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Secrets of the Moon pour l'album "Antithesis"

Interview

Secrets of the Moon pour l'album "Antithesis" Entretien avec sG (Chant/Guitare) (2007)
Salut sG ! Pour commencer, peux-tu me parler un peu de l'histoire et de l'évolution de Secrets of the Moon ?

Je pense que l'histoire et l'évolution du groupe est assez similaire à celles des autres groupes. Secrets of the Moon s'est formé en 1995. En fait, j'ai rejoint le groupe en 1996 après que le guitariste originel fut mis à la porte. On a énormément répété pendant les années suivantes, et nous sommes devenu un très bon groupe sur scène. Malheureusement, l'écriture des morceaux est vite devenu un problème primordial. Quand T.Thelemnar (batterie) a rejoint le groupe en 2001, Daevas (basse) et moi avons été pour la première fois capable de réaliser notre vision musicale ; Carved in Stigmata Wounds en est le résultat. Quelques années plus tard, A.D. rejoignit le groupe en tant que second guitariste. Sans son aide et son ambition, jamais il n'aurait été possible d'écrire Antithesis, notre troisième album. Aujourd'hui, nous sommes en 2007, et nous composons pour notre prochain album.

Pourquoi est-ce que vous n'avez pas pu écrire de nouveaux morceaux avant l'arrivée de T.Thelemnar ? Cela signifie-t-il que les chansons sur Stronghold of the Inviolables ne vous satisfaisaient pas ?

Si, les morceaux nous plaisaient, mais après Stronghold of the Inviolables, nous étions incapables de continuer avec le batteur originel à cause de divergences musicales. Stronghold of the Inviolables est un disque qui fut composé sur une très longue période. Certains morceaux avaient environ quatre ans quand on les a enregistrés. Une très longue attente pour 30 minutes de musique. Cela m'a vraiment fait chié, en plus d'autres choses plus personnelles. Ainsi, avec T.Thelemnar dans le groupe, tout changea, car nous partageons la même vision sur comment la musique doit être.

Vision musicale qui est… ?

Les vies et les vues se développent, tout comme les visions. Je me souviens qu'avec Stronghold of the Inviolables, on voulait faire un disque véritablement époustouflant, crade et occulte. On était énormément ancré dans l'underground Black Metal, et je pense que cela s'entend très bien sur ce disque. Le culte du Black Metal était encore vivant à ce moment. Je me souviens de Marcel Spaller, de Sombre Records, qui nous proposa de sortir Stronghold of the Inviolables en vinyle. Pour nous, c'était comme un rêve qui devenait réalité, car auparavant, personne ne nous offrit cela ou voulu investir de l'argent dans ce que l'on faisait. Sombre Records possédait un catalogue vraiment fourni, nous en étions alors particulièrement fier, et nous le sommes encore. Tenir ce vinyle entre mes mains est un évènement que je n'oublierai jamais.

Après la sortie de Stronghold of the Inviolables, quelle était votre vision du future de Secrets of the Moon ? La rupture avec un Black Metal soi-disant « traditionnel » fut-elle volontaire ?

Je me rappelle quand Stronghold of the Inviolables fut édité en format CD, on gagna un bon paquet de bonnes reviews et le respect des médias et des fans. On écrivit Carved in Stigmata Wounds, et on réalisa que les morceaux possédaient un grand potentiel ; ainsi, on économisa pour notre première véritable session dans un studio d'enregistrement. Nous voulions un son sophistiqué ; nous voulions travailler de manière indépendante et plus professionnelle qu'avant. Les chansons avaient la qualité requise. Garde à l'esprit que nous n'avions aucun label à ce moment. Nous avons financé l'enregistrement par nous même, et nous avons attendu les réactions. L'album progressa énormément lors de l'écriture des morceaux. C'était comme une maison que l'on bâtissait. Pour ce qui est de la rupture… il n'y a jamais eu de rupture pour moi. Même Antithesis est un album traditionnel à mon avis. C'est juste la manière que l'on a de jouer et de ressentir le (Black) Metal.

