Origin + Impaled + Hour Of Penance

Incroyable. Voilà le mot qui convient le mieux à ce concert. Il est en effet incroyable de voir si peu de monde (à peine une centaine de personnes dans un Nouveau Casino très clairsemé) s'est déplacé par une pareille affiche. Incroyables aussi sont l'aisance scénique et la prestation des jeunes Hour Of Penance, qui en l'espace de trois albums ont réussi à s'imposer en tant que figure de proue de la scène brutal death européenne. Tout aussi incroyable est le bide que se sont pris les membres d'Impaled, pas franchement à leur place dans une affiche si brutale. Et enfin incroyable a toujours été le mot qui a le mieux convenu à Origin : incroyablement technique et brutal, le groupe a juste délivré une prestation monstrueuse, exceptionnelle, époustouflante…

C'est seulement à 18h40 que les portes se sont ouvertes, dix minutes après l'horaire prévu, laissant la petite bande de metalleux réunis prendre l'eau en discutant avec un très sympathique et bavard James Lee. La faute probablement à un conflit inter-ethnico-social entre un videur du Nouveau Casino ayant très intelligemment insulté avec tout le mépris possible un éboueur qui passait par là, et qui, énervé, a arrêté son camion (bloquant au passage la circulation sur 300 bons mètres) pour venir s'expliquer avec le dit videur pendant une bonne dizaine de minutes.

C'est donc avec un bon quart d'heure de retard que des balances un peu longues n'ont pas arrangé que Hour Of Penance démarre sa prestation. Et quelle prestation ! Toute la hargne et l'énergie que l'on connaît au groupe ont été parfaitement retranscrites sur scène. Entre un frontman qui s'époumone à une vitesse fulgurante et un batteur qui blaste plus vite que son ombre, aucun répit n'était laissé à un public apparemment tout aussi réceptif que médusé. La reprise de Suffocation venant clôturer le set paraissait bien calme après un set si furieux ! Malheureusement pour moi, je ne connaissais que les morceaux de Pageantry For Matyrs, qui je peux l'attester ont été parfaitement retranscris, avec un son qui s'est fait de plus en plus clair pour arriver à une limpidité quasi identique à celle sur cd. Un concert excellent de bout en bout, dont le seul bémol a été le manque d'une deuxième guitare, laissant place au désormais célèbre « syndrome Hate Eternal », à savoir un énorme creux sonore au moment des solos après le mur du son habituel !

Vient ensuite le tour de Impaled, groupe un peu oublié aujourd'hui mais ayant eu son heure de gloire en 2002 avec Mondo Medicale. J'avoue ne jamais avoir été particulièrement attiré par ce groupe que j'ai toujours perçu comme un second faisant du Carcass en plus rock'n'roll, mais il paraît qu'il a ses fans, même sur Thrashocore… Comme je m'y attendais, je n'ai pas été emballé par la prestation du groupe, pratiquant un death metal sans fantaisie qui sentait plus la bière et les aisselles que le sang et les tripes que l'on a l'habitude d'admirer sur ses pochettes. Bloqué entre deux groupes ultra brutaux, Impaled n'aura pas su captiver le public du Nouveau Casino malgré un très bon son (bien que je n'ai pas réussi à bien discerner la guitare de Jason Kocol et ce malgré de nombreux déplacements), quoique trop gras et lourd, mais collant parfaitement au groupe. La fosse déjà clairsemée s'est rapidement désertée au profit du bar, des toilettes et du merch, laissant un groupe visiblement dégoûté autant que désabusé quitter la scène sous des applaudissements polis mais sans enthousiasme. Un concert dont on ne retiendra guère qu'un crachage de feu sur une belle basse enflammée, et c'est bien dommage, car Impaled a délivré une prestation plus que correcte, et aurait vraiment mérité une affiche différente pour avoir un public plus réceptif.

Le concert se termine par les très attendus Origin, dont les membres, après s'être baladés dans la salle et avoir discuté avec le public pendant plus de deux heures, sont montés sur scène, ont réglé les balances pendant quelques minutes tout en s'échauffant succinctement, et… ont directement commencé par « Lethal Manipulation ». C'était parti pour une heure et quelques de gravity blasts furieux et de riffs supersoniques, devant un public apparemment conquis, que James Lee haranguait et exhortait à participer. Il aura suffit de quatorze morceaux pour prouver que les musiciens de Origin sont sans aucun doute possible les meilleurs de la scène death metal toute entière : pas un seul coup de caisse claire, pas un seul tapping basse, pas une seule ligne de sweep n'a été ratée ne serait-ce que d'une note, et ce malgré des tempos allant parfois à 270 ou plus (« The Aftermath »). Ce flot de notes incessant m'a totalement époustouflé, j'ai rarement vu une telle énergie sur scène, et j'ai eu l'impression que le concert n'a même pas duré un quart d'heure. Deux regrets viennent toutefois entacher cette prestation parfaite : l'absence de « Debased Humanity » dans la set-list, ainsi qu'une basse beaucoup trop en retrait, moins audible que la guitare de Paul Ryan qui ne l'était déjà pas assez.

Lethal Manipulation
Implosion Of Eternity
Staring From The Abyss
The Aftermath
Vomit You Out
Wrath of Vishnu
Disease Called Man
Reciprocal
Endless Cure
The Burner
Finite
The Beyond Within
Perversion Of Hate
Portal

Globalement un très bon concert malgré un retard global de 20 minutes, avec un son excellent tout au long de la soirée, dont le gros point noir reste la très faible affluence du public. Mais comme à chaque chose malheur est bon, on peut au moins se réjouir que le public fût composé en majorité de connaisseurs, et qu'il n'y avait pas de coreux à la con comme l'on en voit de plus en plus souvent. Pas non plus de slammeurs et c'est tant mieux ! Il faut dire que la fosse d'un mètre de profondeur ne laissait pas vraiment de place à l'exercice, et puis quand James Lee sort un « Get the fuck out of my stage ! », on n'a pas vraiment envie de désobéir ! Bref, une super soirée, comme d'habitude, les absents ont eu tort.