Nidrosian Black Mass V - 1er Jour
Live report
Nidrosian Black Mass V - 1er Jour Cult of Fire + Drowned + Misþyrming + One Tail, One Head + Svartidauði + Phurpa
Le 02 Décembre 2015 à Bruxelles, Belgique (Atelier 210)
Dévoilée en début d’année, cette toute dernière édition du Nidrosian Black Mass Festival aura été le sujet de discussions particulièrement enflammées, notamment sur Internet devenu depuis déjà belle lurette le foyer de tous les rageux, haters et autres dictateurs du bon goût et de l’authenticité, la vraie. L’origine de ces affrontements menés à tour de rôle, la main dans le caleçon, derrière un écran? La dure loi de l’offre et la demande, un système d’attribution des places basé sur la qualité de votre FAI (Fournisseur d’Accès à Internet) et la capacité de chacun à rédiger un e-mail en moins de quelques secondes. Autant de facteurs décisifs qui auront conduit bien des pleurnicheuses à pleurnicher, des rageux à rager, des haters à détester…
Il faut dire que les deux organisateurs ont tout de suite su rendre cette ultime édition extrêmement désirable et cela grâce à une affiche particulièrement pointue réunissant des groupes relativement rares (ARCHGOAT, BLASPHEMY, CLANDESTINE BLAZE...) et d’autres largement plébiscités ces derniers mois (BÖLZER, CULT OF FIRE, MGLA, MISÞYRMING, SINMARA, URFAUST...). A cela vient s’ajouter le ton hautain des organisateurs lors de leurs communications officielles et, comme évoqué un peu plus haut, un système d’attribution des places qui aura mis à mal les nerfs de bien des amateurs de Black Metal d’habitude si peu enclin à ressentir quoi que ce soit. Bref, un déchainement de passions comme on en a rarement vu dans notre petit microcosme et dont on se souviendra encore dans quelques années.
Quoi qu’il en soit, c’est donc Gmail et ma Dartybox que je dois remercier pour avoir su faire transiter dans les temps (soit en tout juste quelques secondes) mon mail auprès de l’équipe organisatrice. Mail qui n’a trouvé réponse qu’une dizaine de jours plus tard (la boîte aux lettres réceptrice ayant crashé suite à l’avalanche de mails reçus en un lapse de temps aussi court) pour me confirmer que je faisais partie des quelques heureux élus qui pourront se rendre à Bruxelles quelques mois plus tard. Il n’y avait donc plus qu’à attendre patiemment presque neuf mois pour profiter de ces quatre jours dans la capitale belge. Festival dont on se demandait d’ailleurs s’il allait pouvoir être maintenu suite à la déclaration de l’état d’urgence de niveau 4 à Bruxelles un peu plus d’une semaine avant la date fatidique. Heureusement, les choses se sont apaisées et nous avons pu prendre, comme convenu, la direction de la Belgique l’esprit (relativement) léger et tranquille.
Après avoir pris possession de notre appartement à deux pas de Molenbeek (décidément...) et retiré quelques sous nécessaires à notre survie alimentaire et matérielle, nous prenons la direction de l’Atelier 210 (initialement programmée au Magasin 4) pour la première soirée du Nidrosian Black Mass Festival. Cette salle de secours est située en plein cœur de Bruxelles, dans une rue résidentielle. Il s’agit en fait d’un théâtre duquel ont été retirées les rangées de sièges. La salle est grande et plongeante avec une hauteur sous plafond particulièrement conséquente. C’est donc une première bonne surprise, ne connaissant pour ma part absolument pas cet endroit.
PHURPA
Arrivé sur les lieux un peu avant 18h00, nous loupons sans trop de regrets la prestation du collectif russe PHURPA. Ce n’est pas que je sois complètement hermétique à la musique traditionnelle bouddhiste mais à moins de participer à une célébration religieuse ou de s’être enquillé un énorme spliff, difficile de s’extasier durant près de trois heures au son de ces énormes trompettes et de ces "Huuuuuuuuuuum" gutturaux tout ce qu’il y a de plus monotones.