Le fait que tu écrives « Black » entre parenthèses est intéressant : est-ce que cela signifie que tu ne considère pas jouer du Black Metal ? Ou bien cela signifie que le Metal est le Black Metal, ou encore que ce que tu ressens comme étant le Black Metal ne correspond pas à ce que les gens identifient normalement comme étant du Black Metal ?

Je pense que c'est plutôt parce que je n'aime pas étiqueter notre musique. C'est tout. Après tout, c'est juste du Metal parce que nous avons des guitares distordues et un rythme de batterie élevé. En fait, les meilleurs groupes de nos jours sont ceux qui sont impossibles à classifier. On se bat pour la liberté musicale. Chacun de nos enregistrements sonneront différent les uns des autres, j'espère, avec la même connexion principale qui est celle d'une musique venant du fond du cœur. C'est ce qu'il y a de plus important !

As tu un exemple d'un de ces groupes dont tu parles ?

Prend un groupe comme Opeth par exemple. Je n'aime pas tous leurs albums, mais c'est un groupe qui peut faire ce que bon lui semble. Leurs fans apprécieront. C'est un développement très intéressant.

Donc, si tu devais avoir un but avec Secrets of the Moon, ce serait que les fans apprécient ta musique, quelques soient les prochains disques, car c'est votre propre vision qui est dedans, et que c'est l'une des raisons pour laquelle les gens sont fans de Secrets of the Moon ?

Au moins, je pense que nos fans approuvent le développement en musique. Bien sûr, il y aura des gens qui ne seront plus capables de nous suivre plus longtemps. Ca ne me pose pas de problème. Le but principal est que NOUS soyons satisfaits avec nos objectifs. Mais nous apprécions énormément que les gens nous suivent dans ce que l'on fait. Ils nous apportent des choses, et nous leur en apportons de même.


Il m'est apparu que vous êtes un groupe qui veut vraiment être proche de ses fans. Qu'est ce qu'ils vous apportent ? Quel est le lien que vous voulez installez entre vos fans et vous ?

En fait, c'est simple. Ils nous font grandir en tant que groupe. Ils nous permettent d'enregistrer un nouvel album. Ils comprennent ce que nous exprimons. On essaie d'être redevable. Ce n'est parfois pas facile car il y énormément d'emails, ou bien beaucoup de personnes qui viennent te parler lors des concerts. Mais pour nous, c'est important d'être en contact avec eux, et nous le serons toujours. Ils sont autant à fond dedans et possédés que nous le sommes nous.

Avant de parler d'Antithesis, il me parait intéressant que tu parles un peu de l'évolution que Secrets of the Moon a suivi depuis Stronghold of the Inviolables à Carved in Stigmata Wounds, de CISW à The Ambience of a Dead Star, de TAOADS à The Exhibitions, et de TE à Antithesis.

Woah, c'est une très grosse question, et je ne peux pas vraiment dire grand-chose, à part que cela a été un développement naturel de réalisation en réalisation. Ce qui sort de toi vient de toi. Il n'y a rien de véritablement planifié. Pendant toutes ces réalisations nous avons grandis en tant que musiciens ; on a appris énormément sur comment un morceau fonctionne, comment enregistrer un morceau, et comment exprimer ses visions sur un disque. Il y a énormément d'aspects différents, mais un seul doit rester présent dans les esprits avant de juger nos disques : nous étions un groupe très « pauvre » au commencement. Nous n'avons jamais eu la possibilité de travailler avec un équipement de studio. Nous venons de la poussière, nous enregistrions les répèt' sur cassette, et nous les diffusions à travers toute la planète. C'est un développement que les groupes de nos jours ne connaissent pas. Nous sommes de cette manière vraiment « old school », il me semble…

Ne penses-tu pas que vous n'êtes pas le seul groupe qui vient de nulle part ? Que veux-tu dire lorsque tu dis que les groupes d'aujourd'hui n'ont pas ce type de parcourt ?

