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Nidrosian Black Mass V - 4ème Jour

Live report

Nidrosian Black Mass V - 4ème Jour Aosoth + Lvcifyre + Sinmara + The Ruins Of Beverast + Dark Sonority + Perturbator
Le 05 Décembre 2015 à Bruxelles, Belgique (Magasin 4)
Mine de rien, nous voilà déjà arrivé au terme de ces quatre jours de festivités en terres bruxelloises. C’est fou comme le temps passe vite quand on vit de bons moments. Ceci étant, j’aborde cette dernière soirée avec un cumul de fatigue plutôt conséquent et c’est donc sans difficultés particulières que je m’imagine déjà retrouver mon lit douillet et mon petit confort. Bah ouais, quatre jours ça commence à faire long malgré des soirées relativement peu chargées (en moyenne six groupes par soir). Mais avant de retrouver mon lit, il reste encore quelques groupes à (re)découvrir sur scène.


SINMARA

L’Islande est décidément à l’honneur pour cette dernière édition du Nidrosian Black Mass Festival. Après MISÞYRMING et SVARTIDAUDI à l’Atelier 210, c’est désormais au tour de SINMARA de venir fouler les planches du Magasin 4. Le groupe qui a sorti en août 2014 un premier album particulièrement bien ficelé, le très bon Aphotic Womb, était évidemment très attendu par le public et par moi-même. Nous arrivons donc un peu en avance pour être certain de ne rien manquer de la prestation des jeunes islandais. SINMARA arrive sur scène avec quelques minutes de retard, les musiciens jouent la carte de la sobriété puisqu’en dehors de quelques barbouillis sur le visage, rien d’autre ne viendra souligner cette première rencontre. Le groupe entame très rapidement son set avec le titre "Teratoid Crossbreed". Je retrouve avec plaisir l’atmosphère glaciale de leur premier album. Une atmosphère développée à travers la relative complexité des riffs de Þórir Garðarsson (également guitariste de SVARTIDAUDI) et Garðar S. Jónsson et l’ambivalence permanente (séquences rapides et passages plus atmosphériques) sur laquelle repose chaque composition de SINMARA. En quarante-cinq minutes, les Islandais vont ainsi faire le tour de leur premier album, passant quasiment tous les titres d’Aphotic Womb en revue ("Verminous", "Shattered Pillars", "Stygian Voyage", "Mountains Of Quivering Bones" en guise de final) à l’exception néanmoins de cette longue introduction qu’est "Katabasis". Si malheureusement le son manque une fois encore de précision sur les guitares et laisse apparaître une batterie un poil trop en avant, cela ne m’empêche pas de me délecter de ce Black Metal dynamique où s’enchainent les blasts et les riffs en trémolo glacés et incisifs. A noter que Garðar S. Jónsson fera usage à deux reprises d’un archet avec sa guitare afin d’introduire deux compositions. Très honnêtement, je ne suis pas certain que cela apporte grand-chose même si visuellement cela donne quelque chose d’un petit peu nouveau à regarder. Bref, une entrée en matière des plus agréables.


AOSOTH

SINMARA laisse la place aux Français d’AOSOTH que je choisirai d’ignorer non pas parce que je n’aime pas ce qu’ils font, bien au contraire, mais simplement parce que je les ai déjà vu auparavant et qu’à ce stade de la soirée, j’ai déjà mal aux jambes, aux reins et d’autres endroits que je ne soupçonnais même pas. J’irai suivre leur prestation de loin, depuis les canapés de l’entrée. Une chose est sûre, les parisiens se sont montrés conquérants grâce à une prestation intense et presque sans aucun temps mort. Nul doute que le groupe a ravi le public et probablement quelques nouveaux adeptes à sa cause. Je me rattraperai en mars prochain avec leur date parisienne en compagnie de MGLA.


LVCIFYRE

Ce sont les Anglais de LVCIFYRE qui succéderont à AOSOTH. Comme d’habitude, je trouve le groupe toujours aussi long à se mettre en place, retardant ainsi leur horaire initial de passage d’une bonne dizaine de minutes, le temps d’aller enfiler quelque chose de plus saillant pour la scène. Bref, après quelques minutes à patienter, LVCIFYRE fait son entrée officielle sur les planches accompagné, comme à Paris en mars dernier, par Mark Of The Devil du groupe polonais Cultes Des Ghoules. Aurons-nous plus de chance que durant leur prestation du Wolf Throne? Oui, sans problème. Le groupe anglais entame donc son set par l’inquiétant "Night Sea Sorcery" sur lequel vient se poser la voix maladive et totalement possédée de Mark Of The Devil. Argh, j’en ai encore la chair de poule. Malheureusement, lorsque LVCIFYRE laisse parler la poudre, il faut bien reconnaître que tout cela devient bien compliqué à comprendre et à distinguer. La faute à des guitares dont on peine à discerner la teneur de chaque riff. C’est d’autant plus dommageable que les Anglais font encore une fois état d’une puissance de feu incroyable, détruisant absolument tout sur leur passage dans une atmosphère sombre (le groupe a fait éteindre toutes les bougies) et rougeoyante symbolisant l’enfer et ses flammes virevoltantes et purificatrices. De fait, on ne distingue même pas le visage des membres du groupe, les faisant ainsi passer pour des monstres menaçants surplombant la foule du Nidrosian. Toutefois, malgré ces quelques difficultés de perception auditives, on reconnaîtra quelques titres tels que "Svn Eater", "Liber Lilith", "Calicem Obscvrvm", "In Fornication Waters", "Fyre Made Flesh"... Ces titres s’enchaînent dans un chaos indescriptible laissant à genoux le pauvre public du Magasin 4 soufflé par tant de puissance et de charisme. Mais il est dommage que le groupe soit encore pénalisé par un son beaucoup trop brouillon pour permettre aux spectateurs de profiter pleinement de ces riffs diaboliques et blasphématoires. Malgré une prestation identique à celle du Wolf Throne Festival en mars dernier, nous aurons le droit à une petite surprise des plus surprenantes et bienvenues. Alors que LVCIFYRE vient de conclure son set, Mark Of The Devil fait une nouvelle apparition. Ce dernier prend le micro pour nous annoncer laisser place à Death Like Mass. Mais de quoi s’agit-il exactement? Et bien pour avoir vu trainer le CD au merch de LVCIFYRE un peu avant, il s’agit en fait du nouveau projet du chanteur polonais. Les Anglais accompagnés de Mark Of The Devil au chant vont donc nous interpréter un morceau tiré du EP Kręte Drogi sorti le mois dernier sur le label Under The Sign Of Garazel. Une chouette découverte dans le genre Black Metal direct et sans compromis pour laquelle je suis allé dépenser quelques euros après cet extrait plus que concluant ("Szafot"). Quoi qu’il en soit, voilà un « happening » inattendu dont on se souviendra probablement tous.


