Tout débute lorsque le guitariste-compositeur Crabe quitte sa mer d’Iroise (Finistère) pour rejoindre la capitale. Fin 2018, il dispose de plusieurs ébauches qui évolueront et prendront leur forme actuelle grâce à un line-up complété et stabilisé à l’été 2021. À ce moment, l’équipage donne de premiers concerts assez confidentiels jusqu’à finir par jouer au Klub (Paris) en août 2022. C’est également à cette époque que l’EP éponyme est enregistré et il se trouve que leur ingénieur du son a la brillante idée d’envoyer les bandes aux Acteurs de l’Ombre Productions, qui décideront de produire « Houle ». Le groupe change alors de logo et met en place une scénographie originale en lien avec leur thématique marine pour mieux défendre ses titres en live. La promotion de ce 1er essai les amène en effet sur la route des concerts (France, Allemagne, Belgique) où ils se représentent à l’occasion de festivals (Satanas Ebrietus Conventus, Noisebringer…) ou encore pour accompagner la tête d’affiche BATUSHKA en tournée. Leur 1er album « Ciel Cendre et Misère Noire » est sorti le 7 juin 2024, la veille de la « release party » qui les avait vu partager la scène du Backstage by the Mill avec PENITENCE ONIRIQUE et AORLHAC pour l’événement « LADLO II in Paris ».
Allons les interroger afin de mieux connaître cette formation et d’en savoir plus sur ce 1er longue durée tant attendu.
1/ J’ai lu les termes « Atlantic Black Metal », « Maritime Black Metal » (également sa version française de « Black Metal marin ») ou encore « BZH Black Metal » pour décrire votre style. Allez-vous vous saisir de ce type de qualificatifs comme l’avait fait AHAB avec l’expression « Nautik Funeral Doom » ou bien conserver « Black Metal mélodique », comme SKAPHOS qui - bien que passionné par les abysses -, ne le mentionne pas dans son étiquette de « Black/Death Metal » ?
Crabe : On a un nouveau t-shirt avec marqué « Métal noir marin » dans le dos donc la tentation est forte, on pourrait même en conclure qu’on a plongé à 100% dans le truc. Mais « Black Metal mélodique » est je pense l'étiquette qui marche le mieux car ça spécifie plus ce que l’on joue que « Métal noir marin » qui veut tout et rien dire. Les deux me vont en fait.
Adsagsona : « Métal noir marin » vient de nous, c’est comme ça qu’on se caractérise sur les réseaux sociaux et ça permet d'asseoir notre imagerie rapidement. C’est aussi un moyen de se mettre dans un certain héritage culturel du style « Métal noir » québécois de
FORTERESSE. C’est une inspiration totalement assumée de reprendre ce terme-là et de l’afficher. C’est également un hommage, on adore tous
FORTERESSE.
2/ Les chroniques de l’EP ont été bonnes et étaient aussi critiques sur certains points (aspects répétitifs, spécificité musicale à marquer davantage, etc.). Y en a-t-il que vous aviez en tête pour composer l’album ?
Crabe : Une qu'on a retenue, ce n'est pas tant au niveau de la musique car personne ne nous dira jamais ce qu'on doit jouer. On compose ce que l’on a envie et qui nous paraît être le meilleur morceau possible à tous les 5. En revanche, le seul truc qu'on a un peu coupé, ces sont les introductions interminables qui pouvaient être un peu ennuyantes.
Vikser : Sur l’album, on a mieux spécifié les
samples qui correspondent plus à une chanson ou à son atmosphère. On ne les a pas juste posés là, comme c'était un peu plus le cas dans l’EP. Maintenant on sait davantage ce qu’on veut à ce niveau et les
samples ont été beaucoup plus travaillés. Également l'intro avec le chant marin, c'était complètement souhaité afin d’obtenir cette atmosphère-là.
Zéphyr : Et on en a fait une piste à part pour qu’on puisse la sauter parce que c'est vrai que sur « Le Continent » tu dois te taper 50 secondes de mouettes avant d’entendre le morceau (aussi sur « Au Loin La Tempête »). C’est un retour qu'on nous a fait et je le comprends.
