Spectrale - Arcanes
Chronique
Spectrale Arcanes
Il y'a quasiment trois ans jour pour jour le projet acoustique et instrumental de Jeff Grimal voyait ses efforts concrétisés par la sortie de son (très bon) premier album à la fois étonnant et intriguant, et qui constituait une vraie bouffée d'air frais tant sous ses airs mélodieux et apaisés se cachait des influences métalliques discrètes mais affirmées. Du coup motivé par les très bons retours reçus d’un peu partout celui-ci a décidé de remettre le couvert avec la même équipe à ses côtés (où seul Xavier Godart est venu remplacer Jean-Baptiste Poujol), et de fait il ne faut pas s'attendre à une révolution majeure, plutôt à une continuité et une légère évolution du fait de l'expérience acquise par chacun des membres. Alors oui il est certain que ceux qui n'avaient pas adhéré au précédent chapitre ne seront pas plus fans de son successeur, mais pour les autres qui acceptent de tenter l'expérience sensorielle et conceptuelle proposée ici le rendu sera à la hauteur de leurs espérances, tant on voit que les musiciens ont encore plus travaillé leur style sans tomber là-encore dans le clinquant et l'ennuyeux.
Car si là-encore la musique proposée par les gars va faire voyager et méditer l'auditeur, celle-ci va se montrer plus homogène tout en prenant plus de risques (certes calculés) mais sans aller vers la sortie de route tant ça reste parfaitement en raccord avec l'ambiance voulue, entre guitares sèches, violoncelle, claviers discrets et percus. Comme quoi il n'y a pas besoin d'en faire des caisses et d'être nombreux pour obtenir un son propice à la rêverie, car dès l'introduction (« Ouverture ») on se retrouve embarqué au milieu des différents ressentis entre mysticisme, optimisme, bien-être et tristesse, sentiments qui vont se prolonger dans la foulée via « Le Soleil » au nom totalement en raccord avec son contenu. Ponctué d'harmonies nombreuses où les instruments se superposent les uns par-dessus les autres on y retrouve l'ensemble des ambiances favorites du quatuor même si la luminosité y est ici plus importante afin d'apporter une beauté cosmique où résonnent les coups de toms dans le néant de l'espace. D'ailleurs plus on va avancer dans l'écoute de cet opus et plus le voyage va être riche en surprises et en moments contemplatifs, que ce soit via l'équilibré « L'Impératrice » qui monte doucement en pression (après un démarrage triste et glacial) où l'orientaliste et apaisant « Le Jugement » (dont certaines notes semblent se rapprocher du son du xylophone), qui va étonner de prime abord avant le magnifique « Le Pendu ». Ressemblant presque à un message d'adieu à un ami disparu cette plage nous emmène dans les tréfonds du cosmos infini où les notes spatiales se mélangent aux cordes belles à en pleurer, et qui se fondent à merveille dans le rendu voulu ici, à l'instar de l'interlude qui va permettre d'entamer sereinement la seconde moitié de ce long-format, qui va se densifier encore un peu plus.
Car avec ses guitares qui se chevauchent et sonnent comme un retour à la vie « La Justice » voit le jour réapparaître et amener ainsi l'espérance avec lui, et de fait un certain côté religieux qui va s'accentuer dans la foulée via l'étonnant et possédé « Le Bateleur ». Voyant ici l'apport vocal de Laure Le Prunenec (IGORRR, ÖXXÖ XÖÖX...) la noirceur est ici décuplée de par ses vocalises et la batterie martiale et tribale entêtante, qui renforcent de fait le mysticisme et même l'occultisme qui ne sont pas sans rappeler MAGMA et la créativité de Christian Vander et ses camarades. Même constat sur le surprenant « La Lune » aux ambiances arides qui lorgnent à la fois vers l’Espagne comme du côté du Maghreb, vu que l'on se croirait presque en plein désert à y croiser les touareg et les caravaniers, d’autant plus via ses percussions propices encore une fois à la recherche intérieure et la plénitude de soi. Tout cela se concluant avec « La Papesse » sorte d'au-revoir définitif au mortel parti vers un autre monde, tant un nuage enveloppe l'âme de celui qui écoute, et qui dit ici un ultime adieu à celui qu'il a tant aimé, terminant ainsi un disque sans fausses notes et bien moins lisse qu'il n'y paraît au départ.
Emmenant tous ceux qui prendront la peine de les écouter dans une longue randonnée vers l'éternité (mais qui n’est pas de tout repos), le quatuor réussit à ne pas les dérouter malgré une durée générale un peu trop longue (le seul défaut qu'on puisse vraiment reprocher à ce « Arcanes »). Sans changer sa formule il arrive cependant à y ajouter une maturité supplémentaire et une densité plus forte, montrant que sa tête pensante est un vrai touche-à-tout qui réussit tout ce qu'il fait sans difficultés majeures, la marque des grands ! Nul doute en tout cas qu’il surprendra encore sur le troisième volet de ses aventures expérimentales, car vu comme c’est parti il n’y a pas de raison d’arrêter en si bon chemin.
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