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DISOWNING pour l'album "Human Cattle"

Interview

DISOWNING pour l'album "Human Cattle" Entretien avec Jesus "The Butcher" (Chant) (2019)
Salut Jesus et merci de prendre le temps pour répondre à ces questions, je suis ravi de t’entendre de nouveau derrière un micro. Tout d’abord histoire que cela soit fait d’entrée on va revenir sur ta période avec OFFENDING, peux-tu me dire pourquoi l’aventure s’est arrêtée un peu brutalement ?

Salut ! Ça fait plaisir ! Ravi que tu te réjouisses de mon retour.

Sur la fin, la communication n’était plus vraiment de mise dans OFFENDING et je me sentais de plus en plus en décalé avec le reste du band. Nous avions beaucoup de divergences sur la façon d’entrevoir le futur et la façon de travailler sur l’entité d’OFFENDING. De ce fait, j’ai préféré quitter le band à contre-cœur … Après l’annonce de mon départ, je n’ai plus jamais eu de nouvelles des autres. J’avais cependant gardé contact avec Cyriex (Guitare) avec lequel j’avais plus d’affinités à cette période. N’arrivant pas à trouver de remplaçant au chant malgré les auditions passées, OFFENDING s’est arrêté quelques mois après mon départ.

En tout cas le temps a fait son travail pour que chacun revienne à de meilleurs sentiments. Il n’y a plus d’animosité entre eux et moi. J’ai recroisé tout le monde, et nous sommes en très bon terme à présent. Des fois il faut pouvoir s’extirper, se séparer un moment, et laisser le temps faire son chemin pour mieux se retrouver par la suite. Puis je pense qu’humainement nous nous étions tous un peu perdu. Même si la finalité fut douloureuse, car j’y ai mis cœur et âme, ce fut une belle aventure sur tous les points. Il faut garder les bonnes choses en tête et tirer leçon du négatif. Dommage car je pense que nous avions un sacré potentiel pour aller plus loin.

Venons-en maintenant à DISOWNING, comment le groupe a-t-il vu le jour et qui en est l’initiateur ?

En fait je suis l’initiateur du band, j’ai formé DISOWNING avec Max (Batterie).

Vers ma fin dans OFFENDING, que je devais sentir assez proche, j’avais en tête de monter un nouveau band de Death-Metal pour pouvoir m’exprimer comme je le désirais. De ce fait je me suis mis à la recherche de nouveaux musiciens. J’ai rencontré Max lors d’un show aux alentours de Poitiers où il avait remplacé au pied levé le batteur de ZAPRUDER pour l’une de leur date. J’avais été saisi par son jeu et sa façon de gérer cela à la dernière minute … Puis lorsque j’ai quitté OFFENDING, cela est devenu comme une évidence de me concentrer sur ce nouveau projet et de commencer à le mener concrètement. Cela a pris du temps mais nous voilà !

Comment s’est opérée la venue de deux québécois dans la formation ?

En fait, il n’y a pas deux québécois, c’est moi qui suis parti au Québec (à Québec City exactement) cela fait plus d’un an et demi. De ce fait le band se retrouve géographiquement Franco-Canadien.

On trouve également parmi vous les guitaristes Peb et Jérôme qui jouaient déjà ensemble dans HYSKAL, qui musicalement n’a rien à voir avec ce qu’ils pratiquent désormais. L’univers très éloigné des deux formations a-t-il été un problème au début de leur intégration ou étaient-ils déjà des fans de la base ?

En fait Peb ne faisait pas encore partie d’HYSKAL, c’est justement dû à la rencontre avec Jérôme au sein de DISOWNING qu’il a intégré HYSKAL par la suite. Donc disons que c’est plutôt Jérôme qui a vraiment ce bagage 100% Metal-Prog’ il est d’ailleurs à l’origine de la formation d’HYSKAL.

