Terra Tenebrosa + The Old Wind
Live report
Terra Tenebrosa + The Old Wind Le 19 Avril 2014 à Paris, France (Maroquinerie)
J'ai beau ne pas vraiment apprécier la capitale et le visage qu'elle donne à voir à ses visiteurs, certaines occasions, certaines dates sont tellement immanquables qu'elles valent les bornes et les heures à taper pour monter jusqu'à Pourrie-la-Grise. Dire que j'attendais cette date de pied ferme serait un euphémisme : je rongeais littéralement mon frein à l'idée de voir, sur scène, les deux groupes nés des cendres de Breach, j'ai nommé The Old Wind et Terra Tenebrosa. En tournée européenne durant Avril, ils ont choisi La Maroquinerie pour leur unique date française - encore une fois, bravo à Hibooking de nous proposer des groupes pareils. Ni une, ni deux, chacun de mes collègues sachant l'amour sans bornes que je porte à Terra Tenebrosa, me voici fraîchement débarqué dans la capitale. Le temps de quelques canons, de la flânerie dans les rues, qu'il est déjà l'heure de se mettre en branle et de rejoindre Ménilmontant. Le temps de reprendre une bière (le provincial que je suis reste abasourdi par les prix pratiqués dans la capitale) que Kongh commence les hostilités.
KONGH, donc. La salle est très clairsemée quand les premières notes résonnent dans la petite salle de la Maroquinerie. J'étais très peu familier du groupe avant cette date (j'avais du écouter "Sole Creation" à sa sortie), et ce n'est pas leur prestation qui me fera me pencher sur le reste de leur discographie. Le trio Suédois joue bien, c'est indéniable, un Doom coupé au Sludge d'une lourdeur impressionnante. Mais le son trop approximatif du premier titre (un bourdonnement de basse proprement insupportable), la longueur et la répétition à l'extrême des plans rythmiques auront fini de me désintéresser de la musique de combo. Intérêt à peine ravivé par le dernier titre, ultime sursaut d'une prestation à mon sens assez anecdotique, surtout lorsqu'on la compare, rétrospectivement, à celles des groupes qui suivirent.
Bref, après un petit détour par le merch des deux têtes d'affiches et le coin fumeur, c'est au tour de COILGUNS, après des balances interminables, de fouler les planches pour nous administrer, dans un premier temps, une solide dose de Hardcore déconstruit, aux cassures rythmiques à s'en faire péter la nuque, emmené par un chanteur qui frôle l'épilepsie à chaque instant. Une énorme énergie déployée sur un son plus que correct, la prestation tranche radicalement avec celle de Kongh quelques minutes auparavant. Les suisses évoluent dans leur univers, en témoignent les phases "parlées" entre chaque titre, et le portent à bout de bras. La deuxième partie du set, qui voit l'arrivée progressive d'un autre chanteur et d'un responsable des effets électroniques, est beaucoup moins intéressante, en rupture totale avec la violence hallucinante du début de set. Coilguns devient complètement mou et soporifique, et les rares sursauts de cette dernière partie de set ne réussiront pas à le rendre intéressant. Fort dommage au vu de la qualité du démarrage !
Après quelques minutes d'attente, c'est enfin au tour des deux têtes d'affiche de prendre la relève. En commençant par THE OLD WIND, formé par deux anciens membres de Breach, qui évoluent dans un univers... Glacial. Sobriété absolue sur scène, aucun effet lumineux ou visuel superflu, The Old Wind jouera la quasi-intégralité de leur premier (et excellent) album, "Feast on your Gone", pour terminer sur "Serpent Me", la composition qui figure sur leur split avec Terra Tenebrosa. Musicalement très similaire à des groupes comme Cult of Luna ou Neurosis, The Old Wind se démarque par une personnalité à part entière, portée tant par le chant si particulier de Tomas Liljedahl (malheureusement pas assez audible sur cette date) que par le feeling poussiéreux, glacial véhiculé par les compositions. Convaincant sur disque, The Old Wind m'a complètement écrasé sur scène, de même que l'assemblée - la salle était bien remplie à défaut d'être pleine. Quelques headbangs, mais une majorité de personnes comme moi, subjuguées par la puissance de feu des cinq suédois. Une sacrée baffe qui a atteint son paroxysme sur "Reign", que je vous invite à écouter. Le groupe quitte la scène, ne laissant que Tomas faire pleurer sa guitare en se balançant comme un autiste, sonnant le glas du monolithe qui vient de s'abattre sur la petite salle de La Maroquinerie.