Ou alors, on a intégré les
samples dans la musique, par exemple dans « Née des Embruns » où le bruit du sonar est mélangé au morceau, ce n'est pas juste un
sample posé comme ça. Et sinon pour répondre à ta question sur les autres critiques, honnêtement on n’en a pas vraiment tenu compte, on a juste fait ce qu'on voulait.
Vikser : Surtout que la moitié de l’album était déjà composée au moment où on sortait l’EP. Les nouvelles chansons sont juste des trucs que l’on s’est encore plus éclaté à composer et qui ont plus abouti en fait.
Crabe : On est inspiré aussi par ce qu'on vit quand on joue en
live. On a envie de faire des trucs qui vont encore plus plaire aux gens, peut-être qui vont être plus immersifs, plus agressifs, un peu plus directs. On perd peut-être le côté atmosphérique et on rentre plus dans le côté mélodie, donc c’est plus épique.
3/ Pour les riffs de l’EP, vous disiez être inspirés d’IMMORTAL, MGŁA, FORTERESSE mais également d’ALCEST et AGALOCH pour les parties claires. Est-ce toujours la même direction musicale ?
Crabe : Comme j'avais écrit les guitares de l’EP, c'était un peu mes inspirations personnelles sur les guitares. Maintenant, tout le monde est beaucoup plus impliqué dans la composition. C'est vraiment un processus qui se fait à 5 donc il y a 5 fois plus d'inspiration, et pas forcément celles-là. Même moi, à titre personnel, j'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup écouté
MOONLIGHT SORCERY. C'est ça qui m'a fait me dire, tiens, on peut faire encore plus mélodique, encore plus kitch, encore plus Power Black. Du coup on s'est permis des largesses sur « Sel, Sang et Gerçures ».
Sinon, il y a moins d’
AGALOCH, moins d’
ALCEST et plus d’
IMMORTAL.
Vikser : Nos influences vont provenir d’albums qui nous ont tous marqués. On a parlé de
FORTERESSE tout à l’heure, on aime tous leur album « Thèmes Pour La Rébellion ». Je pense à
VEHEMENCE également qui nous a marqués tous les 5,
MGŁA aussi. D’ailleurs on a encore eu sur la sortie de l'album des gens qui mettaient en commentaire «
MGŁA rip-off ».
4/ Quand la guitare se fait entendre (le riff sur une corde dans les graves) sur « Au Loin la Tempête », ça m’a fait penser à MASTER’S HAMMER et en particulier au titre « A Dark Forest Spreads All Around… » (« Kol prostírá se temný les... ») de leur album « The Jilemnice Occultist »…
Adsagsona : Ah oui carrément dans le
riffing et surtout les entrées de guitares, ça fait totalement penser à « Au Loin la Tempête » ! Je comprends totalement. Et c’est un hasard car on ne connaissait pas
MASTER’S HAMMER.
5/ Comment s’est fait le choix de retourner au DNI Studio ?
Adsagsona : C'était naturel, ce n'était même pas une question. On s'est lié et musicalement, techniquement et amicalement avec Cédric Guesdon de DNI Studio donc c'est une collaboration qui n’est largement pas prête à de s'arrêter ; d'ailleurs maintenant on collabore beaucoup plus avec lui en
live qu’auparavant. C'est hyper naturellement qu'on est retourné dans son studio et tout se passe à merveille, c’est un technicien incroyable.
Crabe : Techniquement, il est super calé, il a vraiment apporté une image musicale à
HOULE. C'est aussi pour ça que souvent, on dit que
HOULE, c'est aussi la construction des gens qui nous ont entourés à certains moments, et j’inclus Les Acteurs De L'Ombre. Cédric fait partie de ces gens qui nous ont aidés à construire ce qu’est
HOULE aujourd'hui. Il a complètement sa patte dans l’EP et l'album.
