Wake - Devouring Ruin
Chronique
Wake Devouring Ruin
Durant la dernière décennie en date, le metal semble avoir pris un malin plaisir à brouiller les pistes et surtout les genres, les étiquettes devenant aussi vaines que parfois impossible à apposer avec précision. Les Canadiens de Wake font définitivement parti des coupables avec leur nouvel album, Devouring Ruin.
Partant d’une base grindcore pour petit à petit tourner vers un blackened death plus massif, leur précédent méfait, Misery Rites, commençait même à inclure quelques ralentissements bien sentis. Si le groupe nourrissait alors les espoirs d’une évolution intéressante, c’est véritablement un pas de géant qui est fait avec Devouring Ruin. Personne ne s’attendait à ce que Wake n’incorpore autant de nuances et d’atmosphères dans son propos, et surtout aussi bien, au point d’évoquer directement des pointures du post-metal extrême comme Ulcerate. Si évidemment les nuances et surtout les mélodies sautent aux oreilles, la violence n’a pas disparue, loin de là, mais la bande troque l’urgence contre une forme de désespoir rageur particulièrement tangible. Preuve de cohérence, même du côté du chant, qui se cantonne à une alternance entre growl et hurlement, la faute du goût des vocalises porcines est heureusement évitée.
Malgré la nature assez hybride de l’objet, les morceaux les plus brutaux et efficaces du lot n’auront aucun mal à faire leur terrible travail de sape, à l’image de « Kana Tevoro (Kania! Kania!) » ou « Monuments to Impiety ». Mais là ou Wake s’illustre sans doute le plus, c’est lorsque qu’il expérimente à son échelle, avec un titre où le feeling des guitares prend le temps de s’exprimer comme « Mouth of Abolition », et encore plus sur la pièce imposante « Torchbearer », qui effleure un black metal épique le temps de quelques riffs saisissants. L’excellent « This Abyssal Plain » parvient d’ailleurs à synthétiser tout cela avec un brio certain. Quelques interludes viendront laisser respirer l’ensemble tout en maintenant l’ambiance, bien aidée par une production assez impeccable, ménageant elle aussi cet équilibre entre les textures des guitares et une efficacité intacte. C’est à peine si quelques petites longueurs (sur 45 minutes, le groupe n’en a pas fait de trop) viendront contrebalancer un tableau somme toute très positif.
L’ambivalence que parvient à créer Wake sur toutes ces compositions sans sacrifier sa part de violence ou encore se compromettre dans un adoucissement malheureux est en résumé la réussite que propose ce Devouring Ruin. C’est en quelque sorte un parfait exemple de la démarche assez passionnante dans laquelle la scène metal s’est lancée depuis un certain temps, et on espère que cela va continuer encore longtemps. Une très belle surprise, rafraîchissante.
| Neuro 21 Avril 2020 - 1689 lectures |
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