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Dux sort de sa carapace

Interview

Dux sort de sa carapace Entretien avec Glaurung Samildanac'h (2012)
Hailz à DUX ! C'est un grand plaisir pour moi que de pouvoir vous interviewer pour Thrashocore. Déjà bien content d'Ezoterik l'an dernier, c'est avec enthousiasme que j'ai découvert Vintras cette année après avoir vu par bribes votre excellent concert du 9 mars dernier, un souvenir aussi désagréable qu'intense. J'espère que cet entretien permettra à ceux qui vous suivent de loin ou de près d'éclaircir certains points obscurs autour de votre groupe qui compte si je ne m'abuse cinq années d'existence au compteur et vous poussera à développer un peu votre univers rempli d'occultisme et de noirceur.

1- Tout d'abord, la question à laquelle on ne peut pas couper quand on est un groupe qui sort doucement de l'ombre et qu'on a pas fait beaucoup d'interviews : après sa fondation, racontez moi par quelles étapes ce simple projet solo qu'était DUX est devenu un groupe à part entière.

Pour enregistrer Ezoterik, j’ai répété avec Souffrance 2 ou 3 fois, et jouer ma musique au delà de l’enregistrement lui donnait une réalité plus tangible. J’ai donc proposé à Anksudams de prendre la batterie, et plus tard au Sorcier de nous rejoindre, pour de la session live uniquement. Par la force des choses, nous sommes devenus un groupe à part entière, même si je me réserve l’écriture et la composition. Ceci-dit, le Sorcier et Souffrance ont quelques riffs qu’on devrait exploiter.

Je voulais tenter la scène à une autre place que la batterie, devenir le « frontman » de mon projet. Au début, on répétait à 2 guitares et je ne faisais que le chant. Pour le premier concert, le Sorcier s’est désisté, j’ai alors pris la basse. Depuis, je ne l’ai pas lâchée. Les retours sont plutôt bons.

2- À titre personnel, j'ai découvert DUX l'année dernière avec Ezoterik... néanmoins, est-il encore possible de trouver la première démo Un Trouble Dans La Pureté Du Néant, sortie en 2008 ? Des projets de réédition, peut-être ? Si non, pourquoi ?

On peut, normalement, la trouver chez Possessed by Metal, en CD-r ou en tape. Je ne m’occupe plus de ça, c’est vieux. Je ne prévois aucune réédition, l’album étant disponible. En effet, deux titres de Un trouble… sont dessus, et bien mieux enregistrés.

3- Concentrons nous sur le musical à présent. Glaurung, en temps que compositeur principal, quel est l'état d'esprit dans lequel tu as besoin de te trouver pour composer un riff de DUX, comment ceux-ci te viennent-ils ?

Ça dépend de beaucoup de choses. Souvent, l’inspiration me vient quand je suis au plus bas, ou complètement bourré, voir les deux. J’ai quelques facilités dans la dépression, et c’est quand je vais mal que je compose ou écris le mieux.
En répétition, afin d’être dans l’esprit, nous picolons pas mal. Ca nous désinhibe et nous permet quelques extravagances.
Parfois, le riff me vient tout seul, comme une mélodie, et je la concrétise. Sinon, et gratouillant les choses se dessinent naturellement.

4- Qu'est-ce que tu trouves dans DUX que tu ne trouves pas dans ton autre groupe (que je ne vais pas mentionner ici car ce n'est pas le sujet) ? Qu'est-ce que DUX t'as apporté et t’apporte aujourd'hui pour avoir besoin de te concentrer davantage sur ce qui était à la base un « simple » projet solo un peu obscur ?

Contrairement à l’autre groupe, je suis seul maître à bord. L’autre groupe a des revendications, en tout cas, les gens lui en prêtent. DUX n’en a pas. Si ce n’est d’être une expansion de ma personnalité. Un palliatif aux antidépresseurs.

5- Reconnaissez-vous des influences issues du Black Metal pour DUX ? Tout ceux qui se sont penchés sur Ezoterik et sur Vintras, moi y compris, parle des vieux groupes de Toulon tels que SEIGNEUR VOLAND pour vous désigner, qu'en pensez-vous ?