6/ Pouvez-vous nous expliquer le titre « Ciel Cendre et Misère Noire » donné à votre album ?
Adsagsona : Le titre « Ciel Cendre et Misère Noire » s'inspire et fait référence à
BIERE BRUNE ET MISERE NOIRE de Marc Robine (je suis une grosse fan de variété française) qui est le nom d'un de ses premiers groupes. Ce nom « sonne », c'est très parlant et je trouve que ça te met dans une atmosphère un peu vieille France un peu miséreuse mais en même temps un peu réconfortante que tout le monde connaît. C'est sur cette base de Marc Robine qu’on a trouvé le nom de l’album. Et puis on se l’est approprié car « ciel cendre », on pourrait dire que c’est ce qui est rejeté des cheminées des bateaux, c’est le « Germinal » de la mer.
Zéphyr : il y a eu un véto, mais à un moment on a voulu appeler l’album « Mazout misère » (rires). Donc on n’est pas à l'abri d'un prochain morceau qui s'appelle comme ça.
7/ Dès l’intro, on entend des chants de marins. Il y a également des chœurs masculins sur « Sel, Sang et Gerçures ». Où êtes-vous allés chercher ces textes, que racontent-ils et qui les chante ?
Crabe : Sur l’intro, c’est un chant de marins qui s’appelle « Brassons Bien Partout Carré » qui est assez réputé et qui était utilisé pour les travaux de gréement. C'est complètement un clin d'œil et c'est un truc qu'on a enregistré tous les 5 : nous 4 à la voix et Adsagsona au violon. On pourrait penser que c’est un
sample mais non, c’est nous. On était bien alcoolisé et on a eu des crises de fou rire pas possibles, c’était une très bonne soirée.
Pour les chœurs, plusieurs idées avaient été abordées. Au départ, on voulait faire quelque chose avec la voix de dieu qui parlerait aux marins qui lui répondent. Mais finalement on s’est dit non, c'est un peu
too much, on va juste faire un cœur de marins. Le seul problème c'est qu'on ne sait pas chanter donc il a fallu qu'on apprenne. Græy Gaast a proposé une harmonie et les textes, c'est un peu « Aie pitié de nous, on ne veut pas mourir et puis on a une vie de merde ». Tous les thèmes qu’on aborde sont bien représentés dans ces chœurs-là, ça rend quelque chose d’encore plus immersif et un peu différent du reste de l'album.
Adsagsona : À la base on était censé n’avoir que mon chant et pas de chœurs masculins mais Cédric de DNI et moi avons insisté pour les avoir. On s’est dit qu’il faudrait tenter et au pire si ça rendait mal, on ne garderait que la première prise avec ma voix seule. Et donc on a réussi à traîner les gars pour aller gueuler un petit coup au studio. Ils ont été peut-être un peu timides pour sortir leur jolie voix mais ça a donné ça. Et c’est la première fois qu’on va le faire en
live ce soir.
8/ Au niveau visuel, un mot sur la couverture magnifique de Maéna Paillet ainsi que sur l’endroit où ont été prises les nouvelles photos du groupe ?
Zéphyr : Depuis quelques temps, je suivais Maéna et ses peintures numériques magnifiques dans leur style romantique. Elles renvoient quelque chose de très sombre qui me plaisait énormément, ce côté grandiose de scènes face à des grands paysages. On s’est dit que ça collerait bien avec notre univers. Avec l’homme face à la mer, il y a un héritage et un rappel évident à la couverture de l’EP, on retrouve d’ailleurs une falaise. Mais le style est complètement différent, plus grandiose, par rapport à l’EP qui était plus minimaliste, là c’est l’extrême opposé.
Ce bateau est en train de sombrer avec la rouille qui en tombe, la fumée noire de pollution, voilà le fameux « ciel cendre » est là aussi.
