C'est la tête perdue entre une recherche infructueuse de la fameuse double-feuille bleue et blanche estampillée au nom du « Ministère Des Finances Et Des Comptes Publics » et une interpellation de notre cerveau par deux témoins de Jéhovah placés devant la porte et brandissant des tracts questionnant le chaland sur l’existence du tout puissant que nous préparions notre départ pour Strasbourg, capitale de la saucisse et – pour aujourd'hui seulement – du Hardcore-Black-Sludge-InsérezuntermeMetal. Direction le Molodoï donc, qui nous préparait un beau cocktail (Hoho...) de groupes tous réunis sous la bannière Throatruiner. Une salle bien agencée (ainsi que vide, tout du moins au début) et séparée en deux scènes pour l'occasion (une « Teletubbies Stage » et une « Bisounours Stage », preuve qu'on ne manque pas d'humour en Alsace) qu'il est toujours un plaisir de retrouver, même si la bière est dégueulasse (cependant, à 1€50, ce qui fait relativiser le goût...). Place donc à Daggers, Nesseria, Birds In Row et on ne va pas tous vous les dire, sinon, vous ne lirez pas jusqu'au bout, bande de petits futés...
Daggers :
Comme vous le savez si vous lisez les chroniques des collègues, Daggers est Belge. Ce qui se voit, car le chanteur est le seul qui boit en étant sur scène. Non pas que nous fassions dans le cliché, juste que la Belgique est rock'n'roll. Un peu comme le Hardcore du quartet, parfaitement illustré en live par un son un poil grungy. Choix un peu étrange au final que ce Running Order qui diffère totalement de l'ordre des groupes sur l'affiche du Festival. Daggers jouera donc peu (une demi-heure au bas mot) ce qui sera toutefois suffisant pour leur permettre de jouer des extraits de leur dernier album « It's Not Jazz, It's Blues ». Poisseux tout en étant carré, les quatre membres du groupe donnent leurs tripes, notamment le vocaliste qui déambule devant nous et place quelques blagues entre les chansons. Cependant, dommage que le show n'ait pas été observé par une foule plus compacte, car Daggers aura montré ce-soir là qu'il a tout d'un groupe pouvant assurer sans problème une heure et demi de concert sans perdre l'attention d'un spectateur. Amertume vis-à-vis du public trop peu nombreux mais concert de très bonne facture, voilà ce qu'on retiendra.
Direwolves :
Les Bretons de Direwolves (filmés par Arte pour l'occasion, ce qui vous permettra de voir deux membres de Thrashocore à la Télévision Allemande...) ont donc la charge d'ouvrir les hostilités sur la « grande scène », qui n'est pas si grande mais un peu plus que l'autre. Inauguration en grande pompe donc, par les quatre musiciens et le chanteur-Red-Bull, qui saute partout, chante, monte sur les enceintes, rentre dans le public, donne des ailes et saute dans le vide depuis la stratosphère... Ce sera donc un mix de titres issus de leur album « Aegrisomnia » et du très bon premier EP « My From Myself, To Banish » qui sera de la partie ce soir là, l'accent y étant mis sur les titres les plus émouvants, comme « Holy Treason » ou encore « Relief » et ses paroles pour le moins orgasmiques (si, si, vous irez vérifier...). Bref, c'est un peu la fête (logique, puisque c'est l'anniversaire du label) et le bassiste de Birds in Row s'incruste et chante des bouts de chansons. Tout va donc très bien, madame la marquise et le moins qu'on puisse dire, c'est que Direwolves est communicatif, bien en place et n'hésite pas à jouer sur la corde « émotions » ce qui est toujours un bon point en live. On en aurait bien repris une petite demi-heure de plus.