Oui, en effet, la scène toulonnaise m’influence beaucoup musicalement, mais pas uniquement. Les premiers ENSLAVED, par exemple (pas la bouse actuelle), le black des années 90 plus généralement.

Je trouve qu’à l’époque le black était plus limité techniquement, mais beaucoup plus libre, car on y trouvait des influences plus variées, et on se permettait plus de choses, sans se poser la question de savoir si c’était black metal ou pas. Il y avait une vraie recherche de son, une volonté de faire une musique personnelle. Ca se ressent un peu dans DUX.

6- Plus largement, quelles sont vos idoles ? On sent presque avant tout chez DUX la volonté de rendre hommage aux grands du Metal, à la fois par votre musique et votre visuel que je sens assez proche d'un MERCYFUL FATE par exemple. Je parle ici des groupes avec lesquels vous avez commencé à apprécier la musique, pas de vos influences purement Black Metal.

Anksudams et moi avons le même âge, et à peu près le même parcours musical. Nous sommes fans de Heavy (Black sab’, Maiden, etc…). Il est particulièrement fan du vieux MAYHEM.

J’ai commencé à m’intéresser réellement à la musique quand j’étais gamin en écoutant les PINK FLOYD. Le premier CD que j’ai acheté était d’ailleurs Dark side of the moon. Et le deuxième Live after death… là aussi une claque ! J’aime beaucoup le vieux Heavy, qui suinte le rock. Cette touche rock n’ roll, j’essaie de la faire ressentir dans ma musique, et dans notre attitude en concert.

7- Toujours dans ce domaine, avez-vous des musiciens, des individualités (Metal comme hors Metal d'ailleurs) qui vous inspirent, dans votre manière de jouer comme dans votre manière de vous conduire ? Je pense ici à Glaurung... en tant que multi-instrumentiste, je gage que tu as sûrement des batteurs, des bassistes ou même des guitaristes qui ont forcé ton admiration par le passé et qui continuent de t'influencer aujourd'hui !

Pour ma part, Roger Waters. On se ressemble pas mal : névrosé, mégalo. Mais j’admire aussi des gens comme Ozzy Osbourne – on lui doit tellement-, Angus Young ou encore, hors metal, Jacques Brel.
Mes meilleurs instrumentistes : à la basse, John Entwistle (THE WHO), à la batterie, Trym Torson (période Frost d’ENSLAVED), à la guitare, Glen Tipton (JUDAS PRIEST) au chant Bon Scott, Rob Halford, Dio, Ian Gillian … il y en a beaucoup.
Souffrance a beaucoup d’admiration pour Rudolf Schenker et SCORPIONS (moi aussi), Yngwie Malmsteen, ou encore Infernus de GORGOROTH.

8- Vous avez quoi, deux concerts à votre actif ? Avez-vous des projets plus ambitieux à ce niveau dans l'avenir ? En suivant un peu votre actualité, j'ai pu observer que vous prépariez une tournée en Asie. Pouvez-vous nous parler davantage de ce projet ?

DUX est apprécié en Asie, les premiers albums commandés étaient pour le Japon et la Corée.
C’est en projet et ça va nous demander beaucoup de travail pour le réaliser.

D’ici-là, nous cherchons des dates de concert n’importe où, partout en Europe… et dans le monde. Mais DUX n’est pas encore assez connu pour qu’on nous demande de jouer sur des concerts ou festivals importants, et nous voulons rester dans l’underground.

9- Toujours pour ce qui est des concerts, que représentent les « corpse paints » pour vous ? Quelle importance, au moins symbolique, ont-ils au sein de DUX ? Dans une échelle plus large, quelle importance peuvent-ils avoir au sein du Black Metal actuel ? Est-ce que porter un tel « costume », pour vous, ça se mérite ?

C’est une façon de mettre de la distance avec le public, et avec soi-même. Je ne me maquille pas pour faire « méchant ». D’une certaine façon j’enfouis ma pudeur derrière. Ça a un côté libérateur.