Crabe : Quant aux photos, elles sont d’une artiste qui s'appelle Faallaway. Elle fait des photos dans ce style très éthéré, entre le mort et le vivant, un peu cette espèce de passage de Styx et on s'était dit que ça passerait très très très bien pour nos photos. Et de ce que j'ai compris, il lui a été demandé si les décors étaient vrais ou pas. En fait, ce sont bien de vrais décors. On a posé au cimetière de Kerhervy, à côté de de Lorient. C'est un cimetière de bateaux et dès que la marée commence à descendre, t'as ça de gadoue et plein de bateaux. On s'est posé là-dedans un dimanche matin au mois de février ou de mars, il pleuvait des cordes, c'était infernal. Mais on a eu des photos absolument magnifiques.
9/ Le 1er single de l’album, « Sur les braises du foyer », est disponible depuis mi-mai en version vidéo. Pour les lecteurs qui ne l’auraient pas encore visionné, pouvez-vous présenter la trame de ce clip et nous parler de Madeleine Hély ?
Adsagsona : Le clip « Sur les braises du foyer » est très en corrélation avec les paroles de la musique, à ce propos vous pouvez le visionner avec la fonction sous-titres. On a ce personnage féminin qui est dans l'attente du retour de l'être aimé, qui est un marin. Les paroles et le clip traitent de la dépression que ça peut induire. Ce personnage sombre progressivement dans l'alcool, dans la dépression et pète un plomb. Il est porté par Madeleine Hély qui est une actrice bretonne, elle fait d’ailleurs actuellement la promotion d'un de ses films qui s'appelle « Quatre Saisons ». Et c'est une super actrice qui a pu porter le clip en étant vraiment dans une décharge émotionnelle. Elle était très impressionnante à voir en vrai (on était sur place), c'est vraiment une boule d'émotions. Elle explosait totalement, elle se mettait à hurler, à pleurer et nous derrière, elle nous mettait un peu la boule au ventre. Après, dès que ça a coupait, elle redevenait normale, toute pimpante, adorable. Nous, on était encore pris par le truc, on lui disait « T’es sûre que ça va ? ».
Et l’homme qui s’en retourne à la fin du clip (joué par Zéphyr), c'est la représentation du mari qui revient trop tard.
10/ Dans cette chanson et sur d’autres j’ai l’impression qu’il y a eu une volonté de rédiger certains vers avec des rimes. Quels sont les effets recherchés ?
Adsagsona : Je vais chercher la rime dès que possible mais pas forcément à tout prix. Ce qui a également beaucoup d’impact et que j'aime bien quand j'écoute des chansons en français, ce sont les allitérations. Cela permet d'avoir quelque chose de très fluide et dans le même placement labial au niveau de la lecture des textes. C'est plus facile à chanter par rapport au fait de devoir varier entre plein de sons différents, il y a moins à exagérer pour produire des mouvements différents de la bouche, c’est techniquement moins compliqué. En plus, c'est très impactant donc je vais plus rechercher ces effets-là. Après bien sûr si je peux, je vais aussi chercher la rime placée au bon endroit.
11/ Toujours à propos de « Sur les braises du foyer », qu’est-ce qui fait que c’est le titre qu’Adsagsona préfère jouer sur scène ?
Adsagsona : C'est un titre challengeant à chanter et en live, je sais très bien que je peux le foirer même si pour l'instant, ce n'est encore jamais arrivé. C'est vrai que j'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup ce morceau ainsi que ceux qui sont techniques à chanter et pour lesquels il y a une grosse place à l'interprétation, aux émotions. Sur cette chanson-là, c'est vraiment ce qui a été recherché dès l'écriture : de pouvoir jouer sur les émotions et d’être dans l'exagération, dans le pleur, dans le rire, dans la haine, dans le désespoir. En plus, il y a pas mal de propositions différentes d'un point de vue timbre : un peu de clair, du parlé saturé, du guttural lourd, du
scream très aigu… Plein de choses, c'est vraiment cool à chanter.
12/ Avec sa guitare lead et sa caisse claire, la 5ème piste « Derrière l'horizon » présente un côté épique et presque Folk. A-t-il été composé en pensant à des groupes de Pagan Black ?
