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Entretien avec les morts

Interview

Entretien avec les morts Entretien avec Stéphane Morillon (chant) (2020)
Au-delà des sempiternelles reformations, il existe également des "retours" qui font plaisir. Pépite issue de l'underground français, Disabled se hisse dans le peloton de tête. Mais malgré ses qualités et tout son talent, ce combo n'aura brillé que peu de temps au firmament du death metal hexagonal. Mais pourquoi ? Eléments de réponses avec le très sympathique vocaliste de la formation, Stéphane.

Salut Stéphane, comment vas-tu ? Te sens-tu prêt pour cette interview ? J’imagine que oui alors commençons tout de suite avec cette première question : te souviens-tu de quelle façon a débuté l’aventure Disabled ?

Salut Renan. Je vais bien, merci, malgré la période actuelle qui est compliquée, due au fait de cette prétendue pandémie.
Pour en revenir à ta première question, je ne vais pas pouvoir remonter au tout début, puisque j’ai rejoint un groupe déjà formé. Pour essayer de résumer, le groupe s’est formé à la suite de la fin d’un groupe nommé SUFFOCATION (rien à voir avec les américains) en 1991 où jouaient Laurent et Romain et du départ de Pascal qui faisait les vocaux dans BRAIN DEATH, un groupe de death/thrash basé sur Tarbes. Phil, un autre guitariste, les a rejoints. Le groupe se composait alors de Laurent à la batterie, Romain et Phil aux guitares et Pascal aux vocalises. Perso, je jouais dans un groupe nommé EXHUME avec Laurent, dont nous sommes partis début 1991.
Un jour, nous sommes allés voir CANNIBAL CORPSE à Mazamet (pas trop loin de Toulouse) pour la tournée Butchered at birth avec Laurent, Pascal et Romain. Sur le retour, ils m’ont parlé de ce groupe qui ne portait pas de nom encore. Je ne sais plus comment l’idée nous est venu, mais à la suite de ça, j’ai intégré le groupe en tant que second vocaliste. C’était lancé, malgré le fait que nous n’ayons pas de bassiste encore à ce moment-là.

Pour ceux qui l’ignorent, vous vous nommiez Drowned à vos débuts. Qui est à l’origine du changement de nom ? Et pourquoi ce choix ?

En effet, le groupe s’est d’abord nommé DROWNED. C’était une idée de Romain, il avait même fait le logo. Je n’ai jamais aimé ce nom. Il y avait déjà un ou deux groupes qui portaient ce nom et surtout le label de Dave Rotten, qui fut plus tard REPULSE qui était déjà bien connu dans le monde de l’underground. De ce fait, j’ai pas mal insisté pour changer le nom. Je ne sais plus comment je suis tombé sur DISABLED, je me souviens que la traduction première que j’ai lue fut « mutilé de guerre ». Je trouvais que ça sonnait bien et la signification aussi. J’ai proposé et ça a été adopté. J’ai un peu plus tard appris que ça signifiait simplement « handicapé » également. J’imagine que pour les anglophones, ce n’est pas terrible le comme nom. Mais bon, pour nous, ça somme bien et Chris Moyen nous avait fait un logo que je trouve magnifique (c’est aujourd’hui toujours celui que je préfère dans ses œuvres).

Toi et tes compères œuvriez dans un death d’obédience U.S. Pourquoi ce courant en particulier ? Les autres écoles de death vous attiraient moins ?

Nous écoutions du death de partout dans le monde, mais il est vrai que le death metal américain était celui que nous préférions, principalement les groupes de Floride. Néanmoins, nous écoutions des groupes de partout, du death metal suédois, même si ce style m’attirait un peu moins personnellement, à l’époque. Mais c’est vrai que les groupes qui faisaient l’unanimité à l’époque étaient DEICIDE, DEATH, MONSTROSITY, CANNIBAL CORPSE, MORBID ANGEL…

D’ailleurs, en tant que chanteur, comment en-es-tu venu à nous conter fleurette avec cette douce petite voix (rires) ? Quelles étaient, ou quelles sont à l’heure actuelle, tes inspirations ? Chantes-tu encore de ton coté ? Et il y en a-t-il parmi vous qui ont continué la musique ?