The Rodeo Idiot Engine :
« Stroboscopes, Celeste sans les loupiotes » me susurre à l'oreille (enfin, en vrai, elle me parle mais c'est moins littéraire...) Matpewka à propos de The Rodeo Idiot Engine et de ce qu'on pourrait en dire ici-même. C'est vrai que la similitude de la mise en scène des deux formations à de quoi marquer. Et nous devons bien vous avouer que nous ne sommes pas des grands fans du travail de l'entité de Bayonne. Cependant leur aptitude locale à trancher du jambon aura été utile pour nous découper ce soir-là. Alors que le groupe nous a toujours laissé un poil de marbre dans sa version studio, il aura été nettement plus convaincant en concert, offrant une violence sincère et directe qui aura su faire mouche. Loin de nous enfumer sur la qualité, ce sera pourtant le cas, puisqu'ils n'hésiteront pas à napper la salle d'un épais voile de brouillard grisâtre qui collait franchement très bien à leur musique complexe, rapide et somme toute franche du collier. Une bonne découverte et une prestation qui aura su nous convaincre de reposer une oreille sur leur album. Un constat au final étonnant pour un show qu'on prévoyait comme le moins attractif de la soirée. Bien joué, messieurs les basques.
Nesseria :
« Fractures » n'était pas franchement l'album du siècle. La dernière livraison de Nesseria était bien loin de nous convaincre et finalement, on en venait à regretter leur – très bon – disque éponyme ou leur split sur lequel figurait l'épique « 1789 ». Cependant, en concert, la donne change et les titres les plus violents ressortent avec une hargne décuplée. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle sortait donc ce soir-là de bonhommes à l'allure de sympathiques joueurs de Rugby. Orléans est donc dans la place ce soir et c'est avec plaisir qu'on retrouvera une set-list « in your face » regroupant les plus grosses bananes du groupe. On notera d'ailleurs le fameux « Les filles de Dieu » amputé de ses samples et d'un bon morceau de musique mais qui avait cependant le mérite d'être là. Nesseria aura été de très bon niveau, comme d'habitude enragé par les préoccupations sociales distillées dans ses textes. Bref, ça cogne dur et c'est bien là ce qu'on espérait en les voyant entrer sur scène. Un concert satisfaisant qui ne fait pas tâche au milieu des autres et qui perpétue l'excellence des prestations précédentes. Pour l'instant, il n'y a vraiment rien à jeter.
Vuyvr :
Seul groupe estampillé Black Metal de la soirée, les Suisses de Vuyvr envahissent la petite scène. On connaissait leur album « Eiskalt », un poil trop timoré et coincé dans le format classique du Hardcore pour être transcendant. Cependant, Vuyvr avait regagné notre attention avec un EP, nommé « Incinerated Gods » au fort accent de cave pourrie et de Norvège forestière. Assez pour susciter notre intérêt lors de cette soirée. Qu'on ne se mente pas, Vuyvr ne sera pas dans le top du jour. Nous n'aurons pas été très enthousiasmés par ce live même si pour le coup, celui qui adhère à 200% à la musique du quartet sera sûrement ravi par ce concert. Tout ça se laisse écouter gentiment et provoque un léger remuement de tête en rythme mais malheureusement pas assez pour sortir avec un sourire béant d'admiration. Quelques riffs se démarquent et arrivent à faire mouche dans la masse de sonorités mais la compositions restent un peu trop répétitives et lassent vite. Heureusement, le concert n'a pas duré trop longtemps, ce qui nous aura évité une lassitude vraiment prenante. Ni mauvais, ni vraiment bon. Pour faire simple : mention assez bien.
Calvaiire :
La clique menée par Matthias Jungbluth (maître de cérémonie du jour) remportera haut-la-main la palme de l'ambiance dans la fosse. Le public bouge, et ce sera le seul moment où il le fera. On dira merci aux allemands aux cheveux verts et aux T-Shirt Deathcore qui auront eu le mérite de distribuer des pains au voisin, ce qui semblait ravir le groupe. Un bordel sans nom donc, dans lequel on reconnaîtra des morceaux de « Forceps » comme « Équarrissage » ou « Curatelle », aptes à remuer les foules, autant par leurs décharges de blasts que par leurs mid-tempos plus posés. On notera aussi quelques extraits de « Rigorisme », EP toujours présent dans le cœur des amateurs, surtout depuis qu'il a été compilé avec « Forceps ». Bref, le bassiste lance sa basse et la rattrape, le vocaliste est torse-nu en short dans le public et tout ça se conjugue dans une jolie harmonie qui fait plaisir à voir. La catharsis générale par la violence musicale donc, ce qui ferait sans doute plaisir à ce bon vieux Aristote. Le tout sera encore une fois servi par un son au poil (rien à dire de ce côté là pour le moment) et par des musiciens qui vivent littéralement leur performance, ce qui est toujours remarquable. Et apprécié.
