Chez Thrashocore, nous n’aimons pas qu’écrire des textes opportunistes bourrés de blagues de mauvais goût. Nous aimons aussi revenir vers les artistes qui ont marqué les années précédentes pour leur poser quelques questions. Car on est comme ça, prétentieux et à la bourre, mais toujours prêt à faire amende honorable d’une flemme plus que passagère à l’époque de la sortie d’un album qui, pourtant, méritait une meilleure exposition. C’est le cas pour This Gift Is A Curse et son premier longue-durée qui fut et reste une œuvre majeure pour le petit monde des musiques extrêmes. A l’occasion de la sortie de l’édition CD de I, Guilt Bearer
, nous avons pu profiter d’une proposition de Black Wave Promotion pour poser quelques questions à la formation suédoise et se rendre compte que les membres la constituant sont au moins aussi intéressants que ce qu’ils posent sur disque. La preuve : plus bas !Bonjour ! Comme This Gift Is A Curse est un groupe connu sur ce webzine (I, Guilt Bearer a été chroniqué en ces pages et fut mon album de l’année dernière ainsi que déjà une référence personnelle), coupons court aux questions d’usage sur votre identité pour entrer dans le vif du sujet ! Tout d’abord, j’aimerais revenir sur la genèse du groupe. On peut apprendre sur la fiche presse vous présentant sur le site de Discouraged Records que This Gift Is A Curse est né d’une rencontre fortuite entre Jonas A. Holmberg (chanteur) et Johan Nordlund (batteur) ayant rapidement mené à la création du groupe… Comment vous êtes-vous rencontrés et qu’est-ce qui a favorisé cette décision de créer un groupe ensemble ? Comment s’est passé le recrutement de Lars Gunnarsson et Patrik Andersson, respectivement aux postes de bassiste et guitariste ?
Jonas : C’est plutôt amusant quand tu y repenses. Johan et moi avons emménagé à Stockholm en même temps mais ne nous connaissions pas. Nous avons aussi travaillé au même endroit mais je ne me souviens pas avoir vu Johan au boulot. Puis, un soir, nous sommes tous les deux allés à la même salle pour voir jouer le même groupe, mais séparément. Johan est venu me voir après le concert en pensant que j’étais un des guitaristes d’un des groupes qui avaient joué ce soir là car nous portions le même genre de T-shirt. Il m’a dit « c’était un bon concert » ou quelque chose comme ça, puis a réalisé très vite que j’étais quelqu’un d’autre. Nous avons alors commencé à discuter et nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup en commun sur le plan musical mais aussi personnel. Nous avions tous les deux des groupes dans notre ville natale, moi avec Grizzlytwister (synth hardcore mayhem) et Johan avec Seven Nautical Miles (Northern Sweden sounding post-metal)… et nous voulions désormais passer le temps à Stockholm avec un autre groupe.
Je connaissais Lazy (le bassiste) avant et je savais qu’il jouait dans différents projets metal en ville donc je lui ai demandé s’il voulait essayer quelque chose de « différent ». Lui-même connaissait un guitariste aimant jouer lourd et vite et lui a demandé la même chose que moi. Ce guitariste était Patrik, qui était également impliqué dans de nombreux groupes de thrash/death metal. Donc nous étions désormais quatre gars qui ne se connaissaient pas très bien, mais qui allaient jouer quelque chose que nous n’avions jamais fait avant. De bons moments en perspective. Nous avions pour objectif de faire une sorte de d-beat hardcore/punk rapide et infect. Quelque chose qui sonnerait comme un Converge dépouillé rencontrant Breach qui tuerait Discharge. Ce n’est pas vraiment allé vers cette direction. Je pense que nous avons vraiment trouvé ce que nous voulions faire quand on a commencé à jouer des riffs/beats en réduisant le tempo de moitié. Tout s’est alors mis en place.
On peut également apprendre sur cette fiche qu’avant votre EP, une demo de cinq titres a été créée mais jamais dévoilée au grand public car vous ne la trouviez pas satisfaisante. Pour quelles raisons ? N’y-a-t-il aucune chance de la voir un jour apparaître sur la toile ou sur disque ?