Je veux dire que les groupes actuels ont énormément de moyens pour se lancer. Ils peuvent facilement bénéficier d'une bonne production en enregistrant leur musique sur un ordinateur, et ils peuvent, par Internet, bénéficier de très bons moyens de communication. Regarde Myspace par exemple. Quand on a commencé, il n'y avait rien de tout cela. Nous n'étions pas capable de travailler avec des personnes de l'autre côté du monde, comme nous le faisons actuellement. Le courrier manuscrit prenait énormément de temps et d'argent. Il n'y avait rien de comparable au streaming ou au mp3… mais bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à venir de rien. Enormément de groupes avant nous ont dû traverser la même merde.

Ce que je voulais savoir, c'est comment tu vois votre évolution, rétrospectivement ? Peux-tu en parler et dire ce qui change réellement sur Antithesis ?

Parler de tout ça ferait exploser toute structure ici [ndK : interview réalisée sur MSN]. Il faudrait que j'écoute les anciens enregistrements, les vieilles cassettes… Mais ce qui a changé avec Antithesis est sans aucun doute notre manière de travailler. Pour la première fois je pouvais travailler avec un second guitariste à mes côtés. A.D. a apporté une grosse bouffée d'air frais dans le groupe. On a la même vision musicale et on a pu apporter nos expériences. C'est une chose que tu entends sur Antithesis. De plus, on a essayé de se concentrer sur le noyau le plus basique de la musique. On le voulait très pur et très « droit ». On voulait un disque de pur Metal sombre. Carved in Stigmata Wounds est d'un autre côté beaucoup plus progressif et « unloading » [ndK : un bisou à qui me traduit ça]. On a du se faire violence sur Carved in Stigmata Wounds, et nous ne voulions pas refaire la même chose avec Antithesis.

Est-ce que cela explique pourquoi vous avez abandonné le clavier sur Antithesis ? Je vois, pour ma part, l'absence de clavier comme l'une des plus grosses différences entre ces deux disques. Sur Carved in Stigmata Wounds, les claviers étaient utilisés dans le but de prendre toute l'espace, de remplir l'atmosphère… alors que sur Antithesis, ce sont les guitares qui remplissent l'atmosphère. Etait-ce cela le but de votre recherche et de votre travail ?

D'une certaine manière, oui. Nous savions que les morceaux étaient assez puissants. Ils n'avaient pas besoin de clavier. On s'en est servi une fois en studio pour enregistrer quelques overdubs. C'est tout. Mais ils ont réellement changé la manière dont on voulait les faire sonner. Carved in Stigmata Wounds existe à travers le « mystère » que le clavier invoque. Pense seulement à tous les sons fouillés entre deux morceaux : c'est monumental. Antithesis est plus pur, et oui, on voulait que ce soit comme ça.

Maintenant, peux tu me parler de l'enregistrement et du concept d'Antithesis ?