Setlist :
- In Fields
- I'm Dead
- Raveneye
- The Old Wind
- Spears of...
- Reign
- Serpent Me
Et enfin, après The Old Wind et leur excellente prestation, c'est l'heure de la vraie tête d'affiche, celle pour laquelle j'ai fait le déplacement, de prendre le relais. TERRA TENEBROSA, sur album, est aussi glacial que cauchemardesque. Et toujours en équilibre instable sur la corde qui sépare la santé mentale de la folie pure. Sur scène, c'est la folie qui prend le pas sur tout le reste. Très différent en live par rapport aux disques, Terra Tenebrosa se fait plus accessible, plus propice au hochement de tête et aux mouvements de foule. Mené par Cuckoo et son masque franchement effrayant (Terra Tenebrosa sont bien les seuls, avec Slagmaur, qui arrivent à ne pas se rendre ridicules avec des masques), le groupe jouera d'excellents titres, empruntés aussi bien à "The Tunnels" qu'à "The Purging", n'hésitant pas à faire quelques medleys pour les plus longs ("Guiding the Mist/Terraforming" et "Through the Eyes of the Maninkari", par exemple). Tabassant l'audience à grands coups de rythmique plombée ("Black Pearl in a Crystalline Shell") ou avec des riffs complètement désespérés ("Terra Tenebrosa"), la bande à Cuckoo délivre une prestation proprement hallucinante, une véritable transe qui laisse la salle sur le cul, surprise à la fois par l'apparence vestimentaire du combo (visages masqués dans des voiles noirs) que par le jeu de scène autiste des musiciens (le bassiste qui joue de sa basse à l'envers, Cuckoo et ses regards à l'assistance, tantôt cérémoniel, tantôt dément). Concernant ce dernier, comparativement aux prestations antérieures du combo, on ne peut qu'apprécier le fait qu'il bouge un peu plus - sans pour autant être un monstre de sociabilité, ce qui n'est pas ce qu'on lui demande non plus. Un seul regret cependant : le son de la batterie. La caisse claire au timbre métallique étant à mon sens une composante essentielle des albums, elle était ici complètement étouffée par le reste des instruments, de même que les frappes sur les toms basse - le jeu de batterie, tentaculaire sur les albums (quand ce ne sont pas deux pistes superposées), a d'ailleurs été grandement simplifié sur scène. Le groupe termine sur l'un des titres issu de leur dernier EP "V.I.T.R.I.O.L.", avant de saluer la foule, complètement conquise (beaucoup sont allés acheter les vinyles à la fin de leur prestation), et de se retirer en toute sobriété. Un grand moment qui s'inscrit dans les meilleures prestations scéniques auxquelles j'aie jamais assisté. Je les attendais au tournant, et ils ont réussi à me surprendre. J'attends le prochain album avec impatience, annoncé comme "plus violent... et moche". Tout un programme.
Setlist :
- Probing the Abyss
- Black Pearl in a Crystalline Shell
- Terra Tenebrosa
- Arc of Descent
- Guiding the Mist/Terraforming
- Through the Eyes of the Maninkari
- The Purging
- House of Flesh
- Apokatastasis
Après avoir salué le seul parisien de la salle de ma connaissance, discuté de la prestation de la tête d'affiche, je repars vers la banlieue parisienne pour digérer le monolithe pris dans les esgourdes, des images cauchemardesques dans le crâne. Mais heureux malgré tout. Définitivement, The Old Wind et Terra Tenebrosa valaient le voyage.
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