Adsagsona : C’est un vieux morceau, antérieur à l'EP, et c'est vrai qu'à un moment, Crabe se cherchait un peu sur les influences et avait en tête de potentiellement faire du Folk Black. C’est quelque chose qu’on a un peu lâché après mais on a conservé ce morceau qui était quand même intéressant, on ne voulait pas l’abandonner. On l'a juste retravaillé pour qu'il soit moins « folkisant », qu’il sonne un peu « cradoc », mais il y a peut-être encore des restes Folk. Après on ne trouvait ça pas particulièrement dérangeant dans le sens où ça permettait de présenter des choses différentes sur l’album. On essaie d’éviter de faire un bloc du même type de
riffing, on aime bien pouvoir proposer des choses différentes d'un morceau à l'autre, histoire de ne pas lasser.
C'est vrai que « Derrière l'horizon » présente également un côté martial. Le morceau a été pensé un peu comme ça, pour le
live, en fait. Avec cette idée de galvaniser le public car au moment du refrain « Harponneurs ! Hé ! Harponneurs ! », c'est un « haranguage ». Et ce côté martial avec la batterie a été pensé pour haranguer la foule. Cela justifie aussi le moment où sur scène, j'arrive avec un harpon. Il a été vraiment écrit pour ça, pour pouvoir débarquer avec le harpon. On a testé et les gens adorent, c'est marrant. A cause de la contrainte de temps, ce titre n’a pas pu être sur la
setlist de la
release party mais comme la sortie du harpon est attendue, il fallait trouver un moment pour ça. Je l’ai sorti à la fin, au tout dernier couplet du dernier morceau. Même si ça n'avait pas grand-chose à voir d'un point de vue des paroles, on s'en foutait, au-moins il apparaît.
13/ J’aurais bien vu des chants clairs masculins par moment sur ce titre, comme dans FALKENBACH. Est-ce une idée qui a été discutée ?
Adsagsona : Oui, ça a été discuté et ça n’a pas été retenu. Et oui, ça aurait donné un petit côté
FALKENBACH effectivement. On a essayé sur le refrain qui est plus calme et très martial mais ce n’était pas fou, même un peu brouillon.
14/ Cette chanson reste sur un rythme rapide jusqu’à sa fin. Est-ce pour cette raison qu’elle est suivie de l’interlude « Et puis le silence », pour offrir un peu de répit à l’auditeur ?
Adsagsona : « Et puis le silence » a vraiment été pensé pour être mis après « Derrière l'horizon » et cela, pour plusieurs raisons. Déjà, oui, le morceau se finit vraiment en trombe et on a tendance souvent dans
HOULE à faire des intros et des outros un peu envolées, gentillettes. Et là, c'est un morceau qui finit sec. Donc il y avait bien cette volonté de faire respirer l'album et le morceau à ce moment-là.
Il y avait une seconde raison, c'est qu'en fait « Derrière l'horizon » parle de la chasse à la baleine et les personnages finissent par se faire happer par les profondeurs ; ce sont un peu les hommes qui courent à leur perte. Avec l’idée que la nature, l'animal, reprennent leurs droits. On avait cette volonté d’illustrer ça, c'est pour cela que c'est un des rares morceaux qui, dans les
samples et l’esthétique qu'on a cherché au niveau des sons de guitares, fait un peu profondeur. Contrairement à l’EP et au reste de l’album où on est très en surface pour tous les sons utilisés (mer en surface, le port, etc.). On est ici vraiment allé chercher des sons de baleine ainsi qu'un son de guitare qui fait très profondeur sous-marine. C'est ce côté fonds marins qui ressort sur la fin de « Derrière l'horizon » et que l’on voulait illustrer.
15/ Avez-vous hésité à considérer cet interlude comme une outro et le placer en fin de disque ?
Adsagsona : C'était vraiment pour enchaîner avec « Derrière l'horizon » donc il aurait été en fin de disque seulement si « Derrière l'horizon » avait été placé en avant-dernier.
