Difficile périple pour un blésois que de se rendre à un concert de Misanthrope, entre le train, le métro et la marche à pied dans Barbes par une froide soirée d'automne, il y a de quoi en décourager plus d'un. Remarquez, on n'est pas beaucoup plus d'un fan de Misanthrope à Blois. En fait on est deux.
Mais après m'être fait proposer un épi de maïs grillé, 3 paquets de cigarettes et avoir longé plus de boucheries halales qu'il n'y en a dans toute la Touraine, j'arrivais enfin au Centre Musical Barbara Fleury Goutte d'Or (CMBFGO pour les intimes) pour le premier concert de metal de l'histoire de cette salle. Autant le dire tout de suite, son seul défaut pour le public est son emplacement quelque part dans un coin de Barbes, parce que tant au niveau de l'acoustique que de la qualité des locaux, il n'y a pas grand-chose à reprocher à cette petite salle, dans laquelle on ne pourrait certes pas faire venir Iron Maiden. Malgré une température trop élevée, c'est donc dans des conditions sonores optimales que s'est déroulée une soirée extrêmement intéressante.
Les hostilités débutent par
Tank, groupe pratiquant une sorte de thrash/death teinté de metalcore, quelque part entre le nouveau In Flames et Pantera. On a donc le droit aux mosh parts (ratées en l'occurrence vu qu'elles n'étaient ni lourdes ni efficaces. Elles sont loin d'avoir tout écrasé sur leur passage) et au chant clair de circonstance. J'ai une furieuse envie de parler d'opportunisme quand j'entends tant de modernisme, mais il paraît qu'il y a des amateurs de ce type de metal, donc je me garderai bien d'émettre pareil jugement. Vous l'aurez compris, je ne suis pas du tout client, mais au moins dois-je reconnaître à Tank de bien remplir son office et d'exécuter un show propre et carré. Si j'étais mauvaise langue, mais là encore ce n'est pas mon cas, je dirais qu'en même temps, ce n'était pas compliqué de bien faire en en faisant peu. Choix étrange que de mettre un pareil groupe sur cette affiche, mais Tank a reçu un bon accueil de la part du public, à défaut d'un canon d'applaudissement (il y a dans cette phrase un jeu de mot cyril glaumien, sauras-tu le retrouver cher lecteur ?).
On passe au moment Rires & Chansons de la soirée avec le groupe autoproclamé de « metal extrême orchestral », j'ai nommé
Nohellia. La première chose à laquelle j'ai pensé en voyant le groupe sur scène, c'est qu'on a là notre
Vanmakt français, ne pratiquant toutefois pas du black metal juvénile, mais, horreur, du black symphonique juvénile… Exception faite du claviériste (dont on se demande de quel autre membre du groupe il est le père) et peut être du batteur, tous les membres semblent en effet très jeunes, et cela se ressent sur les compositions comme l'attitude. Comment les décrire ? Une sorte de Dimmu Borgir moins bien fait pour les passages black metal, et de death metal bas de gamme sur les passages pseudo-lourds. Saupoudrez le tout d'une alternance d'un chant black ou death metal anecdotique car manquant de puissance et d'un chant clair qui s'avère, et c'est surprenant, juste. Le niveau technique global était correct, quelques lignes de sweep certes ultra classiques (celles de Vital Remains en fait) venant même ponctuer des solos pas trop mauvais, malgré quelques pains du guitariste à la Lag bleue. En fait, le point le plus positif doit être le travail effectué au clavier, plus élaboré que les traditionnelles « nappes » qui font du black symphonique un genre insupportable.
Je vais pour une fois un peu m'étendre sur le matériel employé, déjà pour évoquer le fait que Grégoire de Hectic Patterns est venu à la rescousse du batteur de Nohellia en lui fournissant une double pédale en remplacement de celle qui venait de lâcher, mais surtout que le guitariste à la Jackson avait un son vraiment amateur, faiblard et ridicule à cause d'un ampli à transistor pas franchement folichon.
Bon, pas aussi ridicule que leur maquillage il faut l'avouer : au programme du fond de teint blanc et un crayon à yeux Sephora Noir 0,91 pour souligner le regard, emprunté au fameux sixième membre de Hectic Patterns. Vous avez dit juvénile ?