Je me souviens avoir lu une interview de MORBID ANGEL dans un magazine (je ne sais plus lequel, un des 2 ou 3 qui sortaient tous les mois à l’époque) où ils prétendaient être le meilleur groupe du monde en alliant la brutalité la plus insoutenable avec la mélodie la plus subtile. Ça m’a rendu très curieux et j’ai été acheter le vinyle Altars of madness. Lorsque je suis revenu chez moi et que je l’ai placé sur ma platine, je me souviens que j’ai eu l’impression que la mort avait investi ma chambre, que les murs dégoulinaient de putréfaction. Ce disque m’a marqué à jamais, son écoute, son layout, la pochette, les dessins à l’intérieur, tout était parfait. J’ai quasi appris l’album par cœur, notamment les paroles et je passais beaucoup de temps à le vociférer. Comme j’ai toujours été incapable de jouer d’un instrument, le choix des vocaux est venu naturellement.
Pour en revenir à mes inspirations, comme je te l’ai, cet album est pour moi une référence. A l’heure actuelle, aucun autre album ne m’a fait l’effet que j’ai ressenti lorsque je l’ai découvert pour la première fois. Paradoxalement, je ne crois pas que mon style ait été influencé par le chant de David Vincent, probablement parce que je ne m’en sentais pas capable. Du coup, je pense que j’ai plutôt été influencé par les groupes plus « abordables » niveau technique, comme Cannibal Corpse, Deicide, ou Sinister à l’époque.
Aujourd’hui, je vocalise toujours dans un groupe du doux nom de VIAGRIND, mais sans aucun objectif. On ne sort pas du local de répétition. Nous avons tous nos vies privées qui font que nous n’avons pas le temps d’avoir des objectifs, que ce soit concerts ou enregistrements. On répète quand on a le temps, sans se prendre la tête. J’écoute aujourd’hui principalement du old school death metal et mes vocaux doivent s’en ressentir, je suppose. C’est compliqué de nommer quelques groupes qui m’influencent, il y a tellement qui sont excellents. Il y a d’autres vocalistes que j’adore également en dehors du old school. Je suis très admiratif de ce que fait Travis Ryan dans CATTLE DECAPITATION, par exemple. A chaque fois que j’écouté ce groupe, je me demande comment il est humainement possible de faire ce qu’il fait, même s’il y a beaucoup d’arrangements sur les enregistrements.
Les autres membres de DISABLED ont tous arrêté de jouer. Pascal, le bassiste est resté dans le milieu, mais plus dans le management.

Le potentiel entre vos mains était, on peut le dire, énorme. Dans ce cas pourquoi ne jamais avoir sorti d’album(s) ?

Je pense qu’il faudrait plutôt poser la question aux labels qui n’ont pas été intéressés de nous signer. Les groupes français n’avaient pas bonne réputation à l’époque. Ceux qui arrivaient à sortir la tête de l’eau ne faisaient pas purement du death metal (LOUDBLAST, MASSACRA, MERCYLESS, AGRESSOR) tandis que les suédois et les hollandais arrivaient à empiler les albums.
Nous avons beaucoup fait d’effort pour essayer de signer sur un label. On n’a envoyé nos productions partout et à part CRAZINESS MUSIX qui a pressé notre mini CD « Faith ablation », nous n’avons intéressé personne.

Malgré tout votre talent, Disabled a finalement eu une durée de vie très courte – sept ans - ; ne vous-êtes-vous pas sentis frustrés par la suite ? Quelles étaient les véritables raisons de ce split ?

Tout s’est accéléré à la suite de la sortie du mini CD. Le résultat de Faith ablation est très décevant. La production est juste dégueulasse. Il y a des pins dans les morceaux. Dès l’enregistrement, nous savions que nous n’allions pas sortir un bon produit. Nous n’arrivions pas à sortir un bon son, à jouer carré, etc… Je crois me souvenir que CRAZINESS MUSIX a sorti l’album assez tard par rapport à l’enregistrement et le retour a été très moyen. Cet enregistrement nous a mis un coup sur la tête et inconsciemment, une routine s’est installée. Nous étions moins motivés, on créait moins, on faisait de moins en moins de concerts et c’est naturellement que le groupe s’est éteint.

Mais durant ce court laps de temps, il semble que vous avez donné un certain nombre de concerts. Sur la double compile « When All Is Slayed », le premier cd laisse d’ailleurs apparaitre un concert en Allemagne. Avez-vous donné beaucoup de concerts à l’étranger ? Et combien au total sur la durée du groupe tous pays confondus ?

Nous avons fait une cinquantaine de concerts, dont seulement un en Belgique et un en Allemagne pour l’étranger. Je me souviens d’ailleurs, durant ce festival en Allemagne, nous avons joué juste après NECROPHAGIST. Lorsqu’on les a regardés jouer, on s’est dit « ce n’est pas possible, on ne peut pas passer juste après eux ». Ce qu’ils proposaient était tellement au point, alors qu’ils n’avaient pas encore sorti leur premier album.
SINISTER nous avait proposé de faire deux dates avec eux au Portugal, mais hélas, nous n’avons pas pu y aller, car nous n’avions pas les moyens de faire le déplacement. Les frais étaient trop importants et n’étaient pas entièrement couverts.
En France, nous avons joué un peu partout à part le Nord et la Bretagne. Mais on a fait la Belgique et Nantes, ce n’est pas si loin 

Je crois savoir que le groupe, notamment Eric, a compté dans ses rangs d’anciens…Suffocation ? Allez, un scoop ?!!!!! Blague à part, j’ignorais qu’il existait des homonymes à ce groupe culte. Était-il actif dans ce groupe pendant ses années Disabled ?

