Demande à la poussière - Demande à la poussière
Chronique
Demande à la poussière Demande à la poussière
L’étouffement. La strangulation. L’asphyxie.
Voici l’une des pires sensations qu’un être humain, ou tout simplement qu’un être vivant puisse connaître.
La sensation soudaine d’une perte de contrôle de son propre corps, la surprise et l’horreur de se voir partir et puis … Peu de gens seraient véritablement en capacité de vous décrire la suite.
Cette chaleur suffocante, cette impression d’implosion, se retrouve au coeur même de l’album qui va nous intéresser aujourd’hui, à savoir le premier album du groupe de Doom/Post-Core français Demande à la Poussière.
Fondé en 2017 par des musiciens de bonne expérience (Jeff de The Great Old Ones, Jiu de No Return …), le groupe accouche dès 2018 de son premier opus, signé sur le label italien Argonauta Records.
L’étuve, la fournaise, le brasier.
Dès le premier titre, sobrement intitulé “L’Univers”, la musique nous entraîne dans les tréfonds d’un Doom asphyxiant. Les ambiances travaillées et les multiples superpositions de guitare nous dépeignent un chaos sans lumière, sans âme mais bouillonnant au possible.
À la croisée d’un Cult Of Luna et d’un Neurosis, Demande à la Poussière exploite parfaitement cette sensation de lourdeur Crowbaresque, notamment grâce à un jeu de batterie dosé qui confère un groove si particulier au son du groupe.
Les riffs semblent se dessiner dans un bain de vapeur, et semblent par moments à peine perceptibles.
La troisième piste, “Étranglé”, est un monument du Doom instrumental. Toujours dans une ambiance volcanique, la musique du groupe dévoile un penchant particulièrement expressionniste. Les cris, les choeurs, ces deux notes qui créent une tension palpable au bord de l'éclatement, tout semble décrire un cycle, un lente descente aux enfers.
Bien qu’éprouvant, l’album parvient tout de même à varier en intensité. Après le doublé monolithique "L’unique Incertitude", aux choeurs orientaux et la très Sludgy "Le Parfum des Cités Perdues", l’album atteint une dimension plus épique, plus progressive (non dans le sens technique du terme), notamment avec le titre "Accroché", qui part d’un simple arpège pour se terminer dans une sorte de symphonie infernale.
Le grand final, en l’espace du doublé "Condamné" et de la très étrange "360°", révèle la véritable noirceur du groupe. Avec des cris proches d’un registre plus Black, le chant entonne un “Nous sommes condamnés” des plus incisifs. Puis, lentement, la fournaise s'éteint pour ne laisser place qu’à un chaos de bruits et de voix, toujours dans un expressionnisme fulgurant.
L’album se termine sur une piste vide, dépourvue de mélodie, simplement de bruits, le véritable enfer, la noirceur et la mort.
C’est un premier sans faute pour Demande à la Poussière, qui amène un vent nouveau sur une scène Doom/Post-Core ressassant sans cesse (je vous invite à le prononcer 10 fois de suite) les mêmes groupes. Un petit mot sur l’artwork sublime et presque aussi expressif que la musique du groupe, étant donné qu’il a été réalisé par Jeff Grimal, guitariste et chanteur du groupe.
Encore une sortie de 2018 que les retardataires devraient se tarder de rattraper !
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