Jonas : C’est juste une demo que nous avons enregistrée nous-mêmes avec l’équipement que nous pouvions martyriser à l’époque. Ça sonnait plutôt merdique. C’était plus une prise de son pour nous. Quelqu’un en France nous a écrit un e-mail pour nous demander si nous pouvions lui apporter cette demo sur un CD-R lors de notre tournée. Nous la lui avons donnée et il a le seul exemplaire de la chose. Ça ne sera jamais plus que ça.
Votre premier EP contient déjà les bases de votre premier album. Cependant, tout sonne plus cru et direct sans pour autant se rapprocher du « son Sunlight Studio » où vous avez enregistré ces quatre morceaux (studio connu pour avoir vu passer des groupes comme Entombed, Dismember, Disfear, Katatonia…). Comment s’est déroulée la rencontre avec Tomas Skogsberg ? Aviez-vous une idée précise de comment vous vouliez sonner avant d’entrer en studio ou laissiez-vous une place à l’improvisation ?
Jonas : Tomas a été très gentil et facile à vivre. Le studio Sunlight réside actuellement dans une vieille grange du 19ième siècle au nord de Stockholm. Elle fait partie de la propriété de Tomas où il vit avec sa famille. C’est au milieu de la forêt et beaucoup de loups parcourent cette zone. C’était vraiment adapté à ce que nous faisions. Quand nous allions enregistrer notre premier EP, Lazy lui a demandé s’il souhaitait travailler avec nous. Il a répondu rapidement et dit qu’il appréciait ce que nous faisions. Nous avons alors organisé une session pour trois chansons. Je me rappelle qu’il y avait beaucoup de neige durant cette période et notre voiture avec tout notre matériel à l’intérieur s’est retrouvée coincée sur la route étroite de la forêt plus d’une fois. Quelques-uns de ses appareils d’enregistrement ont même lâché quelques jours avant notre arrivée, certainement à cause du froid. Mais il a réparé du matériel de rechange et nous avons pu enregistrer. Tout s’est passé très vite quand nous avons commencé à enregistrer, donc nous avions assez de temps restant pour une autre chanson qui est devenue « The Big Sleep ». C’était une expérience intéressante mais nous ne la répéterons probablement pas à cause de la pression du temps liée à l’aspect financier. Un studio comme celui-ci est coûteux et quand tu es un « petit » groupe comme le nôtre, tu ne peux pas t’offrir d’être là aussi longtemps que tu le souhaites. Tout est allé trop vite sur la fin, avec le mixage et ainsi de suite.
D’ailleurs : comment composez-vous vos morceaux en général ? J’ai lu dans une interview donnée pour le site Idioteq que vous avez des goûts très différents les uns des autres au sein de votre groupe… ça va, ce n’est pas trop la bagarre quand il s’agit de composer ?
Patrik : J’écris la plupart des bases de nos morceaux. Ça peut être n’importe quoi, un riff pour la basse ou la guitare, une rythmique pour la batterie, parfois même juste une structure/un concept. A partir de là, je « construis » ce que je sens nécessaire pour cette idée en particulier. Puis, j’expose aux autres mes idées et ils disent grosso modo « oui » ou « non ». S’ils n’aiment pas, ça part à la poubelle… Tout simplement. Quand les fondations pour un titre sont posées, nous nous portons sur les détails. Dans la demo que je leur ai présentée, peut-être ai-je mis une batterie en d-beat par exemple. Mais quand je la donne à Johan (le batteur), je veux qu’il fasse son propre truc. Chaque membre contribue à sa manière en prenant pour base ce que je leur présente. C’est comme ça que ça se déroule la plupart du temps.
Concernant votre premier album : votre son et votre style ont évolué par rapport à votre EP. L’ensemble reste cru et froid mais semble plus maitrisé tout en étant plus chaotique. Même en vous ayant connus avec votre première sortie, les premières écoutes de I, Guilt Bearer font dire « Wow, mais qu’est-ce qui leur est arrivé ?! »… Et donc, qu’est-ce qui vous est arrivé (rires) ?
Patrik : Ce qui est arrivé ? Nous avions une idée plus précise de comment nous voulions sonner. Nous voulions une ambiance plus crue et hostile que sur notre EP. L’enregistrement de notre EP fut notre première expérience donc, avec le recul, il était un peu trop précautionneux à notre goût. Donc pour l’album, nous voulions capturer l’essence de ce que nous sommes capables de faire en live. Le processus d’écriture fut, et est toujours, à peu près le même mais notre approche de notre musique est allée vers une atmosphère plus vicieuse.
