C'est après un excellent périple en voiture bardé d'écoutes dans la majeure partie des cas intéressantes et de vannes incessantes sur NARGAROTH pour ma pomme que la petite troupe avec laquelle je voyageais atteint, un quart d'heure avant l'heure initialement prévu, la fameuse salle de concert perdue en plein centre du village de Saint-Sulpice. Arrivé au milieu de quelques têtes connues croisées lors de concerts antérieurs, mais déconfit à l'écoute d'accents à couper au couteau notre belle langue française et ne connaissant cet endroit ni d'Eve ni d'Adam, je rompt donc mon hymen avec cette salle des fêtes du nom de René Cassin, entre autres ex-président de la cour européenne des droits de l'homme, ou même prix Nobel de la paix (1968) décédé en 1976 et surtout figure à l'évidence en opposition avec la déferlante de violence et de haine prête à fondre sur la scène quelques heures plus tard. Je lis avec l'espoir secret que l'homme se retourne dans sa tombe la plaque qui figure sur un bâtiment qui ne paie pas de mines, mais qui cache en vérité une acoustique qui va se révéler excellente.
TRASHNASTY
Ce n'est pourtant pas avec TRASHNASTY qu'on va avoir de quoi emmerder ce chantre passé de l'humanisme. Le « power trio » local sert quelques riffs agressifs sans grand intérêt et livre sur une scène fort bien agencée un Death Metal dénué de toute originalité, voire même de talent perceptible. Doté néanmoins d'un son excellent pour un petit groupe comme ça, je tâte le terrain en participant à quelques pogos dignes des plus grandes heures de la gay pride et secoue la tête sans grande conviction : l'appel légendaire de la nicotine est bien plus intense que la musique de ce groupe. Certes, le combo s'amuse sur scène en faisant le job sans aucune prétention, mais TRASHNASTY, qui après interrogation d'une figure de la scène locale semble avoir quand même 15 ans de carrière derrière lui, n'a strictement aucun intérêt pour moi. Dommage que ces types se cantonnent au rôle de première partie et prennent ainsi le statut de « groupe de plus », ou « groupe devant lequel on se fait toujours chier en attendant les suivants »… enfin, je me tape déjà jusqu'à la gerbe les gloires locales de mes pénates, ce n'est pas pour me taper celle des autres dans les leurs !
MALHKEBRE
L'Enfer, le vrai, commence réellement avec MALHKEBRE, qu'on aura attendu durant une bonne heure, tant la gestion de cette salle semble être délicate pour les organisations présentes ce soir. Après quelques cigarettes et quelques nombreux coups d'œil au merchandising, les premières notes dissonantes d'une messe noire nous appellent irrésistiblement. L'ambiance monte très rapidement, proportionnellement à la fièvre qui envahit le public devant un tel déploiement d'ignominies et de haine pure de la part d'un combo toulousain visiblement en grande forme. Le groupe entier semble possédé et consumé par cet Art Noir qu'ils portent au paroxysme de la conviction, une conviction religieuse assumée par une mise en scène très élaborée : bougies, vierge substituée on ne sait où et fumée puante en mettent plein les mirettes, laissant de côté les badauds venus assister à un simple concert de musique. Les quatre entités malades de MALHKEBRE paralysent dans un premier temps une salle décontenancée, et cette osmose entre Shamaanik B. avec son jeu d'orfèvre à la batterie, Messiatanik Armrek qui maltraite avec vigueur sa 6-cordes, Kristik A.K. qui nous hante avec ses notes pesantes à la basse et enfin Eklezjas'Tik Berzerk qui vomit ses blasphèmes avec des expressions épileptiques permet un spectacle unique, sans aucun temps mort, sans aucune communication avec le public, sans aucun compromis qui permettent d'arrêter ce massacre ritualiste programmé. La violence si charismatique de ces quatre hommes est démentielle, avec un frontman qui n'a de cesse de frapper ses acolytes qui le lui rendent bien ou même d'agresser certains membres d'un public souillé par ses bénédictions permanentes et sa déviance mentale évidente. J'observe religieusement et de très prêt ce show fulgurant avant de me livrer à la violence naissante d'un pit qui se déride progressivement et qui sera bientôt aidé par un vocaliste descendu donner quelques coups de manière arbitraire pour le meilleur effet possible. Une réussite intégrale, une cérémonie à laquelle j'ai adhéré de tout mon être, jusqu'à me demander comment les deux grosses cylindrées à suivre de notre belle scène française pourraient réellement exister après ça… nul doute que vous entendrez parler du
Prostration en ces terres...