Commençons par l'enregistrement… Par où commencer ? Je me souviens d'une longue route entre Osnabrück, notre ville d'origine, et Mellrichstadt, un petit bled où se trouve le studio. Je conduisais seul en écoutant …And Justice for All en boucle dans la voiture. C'était magique. Je devais passer par Cologne pour récupérer un Mesa Boogie qui fut utilisé pour Antithesis. La route était vraiment étrange, parce que tu dois traverser beaucoup d'épouvantables villes fantômes. Finalement, j'ai retrouvé notre producteur au studio, et nous avons discuté de l'album pour la première fois. On a parlé pendant des heures. Il avait véritablement compris ce qu'on avait en tête. C'est devenu une longue nuit. Plus tard dans la soirée, notre batteur est arrivé et commença à monter sa batterie. Cela pris énormément de temps pour la préparer, car pour l'enregistrement, tout devait sonner à la perfection. La semaine suivante, nous avons tous les trois enregistré les parties de batterie avec un « click-tracks ». C'était une sensation extraordinaire car chaque rythme était rendu vraiment lourd. J'en pouvais plus d'attendre de poser les guitares par-dessus. La première semaine fut géniale. La seconde, les autres membres arrivèrent, prêts pour enregistrer toutes les lignes de guitare. Ce fut une expérience laborieuse que de trouver le bon son pour les guitares. On enregistra quatre pistes de guitare pour chaque morceau, ainsi que les guitares lead et acoustiques. Cela prit environ deux semaines. Après ces trois semaines de studio, j'ai ressenti comme une sorte d'effondrement intérieur. J'étais à deux doigts de péter un plomb et de me casser. Pendant toutes ces semaines, nous vivions dans un appartement tous ensembles. Il n'y avait aucune intimité. Je me souviens qu'un soir, alors que j'étais allongé dans la baignoire, je me repassais les morceaux en tête, et j'ai eu soudainement envie de vomir. J'ai sauté hors de la douche pour aller aux chiottes, je me suis explosé par terre et j'ai vomi tout l'enfer de mon estomac. C'était horrible. L'album était entrain de me bouffer. La musique était entrée trop profondément en moi, et pendant quelques heures, j'ai détesté ce bâtard nommé Antithesis. Mais après avoir enregistrer les claviers, la voix, et pré produit un morceau (ce qui a pris en tout trois semaines), nous pouvions enfin quitter le studio. Les trois semaines suivantes, notre producteur Markus Stock [ndK : aka Ulf Schwadorf, The Vision Bleak et ex-Empyrium] travailla le mix final, tout en coopérant avec nous à l'aide de milliers de fichiers mp3. Il m'était impossible de remettre encore un pied dans le studio, alors c'était la manière la plus simple de terminer le disque. Mais tout n'était pas enfer non plus. Je me rappelle quelques bonnes soirées avec le groupe et notre manager, Jenny Kalbitz. Elle était venue au studio pour quelques jours, afin d'écouter deux trois morceaux et de discuter du marketing de l'album. Nous avons eu de bonnes soirées à marcher dans les bois, à faire des barbecues en haut d'une montagne… Avec le recul, c'était une époque très profonde, et je ne veux pas l'occulter.

Il a des claviers sur Antithesis ?!

Oui, il y a quelques passages.

Comme les cors ?

Oui par exemple. Il y a également des cordes sur Lucifer Speaks et du piano sur Ordinance. Mais c'est mixé de telle manière qu'on n'y fait à peine attention. Tu le remarquerais si ces pistes étaient supprimées, je pense.

Tu peux maintenant parler des aspects musicaux et textuels d'Antithesis ?

Textuellement, Antithesis est un album très large qui porte sur un sujet principal, celui de la mort. La mort ultime et la question : « comment réagirait-on si nous comprenions et savions que la vie est seulement une évolution successive ? » Il n'y a rien de semblable à une vie après la mort, et il ne restera rien de nous après notre mort, à part pour les hommes. Les poussières retournent poussières. En fait, c'est une approche très négative, pessimiste et même nihiliste des textes pour ma part. C'est peut-être parce que j'ai du affronter plusieurs fois la mort de connaissances et d'amis dans un passé proche. Ca a réellement eu une influence énorme sur ma manière d'écrire les paroles de ce disque.

Ainsi, il n'est plus question de paroles ésotériques, comme par le passé ?

Il y a quelques arrière-plans occultes et mythologiques, comme le rôle du séraphin dans Seraphim is Dead, ou l'abord de Megiddo dans Confessions. Mais ce n'est pas aussi profondément ancré dans les sciences occultes comme avant. Ce fut forcé. Je voulais avoir des paroles beaucoup plus personnelles pour faire balance. Ca aide énormément d'écrire sur des choses que tu DOIS gérer.

Peux-tu parler de ton arrière-plan occulte et ésotérique, de vos recherches, et la manière dont cela se présente avec Secrets of the Moon ?

Bah, de nos jours, c'est juste des choses dont je m'occupe ou sur lesquelles je lis. J'ai laissé certaines choses s'approcher trop près de mon esprit, et j'ai du les repousser au final. C'est difficile de parler de quelque chose de particulier de manière directe. J'ai toujours été un « admirateur » de Sir Aleister Crowley et de ses travaux avec l'Ordo Templi Orientis. Et bien sûr, la loi de Thelema (Liber Al Vel Legis) aura toujours une importance gigantesque sur ma vie. Je pense qu'il est naturel d'écrire sur des choses dans lesquelles tu berces, et c'est ainsi que cela se connecte à Secrets of the Moon. Je ne tiens pas à prêcher avec ce groupe. Il y'a bien trop de groupes qui le font déjà.