L’arrivée de Jérôme dans DISOWNING est un peu un hasard (ou pas d’ailleurs) Je dis hasard car Jérôme travaillait au même job que Max, c’est ce qui a facilité le lien. Je ne sais plus comment c’est arrivé mais dans leurs échanges Max a parlé de notre band, qu’il jouait avec moi (comme on me connait de ma réputation avec OFFENDING) et lui a dit qu’on cherchait un second guitariste. Là Jérôme a tilté et a demandé d’écouter ce que nous faisions. Car ce qui est assez surprenant c’est que je connais Jérôme depuis des années. Nous avons grandi dans la même ville et avons un peu traîné ensemble. On s’est souvent croisé car j’ai monté beaucoup de projets avec son grand frère Romuald et nous avions aussi un bon pote en commun. Je fus donc le premier surpris qu’il accroche à du gros Death-Metal, lui qui était bel et bien ancré dans le Prog’ depuis de longues années !

Mais au final Jérôme a vraiment été agréablement surpris par les premières compos et ces dernières lui ont littéralement parlé. Il a donc naturellement fait un essai, et ça l’a fait tout de suite. Jérôme a rapidement trouvé sa place au sein du band. C’est certain qu’avec un guitariste issu du Prog’ (Jérôme) et un guitariste Metal aux multiples influences ouvertes et très très variées (Peb), ajoutés au reste du band que nous sommes, le mélange est assez fou et peu probable mais la preuve que l’on peut y construire quelque chose qui a réellement du sens en terme de Death.

Au niveau du processus d’écriture y’a-t-il un compositeur attitré ou est-ce une œuvre collective ? La conception de « Human Cattle » s’est-elle faite simplement ou dans la douleur ?

Peb a amené beaucoup d’idées de compos et de couleurs à DISOWNING, ce qui faut bien l’admettre plante bien le décor. Mais au sein de DISOWNING, tout le monde a son mot à dire. Je ne peux pas l’expliquer mais c’est la première fois de ma vie que je me retrouve au sein d’un combo où tout le monde est à l’écoute, sans jugement, respectueux et bienveillants. « Human Cattle » s’est fait simplement et dans le plaisir. Nous nous entendons tous très bien comme une grosse fratrie. L’aspect humain est indissociable de notre musique.

Ce premier album m’a vraiment impressionné par sa production puissante et qui conserve un certain naturel, mais en ayant aussi un grain moderne qui colle très bien aux morceaux. Qui s’en est chargé ? Le résultat correspond t’il tout à fait à ce que vous souhaitiez ?

Nous avons mis beaucoup de temps à nous mettre d’accord sur la personne qui interviendrait pour le mix et le mastering. Chacun est venu avec sa liste d’albums à écouter, ses idées et son argumentaire. Nous avons énormément échangé entre nous pendant des semaines et des semaines.

C’est donc Sylvain Biguet qui s’est chargé du mix et du mastering. Ce n’est peut-être pas la personne de renom pour le True Death-Metal machin truc bidule, comme chacun aime à l’indiquer sur son album. Mais pour notre part nous étions avant tout dans la réflexion et l’attente d’une personne pro qui pourrait nous apporter de véritables conseils bienveillants, travailler notre son, mettre en lumière nos compos, etc… bref une personne extérieure au band qui pourrait nous révéler et nous apporter sa pierre à l’édifice. Jérôme et Peb ont été les principaux interlocuteurs avec Sylvain. Lors des journées en studio, le courant entre les trois est très vite passé. Ce fut d’ailleurs une révélation pour Peb et Jérôme. Sylvain a clairement compris ce à quoi DISOWNING devait ressembler sur cet album, et nous sommes très contents de cette collaboration et du résultat final.

La musique pratiquée par la bande reste fluide tout du long car vous n’abusez pas de la technique à outrance, ce qui est une très bonne chose à mon goût. Vous êtes-vous bridés musicalement ou cela s’est-il fait naturellement ?

