Obscura + Gorod + Spawn Of Possession + Exivious

J'étais particulièrement joyeux de braver une fois de plus la fournaise du Ferrailleur en ce déjà chaud 28 mars, non pas seulement pour aller voir la plus belle affiche que j'aurais pu imaginer en matière de death technique, mais aussi et surtout pour aller interviewer Dennis Rondüm et Hannes Grossmann pendant pratiquement une heure et demie – les interviews paraîtront quand je trouverai le temps de les retranscrire. Après donc près de deux heures passées à discuter avec divers musiciens tous plus sympathiques les uns que les autres, j'allais pouvoir assister à un des tous meilleurs concerts de mémoire de yaourt, et ce n'est pas peu dire. Alors désolé, pour une fois je vais un peu jouer à l'école des fans en donnant des bonnes notes à tout le monde (ou presque), mais il faut dire que comme Jacques Martin j'aime beaucoup ce que je fais, même si contrairement lui, je trouve que les enfants ne sont pas toujours merveilleux. Surtout ce sale mioche en t-shirt Necrophagist qui aura sans doute rétrospectivement honte de ses pas de danse ridicules avant de « stage diver » quand il aura atteint l'âge de raison. On a bien entendu eu droits aux habituels blaireaux – mention spéciale à cet abruti complètement bourré avec son gel dans les cheveux et ses bracelets à clous qui montait sur scène toutes les cinq minutes pour y rester à chaque fois au moins deux minutes avant d'essayer de crowd surfer comme une merde en faisant chier absolument tout le monde, il avait déjà fait la même chose au concert de Origin ; ainsi qu'aux trois gros cons qui ont sans doute trouvé très intelligent sur le moment de monter sur scène pour danser pendant le drum solo de Hannes Grossmann, le cachant complètement aux yeux d'un public consterné – mais après tout, ils ne furent qu'une poignée dans une foule agréablement fournie, preuve qu'une affiche de qualité attire surtout des gens de qualité. Et comme d'habitude au Ferrailleur le son fût particulièrement bon, même pour Spawn Of Possession, alors que faire sonner correctement une pareille déferlante sonore n'est pas une mince affaire.

C'est donc Exivious qui ouvre le bal, à mon plus grand bonheur, puisque je souhaitais les voir depuis un moment. La dernière fois que j'avais eue l'occasion d'admirer Tymon et Robin (comme dans tout duo, il y a un Robin) en action c'était pour le génial concert de Cynic le 06 juin 2006, et je me souviens leur avoir demandé si j'allais avoir un jour la chance de les voir avec Exivious, Tymon me répondant « un jour peut être, sait-on jamais ». Maintenant que leur divorce est consommé avec Cynic, j'ai l'occasion de les voir en ouverture de groupes pour lesquels ils ont été les têtes d'affiche en Gorod et Obscura, et ça n'a pas semblé les déranger le moins du monde de ne jouer que 30 minutes devant un public dont l'écrasante majorité semblait n'avoir jamais porté une oreille sur leur musique. Et pourtant la réponse fût bonne devant ce mélange de metal prog et de jazz fusion, quelque part entre Cynic et Allan Holdsworth, il faut dire que leur prestation fût tout simplement magique, retranscrivant à la perfection les superbes ambiances de leur unique album. Une copie irréprochable – ce sera d'ailleurs la seule de la soirée, les autres groupes ayant raté quelques notes de temps à autre, si l'on veut vraiment chercher quelques point négatifs – qui est venue soutenir une set-list logiquement orientée sur l'aspect le plus énergique de leurs compositions, ce qui signifie qu'il n'y a pas eu « All That Surrounds », sans doute trop calme pour parfaitement s'accorder avec les trois groupes de death metal qui suivirent. Qu'importe, j'étais tellement pris par leur show que j'en ai même oublié de noter précisément la set-list, étant trop occupé à admirer l'incroyable jeu de Tymon Kruidenier pour me rappeler à quel moment ils ont joué le merveilleux « Waves Of Thoughts ». Ce fût bien évidemment trop court, mais c'était absolument parfait (bien que la guitare de Tymon aurait pu être plus forte, on peinait parfois à l'entendre), pour moi le meilleur moment de la soirée, mais c'est sans doute parce que je n'aime rien autant que les accords suspendus.