Que penses-tu des groupes qui, comme tu viens de le dire, propagent leur idéologie à travers leur musique ? Plus loin, que penses-tu de la vague NSBM ?

C'est dûr à dire. C'est une bonne chose de louer Satan dans tous ses côtés et personnalités à travers le Black Metal par exemple. C'est quelque chose auquel je peux m'identifier. Au fond, nous faisons la même chose avec Secrets of the Moon, car nous exacerbons notre admiration pour le côté sombre de la vie. MAIS cela doit rester de l'art, et de l'art à un haut niveau.
La vague NSBM… c'est juste quelque chose qui me fait sourire. Le NSBM n'a certainement pas compris la signification du Black Metal. Mais c'est quelque chose dont je me préoccupe guère. A mon avis, la musique ne devrait jamais être liée à la politique en général, alors… c'est de la merde !

Ne penses-tu pas cependant, que d'une certaine manière, avoir des opinions NS dans le Black Metal est légitime, si l'on considère que le Black supporte la haine et la violence ?

Le Black Metal est une musique et non un match de footbal, alors pourquoi est-ce lié à la haine et la violence, et pourquoi le National-socialisme doit-il y être lié ? Je ne vois pas l'intérêt. Le Black Metal est une musique extrême contre la masse. Le Black Metal supporte la liberté et l'individualité. Le NS supporte l'inverse.

On est d'accord. Une autre question : quelle est ta vision du Satanisme ? Vois-tu cela comme il est, à savoir comme l'ennemi de Dieu, ou comme une métaphore ?

Pour moi, le Satanisme est une métaphore de la liberté : la liberté mène à l'homme libre. Satan est le précurseur de l'homme libre. C'est l'adversaire qui nous guide à une indépendance totale.

Comment écrivez-vous vos morceaux ?

Généralement, je joue de la guitare toute la journée pour m'améliorer. Parfois, je sens que le moment est bon pour enregistrer quelques riffs qui me viennent. Je prends alors mon enregistreur quatre-pistes pour enregistrer mes lignes de guitare. C'est vraiment satisfaisant parfois. Après quelques jours, j'écoute l'enregistrement à nouveau, et si cela m'interpelle encore, alors je sais que ces riffs serviront pour les prochains morceaux de Secrets of the Moon. Je présente donc mes idées dans la salle de répèt'. D'habitude, on discute de chaque nouveau morceau avant le processus d'écriture : la direction et l'atmosphère qu'il doit apporter doivent être clairs pour chacun. Ainsi, si les autres supportent et acceptent mes idées, on essaie de construire la structure, les riffs et enfin les paroles. Ca prend normalement six semaines pour que les bases d'un morceau soient posées.

J'ai appris que votre prochain album est en court d'écriture. Qu'est ce qui va changer par rapport à Antithesis ? Quelles sont vos idées pour cet enregistrement ?

Notre but principal est de creuser encore plus profondément. Nous voulons créer un album vraiment mémorable et lourd qui va au-delà de ce que tu écoutes jour après jour. Il doit être intense une fois de plus. Nous voulons améliorer encore notre son. La force de chaque chose doit se trouver être multipliée. Je sais qu'on en est capable… je l'espère ! Ce sera probablement un double album par ailleurs. Du moins, c'est ce que j'aimerai. Mais il est trop tôt pour parler d'une direction précise. « Wait and see (hear) » ce qui bientôt arriver.

Est-ce que tu vois The Exhibitions comme un lien entre Carved in Stigmata Wounds et Antithesis ?

Non, The Exhibitions EP est un enregistrement totalement indépendant. Globalement, je ne veux pas entendre parler d'aucun lien entre nos albums, car ils existent pour eux-mêmes.

Ainsi, Antithesis n'est pas la suite de Carved, qui n'est pas la suite de Stronghold ?

