Burial Remains - Trinity Of Deception
Chronique
Burial Remains Trinity Of Deception
On le voit depuis déjà un bon moment mais le Swedeath longtemps cantonné à son pays d’origine a aujourd’hui pris lui aussi le virage de la mondialisation, et a désormais traversé les frontières pour être produit partout sur la planète. Dernier exemple en date avec ce combo formé de vieux briscards néerlandais et allemands ayant fait leurs gammes auparavant dans FLESHCRAWL, GRIM FATE ou encore DISINTEGRATE… bref que des noms faisant du gros Metal velu et qui tâche. Inspiré tout autant par la scène suédoise (GRAVE, DISMEMBER) que par celle venu d’outre-Manche (BOLT THROWER, BENEDICTION) le quatuor a mis en musique sa fascination commune pour le son HM-2 avec ce premier opus pas révolutionnaire pour un sou, mais qui fait le métier avec sérieux et application. Il faut dire qu’en matière d’expérience les mecs ont le vécu nécessaire pour faire sonner correctement leurs instruments, tout en ayant pris le temps de peaufiner chacune des compositions ici présentes. Car les plus anciennes d’entre elles ont été écrites il y’a déjà deux ans à l’origine pour MIASMA OF GUILT, avant que cette dénomination ne change pour devenir ce qu’elle est actuellement suite au départ du premier chanteur, ce qui a eu pour effet de retarder la sortie de ce disque qui était alors déjà bien avancé.
Malgré ces péripéties cela n’a eu au final aucun impact, tant en un peu moins d’une demi-heure ses créateurs balancent une galette primaire à souhait et à la technique rudimentaire, qui privilégie le fond à la forme avec des titres qui ne s’éternisent pas en longueur. D’ailleurs dès les premières notes de l’excellent « Crucifixion Of The Vanquished » le ton va être donné grâce à une assise rythmique très simple complétée par une construction générale qui l’est tout autant, et où la vitesse pure ainsi que les passages plus lents et massifs vont s’enchaîner naturellement l’un après l’autre, et cela plusieurs fois de suite. Bref c’est direct et efficace tout en ne s’encombrant pas de futilités, et cela va continuer avec le redoutable « They Crawl » qui reprend le même schéma fait d’alternance, mais qui y ajoute aussi quelques passages plus remuants en mid-tempo afin de densifier l’ensemble et éviter de fait une redondance trop rapide. Car c’est un risque non-négligeable quand on fait quelquechose d’aussi bas du front et de dépouillé, et même si les gars s’appliquent avec sérieux ils ne sont pas à l’abri de quelques petites baisses de régime inévitables. Celles-ci finissent par apparaître sur le simplissime « Trinity Of Deception » qui malgré ses trois minutes au compteur montre quasiment de suite un côté répétitif malvenu, car même si le début et la fin sont joués tambour battant et voient l’apparition d’un passage central plus lourd (où retentissent quelques notes au piano qui n’amènent rien de plus) l’ensemble se montre foncièrement ennuyeux et plat, à l’instar du massif « March Of The Undead ». S’il n’est pas mauvais en soi et privilégie la lourdeur par rapport à l’explosivité, il s’essouffle lui-aussi rapidement à cause de sa prévisibilité permanente liée à un schéma de construction qui est toujours le même.
Du coup quand le groupe décide de rallonger son propos il y’a de fortes chances que cela tombe à plat et c’est à peu près le cas du répétitif « Days Of Dread » qui mise sur l’alternance, mais en conservant cette simplicité qui montre néanmoins ses limites. Même si l’accroche et le feeling sont là ils se retrouvent ensuite mis de côté à cause d’une répétition sans fin de plans identiques, qui donnent la sensation qu’ils ne vont jamais s’arrêter et c’est franchement dommage. Heureusement avant cette compo « Burn With Me » montre une meilleure facette et même l’apparition de quelques blasts (qui réhaussent ainsi le niveau de violence général) sans oublier les ralentissements indispensables pour homogénéiser l’ensemble, afin d’obtenir ici une excellente réalisation tout comme « Tormentor » qui va clôturer les hostilités. Si jusqu’à présent la bande n’avait pas fait de quartier cette ultime plage va être carrément sa plus expéditive, radicale et entraînante car c’est joué à fond sans discontinuer et sans jamais lever le pied. Pourtant malgré qu’elle soit épurée à outrance elle est paradoxalement une des plus attractive et addictive de cette sortie, qui se termine sur les chapeaux de roue et de la meilleure des façons, et nul doute que cette conclusion terminera avec brio les futurs concerts de ses créateurs.
Complété par une production râpeuse et grasse qui donne un son naturel approprié, ce premier chapitre de BURIAL REMAINS bien qu’imparfait a quand même suffisamment d’arguments musicaux pour faire passer à la fois un bon moment, et donner l’envie de le réécouter de temps en temps (à défaut qu’il devienne un futur classique et un incontournable du genre). Avec en prime une pochette dans un ton bleuté magnifique et au dessin qui l’est tout autant, les vétérans réussissent leur entrée avec ce projet qui même s’il donne une sensation d’interchangeabilité (où sont repris régulièrement les mêmes riffs et patterns de batterie) a de quoi séduire l’amateur d’un Metal de la mort sans fioritures. Celui-ci appréciera probablement ce retour vers un passé glorieux et finalement pas si lointain, ainsi que le plaisir d’une écoute sans prise de tête où le cerveau pourra se mettre en pause quelques temps, ce qui est toujours agréable en cette période où la technique outrancière et épuisante prime sur l’instinct et le feeling.
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