CULT OF FIRE
Nous arrivons ainsi dans la salle un peu avant la montée sur scène des Tchèques de CULT OF FIRE. Alors que les membres de PHURPA semblent faire des allers et retours avec sous le bras des bouts de leurs instruments, quelques bénévoles s’activent à préparer la scène en disposant à son extrémité et sur les bords droits et gauche quantité d’os et de bougies. Le décor général est donc planté, place maintenant à celui de CULT OF FIRE constitué de deux autels situés à gauche et à droite du micro central, lui-même orné de deux grandes faux. Sur ces deux autels sont disposés des représentations de divinités hindoues menaçantes, des bougies, des crânes, des chandeliers et des bols contenant plusieurs bâtonnets d’encens. Autant vous dire qu’il en aura fallu du monde pour allumer tout ce bazar... C’est donc avec une bonne quinzaine de minutes de retard sur l’horaire annoncé que CULT OF FIRE monte enfin sur scène. Pas de surprise puisque visuellement le groupe arbore une fois encore les mêmes tenues qu'à Paris, soit ces fameuses toges noires, maculées de sang et recouvertes de signes occultes, aux capuchons disproportionnés. Ce qui va par contre changer c’est évidemment la qualité du son. Dès le début de "मृत्यु का वीभत्स नृत्य", il m’apparait comme une évidence que ce show sera celui de la réconciliation tant tout est cette fois-ci beaucoup plus propre et limpide. Un vrai régal que même les bols de bâtonnets d’encens en feu ne viendront pas gâcher (obligeant au passage un bénévole sur scène à mettre de l’eau dessus avant que tout ne s’enflamme). Si le jeu de scène se limite aux gestes ritualistes et religieux de Devilish, le public reste cependant complètement captivé. Il faut dire que la setlist ne laisse aucune place à l’ennui faisant ainsi s’enchaîner en plus de "मृत्यु का वीभत्स नृत्य" des titres tels que "मृत्यु ही सत्य है", "अस्तित्व की चिता पर", "खण्ड मण्ड योग", l’instrumental "काली मां" ou encore "Závěť Světu" et "Satan Mentor" tirés tous les deux de l’album Triumvirát. Bref, nous voilà à peine arrivé que je prends déjà mon pied à l’écoute de ces titres agressifs aux mélodies somptueuses et empruntes d’une certaine nostalgie. CULT OF FIRE tirera sa révérence sous les applaudissements d’une assistance totalement conquise, faisant ainsi voler en éclats mes souvenirs désagréables de leur passage parisien en mars dernier.
MISÞYRMING
Après vingt minutes passées dehors à discuter essentiellement de cette mise en bouche succulente, je reprends le chemin de la salle située au premier étage de l’Atelier 210. Pour succéder à CULT OF FIRE, les organisateurs du Nidrosian Black Mass Festival ont fait appel à un tout jeune groupe islandais ayant réussi à susciter un sacré buzz dès la sortie de son premier album. Il s’agit de MISÞYRMING dont l’excellent Söngvar Elds Og Óreiðu sorti en début d’année a tout de suite su me convaincre. Autant dire que j’attendais avec impatience de pouvoir assister à leur prestation. Contrairement à la sophistication dont fait preuve CULT OF FIRE pour ses tenues de scène, MISÞYRMING préfère la jouer clodo débraillé avec jeans et t-shirts troués et un maquillage dégueulasse pouvant rappeler un certain Repugnant. Derrière ces artifices se cache un groupe particulièrement jeune caractérisé par une certaine fougue, notamment en ce qui concerne leur chanteur vraisemblablement monté sur pile électrique. Ce dernier va ainsi très vite rentrer dans son rôle de frontman et porter le set à lui tout seul (du moins en apparence). Un set évidemment tourné sur son unique sortie à ce jour, l'album Söngvar Elds Og Óreiðu. Les Islandais vont ainsi enchaîner presque l'intégralité de ce premier album avec notamment les excellents "Söngur Heiftar", ses leads à me filer la chair de poule et son break mélodique saisissant, "...Af Þjáningu Og Þrá" et son atmosphère d’une noirceur abyssale, "Friðþæging Blýþungra Hjartna" ses assauts incessants et ces quelques leads en filigrane, "Ég Byggði Dyr I Eyðimörkinni" et ses sept minutes volcaniques et envoutantes... En à peu près quarante minutes, MISÞYRMING va très vite confirmer son statut de newcomer et ainsi offrir au public du Nidrosian un show particulièrement bien ficelé grâce à des compositions extrêmement solides et personnelles, une énergie qui change du stoïcisme de certains groupes et des leads toujours impeccables malgré un son manquant un peu de précision (les lieux en sont d’ailleurs peut-être à l’origine). So far, so good...
