J'ai beau être en parfaite osmose avec Paul Masvidal et Sean Reinert sur un plan musical, il y a une chose que nous n'avons définitivement pas en commun : l'amour de Paris. Paul me le confiait en
interview et le redit au public entre « I'm But A Wave To… » et « Uroboric Forms » : Paris est l'une de ses villes favorites, et il aime se poser sur le toit de son hôtel pour la contempler… Pour ma part je demande ce qu'il y a à contempler hormis quelques vieux cailloux à l'origine pas trop moches désormais recouverts de fiente de pigeon et de 60 ans de particules de diesel. À moins de s'extasier devant la plus grande concentration de clodos et de voleurs à la tire de l'ouest européen, j'avoue avoir bien du mal à comprendre comment ce coin de tiers monde au milieu de la civilisation peut susciter autant de passion. Malheureusement, c'est aussi la ville de France où Cynic choisit de donner ses meilleurs concerts, alors supporter la déchéance de sa population et esquiver les diverses formes de vie mortes sur le trottoir devient un bien petit prix à payer pour vivre ce qui restera le meilleur concert de ma vie jusqu'à nouvel ordre (ou que Cynic repose le pied en France).
Un Nouveau Casino quasiment rempli est le moindre des retours auquel pouvaient s'attendre Gorod et Cynic avec une si belle affiche, à la fois cohérente et suffisamment restreinte pour permettre aux deux formations d'avoir un temps de jeu convenable. Malgré tout, les Gorod visiblement très contents d'être là – vu qu'ils font eux aussi partie de cette large communauté des fans de Cynic – quoique passablement exténués (en fait ils sont toujours crevés à chaque fois que je les vois), délivrerons leur prestation la plus courte parmi les trois auxquelles j'ai pu assister en l'espace d'un an. Toujours pas de « Programmers Of Decline » au programme vu qu'il est trop dur à caser du haut de ses six minutes, la set-list est restée assez courte sans pour autant oublier les incontournables « Disavow Your God », « The Path » et « Chronicle from The Stone Age ». Mais malgré tout ces 45 minutes de concert restent les meilleures que j'ai vues de la part de Gorod, et eux-mêmes devaient s'en rendre compte vu qu'ils avaient carrément la banane sur scène. Comme quoi, ouvrir pour une légende ça motive ! Formidable prestation de Gorod donc, qui nous a gratifié d'une mise en place parfaite et d'une fidélité dans l'exécution des morceaux assez incroyable quand on connaît la difficulté des compositions. Comme d'habitude, l'énergie dégagée par les musiciens sur scène est phénoménale, surtout grâce à Guillaume qui bouge et éructe presque jusqu'à l'extinction de voix. Pour ne rien gâcher, le son comme d'habitude très bon du Nouveau Casino aura permis au public de savourer pleinement ce moment, et ce malgré les doutes qui ont suivi les balances quelques heures plus tôt. Du très grand art, qui me fait dire que non content de faire partie des tous meilleurs groupes de death metal de France, ils sont clairement parmi les meilleurs groupes live que j'ai vus à ce jour, et ce n'est pas peu dire. S'ils repassaient dans le coin la semaine prochaine, j''y courrais aussitôt !
Après ce concert trop court mais franchement intense, je retourne du côté du merch pour recueillir les premières impressions des gorodiens, et je tombe, à côté de la console de l'ingénieur du son, sur le running order de la soirée qui indiquait « Cynic : 21h-22h30 ». À ce moment là je me dis qu'ils se sont gourés, que ça incluait le changement de plateau ou le temps de remballer le matériel… En fait non, ils ne s'étaient pas trompés, Cynic a bien joué une heure et demie. Et une heure et demie chez Cynic, ça signifie tout
Focus et tout
Traced In Air, ainsi que le dernier morceau en date, « Wheels Within Wheels » ! Pourtant, c'est sans surprise qu'au début du concert, après ce long speech d'intro dans cette magnifique ambiance bleutée intimiste dont la fumée prolongeait les lights, « Veil Of Maya » ouvrit le bal suivi immédiatement de « Celestial Voyage ». C'est le début classique des concerts de Cynic… Seulement quand « Eagle Nature » a résonné dans la salle et que « Sentiment » lui a emboîté le pas, le doute s'est transformé en certitude et la clameur s'est changée en cris de joie : bordel, ils vont jouer tout
Focus ! Cette set-list que tout le monde croyait réservée à leur prochaine tournée américaine et qui a failli me faire acheter un billet d'avion pour le nouveau continent, allait bien être rodée sur les terres parisiennes. On a donc eu le droit à tout ce que Cynic a composé jusqu'à présent depuis