16/ On peut entendre de la guitare acoustique et du clavier à l’écoute de « Née des Embruns », la pièce qui conclut le nouvel opus. Avez-vous également envisagé l’utilisation d’instruments de musique bretons ou de marins pour appuyer le concept ?
Si non, conservez-vous l’idée pour le futur ?
Adsagsona : Il n’y a pas de clavier, on n’a jamais utilisé de clavier dans
HOULE, on est tous un peu hermétique à ça dans le groupe. Ce sont sans doute les
samples de sonars qu'on a harmonisés qui t’y ont fait penser. J’ai un doute pour la guitare acoustique mais il y a clairement la possibilité qu’on en ait utilisée pour doubler les parties
clean car on a souvent tendance à le faire.
On n’avait pas particulièrement pensé utiliser des instruments bretons ou marins sur ce titre mais c'est quelque chose dont on parle de temps en temps. Comme on disait tout à l’heure, j’ai joué un peu de violon dans l’intro donc pourquoi pas en remettre. On n’est pas à l'abri que j’en rejoue sur le prochain album pour accentuer le côté marin.
17/ Adsagsona s’est à nouveau faite coacher par Jessy Vignolles pour enregistrer son chant. Quels ont été les apports de cette dernière ?
Adsagsona : Dans la phase de préparation, je lui explique ce que je veux faire et elle me conseille en me disant, si tu fais ça, tu vas prendre plus d’harmoniques, tes graves vont sonner encore mieux, etc. Ça permettra de mieux sonner et on n’aura pas à refaire 10 fois les mêmes prises. Plus t'as fait de préparation avant, plus tu sais comment vont ressortir tes sons et ce sera plus impactant.
Pendant l’enregistrement, t'es enfermée dans une cabine tandis que Jessy et Cédric (l’ingé son) sont en haut à la régie. T’es seule dans une petite boîte à juste chanter, chanter, chanter et au bout d'un moment, ton cerveau déconnecte. Tu deviens une espèce de robot qui ne sait plus ce qu’il fait, qui est dans les automatismes, qui ne réfléchit plus vraiment. Alors le rôle de ma
coach devient un peu d’être mon cerveau quand je suis complètement lessivée. Comme on a travaillé en amont ensemble, elle sait ce que je veux faire et elle peut intervenir dans le casque et me dire « Tu voulais faire ça, t’as fait ça. Est-ce un choix de ta part là maintenant, ou bien tu veux faire comme t'avais dit ? ».
En fait le chant, c'est extrêmement long à enregistrer (parce qu’on est peut-être un peu pointilleux), quasiment tout est doublé, donc toutes les voix sont prises soit 2, soit 4 fois. Il y a le chant principal, puis les chœurs qu'on a enregistrés 4 fois. Après, tu peux très bien faire un Black Metal un peu plus pur, un peu plus
trve. Faire juste enregistrer ta voix
raw avec 4-5
shots pour reprendre quelques parties et c’est tout. Dans
HOULE, si tu fais vraiment attention, t'as énormément de voix et pour donner une sensation de puissance, tout est doublé.
Jessy fait également en sorte que mes chemins vocaux soient totalement sains pour tenir une semaine et demie de studio, 6 heures par jour. Il faut que je garde ma voix jusqu’au bout mais aussi que je ne me blesse pas. Elle a la connaissance du corps et elle a des réflexes que je n’ai pas encore, bien que je chante depuis 4 ans. Sa présence a donc été très importante pour ça, d’autant plus que 3 jours après, on partait en tournée avec
BATUSHKA et
KANONENFIEBER ; il fallait vraiment que ma voix soit nickel.
Le coaching de Jessy représente un énorme travail et ce sont pour ces raisons qu'elle est créditée d'ailleurs, au même titre que l'ingé son qui lui est crédité pour la production, le mixage le, mastering, etc.
18/ Adsagsona a une présence théâtrale sur scène et on la voit beaucoup tituber. Est-ce pour montrer que ça tangue sur le pont ou bien elle bringuebale car elle se met dans la peau d’une jeune mousse qui aurait descendu un peu trop de son remontant ?