Il n’y a eu aucune bride, on ne se met aucune barrière. Il est avant tout important que notre musique ait un sens pour nous et que tout le monde puisse s’exprimer comme il l’entend. Bien entendu si cela ne rentre pas dans « comment doit sonner DISOWNING » nous en parlons, nous échangeons et nous prenons des décisions ensemble. Il est aussi très important pour nous que nos compos aient une âme et une palette de couleurs, que cela puisse raconter quelque chose et qu’elles marquent par sa musicalité et la construction de sa structure. Nous sommes dans du vivant, du ressenti. Nous ne sommes aucunement dans une envie de démonstration ou de faire la course avec d’autres band pour savoir qui est le plus technique ou le plus rapide.

L’autre bon point vient des compositions qui ne s’éternisent pas en longueur, là-encore cela est-il voulu dès le départ ou le hasard a-t-il fait son œuvre ?

Ahah complétement le hasard, on ne calcule pas cela. On se laisse clairement aller dans la composition et le ressenti, et tout bêtement ce que l’on a envie de raconter et de construire au fur et à mesure de la compo. Après on prend le temps de voir le sens de la structure et si chacun est pleinement satisfait de l’évolution de cette dernière dans sa globalité et sa finalité. Encore une fois, il faut que cela ait du sens pour nous.

Les solos sont particulièrement soignés et amènent un soupçon de mélodie et de lumière au milieu de cette noirceur généralisée, les guitaristes ont-il eu carte blanche là-dessus ?

Carte blanche ! Nous sommes des musiciens, il est clairement important que chacun puisse s’exprimer comme je te le disais, et s’épanouissent dans le côté artistique et dans ce qu’il veut apporter à DISOWNING. Bien entendu chacun amène ses ressentis vis-à-vis de cela dans un échange et un jugement constructif. Mais honnêtement cela s’est fait naturellement encore une fois. Pis il faut bien l’avouer, tous les solos de l’album sont magnifiques et vivants, je veux dire on sent une certaine âme et toute l’aura qui s’en dégage, ça vient te chercher.

Les retours de l’opus sont particulièrement bons en France comme à l’étranger, t’attendais-tu à cela ? Cela vous met-il désormais une pression particulière ?

Honnêtement je ne m’attendais pas à un tel engouement ! Nous aimons vraiment nos compos et nous prenons réellement plaisir à les jouer et même à les écouter.

Non, nous n’avons pas de pression particulière. Nous avons fait cet album pour nous avant tout. Je répète souvent cela d’ailleurs, mais pour moi un band doit avant tout créer ce qu’il aime de façon sincère et passionné. Lorsque tu fais de la musique c’est avant tout pour t’épanouir et te faire plaisir dans ce que tu veux créer, dans ce que tu recherches. Ensuite lorsque cette création est aboutie, tu la partages avec le public. Cela peut plaire ou déplaire mais après c’est un autre débat.

J’imagine que vous avez tous des goûts différents, cependant y’a-t-il des combos qui font l’unanimité parmi vous ?

Oh oui nous avons des goûts vraiment différents mais tout le monde est ouvert à une palette de styles divers et variés. On prend même le temps ensemble de se faire découvrir des bands qui nous tiennent à cœur. Ces partages et ces échanges sont riches pour chacun d’entre nous.

Des combos qui font vraiment l’unanimité au sein de DISOWNING… huumm… pas facile facile de me souvenir… je vais sûrement en oublier une bonne partie… je dirais là comme ça pour sûr NECROPHAGIST, DEATH, PANTERA, ABORTED, CANNIBAL CORPSE, SUFFOCATION, BENIGHTED, GOJIRA… Faut bien avoir en tête que nous avons tous un bagage de band différents

L’album est sorti chez Xenokorp dont on connaît la qualité du catalogue, comment vous êtes-vous retrouvés chez eux ?

