Spellforger - Upholders Of Evil
Chronique
Spellforger Upholders Of Evil (EP)
S’il est souvent recommandé de prendre son temps afin de parfaire au mieux l’œuvre à venir, le sentiment d’urgence peut aussi être lui aussi positif en allant à l’essentiel et en concevant quelque chose de direct, rapide et radical où l’énergie et l’envie prennent le pas sur tout le reste. C’est visiblement ce point qui a été choisi par ce tout jeune combo de Java qui à peine quelques mois après sa création sort déjà un premier Ep ultra-expéditif et agressif, qui écrase tout sur son passage en compensant ainsi largement une technique générale assez rudimentaire. Car à l’instar d’Attila et ses Huns, des Vikings ou d’autres peuples dits barbares en leur temps il n’y aura pas de quartier pour ceux qui vont se trouver sur le chemin des indonésiens, qui durant un peu plus de vingt minutes vont balancer cinq morceaux à la base quasiment semblable (une vitesse élevée presque en continu), où règne en maître l’influence des deux premiers albums de SLAYER.
On sent en effet que les gars ont bouffé du « Show No Mercy » et « Hell Awaits » à haute dose dès les premières secondes du furibard « Lord Of Possession », notamment au niveau de la voix qui reprend les mêmes intonations que celle de Tom Araya (allant jusqu’à proposer un mimétisme saisissant sur les cris aigus), alors que rythmiquement c’est joué à fond les ballons aidé en cela par des riffs où le Speed Metal des origines n’est jamais bien loin. Si le batteur se contente (et se contentera sur tout le disque) d’aller en permanence le plus vite possible et en aérant son jeu qu’en de très rares occasions (roulements de toms et courtes cassures en mid-tempo), il a au moins l’avantage pour lui d’être carré, précis et sans baisse de régime notable. Tout ceci accentue donc cette puissance générale d’où émerge un long solo qui renvoie là-aussi vers Kerry King et Jeff Hanneman, et qui amène encore un supplément de densité indispensable. Car avec une écriture si primitive et dépouillée il est très facile de vite tomber dans la répétition et la linéarité, mais ici les mecs évitent ce piège de par des compos qui ne traînent pas en longueur (elles tournent toujours aux alentours des quatre minutes), et surtout un entrain communicatif qui défoule et fait du bien. Jouant totalement la carte des années 80 cette plage d’ouverture ainsi que les suivantes vont montrer une homogénéité totale que ce soit avec le remuant et propice au headbanging « Metal Crusarders », où des relents en médium permettent d’alourdir un peu l’ensemble et ainsi de remuer la tête, à l’instar du tout aussi jouissif « Curse Of The Lycans » (mais où la rapidité reste quand même prépondérante). Et histoire d’achever totalement les derniers récalcitrants la doublette de fin « Black Spellcrafters »/« Pestilentia » va trouver le moyen d’être encore plus redoutable et enragée, vu que ça n’hésite pas à lorgner vers le Punk – tout en restant calé là-encore le plus fort possible sur l’accélérateur et sans vouloir relâcher la pédale.
Malgré une très grande différence d’âge entre chacun de ses membres (ça va de 21 à 42 ans) l’alchimie s’est totalement faite sur cette livraison, où la fougue de la jeunesse et l’expérience du plus ancien ont permis d’obtenir un résultat des plus prometteurs pour la suite. Avec sa production qui donne la sensation d’avoir été enregistrée live en une seule prise cette sortie ne changera évidemment pas la face du monde, mais son côté sans prétentions servira de parfait défouloir après une journée compliquée prouvant une fois encore que les groupes du sud-est asiatique ne sont pas là pour rigoler ni faire de la figuration, et qu’ils maintiennent toujours une certaine qualité et vision originelle du Metal. Constat confirmé et partagé encore une fois ici et on ne va pas s’en plaindre, tant il est de bon ton de se replonger avec délice et plaisir dans les entrailles et arcanes du son le plus underground et rétro qui soit.
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Keyser 18/04/2021 08:22 | note: 4/5 | Très cool en effet, il tourne pas mal chez moi depuis plusieurs semaines. Content de le voir chroniquer ici ! Surprenant qui plus est de la part d'un groupe d'Indonésie, plus connu pour ses clones de Disgorge nullissimes que pour du blackened speed/thrash old-school. |
citer | Pfiou, encore un truc de maniac ça. Merci pour la découverte, je serai sûrement passé à côté sans cette chronique. Ca sue le black/thrash et le speed bien primitif des années 80 par tous les pores avec une prod bien lisse qui passe parfaitement. Hâte d'en entendre plus parce que je vais clairement pas me contenter de si peu ! |
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2 COMMENTAIRE(S)
18/04/2021 08:22
17/04/2021 21:38