Adsagsona : Un peu des deux mon capitaine.
Quand j'ai travaillé la présence scénique de mon personnage au tout début, l'idée de base a été de faire penser à un mouvement de bateau. C’est bête mais quand tu tangues, les gens comprennent direct. C'est simple à faire, c'est parlant et je pense que ça rajoute beaucoup à l'ambiance.
Dans la gestuelle, je fais aussi des mouvements saccadés qui rappellent ceux d’une personne bourrée. C'est un peu l’image du capitaine de bord que t'as pas envie d'avoir, c’est le cliché du film de marins. Des fois, tu as ce personnage qui apparaît, le capitaine bourré qui est mauvais capitaine, qui n’est jamais là au bon moment et c'est son second qui fait tout. Cela étant, chacun l'interprète un peu comme il veut, mais c'est en tout cas la manière dont je suis rentrée mon personnage. Et c'est donc totalement les 2 idées en fait.
19/ Les aspects scénographiques de vos performances ont bien été développés. En êtes-vous désormais satisfaits ou bien travaillez-vous à les pousser encore davantage ?
Adsagsona : J'aimerais bien les pousser plus loin car je trouve ça encore un peu pauvre. En l'occurrence, on a sur ce
set une nouveauté, même s’il y aurait dû en avoir deux. On a un nouveau
backdrop (NdlR : fond de scène) qui est beaucoup plus immersif mais on n'a pas pu le mettre au Backstage. Les
lights sont vissées au mur du fond et si on mettait notre
backdrop, on voilerait les lumières… La nouveauté que l’on a pu mettre en place était la présence du phare. Ce n'est pas un phare en fond de scène, mais un pied qui diffuse un faisceau lumineux avec un balayage en 360° et régulièrement, quand il y avait peu de lumière sur la scène, notre
lighteux l'enclenchait. Cela a été utilisé dès l'introduction, quand on a les bruits de corne de brume avec du noir sur la scène. On devrait avoir d’autres choses, on aime bien ajouter des petites surprises, faire évoluer notre
set et notre scénographie. Après, il faut faire attention à ce que ce ne soit pas
too much alors on en discute.
20/ Vos concerts terminent par « Sous l’Astre Noir » de l’EP. Comment avez-vous fait ce choix et est-ce que cela va changer avec les nouveaux titres ?
Adsagsona : C'est vrai qu'on finissait le
set « type EP » avec « Sous l’Astre Noir ». D'ailleurs, au Hellfest, ce sera la dernière fois où on finira avec, car le
set sera un peu bâtard entre l’EP et l'album. C’est parce qu'on considère que c'est l’EP qui nous a poussés au Hellfest mais on est quand même sur la promo de l'album, donc on va faire un mixte des deux (3 morceaux/2 morceaux). On va bien finir par « Sous l’Astre Noir » mais ça va être la dernière fois. À moins que sur des
sets plus courts on finisse de nouveau avec, parce que notre nouveau morceau de fin c'est « Née des embruns » pour le
set « type album », et c'est un morceau de 12 minutes. Il prend du temps à installer, il faut pouvoir le mettre en place et tu ne fais pas assez mousser le public pour pouvoir te permettre de balancer un morceau comme ça qui est très progressif pour un
set de 30 minutes. C’est un morceau génial pour finir un album et un
set mais il faut avoir le temps de l'amener.
21/ Pour les collectionneurs, confirmez-vous que l’album sort également en vinyle ? Y aura-t-il aussi une version cassette ?
Adsagsona : Oui, l'album sort en vinyle, dans des
splatters de différentes couleurs d’ailleurs, dont un spécial pour la
box collector. Ça nous impressionne à chaque fois mais on a des gens qui nous ont acheté toutes les versions du vinyle. Je savais qu’il y avait des collectionneurs chevronnés mais je ne me rendais pas compte qu’il y en avait autant. On a des commandes Bandcamp où des gens nous prennent toutes les versions de tout.