DROWNED
Changement de registre avec l’arrivée sur scène des Allemands de DROWNED que je voyais pour la troisième fois cette année. Une visibilité accrue due en partie à la sortie l’année dernière de leur premier album (le fort recommandable Idola Specus) et à des prestations scéniques toujours couronnées de succès. Pour le coup, et même si une partie du public semble avoir déserté, le trio va livrer l’un des sets les plus marquants grâce à un son incroyablement puissant et massif. Idéal pour ce genre de Death Metal mid-tempo en forme de parpaing. Loin du cliché du metalleux de base, le trio ferait presque tâche parmi toutes ces vestes à patches si le chanteur n’avait pas ses longs cheveux longs blonds trahissant de fait une certaine appartenance aux gens présents ce soir. Car ce qui caractérise DROWNED visuellement c’est une certaine idée de la sobriété passant par des chemises noires impeccables, des pantalons noirs impeccables, des chaussures noires impeccables... Une rigueur 100% Deutsche Qualität qui va très vite s’imposer à ceux ayant eu le bon goût d’assister à ce show. Pourtant, je ne devrais pas être surpris, la setlist étant (presque) la même à chaque fois. Pourtant, j’ai une fois de plus pris une baffe monumentale à l’écoute de ce Death Metal protéiforme, capable de passages d’une lourdeur insoutenable et à l’inverse de séquences particulièrement intenses. Un Death Metal d’une classe incroyable ne laissant aucune place à l’approximation. Sans surprise, DROWNED va ainsi enchaîner quelques titres de son premier album avec notamment "Antiprism", "Cast Into Negative Form", "Black Projection", "Gnomon", "Letzter Teilbarer Strahl", "Vacuous Sanctum" auxquels vont venir se greffer deux très bonnes surprises. Tout d’abord, le groupe va jouer le titre Viscera Terræ issu de la démo du même nom sortie en 2006. Un morceau qu’il n’a pas l’habitude de jouer sur scène et qui fera la plaisir des amateurs de la formation allemande. La seconde surprise, est le titre sur lequel DROWNED va clôturer son set. Il s’agit en effet de "Ripped From The Cross" de Grotesque, issu de leur première démo sortie en 1988. Une reprise à laquelle le groupe va apporter un peu de lourdeur mais qui conserve néanmoins cette intensité et cette énergie propre à la version originale et permet de clôturer cette prestation sur une note un peu plus folle. Jamais deux sans trois, DROWNED confirme ainsi qu’il est un excellent groupe de scène malgré un jeu de scène inexistant. Une rigueur qui leur va bien et qui est surtout bien vite balayée par la qualité de leurs compositions et ce qui s’en dégage.
SVARTIDAUDI
Retour en Islande avec les encagoulés de SVARTIDAUDI. J’attendais beaucoup de cette deuxième rencontre sur les planches car la première, si elle avait su se montrer convaincante, avait été néanmoins sujette à quelques critiques. La première concernait la qualité du son. La seconde, mon manque de connaissance autour de ce groupe à la personnalité bien trempée. Ayant depuis pas mal écouté Flesh Cathedral (entre autre) et étant donné la qualité du son jusque-là, j’étais particulièrement confiant quant au résultat. Et pourtant, ne dit-on pas qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué? Et en effet, quelle cruelle déception que ce show de SVARTIDAUDI. La faute à un phénomène étrange se traduisant par une baisse systématique du niveau des guitares à chaque fois que Sturla Viðar ouvrait la bouche pour chanter. J’ai pourtant insisté, ne voulant pas baisser les bras trop vite et laisser place trop facilement à la fatigue grandissante. Passés les deux titres du EP The Synthesis Of Whore And Beast, SVARTIDAUDI revient en arrière le temps de jouer l’un de mes morceaux préféré de Flesh Cathedral, l’excellent "Sterile Seeds". Malheureusement rien n’y fait et le constat reste inchangé. Je ne comprends rien des guitares lorsqu’il y a du chant, je n’arrive pas à rentrer dans le set et finis inéluctablement par lâcher prise et rebrousser chemin après une vingtaine de minutes à y croire... Quelle déception. La première de ces quatre jours mais pas la seule.
ONE TAIL, ONE HEAD
Arrivé à l’extérieur de l’Atelier 210 plus tôt que prévu, je préfèrerai m’en tenir aux discussions avec les copains plutôt que d’aller voir la prestation des Norvégiens de ONE TAIL, ONE HEAD que j’avais par ailleurs déjà vu à Paris en mars 2014 (en compagnie justement de SVARTIDAUDI). J’irai cependant y jeter une oreille curieuse quelques minutes avant de constater que le groupe semble être frappé du même mal que celui de ses camarades islandais. J’en resterai donc là pour ce soir et c’est très bien comme ça.
Ainsi s’achève, sur une note légèrement amère, cette première soirée du Nidrosian Black Mass Festival, cinquième du nom. Amer car j’aurai vraiment aimé pouvoir assister à la prestation de SVARTIDAUDI sans avoir à subir ces problèmes de son persistant. Malgré tout, cette première soirée aura surtout été marquée par trois excellentes prestations, celles de CULT OF FIRE, MISÞYRMING et DROWNED. Des prestations que j’attendais de pied ferme. La première car une séance de rattrapage était plus que nécessaire après l’échec du Wolf Throne, la seconde parce que Söngvar Elds Og Óreiðu est probablement l’un des meilleurs albums de Black Metal de l’année et MISÞYRMING une excellente découverte et enfin la troisième parce que DROWNED ne déçoit jamais et que chacune de leur prestation est l’assurance de passer un excellent moment. Demain, direction le Magasin 4 pour trois soirées consécutives laissant elles-aussi entrevoir pleins de bons moments à venir.
| AxGxB 13 Décembre 2015 - 678 lectures |
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