Grand Magus + Bullet + Steelwing + Skull Fist + Vanderbuyst

Soirée 100% heavy au Divan du Monde puisque la salle de Pigalle accueillait ce lundi quatre groupes de revival ainsi que les vétérans de GRAND MAGUS en tête d'affiche, enfin de retour à Paris après l'annulation de leur dernière tournée.

C'est VANDERBUYST qui ouvre les hostilités à l'heure prévue (17h45). Je m'attendais à du hard teinté de heavy comme j'avais pu l'entendre ici ou là mais en fait, pas vraiment. Le groupe fait plutôt dans le pur heavy metal type NWOBHM. Pas étonnant que VANDERBUYST ait assuré la première partie de Saxon l'année dernière. Pendant plus d'une demi-heure, le trio néerlandais va ainsi balancer les riffs casse-nuque à l'ancienne, les rythmiques entraînantes et les multiples solos avec dextérité. Le guitariste impressionne par son aisance, d'autant qu'il ne tient pas en place et passera tout le set à headbanger comme un taré, un grand sourire aux lèvres. Le bassiste/chanteur se fait moins remuant mais assure ses parties de chant dynamiques bien dans l'esprit. Et comme le son est très bon, on peut savourer sans problème la musique efficace des Bataves tel ce "KGB" des plus catchy. Le public, malgré le peu de personnes présentes en cette fin d'après-midi, ne s'y est pas trompé et a réservé un accueil chaleureux à la jeune formation. Rien d'original bien sûr, les influences de VANDERBUYST transparaissent comme les soutiens-gorge des groupies du premier rang (riff principal de "December" pompé sur Anvil, reprise de Thin Lizzy...) mais on passe un très bon moment. Des premières parties de la sorte, on en voudrait plus souvent!

Setlist VANDERBUYST:

Black & Blue
KGB
December
Tiger
Into the Fire
Stealing Your Thunder
Don't Believe A Word (Thin Lizzy cover)
From Pillar To Post

VANDERBUYST a commencé fort mais l'intensité ne va pas redescendre avec SKULL FIST. Bien au contraire puisque, sous leurs faux airs de tatas glamouzes, les Canadiens vont tout emporter sur leur passage. On reste ici dans le heavy metal mais avec une dose de speed énergique supplémentaire. Proche de ce que faisait Iron Maiden époque Paul Di'Anno, avec un chanteur à la voix sur-aiguë, SKULL FIST joue dans la même cour qu'Enforcer. À ceci près que le combo de Toronto se fait plus virtuose avec moults solos et parties de twin guitars, le guitariste/vocaliste Jackie Slaughter, gaucher et donc très doué, allant même jusqu'à sortir les sweeps. Miam miam! Bon, le chant soule un peu au bout d'un moment et les refrains ne sont pas aussi mémorables que chez les Suédois mais impossible tout de même de résister à des titres comme "Commit To Rock", "Sign Of The Warrior", "No False Metal" ou "Get Fisted" (dédicacés aux "ladies") qui offrent une musique issue d'un autre âge ultra efficace, entraînante et mélodique. Malgré là encore le manque flagrant de personnalité. Les spectateurs, un peu plus nombreux, ne semblent pas s'en soucier et ils ont bien raison. On est là pour s'éclater et c'est ce qu'on fait! À noter un son à nouveau exemplaire.

Setlist SKULL FIST:

Attack Attack (Tokyo Blade cover)
Like a Fox
Ride the Beast
Get Fisted
Commit to Rock
Sign of the Warrior
Heavier Than Metal
Head öf the Pack
No False Metal

Encore plus ressemblant à Maiden, il y a STEELWING! Le premier groupe du trio suédois annonce la couleur avec ses pantalons moule-burnes qui nous rappellent au bon vieux souvenir de la VHS Live After Death, l'un de ses guitaristes sosie d'Adrian Smith (et son perf' affreux) et son frontman clone miniature de Bruce Dickinson même s'il essaye de nous leurrer avec une veste et un chapeau à la Rob Halford. C'est donc à un autre retour dans les années 1980 que l'on est convié et ce n'est pas pour me déplaire. Tout le monde sait qu'on aura jamais mieux comme décennie alors inutile de lutter! Cavalcades endiablées, solos à rallonge, twin guitars, balancement de manches en rythme, chant très aigu, backing vocals à plusieurs, poses clichées, c'est que du bonheur old-school! La preuve, j'ai passé les 40 minutes à remuer la tête comme un demeuré! Et à voir la réponse enthousiaste de la faune parisienne, je n'ai pas été le seul à apprécier ce putain de show. Pas besoin de révolutionner la musique quand on a du talent et du charisme comme STEELWING. Inutile de vous dire que le nouvel album Zone Of Alienation, tout juste sorti, sera mien dans peu de temps!