J’ai hésité avant d’adopter le maquillage sur scène, j’ai trop vu de groupes ridicules arborer des maquillages comme pour s’acheter une virilité, ou faire les durs, pour jouer un rôle. Ces mêmes personnes qui l’instant d’après iront expliquer qu’en fait ils sont gentils, que le black c’est pas si méchant, et qu’en fait ils sont comme tout le monde… mon cul !

10- Venons-en maintenant à la personnalité qui habite votre disque de toute part, Eugène Vintras. Si je ne connaissais cette figure du XIX° siècle qu'assez vaguement (n'ayant rien lu dessus) avant l'appréhension de votre album, pouvez-vous nous éclairer là-dessus ? Qui était-il, qu'est-ce qui a motivé un tel intérêt pour le parolier de DUX et quels ouvrages ont pu l'inspirer au point de se mettre dans la peau de l'un de ses disciples ?

Je m’intéresse beaucoup à l’ésotérisme, par fascination (je ne suis pas un érudit ni un initié). Et aussi à l’Histoire. En lisant un livre sur l’Histoire occulte de Lyon, je suis tombé sur ce personnage fascinant.
Vintras était cantonnier en Normandie quand il eu une révélation (la Vierge lui est apparue). Il a donc créé une église à Lyon, mais il s’est révélé que Vintras était plutôt penché sur le cul, et il a dévié les sacrements de l’Eglise. Ses messes étaient des prétextes à l’orgie, ce qui attira du monde dont certains notables. Son disciple, l’abbé Boullan, était lui un vrai sataniste, et les choses ont empiré.
Il faut noter que jusqu’à l’excommunication de Boullan, l’épiscopat voyait d’un très bon œil cette église nouvelle qui attirait beaucoup de monde.
Vintras était probablement un mystique, mais « du coté obscur de la force ». Un maitre en mystification et en manipulation.

11- Les paroles de Vintras, au-delà de la présence du « prophète », me semblent très centrées autour de la personnalité de la tête pensante du groupe, Glaurung Samildanac'h (notamment « Carapace » et « Vanité »), tout comme la pochette de devant qui s'avère être un moulage de ton crâne. Est-ce qu'on peut le voir comme un album plus « intime » ? Quel message général veux-tu faire ressortir de tes paroles, tantôt hostiles (« Vanité »), tantôt touchantes (« La mort d'un astre ») ?

C’est un album personnel, et intime. Je ne voulais d’ailleurs pas mettre les paroles dans le livret, mais Souffrance a insisté. Je suis trop pudique, et n’aime pas me livrer. Ca me demande beaucoup d’efforts pour me dévoiler, et j’en fais des tonnes en exubérance et en provocation quand je suis sur scène pour cacher ce qui est vraiment moi. Ce qui explique le texte de « Carapace ».
Je n’ai aucun message particulier à exprimer. Mes textes sont seulement des réflexions personnelles sur ma vie, sur mes relations avec le monde, la vanité de l’existence, sur la mort et l’au-delà, parfois des instants de poésie.

12- Vous faites énormément de références bibliques « détournées » dans vos textes. On notera la symbolique du sang et son pouvoir occulte qui plane sur tout votre disque. Dans le même ordre d'idée, je vois une vrai attirance pour les ambiances religieuses chez DUX : dans la démo, Ezoterik comme dans votre album, à l'évidence, vous aimez utiliser ces atmosphères occultes, avec cette intro par le compositeur Francesco Lavignano qui m'était, je vous l'avoue, totalement inconnu avant de lire son nom dans la pochette. Pouvez-vous m'éclairer sur ce dernier ? Comment l'avez-vous découvert, qu'est-ce qui vous a poussé à utiliser sa création dans DUX ?

Je suis un mystique, c’est mon drame. J’attends la transcendance dans chaque chose. Je vois des symboles partout. L’ « Autre-Monde » m’attire et me fascine. La religion fait donc forcément écho dans mon âme. Mais je n’accorde aucun crédit à la religion judéo-chrétienne, et, à l’instar d’un Vintras, j’aime la détourner, en dénoncer la bêtise, et m’en amuser.

