Exhalting Spirits MMXV European Tour

Dans mon précédent live-report, celui au sujet de la date parisienne réunissant Ascension, Bölzer, Vassafor et Blackdeath, j’évoquais le fait que nous étions nous, public, particulièrement gâtés en ce début d’année. Une constatation qui en ce mercredi 11 mars, journée de Champion’s League, s’avérait une fois de plus exacte malgré la défection massive d’une partie du public parisien. Tristes absents préférant très probablement le confort de leur douillet canapé pour regarder l’équipe du PSG affronter celle de Chelsea plutôt que la lointaine salle du Glazart, toujours située au fin fond de la ligne 7, porte de la Villette.

C’est donc devant une assistance particulièrement déplumée, tout au plus cinquante pelés, que les Grecs de RAVENCULT investissent les planches du Glazart. Ma seule et unique crainte était ici tournée envers l’ingénieur du son. J’ai encore en mémoire le souvenir de deux soirées catastrophiques passées au Glazart où chaque groupe a vu sa prestation ruinée par un ingé son qui, je l’apprends en ce mercredi soir, a heureusement plié ses gaules pour aller voir ailleurs comment on fait du bon travail. Qui plus est, la salle à investi dans du nouveau matériel. De quoi me rassurer quant à la qualité des deux prestations à venir.

RAVENCULT n’est certainement pas la formation la plus originale que la scène Black Metal ait portée. Il reste néanmoins un groupe d’excellente facture qui en matière de Black/Thrash old school continue de mettre la pilule à bien des formations plus tape à l’œil. En effet, les Grecs sont toujours restés très discrets et c’est sans artifice que le groupe monte sur scène en temps et en heure. Après toutes ces bougies, ces capes, ces autels et ces crânes d’animaux, voilà qui fait du bien de voir un peu de simplicité. Une simplicité de rigueur dans la musique de RAVENCULT qui, malgré l’absence de public, va livrer une prestation particulièrement intense passant ainsi en revue beaucoup de titres de ses deux albums, les excellents Temples Of Torment et Morbid Blood ainsi que quelques autres titres que je n’ai pas reconnus mais qui sont probablement issus de son split avec Omega ou de la compilation Monomaniac vol. 2/3. RAVENCULT va très rapidement mettre tout le monde d’accord grâce à son Black/Thrash furieux aux trémolos absolument maléfiques. Si le guitariste et le bassiste se contente du minimum syndical, à savoir jouer correctement en se tenant debout, la prestation est ici portée par un chanteur sobrement démonstratif à la voix arrachée et un batteur plutôt impressionnant qui comme Garth Elgar aime taper. Grosse caisse, charley, caisse claire, cymbales... Tout le monde en prend pour son grade et pas avec le dos de la cuillère. RAVENCULT enchaine les titres sans bavardages inutiles si ce n’est parfois le titre des morceaux interprétés. "The Sigil Of Baphomet", "In Times Of Demise", "Onslaught Command", "Blessed In Heresy", "Morbid Blood", "Snakes Crawls", "Sacrilege Of Death", "Winds Of Damnation"... J’aurai aimé un "Utter Cold Void" mais non, le seul titre un peu mid-tempo joué par le groupe sera "The Nightsky Codex" en début de set. Rien de neuf sous le soleil mais une énergie folle et forcément décuplée en comparaison des deux albums déjà très solides. Il y avait peu de monde mais nul doute que chaque personne a pris la pleine mesure de la baffe administrée par RAVENCULT. Ils peuvent revenir quand ils veulent!

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, ce sont les trois Allemands de DROWNED qui investissent les planches du Glazart. Loin des apparats inhérents à la scène Death Metal (cuir, rangers, t-shirt de groupes etc...), DROWNED fait plutôt figure d’ovni d’un point de vue vestimentaire à tel point que l’on pourrait croire qu’il s’agit ici d’un groupe de Post-Rock. Les trois garçons très propres sur eux entament ainsi leur set par "Die Niederen Weihen", premier titre quasi instrumental ouvrant l’excellent Idola Specus, premier album de DROWNED en vingt-deux ans de carrière. Le groupe enchaine naturellement avec "Antiprism" et finit, en l’espace de quelques minutes de convaincre une assemblée toujours aussi peu nombreuse. Tant pis, le groupe assure en toute sobriété, G.ST growlant avec puissance et profondeur derrière ses longs cheveux blonds, Tlmnn fixant ses cordes de guitare, assénant au passage ces riffs lourds et sinistres alors que derrière les fûts T.E. cogne comme un sourd. DROWNED va poursuivre sa prestation en alternant des titres de son premier album et ceux de ses démos, notamment Alive Undead, et Viscera Terræ, offrant ainsi au public parisien un Death Metal sombre, alternant passages mid-tempo écrasants et ambiancés et séquences plus soutenues et intenses. Comme RAVENCULT, les trois garçons de DROWNED ne sont pas parmi les plus loquaces. Les titres s’enchaînent avec très peu de temps mort pendant près de quarante-cinq minutes et pour ne rien gâcher de mon bonheur, le son est plutôt bon, à la fois lourd, puissant et suffisamment net pour percevoir correctement toutes les subtilités mélodiques du Death Metal de DROWNED. Les Allemands tirent leur révérence sous les applaudissements timides mais sincères d’une foule clairsemée vraisemblablement ravie de la soirée passée.

Premier loupé pour Garmonbozia en ce début d’année 2015. Dommage car tout était réuni pour passer une excellente soirée: deux très bons groupes, un ingénieur du son compétent, un nouveau système de sonorisation… Bref, il est bien dommage de constater que le public n’a pas forcément suivi à l’exception de quelques irréductibles toujours présents. Une affiche mêlant les genres, voilà peut-être ce qui a effrayé les Parisiens en ce mercredi soir, jour de pleine semaine. En attendant, RAVENCULT et DROWNED ont livré chacun deux excellentes prestations, sobres, sans chichi mais particulièrement efficaces. Deux groupes qui, a priori, ne reviendront pas de sitôt et que je suis bien content d’avoir pu voir en live.