Je me mords encore aujourd'hui les doigts de ne pas avoir pu aller voir Spawn Of Possession en ouverture de Hate Eternal à La Locomotive en 2006, et il m'aura fallu attendre six longues années pour avoir enfin la chance d'admirer les Suédois sur scène. Hélas, je ne sais pas qui a eue cette idée parfaitement débile de faire jouer Gorod devant eux uniquement en France, amputant au passage leur set d'un quart d'heure, ce n'est pas comme si en FRANCE on avait eu la possibilité de voir des FRANÇAIS partout et tout le temps depuis plusieurs années, alors que ce n'est que le troisième passage de Suédois dans l'Hexagone depuis le début de leur carrière... Malgré cette incroyable marque d'irrespect envers Spawn Of Possession et son public français qui est sans doute l'œuvre d'un attardé qui croît que 15 minutes de show font une différence en termes de promotion, ce fût tout de même un moment mémorable. Même si le déluge de notes permanent doit être difficile à encaisser pour quiconque ne connaît pas leur musique, et ce d'autant plus que leur son est cru et massif, les Suédois ont délivré une prestation époustouflante même de la part des nouveaux membres, entre un Erlend Caspersen supersonique et un Danny Tunker qui reprend parfaitement tous les solos de Karlsson. Car malheureusement la set-list fût axée exclusivement sur les deux premiers albums, sans qu'aucun titre du génial Incurso ne soit joué, ce qui ne devrait pas être le cas ce soir à Paris, le groupe prévoyant de jouer « Where Angels Go Demons Follow ». Ce ne furent néanmoins que des tubes, parfaitement exécutés et beuglés à la vitesse de l'éclair en ce qui concerne Dennis, et loin d'être joués plus lentement que sur cd, comme ça a apparemment pu être le cas lors des premières dates de la tournée, le groupe n'ayant eu que deux jours pour répéter... Inutile de dire que tout ça est passé bien trop vite, et j'espère vivement qu'ils grappilleront une ou deux minutes sur le planning ce soir pour proposer une set-list différente.

1.Hidden In Flesh
2.Spawn of Possession (il me semble en tout cas)
3.Dead And Grotesque
4.Lash By Lash
5.Church Of Deviance