Focus, même « Nunc Stans » et « Nunc Fluens », qui s'intègrent parfaitement aux morceaux plus conventionnels, à l'exception bien sûr des quatre réinterprétations de
Re-Traced. Une set-list parfaite à laquelle a répondu une prestation parfaite : c'est bien simple, elle a été au moins égale à celle de la date du Nouveau Casino en juillet 2008, c'est-à-dire qu'elle a été absolument parfaite. Tout a été repris à la perfection, et je n'ai même pas du réussir à faire pendre ma mâchoire suffisamment pour exprimer ma stupéfaction devant un rendu si magnifique. Au-delà de la pure technique de jeu car ces musiciens là n'ont plus rien à prouver depuis longtemps, c'est la justesse et la simplicité de leur jeu qui m'a sidéré. Intensité, émotion, improvisations à la fin de « Adam's Murmur », transitions naturelles reprises… tout y était, sans même un seul accroc. Leur souci du détail va jusqu'au changement de guitare de Paul Masvidal qui a utilisé sa Steinberger bleu d'époque pour jouer les titres de Focus, et à la longueur de cheveux près on se serait crus revenus en 1994, lors de leur première tournée européenne dont on peut voir quelques vidéos sur le net…
Pour rester objectif il y avait des défauts à ce concert, mais parfaitement indépendants des musiciens : le son tout d'abord était un peu trop chargé en basses et Tymon ressortait un peu mal au début. Mais bon, Cynic est un groupe de geeks du matos, et leur son était en béton armé : clair, précis et avec tous les instruments parfaitement audibles. Non, le vrai point noir de ce live c'était les lights, exclusivement placées à l'arrière de la scène et mettant le public à contre-jour, quand ils n'étaient pas tout simplement absents et laissent quasiment la scène dans le noir. Malgré la très bonne idée des stroboscopes rotatifs placés derrière Paul et Tymon qui ont créé une superbe ambiance, ce n'était pas l'idéal pour assister à un concert, et j'espère que ce défaut sera réparé d'ici au DVD de la tournée américaine. Je vous mets en ligne deux vidéos de mon cru qui illustrent cet état de fait : on ne voit pas grand-chose pour ne pas dire rien, mais le son est vraiment limpide (quoique l'encodage de youtube ne soit pas optimum, je vais voir si je peux trouver un logiciel pour faire ça plus proprement) dans la mesure de ce que j'ai pu faire avec mes petits moyens.
I'm But a Wave To...
King Of Those Who Know
Bon évidement, mes vidéos ne valent pas celles que le site Metal Injection vient tout juste de mettre en ligne à cette adresse :
http://www.metalinjection.net/tv/view/5128/cynic-space-for-this-live-13. Celestial Voyage, Nunc Fluens + Traced In Air et Evolutionnary Sleeper en qualité quasi DVD (plusieurs caméras, montage excellent, son superbe), ça vaut son pesant d'or et ça laisse aux fans de quoi patienter le temps que le vrai DVD de Cynic sorte. Une formidable initiative à saluer comme il se doit, et qui montre toute la magie de ce groupe hors normes en live !
Le concert s'est donc terminé sur les coups de 22h30, et c'est un groupe visiblement très heureux qui est ensuite descendu parler avec ses fans, faire des photos, des dédicaces… Non content d'être un groupe composé pour moitié de légendes vivantes qui ont façonné des pans entiers du metal avec
Human et
Focus, Cynic c'est aussi un groupe de gens abordables, sympathiques, ouverts et profondément reconnaissants envers ceux qui apprécient leur musique. Alors oui, même une bonne demie heure de métro passée à supporter des clodos puants et des slaves tellement ostensiblement bourrés qu'ils se sont mis à prendre en photo l'intégralité des passagers de la rame en criant très fort (pour un peu j'aurais cru à des agents secrets en mission de renseignement) n'aura pas réussi à entamer mon enthousiasme après ce concert exceptionnel, et en regardant à nouveau ce concert en vidéo, les frissons que j'éprouvais en direct me reviennent. Je n'ai qu'un seul souhait : à l'an prochain. Après tout, ça fait 70 ans que les américains débarquent chaque année en France le 06 juin…
4 COMMENTAIRE(S)
10/06/2010 00:01
Achète-toi une paire d'enceintes alors, homme de peu de goût !
Mais en matière de résolution des problèmes que l'on peut rencontrer sur Thrasho, tu restes mon dieu !
09/06/2010 23:56
09/06/2010 22:45
Sinon non, les problèmes d'affichages ne viennent pas de chez toi mais on a testé quelques trucs sur ce live report et notre webmaster semble avoir le sommeil lourd ce soir !
Tout devrait vite rentrer dans l'ordre.
09/06/2010 22:27
PS : ça vient peut-être de mon ordinateur, mais il y a pas mal de problèmes d'affichages dans le live-report.