Bon, on passe enfin aux choses avec les désormais célèbres et richissimes
Hectic Patterns, formidable groupe de death technique aux influences multiples. Pour les points négatifs, allez lire un autre live report que le mien, parce que très honnêtement je n'en vois pas. Tout au plus puis-je me plaindre que Nicolas n'a pas utilisé sa basse fretless et que ça en jette moins sur les photos, et que François a cassé une corde à la fin de Shiva. Non, vraiment, ce concert fût fantastique. Je ne suis habituellement pas un grand fan des saccades et autres délires meshuggesques, et en particulier ceux des titres « Random » et « The Grand Hare Order », mais même ces titres là passent l'épreuve du live et s'intègrent parfaitement au reste de la set-list. James, le frontman regrettait la passivité du public pourtant réceptif (chose qui s'est arrangée à la fin du set), mais en même temps quand on a un pareil spectacle en face de soi, on ne peut pas faire grand-chose de plus que d'admirer. Chez HP, c'est un peu le festival de la technique façon « regarde, tu y arrives pas » tout en restant absolument efficace et accrocheur à chaque instant. Mise en place parfaite, une restitution quasi-parfaite des morceaux malgré la technicité extrême de certains passages, non vraiment, il n'y avait rien à jeter. Même sur les passages les plus lents et mosh-partés il y a toujours une subtilité qui suscite l'admiration. Le groupe a joué tous les titres de son premier album Random, à l'exception de « I'll Quit Smoking Tomorrow » et « Thailand », se permettant le luxe d'en modifier certains passages en pure improvisation, et a terminé sur le fantastique « Macabre Punishment » et son refrain tout en tapping qui tangente le génie. Une réussite totale.
Set List :
1. Asylium
2. Enterprise
3. Hyperborea
4. Random
5. The Grand Hare Order
6. Vaseline
7. Shiva
8. Macabre Punishment
Et on en arrive enfin le clou du spectacle, dont chaque concert est un évènement, à savoir
Misanthrope. Je n'ai pas grand-chose à dire sur cette prestation, étant donné que Misanthrope en live c'est comme sur cd : simplement génial. Un bémol toutefois, ce n'est pas la meilleure prestation de Misanthrope que j'ai vu, Anthony Scemama ayant raté quelques notes au détour de certains solos deux ou trois fois. Oui, c'est la seule chose que je peux objectivement reprocher au groupe sur scène, et oui Jean-Jacques Moréac reste un dieu de la basse, distillant même aide et conseils aux autres groupes dans son infinie miséricorde, et chacun assure parfaitement son rôle. Une set-list remaniée depuis la sortie du nouvel album est bien sûr au rendez-vous, et cinq nouveaux morceaux viennent s'y greffer, et étrangement les meilleurs (même si j'aurais bien apprécié aussi un «1857» ou un « Phénakistiscope ») ! Mais tant qu'ils jouent « Les Empereurs du Néant », « l'Ecume des Chouans » et « Bâtisseur de Cathédrale », ils peuvent bien jouer ce qu'ils veulent !
Enfin, les points noirs du set de Misanthrope ne venaient pas du groupe mais du public, et comme d'habitude, de ces abrutis de slammeurs (qui, nous le rappelons pour les néophytes, ne sont pas des fans de Grand Corps Malade mais des gens qui montent sur scène et se jettent dans la foule). Mentions spéciales à la petite demoiselle qui si elle slammait toutes les deux minutes en profitant autant du concert que celui de l'orchestre de la fête du pâté de Drancy-Sur-Yvettes, avait au moins le mérite de ne pas trop gêner le champs de vision du public avec plus de 20 de QI, au contraire… d'un abruti de première non identifié. qui s'est amusé à slammer avec sa dizaine de potes présents et est donc resté sur place tout du long . Mais ça n'aurait pas été si gênant si il ne s'était pas à un moment vautré sur un retour en décâblant du même coup Anthony en plein pendant « l'Ecume des Chouans »…
Set-list (un peu courte, on aurait aimé deux ou trois morceaux de plus, mais en même temps je ne suis pas sûr de sa justesse !) :
1. Le Dandy de Bohème
2. Le Haras d'Amazones
3. Le Maudit et Son Spleen
4. La Marche des Cornus
5. Les Empereurs du Néant
6. Ixion
7. l'Ecume des Chouans
8. Théologie du Misanthrope
9. Les Retourneurs de Pierre
10. Le Passager du Hasard
11. Névrose
12. Bâtisseur de Cathédrale
13. Inspirations
Au final, une très bonne soirée, dotée d'un public réceptif et ayant répondu présent. Comme d'habitudes, les membres de HP et Misanthrope étaient très abordables et sympathiques, et les absents, ont vraiment eu tort.
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