Même si j'aurais aimé voir les Suédois avec leur temps de jeu, je ne peux décemment pas me plaindre que Gorod joue 45 minutes, tant cet excellent groupe Bordelais ne m'a laissé que de bons souvenirs à chaque fois que je les ai vus. C'est donc avec plaisir que je suis allé pour la quatrième fois en presque trois ans, même si je redoutais un peu leur nouveau visage avec Julien au chant et les titres d'un A Perfect Absolution qui m'a laissé froid en grande partie à cause de ce nouveau transfuge de Zubrowska. Sans surprise leur son est excellent (quoique pas aussi bon qu'en première partie de Cynic) et la prestation des musiciens ne souffre que peu de critiques, le nouveau guitariste remplaçant Arnaud sans préjudice audible. Gorod sur scène c'est toujours un grand moment, ne serait-ce que pour admirer les mimiques d'un Barby survolté ou les improvisations du très sympathique Sam quand il perd une baguette au milieu d'un morceau – comme il le dira lui même, il suffit de mettre de la grosse caisse et personne ne s'en rend compte ! Maintenant il y a deux choses qui ont fait que je n'ai pas autant apprécié leur concert que les précédents : la set-list, et Julien. Il est logique qu'ils jouent plusieurs titres de leur dernier album, et je dois même avouer que « The Axe Of God » et « Carved In The Wind » passent bien mieux l'épreuve du live que de la platine cd. En fait ils ne font pas tache au milieu d'une set-list malheureusement trop portée sur les titres les plus terre à terre de Gorod (à l'exception bien sûr de « A Common Hope » ainsi que des formidables « Disavow Your God » et du trop rare « Programmers Of Decline »), et si je salue l'initiative de jouer un « State Of Secret » qui pour moi reste le moins bon titre de Leading Vision malgré son superbe tapping central, je ne peux pas excuser que tous les titres les plus ambitieux du groupe soient restés au placard. Où sont donc passés « Earth Pus », « Chronicle From The Stone Age », « The Path » et même le très bon « Elements And Spirit » qui rendrait bien mieux que le pénible « Birds Of Sulphur » ? Bon, ce n'est pas très grave vu que dans l'absolu un mauvais morceau de Gorod demeure un bon moment à passer, mais le chant de Julien lui, ne passe vraiment pas. Si je fais partie des quelques réfractaires à ne pas pouvoir le supporter sur cd, je ne suis apparemment pas le seul à regretter les prestations live de Guillaume, puisque Julien peine véritablement à growler, se contentant de pénibles raclements de gorge et de pig squeals dégueulasses pour alterner avec des petits cris affreusement aigus, quand il n'est pas en train de chanter faux la fin de « Birds Of Sulphur ». D'habitude je n'aime pas trop tirer sur les ambulances et je précise que je n'ai rien contre cet homme que je ne connais pas et qui est sans doute aussi sympathique que les autres membres de Gorod, mais là il est véritablement en train de décevoir une bonne partie du public du groupe. Heureusement que l'enchaînement de « Programmers Of Decline » et « Disavow Your God » est venu rehausser leur set-lit d'une délectable touche finale. Malgré une nouvelle excellente prestation du côté des musiciens, je n'ai donc pas réussi à rentrer dans leur show autant que j'ai pu le faire auparavant. Ça ne m'empêchera pas de les revoir avec plaisir encore et encore, car même si je n'adhère pas totalement aux changements opérés par les Bordelais, Gorod demeure une valeur sûre.

1.Birds Of Sulphur
2.A Common Hope
3.Here Dies Your God
4.The Axe Of God
5.Carved In The Wind
6.State Of Secret
7.Programmers Of Decline
8.Disavow Your God


Malgré d'incessantes tournées depuis trois ans, je n'avais jamais eue la chance de voir Obscura sur scène, la faute notamment à des affiches pas franchement terribles, qui m'ont fait patiemment attendre une occasion aussi belle que celle-ci pour me déplacer. Je ne peux donc pas vous dire si leur prestation était meilleure ou non que celles de la tournée pour le formidable Cosmogenesis avec Thesseling, mais je dois avouer que leur concert fût très bon, quoique légèrement brouillon par moments, le son de la basse ne semblant pas s'accorder parfaitement avec celui des guitares. Pourtant j'ai été impressionné par l'apparente facilité qui se dégage du quatuor, tout en étant émerveillé de la qualité du growl ultra profond de Steffen sur un « Ocean Gateways » que j'ai réussi à apprécier alors qu'il m'insupporte sur cd. Hormis quelques lignes de basses pas tout à fait similaires aux originales (forcément, les accords slidés rendent moins bien quand on ne joue pas sur fretless), et une ou deux notes pas très propres au détour d'un solo qu'on pardonnera aisément, il n'y a rien à reprocher à Obscura, qui a délivré une prestation énergique. La set-list était judicieuse, plaçant habilement les moments de répit au milieu du concert, et le public était aussi déchainé que les musiciens étaient ravis. Un concert sans défaut autre que des light arrières qui auront largement laissé les membres du groupe dans la pénombre et n'ont pas permis de profiter du spectacle autant qu'on aurait voulu. En fait ce que je regrette le plus c'est qu'ils n'aient pas eu le temps de jouer la reprise de Death avec « The Flesh And The Power It Holds »... Espérons que ce sera chose faite ce soir à Paris !


1.Septuagint
2.Vortex Omnivium
3.Incarnated
4.Orbital Elements
5.The Universe Momentum
6.Ocean Gateways
7.Drum Solo
8.The Anticosmic Overload
9.Centric Flow