste basse n'est pas en reste et ajoute ce degré de diversité. Diversité qui se trouve également dans le titre « Spark », qui m'évoque aussi bien du Mario Kart, où la musique est souvent Fusion, et F-Zero par le Heavy Metal qu'on entend très bien. Certes, ce n'est pas aussi brutal que ce qu'on entend dans le Death et le Black, mais on a une marque d'agressivité mesurée.
- Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette « agressivité » que nous avons du mal à percevoir ?
- Alors, oui, ce n'est pas agressif dans le genre abrasif et saturé. Aujourd'hui, l'école Progressive a connu l'influence d'un autre courant, le Djent, dont Tosin Abasi, tête pensante d'
ANIMALS AS LEADERS, en est un des plus fervents défenseurs. Ce qu'enseigne ce musicien est d'ailleurs une grande source d'inspiration pour ARCH ECHO. Leur premier morceau, « Earthshine », est dans la droite lignée des débuts d'ANIMALS AS LEADERS : la guitare joue du Djent, les instruments derrière jouent entre accélérations et accalmies, lesquelles sont marquées par des claviers qui s'inspirent plus de
LIQUID TENSION EXPERIMENT et
TRANSATLANTIC, deux groupes de l'école Progressive auxquels Mike Portnoy a participé.
« Ce Djent sera toujours dans l'ensemble de leur album. Il n'y a pas un morceau qui ne soit pas sans ces notes si caractéristiques qui accrochent l'oreille, alors que, derrière, ça s'emballe ou se calme. C'est extrêmement motivant, c'est une musique qui emporte complètement celui qui l'apprécie pleinement. Ce n'est certes pas brutal, mais c'est entier.
- Mais qu'est-ce qui fait que cette musique serait digne de notre intérêt, alors ?
- ARCH ECHO est composé de personnes qui ont à cœur de faire une musique généreuse et diversifiée. Les claviers sont utilisés avec plusieurs types de sons, pour éviter que l'on se lasse : piano dans « Hip Dipper » ou « Color Wheel », sonorités futuristes dans l'ensemble, mais surtout sur « My Head Sometimes ». On an a aussi dans « Bloom », dont le départ jazzy à souhait m'évoque ce morceau instrumental d'
ANNIHILATOR, «
Catch The Wind » – et ce groupe, vous le connaissez bien. Mais il y a ce synthé qui évoque, avec ces sons de guitare, le groupe de Fusion
ELECTRIC OUTLET sur leur disque ON !. C'est une musique qui veut aussi cultiver le plaisir. Plaisir du groupe, qui joue sur ses références, comme DREAM THEATER, PLINI et INTERVALS. Mais plaisir de ceux qui écoutent, avec ce côté « feel good » de leur musique.
- Vous passez beaucoup de temps à brasser l'ensemble de leur œuvre. Mais y a-t-il chez eux des titres qui vont ont plus marqué que d'autres et qui nous permettraient de rapidement se faire un avis sur leur musique ?
- Ecoutez « Hip Dipper » et « Color Wheel », ils sont les plus représentatifs de leur style. Pour le premier, on a des sons du synthé très « futuristes » comme on le voyait à l'époque : cette touche qui peut sembler kitsch et qui est très présente dans le jeu de Derek Sherinian est toutefois cohérente avec leur propos. Et les alternances proposées entre guitare soliste et synthé, sous une basse très Jazz puissant Fusion, rendent un son feel good certes pas déchirant émotionnellement, mais tellement rafraîchissant et motivant.
« Pour le deuxième, c'est simplement mon favori de leur album : intro au piano, mélodie reprise ensuite sous une tonalité synthé futuriste, sous une piste Djent qui ajoute une lourdeur à l'ensemble éthéré et céleste. Puis le calme, très Fusion encore une fois, avec cette double tout simplement délicieuse de variété technique. Break au piano, et c'est reparti, façon
INTERVALS. Encore une autre référence solide du groupe, avec également le jeu à la
PLINI : ce prog rêveur, songeur et innocent, qui nous ramène tout droit à des pensées enfantines. Moi, je suis en plein dedans : je nage dans le «
Flight Into the Unknown » de Secret of Mana, avec son jeu de basse et sa rythmique dansantes et Funk, que je retrouve dans chaque titre de cet album.
« Re le break au piano, puis ça relance, peu à peu, jusqu'à une célébration. Une composition culte digne des plus grands morceaux de cette école ! Les instruments dialoguent, les musiciens se font plaisir par cette exigence qui s'exprime sans frontières et qui évite les redites inutiles : on ne reprend une mélodie que si c'est structurant, mais on laisse le morceau se développer. Et ça déploie toute une gamme de sentiments colorés qui prennent forme. « The Shape of Colour » chez INTERVALS, « Color Wheel » chez ARCH ECHO.
- Votre exposé fait sens, et nous saisissons cette passion qui se déchaîne en vous à l'écoute de ce qui, en l’occurrence, semble tout à fait intéressant pour qui est disciple de cet enseignement de la Musique. Mais se trouve-t-il certains éléments négatifs chez eux ?
- Leurs deux derniers morceaux semblent moins inspirés, je trouve. « My Head Sometimes » souffre d'être trop Djent. C'est moins convaincant, puisque le Djent a été étudié en long et en large par d'autres groupes de l'école Progressive, mais néanmoins c'est bien réalisé. On n'est pas au niveau d'ANIMALS AS LEADERS, clairement, car les parties lourdes ne le sont pas assez pour que les envolées prennent complètement, aussi ont-elles l'air un peu moins maîtrisées que le reste de l'album qui est très solide.
« Pour « My Heart Sometimes », ARCH ECHO ajoute des pistes vocales, ce qui offre une belle perspective pour l'avenir du groupe : s'ils utilisent cette feature comme une réelle piste, on pourrait accéder à un autre niveau, et à une musique encore plus authentique. Dommage qu'ils ne l'utilisent qu'à la fin et sur un seul titre.
« Vous l'aurez compris, même s'il n'est pas affilié à l'école de la Brutalité, ARCH ECHO propose une musique qui ne va pas dans la demi-mesure : elle est riche, variée et très rythmée. Ostensiblement Fusion –
qui est un genre dans lequel Georges Kollias, batteur de NILE, s'amuse également – leur musique s'adresse à ceux qui veulent quelque chose qui fasse un bien fou, et ils ne seront pas déçu à l'écoute de ces rythmiques bondissantes et de ces mouvements qui alternent entre plusieurs gammes d'émotions, toujours avec générosité, jamais dans la facilité. Pour ceux qui s'intéressent à cette école, j'en recommande également deux autres qui méritent votre attention autant que celui-ci : « The Madness of Many » de ANIMALS AS LEADERS et le « Shape of Colour » d'INTERVALS.
- Monsieur, qu'il en soit ainsi : nous vous gracions, et vous autorisons, vous ainsi que d'autres membres de la communauté, à transmettre la parole de l'école Progressive. Mais, attention : n'en oubliez pas notre Sainte Parole. « Webzine Metal à tendance Brutale ».
- La Sainte Brutalité vaincra,
ajouta MoM avant de se retirer.
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