Pour la version cassette, celle de l’EP avait été produite en collaboration avec Huard Productions, qui est un label parisien de Black Metal qui fait aussi pas mal de Dungeon Synth et en fait, il a arrêté. On avait fait ça à l'époque parce que c'était un ami, que ça nous tenait à cœur et que voilà, ça fait plaisir à tout le monde. Ces cassettes qu’on a produites qu'une seule fois se sont arrachées très vite. Quant à LADLO (Les Acteurs de l’Ombre Productions), ce n’est pas quelque chose qu'ils font, ils n’ont pas les fournisseurs spécialement. Donc je serais étonnée que l’album sorte en version cassette.
22/ La Fanfare Kärlek a réalisé avec ses cuivres un medley de vos singles « Au Loin La Tempête » et « Le Continent ». Comment en étaient-ils venus à proposer cette version et est-il prévu qu’ils s’approprient certaines de vos nouvelles compositions ?
Adsagsona : C'est lui qui après la sortie de l’EP était venu nous voir en disant « je veux faire une reprise de l'EP, est-ce que vous pouvez m'envoyer vos tablatures ? ». Kärlek est un habitué de reprises de Black Metal et de Metal extrême français. Il a sa fanfare qui fait des concerts du côté de Lyon. C'est quelque chose que j'aimerais beaucoup aller voir parce que c'est hyper atypique et ça rend bien.
En fait, il a déjà sorti une reprise de « La danse du rocher ». Il a travaillé sur le réarrangement version fanfare dès qu'il a reçu l'album et elle est déjà disponible sur
YouTube.
23/ Dans la continuité du nom du groupe et de l’EP, ce 1er album est resté dans la thématique maritime. Est-ce indissociable de votre identité ou bien vous laissez-vous la possibilité d’explorer de nouveaux univers à l’avenir ?
Adsagsona : C'est vraiment la thématique du groupe et c'est indissociable de
HOULE. Après, là où les discussions se font, c’est savoir quel va être le thème au sein de cet univers. Par exemple sur l’EP, on a eu vraiment ce truc de l'homme tout petit face aux forces de la nature et face à la grandeur et à la puissance de l'océan, avec un thème beaucoup plus lyrique. Là où avec l'album, on s’est dirigé vers un côté plus ville portuaire et vie de marins. On s'est concentré sur l'humain dans l'album quand c’était sur la nature avec l’EP. Par exemple « Sur les braises du foyer » de l’album parle de l'attente du retour du marin, donc vraiment toute cette vie côtière.
Ce n'est pas dit qu’on soit toujours dans cette thématique spécifique pour le prochain album. À l'heure actuelle, on n’a pas commencé la composition, on n'a pas abordé les thèmes, rien. Donc ce sera la surprise mais il est certain que la mer et le côté marin sont vraiment indissociables de l’identité du groupe. Ensuite, ce sont juste des variations.
24/ On a annoncé votre présence au Hellfest, puis au Muscadeath en septembre et au Metalearth en novembre. Y a-t-il d’autres festivals à ajouter ? On vous laissera conclure sur ces bonnes paroles.
Adsagsona : On vient juste de se faire confirmer pour le Ragnarök Festival en Allemagne. Ce n'est pas du tout encore annoncé, donc c’est une exclu Thrashocore.
Un
booker pour la France et un autre pour l’étranger travaillent à nous trouver des dates, donc c’est sûr qu’on va tourner. On aimerait bien sortir de France plus souvent. Mais c'est un peu compliqué parce qu’à part l’Allemagne où on a un petit public grâce à nos 7-8 dates concerts là-bas, on est un peu inconnu au bataillon ailleurs. On souhaite aussi continuer à jouer en France, où on n’est pas non plus le groupe le plus connu, même si on commence à se faire notre petite place. Voilà, il va y avoir des dates, de toute façon, on est hyper chaud pour jouer tout le temps.
Merci à Thrashocore. Merci à toi Lestat pour cette interview et à Jean-Clint pour la chronique de l’album. Merci pour tout.
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