Nous devons l’artwork de cet album à F. Lindblå (qui a déjà réalisé celle de votre premier EP) ainsi qu’à votre chanteur, J.A. Holmberg. Comment s’est déroulée la création de cet artwork ? Aviez-vous une idée précise de ce que vous vouliez comme illustration ?
Jonas : Je savais clairement ce que je voulais déjà un an avant la réalisation de l’artwork. Cette idée s’est précisée durant l’enregistrement de
I, Guilt Bearer. J’ai parlé à F. Lindblå, qui est un homme occupé, à propos de faire une séance photo et à propos de mes idées. Il s’est montré très intéressé. Nous avons donc « embauché » un ami de Lindblå travaillant comme modèle et l’avons emmené dans une forêt que je connais très bien, au nord de Stockholm. Nous ne lui avons pas dit ce que nous allions faire car nous pensions que cela lui ferait refuser le « travail ». Nous voulions capter le plus de sentiments d’agression, de confusion, de dégoût, d’étrangeté possible pendant que nous prenions les photos – afin que cela transcende les visuels. Nous n’avons plus eu de nouvelles du modèle après ça. Je sais cependant qu’il travaille à Los Angeles depuis quelques mois avec une grande marque de sport. Le contrat entre nous était que nous pouvions faire ce nous voulions tant que son nom n’était pas mentionné. Il a été payé avec trois bouteilles de vin rouge.
La pochette est supposée illustrer les thèmes de
I, Guilt Bearer - le choc entre notre comportement connecté aux frictions entre la nature humaine et la culture humaine.
Un de nos lecteurs se demande d’ailleurs la signification des nombreux symboles présents sur vos artworks. Il a fait mention de nombres récurrents (III, VII et XI) et petits symboles présents sur les flacons que vous avez préparé pour votre tournée. Pouvez-vous l’éclairer sur leurs origines ?
Jonas : Le chiffre 7 est lié aux sept pêchés mortels, mais surtout le septième : la paresse, qui vient du latin Acedia, lui-même venant du grec Akedia qui signifie « l’absence d’attention/d’intérêt ». Pour nous, cela s’accorde bien avec la doctrine nihiliste que nous transmettons à travers notre musique et art. Le nombre 11 est le plus sacré pour Aleister Crowley, mais aussi le nombre de mots qui résident dans son mantra "Do What Thou Wilt Shall Be The Whole Of The Law".
"Upon the Number Eleven. This seems to have been the type of number with a evil reputation among all peoples. The Kabbalists contrasted it with the perfection of the Decad, (10) and just as the Sephirotic number is the form of all good things, so eleven is the essence of all that is sinful, harmful and imperfect; with the Ten Sephiroth they contrasted the Eleven Averse Sephiroth, symbols of destruction, violence, defeat, and death." - A.C
La signification pour nous du dernier chiffre, le 3, ne sera pas révélée avant la sortie de notre prochain album.
Vos artworks paraissent être fortement influencés par l’occultisme/le satanisme. C’est aussi le cas de vos textes, faisant le lien entre la culpabilité et l’oppression des religions par exemple. Ces textes paraissent également très personnels, une sorte de transposition de questionnements intérieurs propres à une personne, à un niveau plus haut et plus large, marqué par les religions et les déviances humaines en général (avec le titre « Head And Arms »). Y a-t-il une histoire derrière ces paroles ? Dans quel contexte, quel état d’esprit, ont-elles été écrites ?
Jonas : Ce que tu dis sur nos paroles est vrai. C’est un questionnement assez chaotique sur le comportement humain, relié à différents points de vue et phénomènes sociaux pour ainsi dire. J’ai essayé de disséquer le comportement humain grâce à des outils empruntés à divers champs d’étude comme l’occultisme, le gnosticisme, la psychologie sociale et la sociologie. Les paroles transcendent à la fois un ressenti personnel et une sorte de « narration » à travers laquelle j’essaye de me mettre dans l’état d’esprit, la mentalité de personnages différents. La chanson « Inferno Ad. O » traite de l’auteur suédois Strindberg qui s’est « enfuit » à Paris en 1890 pour mener des expériences quasi chimiques, à la recherche de la vérité dans « les ténèbres ». Pour aller au bout, il dut arrêter son activité d’écrivain et renier sa foi chrétienne car il pensait que cela l’empêchait d’atteindre « la vérité ». Je trouve son « voyage » vraiment fascinant. Il est devenu fou et a failli mourir plusieurs fois.