Et bien, il faut plutôt voir ça d'un point de vue musical. Nous voulons que tous nos albums soient différents les uns des autres. Nous ne voulons pas nous répéter. Et nous voulons que notre dernière sortie soit notre meilleure. Si ce n'était pas le cas, nous arrêterions tout de suite ce style de musique. Chaque nouveau disque doit représenter une nouvelle étape pour nous.

Dans une interview donnée à la sortie de Carved, tu disais que ce disque était le second volet d'une trilogie ouverte par Stronghold. Antithesis est-il ainsi le troisième et dernier chapitre ? Ou bien un enregistrement à part ? Et quel est le concept de cette trilogie ?

Non, Antithesis est le dernier chapitre de cette trilogie, basée sur une évolution. Antithesis représente la mort de tout, tandis que CISW repose sur une évolution universelle, ainsi que l'importance de l'humanité en elle.

Et que signifie Stronghold ?

Stronghold présente l'homme comme le centre, le monarque, la souveraineté au-dessus de tout.

Pourquoi avoir choisi le nom “Secrets of the Moon” ? Qu'est ce qui se cache derrière la lune ?

Et bien, c'est un peu comme une relique des vieux jours. A l'époque, nous étions beaucoup inspiré par les sciences astrologiques, et le nom correspondait totalement. De nos jours, ce nom nous apporte une liberté musicale car cela ne se rapport à aucune direction particulière, je pense. Par contre, je ne dirai jamais d'où nous vient le nom… *rires*

A la sortie de Carved, les réactions de la presse furent vraiment enthousiastes. Pourtant, vous êtes restés relativement discret. Pourquoi ?

Qu'est ce qu'on aurait dû faire à ton avis ?

Je sais pas, peut être mettre des publicités à chaque endroit possible, faire une tournée européenne…

Faire de la pub relève de notre label, pas de nous. Apparemment, ils semblent plutôt concentrés sur le marché allemand, puisque avec Antithesis, nous avons eu des pubs partout et des interviews dans tous les magasines de metal allemands. Il était impossible de ne PAS lire le nom Secrets of the Moon quelque part. Je ne sais pas quelle est la situation dans les autres pays. Pour ce qu'il s'agit de la tournée... Nous attendons toujours de bonnes offres, et la plupart du temps, elles puent, alors on continue d'attendre. Notre heure viendra, je suppose…

Tu es donc confiant envers l'avenir ? Sinon, quelles furent les réactions pour Antithesis ? Es-tu satisfait des ventes ?

Et bien, je sais que nous allons écrire un TRES BON nouvel album. Du moins, ce que nous faisons actuellement nous parait être bien. Et j'espère qu'on est capable de grimper sur l'échelle. Les réactions pour Antithesis furent vraiment positives. Nous avons pu atteindre plus de deux fois plus d'auditeurs que pour Carved. Et j'espère que les ventes se portent bien.

As-tu pour projet l'idée de tourner un clip ?

Oui, depuis quelques années, et cela arrivera tôt ou tard. On a parlé à différents directeurs, et cela se fera certainement un jour.

Une idée du morceau ? Et de à quoi cela va ressembler ?

Une chanson du prochain album je pense. Il est trop tard maintenant d'en faire un pour Antithesis. Et on préfère se concentrer sur le nouvel album maintenant. A quoi il ressemblera ? Il devra avoir une bonne esthétique et représenter un morceau. Tu verras rarement nos laideurs mais quelque chose d'autre à la place, ça c'est sûr.

Si l'on fait bien attention, on peut remarquer que la main est une figure récurrente dans chacun des albums : dans le livret de Carved et d'Antithesis, sur la couverture de The Exhibitions… pourquoi ? Quelle est sa signification pour toi ?

Les mains créent la vie. Elles sont l'outil le plus sophistiqué qu'un être humain possède. Et elles racontent des histoires, comme le font nos albums. Tu peux apprendre énormément d'elles. C'est la raison, je pense.

Secrets of the Moon utilise plusieurs symboles dans vos artworks : l'aigle, les différentes sortes d'étoiles et de croix… Quelle est leur signification ?