L’intro d’Ezoterik était un extrait du requiem de Ligeti, que les amateurs de SF auront reconnu (2001 l’odyssée de l’espace). Pour l’album, l’intro est tirée d’un film d’Orson Welles. C’est la marche funèbre d’Othello et Desdémone, dans Othello. Orson Welles fait partie des réalisateurs que j’admire particulièrement, et cette musique, à la fois sombre et sacrée, me semblait toute indiquée pour Vintras..

13- Et justement, dans ce que vous empruntez à l'Ennemi (j'entends par là le patrimoine des religions chrétiennes ou hébraïques...), qu'est-ce qui vous parle le plus ? Aussi, comment vous positionnez-vous face au satanisme, que représente-t-il pour vous au sein de DUX ?

J’apprécie l’Art sacré, quel qu’il soit. Les églises baroques et leur splendeur, l’architecture des cathédrales, le faste et l’or de certains monuments, de certains rites. Cette volonté de l’Homme de vénérer, d’honorer des forces cosmiques qui le dépassent. Je trouve ça touchant. Ce qui est écœurant, c’est le pouvoir que se sont donné certains hommes pour dominer les autres par la spiritualité au fil des siècles, les conditionnant dès le berceau, jusqu’à la mort. Nous culpabilisant par de prétendus péchés. Je ne veux pas faire partie de ce troupeau là, et me plait à le ridiculiser.

D’une certaine façon, en inversant les valeurs et les symboles de la religion, DUX pourrait être qualifié de sataniste. Mais ce serait oublier qu’on n’accorde pas foi à ces religions. Par conséquent, on ne peut pas l’être. Être sataniste, c’est finalement y croire. Ça n’est pas notre cas.

14- Quelle est la portée de paroles comme celles de « La mort d'un astre » ? Y-a-t-il une référence cachée ou est-ce une attirance pour le « cosmique » dans tout ce que cette notion a de mystérieuse ?

J’ai toujours eu le sentiment de venir d’ailleurs, et pourquoi pas d’un autre monde. Plus sérieusement, les distances cyclopéennes et l’infini du cosmos, les tailles irréelles des galaxies, me font rêver et me fascinent. Nous sommes si peu de choses face à l’immensité du cosmos, et à la fois nous pensons être si grands. Il y a matière à réflexion.

15- L'alcool est apparemment un élément essentiel de DUX, cet amour très « dionysiaque » pour lui dans vos textes comme dans vos morceaux étant assez puissant : dans quelle mesure cette forme de débauche sert-elle votre Black Metal ? Quelle importance a l'ébriété pour composer et à fortiori jouer votre musique chez vous ? Quels sont vos vices à ce niveau ?

Sans parler de psychédélisme, j’aime l’idée d’aller plus loin une fois désinhibé. Pensons à Baudelaire !
Comme je l’expliquais plus haut, c’est une façon de se mettre dans l’esprit des moments où je suis au plus bas, et de retrouver la hargne et le mal-être qu’on entend sur nos enregistrements.
C’est aussi une forme d’entrainement, car en concert, on a toujours tendance à boire pour se détendre. Au moins on est apte à jouer même si on a un coup dans le nez. Jouer saoul n’est pas une fin en soi. Et il nous arrive aussi d’être sobre. Et puis un groupe qui ne picole pas, ça n’est pas très rock n’ roll.

Je ne pense pas qu’il faille donner trop d’importance à nos vices. Ils ont un impact sur notre musique, mais il est tout de même limité.

16- Il est temps de conclure : y-a-t-il des points que j'aurais pu oublier ou sur lesquels vous souhaiteriez amener cet entretien ? En tout cas, les derniers mots de celui-ci sont pour vous, merci d'avoir pris le temps de répondre à mes questions !

On peut parler du son de l’album, que j’ai voulu très « roots » et sans fioriture. Je voulais une approche très rock, punk diraient certains. Scott, notre ingé son a fait un très bon boulot.

Merci d’avoir apporté un peu d’attention sur DUX. Nous cherchons des dates, alors n’hésitez pas à nous contacter.

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