VORKREIST
VORKREIST, qui attaque encore une heure après ne démérite absolument pas. Le changement d'ambiance est brutal, la musique des parisiens étant efficace au possible. Le son excellent de la salle René Cassin, qui s'est sans doute –pour mon plus grand plaisir- bien torturé les méninges dans sa tombe après un concert dérangeant, met très bien en valeur la musique des auteurs de
Sabbathical Flesh Possession, de l'excellent
Sublimation XXIXA et du plus récent
Sickness Sovereign notamment. Les morceaux du second opus qui seront joué ce soir, avec les monumentaux « Great Orders of Sterile Lunacy », ou encore « Sodogma », et même « Worms» ou « The Diseasemonger » du dernier rituel me font une énorme impression, et c'est avec une belle violence qu'un pit dans lequel on apercevra les gars de MALHKEBRE qui n'ont pas encore assouvi leur cruauté ou encore Meyn'ach de HELL MILITIA / MÜTIILATION qui assène ces épiques coups de coude dont il a le secret se forme pour donner du répondant à un apocalypse venant bel et bien de la scène, avec un show très carré servi par des musiciens qui s'imposent comme de véritable militants d'une cause intégriste à grand coups d'hymnes à la gloire du Malin mais également de la déviance qu'Il véhicule. Malgré quelques errances du vocaliste entre les morceaux, la communication est là encore bien minimaliste, pour une efficacité maximale ! Le groupe est bien rôdé et l'intensité du concert ne laisse pas souffler un public cette fois beaucoup plus unanime et réceptif à l'assaut des papes de la déviance qu'on connaît également chez BLACKLODGE ou encore MERRIMACK et HELL MILITIA… malgré quelques réglages abusifs au commencement du set, le son est plus que correct pour une musique véhémente qui n'en exige pas moins pour distinguer toutes ses finesses. C'est également la force d'un VORKREIST, qui assène son Black/Death asservissant et dense : sous le panzer sataniste se cache une véritable grâce, avec quelques passages plus contemplatifs et assassins que le groupe retranscrit parfaitement avec une maîtrise évidente. Un concert jouissif que j'ai savouré de bout en bout sans jamais être resté les deux pieds à la même place !
TEMPLE OF BAAL
La dernière longue pause avant le dernier grand groupe de la soirée, TEMPLE OF BAAL, aura donc été salvatrice. La carcasse desséchée de René Cassin à de quoi nous maudire : son aire est profanée avec brio une année encore. Quelques bières bien fraîches viennent remplir des organismes qui attendent avec une impatience non dissimulé ce grand nom de la scène française trop sous-estimé, le prix modique du concert donné ce soir-là par les parisiens étant là pour témoigner de ce phénomène que certains me décrivent avec une grande vigueur alors que l'alcool commence (déjà !) à monter dans les têtes. C'est en live que la grande valeur de ce combo se révèle à moi, n'étant que peu réceptif à un
Traitors To Mankind qui malgré quelques hymnes Black/Thrash bien burnés et fédérateurs, comportait de trop longs passages pour mes esgourdes réfractaires à ce genre d'agressions trop limpides. Leur dernier album
Lightslaying Rituals m'attire déjà nettement plus, avec ce Black/Death occulte et habité par une patte atypique. A l'heure où les déchets imbibés viennent exposer une connerie catalysée par l'alcool, cette boisson parfois salvatrice mais aussi révélatrice de toutes les tares de l'humanité, à l'image de quelques cas sociaux tombés d'on ne sait où, TEMPLE OF BAAL prend possession d'une salle déchaînée par les hymnes que sont indéniablement « Traitors To Mankind », « Flames of Baal » ou encore le monumental « Hate Is My Name » de la dernière offrande. Le pit auquel se joignent cette fois les membres de VORKREIST est retourné par ces assauts parfaitement maîtrisés par quatre êtres qui donnent l'impression d'être en transe sur chaque note de leur musique. Une authentique foi se dégage d'un Arkdaemon qui ne tient pas en place et qui assomme les fidèles avec ses grasses notes de basse, et avec l'efficacité très terre-à-terre d'un Alastor (GLORIOR BELLI) et du batteur qui avoine à merveille, ainsi que la grande maîtrise, malgré quelques problèmes de son au début du set, d'un Amduscias consumé par la musique en laquelle il semble croire de tout son être, le concert donné par TEMPLE OF BAAL lors de cette Nuit En Enfer vient parachever avec panache, après un ultime morceau terminé sous le coup des 3h du matin environ, une grande soirée marquée par 192 entrées payantes et une affluence que d'aucun me décrivent comme étant la plus grande depuis le premier festival portant ce nom et se déroulant dans cette salle, cette première Nuit en Enfer du 22 novembre 2003 si je ne m'abuse. Avec une telle réussite musicale, on ne peut que soutenir de telles démarches et vivement encourager l'association Profusion à recommencer l'année prochaine ainsi que rendre hommage aux labels tels que Necrocosm, Battlesk'rs et tous ces bons gars de l'Underground qui nous font passer de si belles cérémonies.
Eternal Hails à Doomer de Bells Of Armageddon pour ses photos et aux personnes excellentes avec qui j'ai fait le voyage, ou même que j'ai croisé durant ce concert absolument bonnard pour moi !
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