Tu ne peux pas les voire dans une direction particulière. Certains symboles ont une signification très profonde pour nous, et d'autres ont été choisi seulement parce qu'ils correspondent, ont de la gueule et dégagent une certaine atmosphère. On nous a demandé assez souvent pourquoi nous utilisions l'aigle. Ca a vraiment l'air de confronter les gens. Mais il n'y a aucune signification derrière cela. Ce n'est pas un symbole politique, mais ça représente l'aspect monumental d'Antithesis. C'est la seule raison de ce choix.

Que penses-tu de la scène BM actuelle ? Des groupes qui continuent de jouer du raw BM sans aucune évolution ? Tu penses que la scène BM doit se réinventer ?

Je ne suis pas la bonne personne pour juger cela. Ce sont aux fans de le faire. En tant que musicien, tu dois toujours avoir une certaine distance à ça, car tout est question de TES impressions artistiques, et de rien d'autre. Qui suis-je pour juger la musique des autres ? Je n'ai pas à m'en occuper. Pour moi, Secrets of the Moon doit se réinventer encore et encore.

Je ne veux pas que tu juges, mais que tu donnes ton opinion, c'est à dire si tu préfères ou non la scène BM traditionnelle, etc.

Qu'est ce que « traditionnelle » ? Pour moi, nous sommes un groupe traditionnel parce que l'on fait vivre nos traditions que l'on suit depuis plus de 12 ans maintenant. Mais nous ne sommes pas vu ainsi. J'aime énormément le Black Metal traditionnel, mais je suis certain que ma « tradition » est aperçue de manière différent que celle des autres. Pour moi, un groupescomme Celtic Frost ou Mercyful Fate est traditionnel, mais je ne vois pas l'intérêt de nommer un nouvel arrivant norvégien « traditionnel » seulement parce que ce groupe joue de la musique « raw ». C'est beaucoup plus que seulement la musique.

Comment vois-tu alors la place de Secrets of the Moon dans la scène actuelle ?

Je pense que nous y avons trouvé notre place, et je suis sûr qu'on ne sera pas oublié.

Secrets of the Moon est toujours un groupe underground. Est-ce que le fait qu'Antithesis soit plus accessible que Carved signifie que vous allez chercher à toucher un public plus large dans le future ?

C'est très difficile d'atteindre plus d'auditeurs que nous le faisons maintenant. Mais si nous pouvions continuer à ce niveau, nous en serions très heureux. Nous sommes un groupe underground allemand, ce qui signifie qu'on n'aura jamais l'attention apportée à un groupe scandinave par exemple. Mais ça ne nous dérage pas. Peut-être que ce « combat » nous amènera loin. On verra. De toute façon, Antithesis n'était pas prévu pour être plus accessible, et je suis certain que notre prochain album sera encore une fois très différent. C'est un nouveau challenge, et ça fait du bien.

Secrets of the Moon est toujours entrain de créer une ambiance très particulière dans leur musique. Il semble obligé que vous ayez écouté énormément de choses différentes. Qu'est ce que tu considères être tes principales influences dans ta musique (d'un point de vue personnel) ?

Pfiou, elle est difficile celle là. Je suis énormément inspiré par la musique sombre, progressive et intense. La musique doit être sombre je pense, sinon elle ne trouve pas la porte de mon cœur. L'intensité que la musique peut m'apporter semble être mon influence principale. De plus, je suis plutôt Metal traditionnel si c'est assez sombre.

Je pense que les lecteurs apprécieraient quelques noms ! *rires*

Ce ne sont que des mots. Les lecteurs devront trouver eux-mêmes ce qui les séduit. *rires*

Beaucoup de personnes prétendent que vous avez du écouter énormément Satyricon : ils voient beaucoup de points communs entre votre musique et la leur, spécialement entre Antithesis et Volcano. Que peux tu répondre à cela ?

Je peux répondre seulement que je ne vois pas la comparaison. Satyricon est un bon groupe. Ils sont bons dans ce qu'ils font. Peut-être est ce parce que nous avons le même arrière-plan musical… je ne sais pas. Je remarque beaucoup de dissonances à la Voivod dans leur musique, et c'est quelque chose qui a eu aussi un énorme impact sur nous.