Plebeian Grandstand :
« How Hate Is Hard To Define » était cool. « Lowgazers » n'était pas cool. Sauf que « Lowgazers » était à l'affiche ce soir-là. Dommage pour nous, qui préférons largement les errances Celesto-Convergiennes du premier album, aux ersatz de Deathspell Omega du second. On entame donc avec « Thvrst » et ses guitares qui rappellent « Paracletus », ou « Kênose » ou « Fas, Ite Maledictum... ». Enfin, qui rappellent beaucoup Deathspell Omega et croyez-nous, c'est loin d'être fini. Bien sûr, Plebeian joue carré, net, propre, précis et avec une conviction qui fait plaisir à voir. Mais bon, nous, on accroche pas. C'est comme ça, que voulez-vous... Au bout de quelques morceaux, nous nous retirons donc poliment et laissons les vrais amateurs du groupe profiter du concert.
Birds In Row :
« Je suis contente. Mais je suis frustrée » aura donc dit Matpewka, sur fond de Spice Girls (reprise au chant par Birds In Row) diffusées dans la salle juste après la fin du concert. Content pour quoi ? Les morceaux de « You, Me & The Violence » auront été au rendez-vous et ce qui est sûr et certain, c'est qu'ils fonctionnent en live. « Pilori », « Walter Freeman », « Cages » et bien évidemment la chanson titre auront été émouvantes. Enfin, surtout la chanson titre en vérité reprise en cœur par une foule acquise à ce qui devrait logiquement devenir dans quelques temps un hymne de la génération Throatruiner. Cependant, on regrettera une proéminence des titres de « Cottbus », comme « A Kid Called Dreamer » (qui n'est pas trop mal mais bon...) ou « Chat Noir » ainsi qu'un chant un poil trop sous-mixé, ce qui la fout assez mal pour un style où la voix a son importance. Bref, le groupe aura expédié un peu son set façon : « Coucou, c'est nous. […] Coucou, c'était nous ! Allez, à la prochaine ! ». Alors bien sûr, ça joue avec passion et sincérité – comme tous les autres groupes du jour, ceci dit... - et le monsieur nous fait des beaux discours pour qu'on s'aime tous les uns et les autres mais nous pensons que les fans Hardcore auront été un peu déçus par un concert si court et faisant l'impasse sur « Gray Hair », « Guillotine » ou encore « Police And Thieves ». Why ? Warum ? Telle est la question qui restera insolvable. Peut-être obtiendrons-nous un élément de réponse au New Noise Festival 10, où nous reverrons Birds In Row, pour la deuxième fois en deux mois.
« Comme un gâteau » donc, selon Matpewka, avec des couches de fraises Calvaiire, de chocolat Birds In Row, de levure Nesseria, de génoise Direwolves... Un mélange de n'importe quoi sur le papier mais qui finit tout de même par laisser un très bon goût dans la bouche. On pourra le dire haut et fort, Throatruiner aura bien fêté son anniversaire. D'ailleurs, il nous paraît assez évident que cette initiative de festival restera dans les mémoires comme un temps fort des concerts de cette année. C'est franchement rare de faire un festival où nous nous ne sommes pas ennuyés, lassés ou autres. Car même si nous avons été relativement sévères avec certaines performances (Vuyvr ou Plebeian Grandstand, par exemple), elles n'ont pour autant pas fait tâche et ont eu le mérite de plaire aux fans du genre et d'attirer quelques curieux. Un live moyen d'un groupe Throatruiner est un bon live au milieu de la masse, pour faire simple.
Merci donc au label pour cette initiative, aux associations pour cette soirée, à ceux qui ont fait des gâteaux pour le Népal (il est décidément question de gâteaux...), à ceux qui ont fait des stands végétariens et à ceux qui ont pris des photos. Enfin bref, le Hardcore, aussi noir soit-il, ce n'est finalement que de l'Amour... .
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