Organic - Carved In Flesh
Chronique
Organic Carved In Flesh
Et si le futur du Swedeath passait par l’Italie ? C’est une question qu’on peut légitimement se poser quand on lit les informations concernant ce quatuor local et qui donnent l’eau à la bouche. Car il est mentionné que celui-ci est fan notamment de GRAVE et DISMEMBER, adore le son HM2 typique du genre et est signé chez les spécialistes allemands de Testimony Records, dont le catalogue continue d’être des plus qualitatif. Autant dire que tout cela a de l’allure sur le papier mais il reste le plus important celui de transformer l’essai en studio, tant les nouvelles formations perpétuant cet héritage (et se montrant inspirées) se font rares, cela étant encore plus le cas en dehors des limites de la Suède. Si les transalpins ont pris leur temps pour sortir ce premier long-format depuis la naissance de leur projet commun en 2013 le jeu en valait la chandelle, car cette galette est une réussite totale et concilie avec brio simplicité et efficacité, tout en emmenant l’auditeur dans un voyage nostalgique et plaisant.
D’entrée on se croirait revenu dans les années 90 vu que l’introduction faite de bruits d’armes à feu sur un champ de bataille fait penser instantanément à BOLT THROWER, pourtant dès que les premières notes de « Suffocate In Blood » résonnent c’est bel et bien l’ombre des combos d’Ola Lindgren, LG Petrov ou encore Fred Estby qui sont mis en avant. En effet outre un son gras proéminent et dégoulinant on retrouve une rythmique ultra-rapide dont la technique réduite à l’essentiel permet de gagner en densité, et même si quelques courts ralentissements sont là pour calmer légèrement les esprits l’ensemble repart sur les chapeaux de roue sans jamais faiblir. Ce sentiment restera du début à la fin de l’opus et sera confirmé dans la foulée via l’excellent « Shrouded In Darkness » encore plus dépouillé que le morceau précédent, vu qu’ici après une montée en puissance progressive les chevaux sont lâchés et une fois le tempo lancé à pleine vitesse il ne s’arrêtera qu’une fois arrivé au bout de l’écoute (où là-encore le rendu est imparable et rappelle les grandes heures de « Into The Grave » et « Left Hand Path »). Restant calé majoritairement sur un rythme rapide le combo ne s’éternise pas également en route vu que les compositions oscillent en moyenne aux alentours des trois minutes, une riche idée qui évite ainsi l’apparition de longueurs qui auraient fait tâche au milieu de cette déferlante. Si l’ultra-court « Der Fotzenknecht » et « Carved In Flesh » misent là-encore sur une certaine radicalité exécutée à cent à l’heure (et au rendu toujours aussi accrocheur) il serait cependant réducteur de ne voir qu’une bande de gars sachant jouer vite et sans finesse. Du coup afin de densifier sa musique elle ne va pas hésiter à proposer des morceaux plus construits où de nombreuses variations seront à l’honneur, comme avec les redoutables « Frozen Meat Medal » aux ralentissements écrasants, « I, Soulless » à l’introduction de guitare froide et humide, ainsi que le simple et remuant « From Beyond » à l’entrain communicatif. Afin d’aller encore plus au bout de son idée le groupe a même inclus un titre sans accélérations et bien calé en première via le très réussi « Carnal Absolution (Behind The Altar) », qui montre que même en levant le pied il réussi à captiver sans que l’on décroche en route (ce que l’on avait déjà repéré avec le très bon « Macabre Rites » qui joue les montagnes russes).
Au bout de cette demi-heure impeccable et qui passe comme une lettre à la poste on retrouve en bonus (uniquement sur l’édition vinyl) l’intégralité de l’EP « Death Battalion » sorti en 2014, et introuvable depuis. Si sa production est plus brute et étouffée elle reste cependant conforme à l’original n’ayant pas été retouchée, et après peu de temps on s’aperçoit que le potentiel était déjà là. Car que ce soit pour le morceau-titre aux influences Punk et Hardcore très marquées (qui donnent envie d’aller faire un pogo dans la fosse) ou le suivant (« The Result Is To Collapse ») qui montrait déjà une facilité à jouer sur les deux extrémités rythmiques, la qualité d’écriture faisait déjà son effet. Autant dire que les italiens ont réussi totalement leur coup et signent un des meilleurs albums de Death de Stockholm sorti ces derniers mois (avec « Flesh For Funerals Eternal » de FERAL), qui reprend tous ses standards et thématiques sans pour autant tomber dans la redite facile. Sans fioritures et ne prétendant rien révolutionner les musiciens venus de la province autonome de Bolzano (située près de l’Autriche) réussissent un sans-faute, confirmant au passage qu’ils seront à suivre assurément dans les années à venir, vu qu’on a l’impression tenace qu’ils en gardent encore sous le pied. Une fois encore il faut saluer le talent de découvreur de leur label qui a eu le nez creux et dont ORGANIC (à l’instar de SENTIENT HORROR) risque de devenir un de ses porte-drapeaux. Bref on va sans doute continuer à entendre parler des gars dans le futur c’est ce qu’on leur souhaite, et s’ils maintiennent un tel niveau à l’avenir il est certain qu’ils feront encore plus mal.
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