Spectrale - ▲
Chronique
Spectrale ▲
De temps en temps il y’a des choses surprenantes qui apparaissent au sein de la pléthorique scène Metal, de l’expérimental, des mélanges de styles improbables, de l’inclassable ou encore de l’acoustique, c’est ce dernier point qui est mis à l’honneur au sein du projet solo du créatif Jeff Grimal de THE GREAT OLD ONES (également peintre et dessinateur de talent). Entouré de quelques compagnons de route (dont son fidèle batteur Léo Isnard) il a créé ce projet alternatif depuis 2014 qui a depuis sorti une démo et un Split, avant aujourd’hui de franchir l’étape du long format pour un résultat qui ne manquera pas de dérouter et de faire parler, de toute manière il ne laissera pas indifférent mais son géniteur n’en a cure et c’est tant mieux. Car pendant presque trois-quarts d’heure les guitares sèches vont être à l’honneur via des compos assez minimalistes mais pourtant vite envoûtantes tant les ambiances sont nombreuses et les surprises présentes, ce qui permettra à la musique proposée d’être particulièrement digeste et simple à assimiler.
« Andromède » qui ouvre les débats permet de s’imprégner de la mélodie présente dès les premières notes, tout en ajoutant en arrière-plan un léger violoncelle et un côté plaintif (dont l’ensemble fait penser à une bande originale de film) qui se conclût par un petit côté latino pas désagréable. D’ailleurs le cinéma va se retrouver encore mis à l’honneur un peu plus loin sur les dynamiques et réussis « Monocerotis Part 1 » et « Monocerotis Part 2 » où l’on retrouve une ambiance de duel propre au western (qui n’est pas sans rappeler le thème du très bon « Apaloosa » de et avec Ed Harris) avec ses cordes dépouillées qui montent progressivement en température, et le violoncelle qui amène encore une fois un côté angoissant comme pour signifier que l’heure du combat final est venue. Si le groupe excelle dans l’acoustique pur et dur il sait aussi se montrer inspiré pour les morceaux plus aériens et spatiaux, comme on peut s’en rendre compte sur le splendide « Attraction » qui se fait à la fois venteux et lourd au départ, avant ensuite d’offrir une série de chœurs et de chants presque chamaniques et ésotériques, qui continueront notamment à capella pour emmener l’auditeur quelque part dans un monde inconnu aux sensations nouvelles. A la fois mélancolique et triste « Landing » montre la variété d’influences de son créateur, dont au démarrage classique et paisible succède un piano angoissant agrémenté de divers effets proches du xylophone, comme pour signifier qu’un drame est arrivé et qu’il va falloir faire le deuil. Si le planant « Magellan » situé idéalement en plein milieu de cet opus montre une voie plus psychédélique et synthétique, il faudra attendre la fin de celui-ci pour qu’elles soient plus mises en valeur. En effet le morceau-titre va pousser plus loin l’expérience en y incorporant de la batterie lente et d’inspiration jazzy, tout y ajoutant l’instrument favori d’APOCALYPTICA, afin d’obtenir quelquechose d’atypique et qui n’a rien à voir avec ce qui a été entendu jusqu’à présent, mais qui conserve son dynamisme et son entrain, tout comme « Retour Sur Terre » qui porte très bien son nom et clôt le voyage de la plus belle des manières. Pendant plus de huit minutes on est embarqué vers un endroit indéfinissable où se mélange des sons indéchiffrables venus de l’espace, conjugués à des voix d’ailleurs, le tout avec des sons de cymbales pour amener une certaine tribalité proche des aborigènes d’Australie. Avec ce résultat qui aurait trouvé facilement sa place auprès de la bande à Jim Morrison, tant son psychédélisme est important, cette ultime plage pousse l’expérience à son paroxysme et prouve tout la diversité du travail de Jeff Grimal, et son talent inné pour ce genre pourtant difficile.
Totalement hypnotique et sans baisse de régime cet album aussi mystérieux que son titre se laisse écouter facilement, et mérite que l’on s’y attarde même si ça ne ressemble absolument pas aux autres projets de son productif géniteur (qui signe également une pochette magnifique aux accents art-nouveau à la Alfons Mucha), qui montre cependant sa largesse d’esprit et surtout un talent multiple quel que soit son domaine d’activité. Il ne faut donc pas se fier à la première impression que l’on pourra avoir sur cette galette, car celle-ci altèrera sans doute le jugement, et plutôt prendre le temps de découvrir toute sa richesse et la finesse de ses neuf compositions qui s’écoutent aussi bien de manière attentive qu’en fond sonore plus dissipé, mais dont l’effet addictif sera garanti à chaque fois.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène