Dreadful Fate - Vengeance
Chronique
Dreadful Fate Vengeance
Il faut savoir s’occuper et se faire plaisir pendant les longs hivers suédois, c’est en partant de ce constat que le bassiste Fredrik Karlén a décidé de créer un nouveau projet après avoir quitté MERCILESS. Celui-ci a vu le jour au début de l’année dernière et n’a pas perdu de temps enchaînant déjà les concerts, tout en sortant dans la foulée un premier album expéditif et sans concessions qui sent bon la naphtaline (et qui fait suite à une démo datant d’il y’a un an à peine). En effet on se retrouve transporté immédiatement dans les années 80 tant le son proposé ici rappelle les grandes heures du Thrash allemand et du Death primitif d’outre-Atlantique, le tout étant mené tambour battant et expédié en à peine plus de vingt-cinq minutes. Pas de place donc ici pour des morceaux alambiqués, au contraire ceux-ci vont droit au but et se montrent techniquement très simples mais joués avec une efficacité redoutable. Il faut dire que pour mener à bien son entreprise de plaisir auditif le fondateur du groupe s’est entouré d’amis et vétérans de la scène locale suédoise où l’on retrouve Johan Jansson d’INTERMENT à la guitare, Mikael Castervall (ex PORTRAIT) au chant et le mercenaire hyper occupé Perra Karlsson (IN AETERNUM, THORIUM, DESTRÖYER 666, NOMINON …) derrière la batterie.
Avec tout ce beau monde il semblait évident que la qualité serait au rendez-vous, et c’est effectivement le cas car bien qu’étant rudimentaire dans l’exécution et l’écriture le talent de ses membres suffit à rendre intéressant le contenu proposé. Celui-ci démarre pied au plancher avec « Vengeance » qui ne va pas s’encombrer de fioritures vu que ça tabasse vite et fort sur un tempo élevé qui ne ralentit quasiment pas (hormis pendant un court break qui évite la redondance), avant de mieux repartir et de rester comme cela jusqu’au bout. Cela donne comme résultat la sensation que ça a été écrit et mis en boîte dans la foulée, via notamment un riffing limité à son strict minimum, dont l’énergie employée se révèle contagieuse tant on rentre immédiatement dans cet opus pour ne plus en sortir. « Death Sentence » ne fait d’ailleurs que confirmer ce sentiment tout en reprenant les mêmes éléments qu’entendus précédemment, et en y intégrant également quelques passages de double pour là-encore proposer un peu de densité même si le rythme global reste élevé. D’ailleurs ça ne va pas débander sur les tout aussi réussi « Witches Hammer », où quelques moments en mid-tempo fort agréables méritent le déplacement, ainsi que sur les plus radicaux « Hour Of Reprisal » et « Eternal Fire » qui varient très peu et où un solo joué à l’arrache apparaît sur chacune de ces deux compos, rajoutant ainsi un côté Punk qui se greffe à leur force primaire.
Cependant même si la rapidité est proéminente le quatuor sait aussi alourdir légèrement son propos afin de le travailler un peu plus, sans que sa puissance n’en soit réduite. On s’en aperçoit avec l’excellent « Altar Of Cruelty » qui contient de longs passages en mid-tempo qui se révèlent parfaits pour headbanguer et taper du pied, bien calés au milieu de vagues dévastatrices où ça tape particulièrement fort. Outre proposer plus de diversité musicale on remarque également que quand les gars allongent leurs compos sur la durée celles-ci conservent leur force et leur accroche globale, tant la fluidité y est présente. On constate également cela sur le très bon « Unholy Lust » (qui figurait à l’origine sur la démo et a été réenregistré pour l’occasion) où l’on trouve plus de cassures qu’à l’accoutumée, sans perdre le fil conducteur de ce disque. Enfin avec « The Final Sacrifice » qui conclut les hostilités on est certain de tenir un des classiques de la bande, tant il est sûr qu’il va cartonner sur scène, car outre sa rapidité présente au début et à la fin c’est son centre plus écrasant qui va ajouter une nouvelle couche de plaisir, complétée par une grosse densité et dont le tout se conclut à la façon d’un concert, comme pour mieux montrer que cette galette a été réellement jouée et enregistrée pour cela.
Avec en prime une production sans fioritures qui sonne à la fois naturelle et raw, donnant ainsi une vraie tonicité à ces huit compositions, il serait bien dommage de passer à côté à ce disque court et sans prétentions mais qui s’écoute tout seul, même si on en aurait bien repris encore un peu. Car un léger sentiment de frustration peut surgir une fois qu’on en est arrivé au bout vu que c’est au final un peu trop expéditif, et qu’on aurait aimé reprendre une rasade de plaisir supplémentaire. Si le fait de durer moins d’une demi-heure ressemble trop souvent à du foutage de gueule dans certains styles bien précis (notamment le Slamming Death extrêmement bourrin qui en est le spécialiste), ici on se dit que c’est finalement un mal pour un bien qui évite l’ennui et de tomber au final à plat, vu que certains plans ici ont tendance à être interchangeables. Ce sera le seul petit reproche à adresser à ces vieux briscards qui se sont fait plaisir et cela s’entend, ne prétendant aucunement réinventer quoi que ce soit, mais juste perpétuer une certaine idée de la musique tout en rendant hommage aux figures historiques et légendaires qui ont fait la scène extrême tel qu’on la connait aujourd’hui, et rien que pour ça l’initiative est à saluer !
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo