Under Four WIngs Of Death
Live report
Under Four WIngs Of Death Ascension + Bölzer + Dysangelium + Vassafor
Le 23 Février 2015 à Paris, France (Divan du Monde)
Garmonbozia a bel et bien décidé de nous gâter en 2015. Après une rentrée en fanfare avec un plateau incroyablement alléchant qui n’a pas manqué de faire se déplacer tout l’underground parisien (Inquisition, Archgoat, Ondskapt, Blackdeath), l’association franco-bretonne remet aujourd’hui le couvert avec une affiche tout aussi convaincante réunissant ainsi DYSANGELIUM, VASSAFOR, BÖLZER et ASCENSION. Une affiche intéressante de par sa diversité et qui, malgré un départ timide, a réussi à réunir pas mal de monde en ce lundi soir.
Les premiers à monter sur les planches du Divan du Monde sont les Allemands de DYSANGELIUM. Si pour ma part je n’ai fait qu’effleurer leur premier album sorti en fin d’année dernière sur World Terror Committee, je sais néanmoins à quoi m’attendre. Dans la mouvance actuelle, le groupe propose en effet un Black Metal orthodoxe fait de nombreux apparats. Entre l’autel central sur lequel sont disposés cinq bougies, une crane de chèvre et un trousseau de clefs (non, pas comme le vôtre, plutôt comme celui de passe-partout avec de longues clefs étranges et rouillées), le grand chandelier sur le côté droit de la scène la patte de poulet au cou du chanteur, les os à sa taille et cette gestuelle ritualiste et religieuse, il y a de quoi attirer le regard. D’un point de vue strictement musical, les choses mettront du temps avant de se mettre en place. La faute à des compositions, certes sympathiques, mais qui avouons-le n’ont rien de vraiment remarquables et, pour une fois, à un son pas forcément exceptionnel qui durant toute la soirée va donner l’impression d’étouffer les compositions, reléguant ainsi au second plan tous les passages mélodiques. Dommage car à l’exception de VASSAFOR qui ne joue pas dans le même registre, les trois autres groupes vont malheureusement en souffrir. Concernant DYSANGELIUM qui ne va jouer qu’une petite demi-heure, la première moitié du show va servir d’échauffement, le groupe ayant du mal à captiver un public relativement frileux et certainement peu familier de l’entité allemande. La seconde moitié se montrera par contre un poil plus convaincante avec des titres plus efficaces qui, me concernant, sauront me séduire davantage. DYSANGELIUM n’a rien inventé mais son Black Orthodoxe possède ce qu’il faut pour convaincre l’amateur chevronné et mettre le public en bouche avant le gros de la soirée: des riffs froids aux mélodies obscures, un chant habité, des passages mid-tempo ambiancés et bien entendu de franches accélérations bien soutenues. Bref, une entrée en matière sympathique qui, si elle ne fera pas date, aura au moins le mérite de ne pas nous faire regretter d’être arrivé à l’heure.
Suivant sur la liste, les néo-zélandais de VASSAFOR dont j’attendais beaucoup ce soir et qui en matière de bijoux ornementaux on très vite relégué le chanteur de DYSANGELIUM au rang de petit joueur. C’est ainsi affublé d’un crâne de chevreau autour du cou (plus petit que celui disposé sur l’autel d’ailleurs toujours en place) que Phil Kusabs (ex-Diocletian) investie les planches du Divan du Monde. Ses compagnons de route ne sont pas en reste avec des os de la taille de ceux d’un petit enfant... Bref, bon esprit pour un Black Metal occulte bien plus intense et écrasant que celui de DYSANGELIUM. Sans finesse aucune, VASSAFOR va s’imposer naturellement comme la première grosse claque de la soirée (et finalement la seule, mais ça nous y reviendrons plus tard) d’autant que la qualité du son toujours un peu discutable ne viendra pas spécialement entacher ni la compréhension ni l’appréciation de ce set épuisant. Il faut dire que le groupe dégage une sacrée impression de force et de toute puissance. Comme beaucoup de ses confrères néo-zélandais (Diocletian, Heresiarch, Witchrist, Temple Nightside...), VASSAFOR ne s’embarrasse évidemment d’aucune fioriture, imposant sa présence par la toute-puissance de ses compositions. Des titres opaques et intransigeants exécutés à toute vitesse, sans introduction et presque sans aucun temps mort, sur fond de blasts et de trémolos sinistres. Comme beaucoup, je prends un sacré pied face à une telle démonstration de force. VASSAFOR n’a ainsi pas besoin d’en faire des caisses pour convaincre tant ses compositions et ce qui s’en dégage suffit à mettre tout le monde (ou presque) d’accord. Car si j’ai bien entendu quelques personnes exprimant leur détachement à l’encontre des néo-zélandais, il ne fait pourtant aucun doute que VASSAFOR a su mettre à genou l’essentiel des gens présents en ce lundi soir. Malheureusement pour ceux voulant faire l’acquisition de quelques disques, le groupe n’est venu qu’avec un album live en vinyle. Pas de quoi me faire craquer personnellement.