« Head and Arms » quant à elle, porte sur un meurtre qui a eu lieu dans une petite ville de Suède il y a quelques années. Trois adolescents ont tué un quatrième à cause d’une histoire de drogue où il manquait 50 euros et quelqu’un devait porter le chapeau. Le meurtre en lui-même était répugnant et fut filmé en partie. Les conséquences étaient intéressantes à mon avis, car les adolescents venaient de bonnes familles et beaucoup de gens ont eu du mal à croire qu’ils aient fait ça, bien qu’ils aient avoué et filmé le démembrement de leur victime avant de le mettre en ligne sur Youtube. Ils dirent plus tard lors du procès qu’ils l’avaient tué car c’était « un vaurien, même pas un être humain ». C’étaient des amis qui allaient aux mêmes soirées, prenaient les mêmes drogues, mais la victime venait d’un milieu social moins fortuné/aisé, et n’était pas né dans la même petite ville que les autres. Il n’avait pas la même valeur qu’eux. Cette mentalité est pour moi très bizarre et déprimante.
I, Guilt Bearer, au niveau des paroles, correspond à une tentative de ma part de rassembler et mettre en accord toutes les pensées et sentiments que j’ai concernant ces phénomènes humains et sociaux. Cependant « Deceiver » a été écrite par Patrik, mais le thème reste plus ou moins le même.
Ces thèmes, très présents dans votre musique et ce qui l’entoure, font se demander si vous avez des éléments extra-musicaux qui vous influencent. Lisez-vous des textes occultes par exemple ? Vous sentez-vous proches d’un courant ou artiste en dehors de la musique ? Des références personnelles à partager (films, livres etc.) ?
Jonas : En premier lieu, je veux préciser une fois pour toutes que nous ne sommes PAS satanistes. J’utilise juste quelques points de vues/outils antagonistes pouvant être trouvés dans l’idéologie sataniste chaos-gnostique. Je les utilise de la même manière que l’on peut lire/appliquer/comprendre des points de vue psychologiques sans être soi-même psychologue. J’en utilise des parties ici ou là juste pour faire avancer mon « propos » dans mes paroles et mon art. J’étudie la sociologie et les sciences du comportement à l’Université et travaille au département national de psychiatrie en Suède. Depuis que j’y suis, j’en suis venu à réaliser que parfois la « réalité » s’explique mieux par ce qui n’est pas explicable. Parfois je vois plus de vérité dans les fantasmes, rêves et même « mensonges » que le discours de vérité que nous avons créé dans notre société comme étant notre vérité collective.
« …des éléments extra-musicaux qui vous influencent » - Oui, le goudron.
Je ne suis pas un amateur de matériel audio personnellement mais je suis sûr que des gens seront intéressés par le matériel que vous utilisez pour avoir ce son de guitare si atypique, froid et punitif sans forcement être le plus lourd qui soit.
Patrik : J’ai 5 amplificateurs, ils ont tous lâché pendant l’enregistrement. J’ai donc dû me fixer sur un Peavey 6505 combiné à un Marshall classique. Et je dois le dire, j’ai détesté cette saloperie. Même aujourd’hui je le déteste toujours. Un jour je vais cramer cet ampli, sérieusement. Donc j’ai poussé cette daube au maximum et l’ai plus ou moins violée… Et cet enfoiré fonctionne toujours ! Bon à la fin il commençait à bien servir, parce que c’est le seul qui ne lâchait pas. J’ai aussi utilisé une Digiverb pour ma réverbération qui sonnait vraiment cradingue, et je l’utiliserais toujours si elle n’avait pas cassée, bien que je la range dans une boîte de protection tous les concerts. Pour les guitares, j’ai joué sur une Gibson SG standard avec SD JB p/u en bridge position et une Rickenbacker 650D. Lars a utilisé une Music Man Stingray 4 avec un ampli Sunn 300T. Johan quant à lui jouait avec une batterie Mapex 3003 truc, avec des toms Rogers et une caisse claire Neil Peart. Pour les cymbales il avait des Paiste 2002 : 24" crash, 20" giant beat crash et un hi-hat Zildjan new beat, je ne me souviens pas de la taille.