Eric a remplacé Romain, qui a déménagé en Espagne. Il était le principal compositeur du groupe. Le seul même, une fois que Phil fut parti. Il composait et les autres membres apportaient leurs idées d’arrangement.
En effet, il officiait dans SUFFOCATION avec Laurent et Romain (qui faisait la basse dans ce groupe). A cette époque, le groupe américain n’était pas connu. Il me semble que le précédant nom de FLESHCRAWL était SUFFOCATION aussi. En revanche, je ne sais pas du tout dans quelles conditions ce groupe s’est séparé.

“Here Lies Your God” est (était ?) dispo chez Floga Records en Grèce, en version k7. Comment se passent les choses dans ce cas ? Est-ce ce label qui vous a contacté ? Vous ont-ils racheté les droits ? Avez-vous dans ce cas un droit de regard sur tout cela ?

FLOGA RECORDS ? C’est la première fois que je lis ce nom. Ou alors je ne me souviens plus, depuis le temps. Je suppose que le label nous a contactés pour distribuer la démo. Ou il nous proposait un prix de gros pour acheter les cassettes, ou ils proposaient des échanges. C’était aussi simple que cela.

A ce propos, je ne connais pas du tout Crazyness Musix, votre dernier label connu (lorsque vous étiez actifs). C’est une structure de votre région ?

Non, Phil Galliano habitait (ou habite toujours) Amiens. Il avait un autre label du nom d’EMBASSY PRODUCTIONS qui sortait du black metal. Il fut aussi manager de MASSACRA à leur début.
Il a créé CRAZINESS MUSIX pour sortir d’autres productions que du black metal, mais ça n’a pas marché. Il a sorti DISABLED et PSALM, un groupe de death indus de Bordeaux également et a rapidement arrêté. Je ne sais pas du tout ce qu’il devient.

Comment s’est alors organisée la rencontre avec Shaxul (qui a justement rééditée « When All Is Slayed »). En avez-vous beaucoup vendu ?

C’est Chris Moyen qui était en contact avec Shaxul. Je ne sais pas qui, entre eux deux, a eu l’idée de sortir nos productions sur double CD. Chris m’a simplement contacté pour me dire que Shaxul voulait produire cette compilation. Eric était d’accord, j’ai contacté Pascal et Laurent pour leur accord et voilà. Mais c’est Chris qui a tout fait avec Shax. Nous, on ne s’est occupé de rien.
1000 copies ont été pressées. Shaxul nous a dit que ça s’est bien vendu. Il reste quelques copies, mais il semble satisfait.

Seriez-vous partants pour une reformation (un second scoop peut-être) ?

Hahaha… Je crains te décevoir, il n’y aura pas de scoop. Une reformation n’est pas envisageable. Laurent a totalement arrêté la batterie. Je ne vois plus Eric, je crois savoir qu’il lui arrive de gratouiller encore, mais ne peut pas jouer longtemps. Je ne sais pas si Pascal joue encore de la basse ou pas. Une reformation n’est pas du tout envisageable, on a tous nos vies et on ne se voit que trop rarement.
Personnellement, j’aurais souhaité une reformation éclair juste le temps de faire un ou deux festivals old school, style le Fall of Summer ou le Kill Town Deathfest (quite à choisir un festival old school, autant prendre le meilleur), mais pas plus et ça restait de l’ordre du fantasme.

Voilà, on arrive déjà au terme de notre discussion. J’espère que cela aura permis aux lecteurs de découvrir ou d’en apprendre plus sur cet excellent combo que fut Disabled. A ton tour d’utiliser ces quelques dernières lignes pour ajouter ce que tu veux, fais-toi plaisir !

Je te remercie de l’intérêt que tu portes à ce groupe qui a disparu il y a 23 ans. Je suis toujours étonné de voir que des personnes soient toujours intéressées par DISABLED. Comme Nico de XENOKORP qui a eu ce caprice de vouloir presser sur CD des morceaux enregistrés sur un 4 pistes et retrouvés sur une cassette. Sérieux, il faut ne pas être masochiste ou suicidaire pour avoir une lubie pareille ? Je pense que cet homme est fou. Hahaha… Et il a fait imprimer des t.shirts aussi, dont des manches longues. Il est vraiment fou, j’vous dis !
En fait, plus ça va, plus je me dis que ce monde est fou. DISABLED n’a jamais eu autant de succès que plus de 20 ans après sa mort. Il y a même deus gars qui ont repressé la seconde démo The fall of Christ sur K7. A quand la compil de groupes qui font des reprises de DISABLED ? hahaha…
Si certains fous lisent cette interview, la compil double CD est toujours disponible chez Armée de la Mort et The final exhumation chez Xenokorp.
Merci à vous tous.

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Brutal death - 1992 † 1998 - France
  

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