Longtemps annoncé comme l’avant dernier groupe de la soirée, BÖLZER avait finalement été repositionné à la dernière minute en tête d’affiche. En effet, ASCENSION et le duo suisse se plaisent depuis le début de leur tournée à échanger leur place à tour de rôle, en fonction des dates et de leur humeur. Un casse-tête pour les organisateurs comme pour une partie du public qui se demande déjà s’il va pouvoir partir plus tôt ou non. Finalement, ce sera bien ASCENSION qui clôturera cette soirée, laissant ainsi la troisième place à BÖLZER que j’attendais de revoir avec impatience suite à leur prestation du Kill-Town Death Fest. Un peu plus long à mettre en place, le duo investira la scène au son de l’outro de "Labyrinthian Graves" avant d’entamer son set par un titre que je ne connais pas. Soit il s’agit d’un morceau de la démo Roman Acupuncture qui devrait d’ailleurs être rééditée en vinyle au mois d’avril soit il s’agit d’un nouveau titre. Quoi qu’il en soit, moi qui espérais rentrer dans le set immédiatement, il me faudra attendre quelques minutes d’autant que comme évoqué précédemment, le son n’est pas vraiment au top avec une guitare qui manque cruellement de nuance dans les parties mélodiques et quelques problèmes de type « guitare coupée » quand il ne faut pas (sur "Entranced By The Wolfshook" notamment) viennent faire leur apparition. Ajoutez à cela un manque total de communication de la part d’Okoi Jones et vous obtenez, pour quiconque les a déjà vus dans de meilleures conditions, une impression en demi-teinte. Car il semblerait quand même qu’une bonne partie du public ait apprécié la prestation de BÖLZER. Tant mieux pour eux même si je ne peux m’empêcher d’être un poil déçu. Ceci étant dit, on ne peut pas parler de catastrophe non plus, ainsi sur les morceaux de Aura et Soma que je connais bien, je me laisse très vite attraper par l’enthousiasme général, dodelinant du chef non sans un certain plaisir. Okoi Jones, malgré ses problèmes techniques de début de set tient quant à lui le public en respect du haut de ses presque deux-mètres et de sa stature de viking néo-zélandais tatoué de la tête aux pieds. Ses lignes de chant sont toujours aussi convaincantes, surtout lorsqu’il commence à hululer comme un fou. Bref, cela m’a fait plaisir de les revoir même si je m’attendais à mieux de la part de BÖLZER. Mais c’est aussi ça le live, des jours avec et des jours sans. Ce lundi était pour le groupe suisse un jour entre les deux.
Un autre groupe que j’attendais de voir enfin sur scène, c’est bien ASCENSION. Après avoir pris l’air dehors quelques minutes, j’arrive dans la salle alors que le groupe est déjà en train de jouer depuis, après vérifications prises, environ deux minutes. Ouf... Première chose, je suis étonné par tous ces éléments sur scène. Entre le backdrop gigantesque aux couleurs d’ASCENSION, ces deux cloisons disposées de chaque côté avec voiles noir et bougies au sommet et ce chanteur dans des habits de lumières assez ridicules (jeans délavés à la sauce Punk 77, t-shirt tentaculaire étrange et moulant un ventre à bière...). Bref, SHOWTIME! Et il ne me faudra pas longtemps pour comprendre que tout ce cirque sur scène sert finalement à cacher une certaine misère musicale. Malgré de sacrés musiciens et notamment un guitariste soliste plutôt affûté, la formation allemande peine réellement à convaincre. La faute au son? Oui, un peu mais pas que. Car si effectivement tous les passages mélodiques et lumineux (et ils sont nombreux) sont une fois de plus étouffés par des guitares en retrait, le manque de pêche et le côté sur-joué de toute cette prestation (notamment d’un point de vue visuel) place très vite ASCENSION dans la case des groupes de Black Metal grand-guignols. Jamais je n’aurai pensé écrire ça au sujet de ce groupe que je tiens pourtant en haute-estime mais j’avoue que pour le coup ça m’a particulièrement déçu. Entre un chanteur qui fait beaucoup trop de manières et des musiciens stoïques et en retrait, la qualité évidente des compositions en prend un sacré coup, empêchant ainsi le public et moi le premier, de prendre le plaisir escompté et ça malgré une setlist intéressante puisque partagée entre ses deux albums et l’excellent EP With Burning Tongues. Pour ma part, j’ai donc bien du mal à rester concentré (comme une partie de l’audience qui aura préféré déserter) et profite même d’un moment de mou (parmi d’autres) pour aller faire quelques emplettes. ASCENSION quittera le Divan du Monde après quarante-cinq minutes et un "Mortui Mundi" sympathique me laissant ainsi sur une impression particulièrement mitigée.
Alors que j’attendais beaucoup de ce concert, j’en reviens finalement quelque peu déçu. Entre une qualité sonore particulièrement en baisse par rapport aux standards du Divan du Monde, un BÖLZER autiste gêné par quelques problèmes techniques et un ASCENSION en mode carnaval de rio, il n’y a pas de quoi se réjouir. Bon, il n’y a plus qu’à attendre la date de Drowned et Ravencult au Glazart (pitié, non...) pour espérer reprendre du poil de la bête. La réponse dans un peu plus de quinze jours.
| AxGxB 24 Février 2015 - 587 lectures |
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