Torture Throne - Stench Of Innocence
Chronique
Torture Throne Stench Of Innocence (EP)
Avant le groupe Kaabalh, aujourd’hui signé chez l’excellent Dolorem Records, il y eut Torture Throne, auteur de deux ep’s.
"Stench Of Innocence", puisque c'est le nom de la bestiole, est le second skeud sorti à l’époque par le groupe havrais.
J'ai moi-même eu l'occasion et le plaisir de les rencontrer, jadis – vous savez, lorsque les concerts existaient encore, dans un autre espace-temps -, et de me procurer ainsi ce petit bijou de noirceur à la suite d'une de leurs prestations (par la suite, j’ai même pu mettre la main sur le premier cd encore plus délicieusement primaire, mais c’est là une autre histoire).
Orné d'une "délicieuse" pochette concoctée par Damned, chanteur/guitariste de la formation, le skeud s'ouvre par "Messiah", un instrumental de moins de deux minutes qui plante d'entrée le décor. Lent, mortuaire (les sons dans le lointain), et habité (les couches de voix démoniaques superposées débarquant à environ une minute), le constat est sans appel : ces mecs-là ne viennent pas pour vous payer l'apéro !
En l'espace de cinq chansons, le combo nous livre ici, après le précédent e.p. sorti en 2010 ("Thy Serpent's Cult », dont je vous causais un poil plus haut), un condensé d'une exquise morbidité.
On comprend très rapidement que les gars vouent un culte sans nom au death metal en général, et à toute l'école suédoise en particulier, enfin coté Stockholm je précise !
"Arma Christi" et son mid-tempo vicieux venant vous chercher au fin fond de votre lit, ainsi que "Stench Of Innocence", le morceau -titre font personnellement partie de mes favoris.
Mais ne vous y méprenez pas : le reste est du même acabit, et vous fera regretter de ne pas avoir eu quinze ans et trois poils au bec à l'époque où les Dismember, Grave (voire même Corpse, soyons foufous), et autres Nihilist fourbissaient leurs premières armes sur l'autel du putride.
On pourra même, si on y prête attention, retrouver ici ou là, de petites imprécations à la old Incantation, Baphomet (les vocaux surtout, profonds et écorchés), à moins que cet apparent emprunt à la scène U.S. des débuts ne soit que le reflet d'une constante noirceur : volonté exacerbée du groupe à vouloir tout annihiler à coup de spleen dantesque ? « Emprunts » à l’approche maitrisée de maitres finlandais (ouais, ouais, un peu aussi, tendez l’oreille). Où simplement le résultat d'une fascination pour tout ce qui touche à l'art des Grands Anciens ?
On saluera en tout cas le talent de ce groupe, et ce dès ses débuts, à autant suinter par tous les pores cette vieille odeur de crypte.
Aujourd’hui, Torture Throne n’est plus, enseveli sous les miasmes dont il s’était fait le chantre, emporté, disparu, mais non oublié, la « faute » à cette indispensable relecture des mythes fondateurs.
Bravo à vous, messieurs, d’avoir porté haut et fier la flamme de la désolation.
Et merci de la maintenir si vivace.
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