Setlist STEELWING:

Solar Wind Riders
Headhunter
Full Speed Ahead
The Illusion
They Came from the Skies
Lunacy Rising
Roadkill (...Or Be Killed)

Un peu de changement avec BULLET qui nous propose un hard rock/heavy metal burné certes cliché et un peu lassant sur la durée mais doté d'un pouvoir d'efficacité hors norme. Influencée par AC/DC et Accept (le chanteur Dag Hell Hofer à la silhouette tout sauf longiligne a la même voix puissante et virile qu'Udo Dirkschneider), avec des touches de vieux Saxon et de Judas Priest période British Steel, la musique des Suédois ne met pas longtemps à mettre le feu à la fosse avec tous ces riffs à l'ancienne qui sentent bon l'huile de moteur de Harley et ces solos bien branlés en veux-tu en voilà. Pas de pogo ou de slam, mais headbanging et air guitar seront le mot d'ordre du gig pendant 45 minutes dans un Divan du Monde pas blindé mais déjà plus rempli. BULLET, c'est le genre de groupe dont tu n'as jamais entendu la moindre note mais dont tu te mets à hurler les refrains au bout de 2 minutes. Ce sera notamment le cas pour "Turn It Up Loud", "Stay Wild", "Dusk Til Dawn" et un "Bite The Bullet" des plus jouissifs en final qui verra les deux guitaristes et le bassiste lever leur instrument pour dévoiler au dos les inscriptions "Bite", "The" et "Bullet" qui forment le titre du morceau. C'est con, mais c'est bon! Ce qui résume bien un show dynamique ultra efficace qui m'a rappelé dans l'esprit le concert d'Airbourne au Sonisphere. Quand je pense que l'un des guitaristes, Hampus Klang, joue aussi dans Jigsore Terror et a fait partie de Hypnosia et Birdflesh, je me dis qu'ils sont vraiment capables de tous ces Suédois!

Setlist BULLET:

Highway Pirates
Back On The Road
Turn It Up Loud
Stay Wild
Roadking
The Rebels Return
Dusk Til Dawn
Bang Your Head
Bite The Bullet

Ne reste plus que la tête d'affiche GRAND MAGUS à passer. Le Divan du Monde s'est quelque peu vidé entre-temps si bien que le trio scandinave jouera devant bien moins de monde que BULLET. Bizarre, je pensais que le groupe avait gagné en popularité depuis sa signature chez Roadrunner Records. Pas en France en tout cas! Quoiqu'il en soit, cela n'empêchera pas GRAND MAGUS d'assurer fièrement son show, bien aidé comme tout au long de la soirée par un son net et sans bavure. Gros décalage par contre avec les premiers groupes, que ce soit au niveau du look ou de la musique. Les ados rebelles ont laissé la place à papa. Et papa n'a pas besoin de pantalons fluos moule-burnes ou de courir partout sur la scène comme un ado en chaleur pour jouer du bon heavy. Ça ne bouge pas beaucoup mais ça a du caractère! GRAND MAGUS déroule donc impeccablement son heavy aux riffs principalement mid-tempo insufflés d'un vent épique prenant, ralentis et assombris de quelques touches doom sur les morceaux les plus anciens. Je ne suis pas très fan de la voix de JB Christoffersson mais il faut avouer que le timbre théâtral du bonhomme qui semble chanter des contes anciens colle parfaitement au style de la formation. Et l'ex-Spiritual Beggars livre également de très bons solos. Bref, voilà du heavy qui donne envie de lever le poing (ce que fait souvent le frontman d'ailleurs), soutenu qui plus est par le jeu puissant et solide du batteur. On notera aussi que les interludes samplées entre les morceaux servent pour une fois vraiment à quelque chose en contribuant à l'ambiance épique, telle cette introduction splendide sur la BO de Conan. Le public (ou plutôt ce qu'il en reste) est conquis et JB le remerciera souvent de son accueil. Malheureusement, GRAND MAGUS quittera prématurément la scène après à peine une heure de jeu, alors qu'il restait quinze bonnes minutes à jouer....

Setlist GRAND MAGUS:

Kingslayer
Like The Oar Strikes The Water
Silver Into Steel
I, The Jury
Wolf's Return
Ravens Guide Our Way
The Shadow Knows
Hammer Of The North

Rappel:
Ulvaskall (Vargr)
Iron Will


Vous l'avez compris, on a assisté à une excellente soirée heavy metal, dont les seuls points noirs ont été l'affluence décevante et le set écourté de GRAND MAGUS, avec quatre bons petits groupes retro qui ont bien chauffé la salle, puis un combo plus expérimenté qui joue davantage sur l'ambiance de ses morceaux que sur l'accoutrement et le jeu de scène. Même en ne connaissant aucun groupe, j'ai pris un panard pas possible! Une affiche dont la réussite n'aurait pas été aussi grande sans un son excellent (pas trop de basse ou de grosse caisse, le chant et les solos parfaitement audibles), ce qui est assez rare pour le souligner. Vraiment une très bonne salle que ce Divan du Monde! On remercie donc encore une fois Garmonbozia pour l'organisation idéale et cette bien belle affiche.