Votre album est réédité au format CD cette année, après une sortie vinyle. Cette démarche de le sortir en CD est de votre fait ? Que pensez-vous de cette plus grande place accordée au vinyle (qui va jusqu’à remplacer une sortie au format CD dans certains cas) ? Quel format préférez-vous et pourquoi ?
Jonas : Nous n’avons rien à faire du format CD, aucun membre du groupe n’achète de CD. Donc quand les labels nous ont demandé sous quel format nous voulions sortir notre album, le choix n’a pas été difficile à faire. Toutes les musiques sonnent mieux sur cire. Maintenant, des anciens et nouveaux labels se sont mis ensemble pour sortir notre album sur CD et ça nous fait plaisir, en espérant que cela soit aussi le cas pour ceux préférant le CD au vinyle. En France, Black Wave Promotion sort le CD ! Ils ont l’air d’être des gens très biens et travailleurs ! Allez voir ce qu’ils font !
J’ai été impressionné par la prestation que vous avez donnée à Strasbourg il y a quelques jours. Vous aviez l’énergie du hardcore mais aussi quelque chose de menaçant, proche du black metal. Il y avait également une part de rituel dans votre performance, notamment avec l’utilisation de draps souillés par… Par quoi au fait ? Du ciment, du souffre ? L’odeur était forte mais je n’ai pas réussi à la reconnaître…
Jonas : Nous barbouillons certains de nos équipements avec du goudron. Ainsi que quelques lambeaux de draps que nous apportons avec nous. Parfois, je verse également sur moi une sorte de peinture noire mélangée avec de la terre. Si ce que nous faisons juste avant le concert est un rituel ou non ? Je ne sais pas. Si tu le perçois de cette façon peut-être que c'en est un ?
Comment voyez-vous l’expérience du live ? Une communion ou au contraire, une confrontation hostile avec le public ? Votre chanteur était particulièrement impressionnant ce soir-là, très agressif (du moins, c’était mon sentiment), le son était plus lourd que sur disque, était-ce voulu ? Essayez-vous de provoquer votre public par ce déchaînement de violence ?
Jonas : Les expériences en concert et en enregistrement sont pour nous deux formes d’art complètement différentes. Quand tu joues les morceaux en concert tu peux « attaquer » tous les sens – l’audition, l’odorat, la vision, les sensations etc. Tandis que sur album tu dois te contenter de l’audition. Quand nous enregistrons nous essayons toujours d’être au plus près de ce que nous faisons à nos concerts. Nous essayons toujours de pousser les limites de notre son à la fois en live et en studio. Je suis content que tu aies l’impression que notre son est plus lourd en concert – je déteste aller voir des groupes qui sonnent « comme sur leur album ». Peut-être que cela paraissait plus lourd parce que tu étais là et as pris en pleine face ce que nous jouons au lieu de nous entendre avec tes écouteurs ou sur Youtube ?
« Essayez-vous de provoquer votre public par ce déchaînement de violence ? »… Non, je/nous n’essayons pas de provoquer qui que ce soit. Je veux que les personnes aimant ce que nous faisons viennent à nos concerts et prennent, selon leur point de vue, « du bon temps ». Mais si tu te sens provoqué ou irrité, peut-être que This Gift Is A Curse n’est pas fait pour toi ? Nous utilisons des éléments pour « attaquer tes sens » comme l’odeur de bois brûlé, l’humidité, la poussière, les ténèbres… mais c’est juste pour capter ton attention et te mettre dans le bon état d’esprit pour ce que nous faisons… Nous ne voulons pas envoyer de message avec notre musique ou notre art, nous faisons juste ce que nous faisons et si ça éveille en toi quelques sensations/émotions spécifiques, c’est ton propre cadeau ou malédiction. Tu peux interpréter comme tu le souhaites, c’est ton propre « problème » ou ton propre « voyage ».
Même si énormément de nouveaux groupes mixant (black) metal et hardcore apparaissent aujourd’hui, ce type de mélange n’est pas une chose nouvelle – en particulier en Suède (on peut penser à Martyrdöd ou Skitsystem par exemple). Pourtant, This Gift Is A Curse possède selon moi sa propre vision des choses. Vous sentez-vous à-part parmi cette « scène » coincée entre hardcore et black metal ou avez-vous le sentiment de faire partie d’un courant ? Vous sentez-vous proche d’un groupe en particulier (Hexis par exemple, avec qui vous avez tourné en 2012) ?