J’avais entendu beaucoup d’éloges sur le job de Nico autant via Kaotoxin que Xenokorp. Pour moi, c’est LE label underground français des musiques extrêmes par excellence. A l’époque j’ai pu échanger à ce sujet avec Arnaud (AD PATRES), Antoine (ATARA) et Kevin (MITHRIDATIC, BENIGHTED) afin d’avoir quelques retours. C’est Antoine qui m’a conseillé et grandement invité à le contacter dès que j’avais un truc concret sous le bras.

Ainsi, ce fut le premier envoi que nous avons fait. Nico a adoré notre album et nous a proposé direct un contrat. Nous avons beaucoup échangé au téléphone, et il a vraiment été sincère et très clair dans le côté obscur des contrats ahah.

Le courant est très vite passé entre nous. J’ai senti un gars vraiment sympa, passionné par sa job et humain. Dans DISOWNING il est important pour nous de sentir cette osmose, cette cohésion humaine ainsi que le respect artistique que nous voulons mener pour notre band. Nous étions satisfaits de tout cela, donc le choix s’est fait naturellement dans la foulée.

Avec ton vécu comment vois-tu l’évolution actuelle du Death-Metal hexagonal ? Y’a-t-il des noms récents qui trouvent grâce à tes yeux ou préfères-tu revenir aux vétérans et aux classiques ?

Je trouve que la scène hexagonale se porte bien avec des bands cultes qui reprennent du service et de nouvelles formations qui commencent à faire leur nid. Les noms récents et band qui m’ont marqué en France dans le Death-Metal, je te réponds sans hésiter : MITHRIDATIC et PROPHETIC SCOURGE !

Honnêtement je ne suis pas du genre à me dire soit les classiques soit les nouveautés. Il faut qu’une musique me touche peu importe si c’est un album de 90’s ou de 2019 etc. J’aime me remettre les vieux classiques suivant mes humeurs, mes envies voire mes souvenirs, ou des groupes dont je ne me lasse pas, mais je suis aussi ouvert aux nouveaux bands et nouvelles créations. J’aime être surpris par des bands sur lesquels je n’attends rien de particulier peu importe le style de Metal d’ailleurs.

Quels sont vos projets pour le reste de l’année ? Des dates de concerts sont-elles prévues ?

Nous devrions faire une voire deux dates fin de l’année en France car j’y reviens quelques semaines à cette occasion. Nous sommes actuellement en train de voir pour booker des dates en France et au Canada pour 2020. Tout cela est surtout une affaire d’emploi du temps pour concilier activité pro et situation géographique pour chacun d’entre nous. On y travaille et on espère que cela prendra forme rapidement.

Y’a-t-il des objectifs musicaux que tu souhaiterais atteindre, et si oui lesquels ?

Je pense que le top du top serait que DISOWNING grandisse bien musicalement, que l’on puisse se forger une identité personnelle, une vraie personnalité. C’est très compliqué et il y a encore beaucoup de chemin et de travail à accomplir. C’est ce que j’admire chez certain band, ceux (et ils ont tout compris) qui ont su forger leur identité personnelle autant dans le son, leurs compos, que dans le visuel et dans leur show pour ainsi sortir de la masse des nombreux band existants. Ça c’est quand même la récompense ultime, arriver à une telle apothéose, chapeau bas !

C’est l’heure de se quitter je te laisse le mot de la fin…

Merci à toi pour cet entretien et de nous permettre de nous exprimer sur ton webzine. Allez jeter une oreille sur notre opus, certaines personnes se diront qu’il s’agit encore d’un énième groupe de Death-Metal, mais vous verrez que notre musique est un savant mélange de Death-Metal old-school et de Death-Metal nouvelle génération teintés de passage Dark, Prog’ et Mélodique. Et si vous n’êtes pas convaincus, n’hésitez pas à l’écouter à plusieurs reprises afin d’en capturer l’essence réelle qui s’en dégage.

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