Qu'est ce que ça te fait de jouer au Hellfest en juin ?

Ca fait du bien. J'espère qu'on vous apportera 30 minutes de plaisir. C'est une bonne opportunité pour nous d'atteindre plus d'une poignée d'auditeurs, et j'espère qu'on y arrivera.

Passons aux questions plus personnelles… Qu'écoutes tu ces derniers temps ? Quelles ont été tes dernières découvertes musicales ?

J'aime énormément le nouveau Pain of Salvation, Scarsick. Je l'écoute en ce moment même d'ailleurs. Quoi d'autre ? J'ai obtenu le nouvel album d'Antimatter. Il n'est pas encore disponible mais vos lecteurs devraient y jeter une oreille dès qu'il sort.

Qu'as-tu ressenti à la nouvelle de la mort de Jon Nödtveidt ? Est-ce que ça t'a beaucoup affecté ? Et plus loin, est ce que ça a affecté le groupe ? Vu que Dissection semble être l'autre influence du groupe selon les gens…

Ce que j'ai ressenti ? J'ai d'abord pensé à lui et autres personnes proches de lui. Je l'ai rencontré personnellement quelques fois, et il a toujours semblé être intéressé au sujet de Secrets of the Moon. Je pense que c'est T.Thelemnar qui l'a vu pour la dernière fois en Suède deux mois avant son suicide. Que puis-je en dire ? Il était au courant de cette solution, et je peux la retracer d'une certaine manière.

Tu comprends alors totalement sa décision, et tu ne ressens pas de regrets sur sa perte ?

Personne ne peut comprendre. C'est une décision personnelle, et il était libre. Je ne regrette pas sa perte. Il ne m'était pas proche, donc…

Qu'est ce que ça fait d'avoir un guitariste aux cheveux courts dans le groupe ? Ca ne te dérange pas trop ?

*rires* Et bien, il avait les cheveux longs quand il a intégré le groupe, mais il a décidé de les couper. J'en ai toujours eu rien à battre. Sa maîtrise et son attitude déterminée sont bien plus importants.

Peux tu me raconter une blague ?

Putain non. Je n'ai jamais été un bon raconteur de blague, et aucune blague ne me vient à l'esprit pour l'instant. Je pense qu'aucune blague normale ne peut soulever un sourire sur mon visage. Elle doit être très méchante pour gagner mon attention. Mais tu peux me raconter une blague !

Ok, j'essaie. Un mec est entrain de pisser dans une piscine. Le maître nageur vient et dit « TU FOUS QUOI LA ?! » Et le mec répond « Bah… je pisse. »

Haha… Ok. Bon, au moins, j'ai souris !

C'est mieux que rien.

Totalement.

Tu as eu deux 10/10 pour Carved et Antithesis sur Thrashocore, le meilleur webzine metal français. Comment tu le vis ? Est-ce que ça ne t'apporte pas trop de pression ? Qu'est ce que ça fait d'être une star vivante ?

Et bien, j'ai imprimé les deux chroniques sur d grand papier noir, et je les ai encadrés. Elles sont accrochées juste à côté de mes disques de platines. Ca fait du bien de se lever le matin et de se dire : « Yeah, je l'ai fait ! »

Tu espères obtenir un autre 10/10 pour le prochain disque ? Ne penses-tu pas que ce sera difficile ?

Non, nous pourrions enregistrer quelques pets et tout le monde nous lècherait le cul. Le crépuscule des dieux est avec nous.

L'interview touche à sa fin. Les derniers mots sont donc pour toi. Si tu veux dire quelque choses aux lecteurs français, n'hésite pas !

La seule phrase en Français dont je me souviens des deux années d'apprentissage à l'école est « Voulez-vous coucher avec moi ? » J'espère vraiment pouvoir utiliser cette phrases quelques fois en juin, quand on reviendra pour le Hellfest ! J'espère rencontrer quelques uns de vos lecteurs là bas, et spécialement les jeunes blondes pimpantes à blouson en cuir rouge ! A bientôt ! Hail Satan !

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Traduction par Krow

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