Jonas : Nous aimons tous Martyrdöd et Skitsystem au sein de This Gift Is A Curse. Mais nous les voyons comme des groupes de punk ou crust plutôt que des « groupes mixant (black) metal et hardcore ». J’imagine que les gens voient ces groupes sous une lumière différente au fur et à mesure des années et de nouveaux groupes mixant ce type de musique débarquent de nos jours. Nous ne nous sentons pas comme faisant partie d’une « scène » musicalement parlant mais nos concerts se font souvent lors d’évènements punk/hardcore, ce qui nous va très bien. Nous aimons l’atmosphère amicale et ouverte qui y règne (la plupart du temps). Mais nous sommes aussi présents à d’autres concerts. Les étiquettes punk, metal, hardcore, drone, doom ne sont pas si importantes pour nous. C’est plus une question de qui tu es et ce que tu fais. Et non, nous ne nous voyons pas comme faisant partie d’un « courant ». Nous ne pensons pas beaucoup à ce qui se passe autour de nous et essayons de nous concentrer sur ce que nous faisons… Nous adorons Hexis, ce sont de super gars, mais je ne pense pas que nous nous sentons proches d’eux musicalement parlant, avec tout le respect que j’ai pour eux et leur travail. Nous jouons comme eux de la musique lourde mais ça s’arrête là. C’est comme ça que nous le voyons de toute façon. Notre bassiste Lazy s’est occupé de la basse pour Hexis sur certaines dates au début de cette année. C’est sûrement lui le plus proche d’eux, musicalement. Nous respectons tous les groupes que tu peux lier à ce « courant » mais je pense qu’il nous est difficile de répondre à ce type de question car nous ne regardons pas ces choses-là de « l’extérieur ».
Jouez-vous dans d’autres groupes que This Gift Is A Curse ? Si oui, pouvez-vous nous les présenter ?
Jonas : Il y a toujours des projets « secrets » en cours. Lazy (le bassiste), Toby (guitariste chez Hexis) et Bjorn (batteur d’Agrimonia et Miasmal) ont un projet de « supersonic sleeper cell heavy gore grind » depuis un an. Nous espérons tous voir leurs morceaux sortir bientôt. Johan (le batteur) a environ un million de groupes de shoegaze/blackgaze en cours avec des membres de Suis La Lune et Dating. Il y a également des discussions à propos d’un projet black metal avec des membres de This Gift Is A Curse, Suis La Lune, Sore Eyelids et Meleeh. Plus d’informations là-dessus quand les choses auront progressé.
La fin de cette interview approche. Une dernière question : vous êtes actuellement en tournée avec No Omega mais pensez-vous déjà à la suite à donner à I, Guilt Bearer ? À quoi pouvons-nous nous attendre dans le futur vous concernant ?
Jonas : Nous n’allons plus faire de grosses tournées dans les mois qui viennent car nous essayons de terminer de composer ce qui sera certainement notre prochain album. Ces derniers jours, nous avons fait de grands progrès donc je suis vraiment enthousiaste. Nous espérons rentrer en studio à la fin de l’été ou début automne…
Voici trois morceaux tirés de notre concert à Örebro en Suède lors de notre dernière tournée. Le dernier morceau est une nouvelle composition qui sera présente sur notre prochain album. Son nom est « Hanging Feet ».
Merci pour vos réponses. Si jamais vous souhaitez ajouter quelque chose, cet espace est vôtre !
Jonas : Merci à Thrashocore pour le soutien ! Ça signifie beaucoup pour nous. Nous tous aimons les webzines et les communautés DIY qui gravitent autour d’eux. Merci mille fois pour ça.
Aussi, la première édition de
I, Guilt Bearer en vinyle est épuisée et la deuxième édition devrait arriver sous peu ! Il y aura 300 exemplaires de cette édition avec un vinyle à effet noir et blanc, ce sera un très bel objet. Il y a aussi d’autres objets disponibles comme des T-Shirts sur notre bigcartel (
http://thisgiftisacurse.bigcartel.com/). La version CD de
I, Guilt Bearer sortira en France via Black Wave Promotion ! Allez les voir pour obtenir notre CD ou LP :
http://www.blackwave-promotion.com !
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