THE RUINS OF BEVERAST

Après une pause bière / verre d’eau bien méritée, nous retournons devant la scène. Alexander von Meilenwald et ses compagnons de live (dont notamment G.ST de DROWNED et Arioch de Secrets Of The Moon) prennent alors place sur scène pour une prestation à laquelle j’étais curieux d’assister. En effet, je connais très mal THE RUINS OF BEVERAST dont je n’ai écouté que Rain Upon The Impure à sa sortie en 2006. Pour je ne sais quelle raison, cet album est passé aux oubliettes et jamais avant ce concert du Nidrosian, je ne m’étais repenché sur la question de ce one-man band allemand. Grosse erreur car malgré l’orientation Doom empruntée depuis 2009 et l’album « Foulest Semen Of A Sheltered Elite », j’ai pris encore une sacrée branlée pendant près de cinquante minutes. L’extrême lourdeur des compositions principalement tirées de Blood Vaults - The Blazing Gospel Of Heinrich Kramer et son prédécesseur ainsi que l’atmosphère occulte et oppressante (renforcée par ces claviers) qui s’en dégage ont eu sur moi un sacré effet. Tout comme ces quelques accélérations salvatrices venant apporter un soupçon d’air frais à ce Doom / Black vicié, nauséabond et processionnaire. Car si le groupe n’en fait pas des caisses, les compositions d’Alexander von Meilenwald prennent en live une dimension encore plus impressionnante. Je me laisse ainsi attraper dès les premiers riffs entêtant de l’excellent "Daemon" qui n’en finiront pas de me tourmenter. Le reste sera exactement du même acabit et je préférerais fermer les yeux pour me laisser entraîner avec le reste des spectateurs présents ce soir dans les profondeurs de la Terre. Et plus le show avance, plus je me dis qu’il ne reste finalement que ces quelques accélérations pour rappeler les origines Black Metal de la formation allemande tant tout le reste s’apparente finalement à un Death / Doom noir et poisseux. Dysthymie fait dans sa chronique peu élogieuse de Blood Vaults - The Blazing Gospel Of Heinrich Kramer un rapprochement avec Evoken et effectivement, on n’en est jamais très loin. Quoi qu’il en soit, j’ai une nouvelle mission en rentrant : me coltiner toute la discographie de THE RUINS OF BEVERAST suite à cette punition dans les règles de l’art.


DARK SONORITY

Retour dehors où je constate que ça caille dur à Bruxelles. Le froid aura d’ailleurs raison de moi assez rapidement puisque je préfère m’en retourner, même seul, à l’intérieur de la salle en attendant la venue des Norvégiens de DARK SONORITY. Affaire de famille oblige, on retrouve au sein du groupe originaire de Trondheim quelques personnes déjà croisées auparavant durant le festival, notamment Luctus (ONE TAIL, ONE HEAD, MARE...) et HBM Azazil (aka Kvitrim) (MARE...). Le groupe est complété par H. Tvedt (ex-Celestial Bloodshed) à la guitare et un batteur live dont j’ignore l’identité. Fort d’un EP quatre titres intitulé Kaosrekviem, DARK SONORITY ira piocher dans les morceaux de Kaosritual, groupe sur lequel il est lui-même fondé et à qui l’on doit une démo et un album. Davantage de matière pour un groupe qui malgré ce changement de nom est resté le même depuis ses débuts en 2003 (changement de nom qui fait suite au décès de Steingrim Torson en 2009). Tout comme MARE, DARK SONORITY optera pour un show aux allures de messe noire. Les goules ont laissé leur place à des musiciens dissimulés sous de longues toges noires alors que HBM arbore une fois de plus un vêtement religieux (pourpre) indiquant clairement qu’il est à nouveau le maître de cérémonie. D’autant que pour l’occasion, il a avec lui un livre de messe sur lequel sont inscrites quelques incantations/prières qu’il récitera entre chaque morceau. Pour ce qui est de la musique, DARK SONORITY livre un Black Metal évidemment ancré dans l’air du temps et qui plus est fortement marqué par l’influence de la scène dont il est originaire, celle de Trondheim ou de Nidaros (Nidrosian). Un Black Metal lumineux et touché par la foi. Une foi qui se traduit par un riffing mélangeant séquences rugueuses et intenses et passages beaucoup plus lumineux et mélodiques alors qu’au chant, HBM opte une fois encore pour une voix religieuse et légèrement théâtrale. Cette voix s’accompagne naturellement d’une gestuelle tout à fait à propos à base de bras levés vers le ciel, de signes de prière, de gestes de recueillement... Une mise en scène devenue quelque peu commune mais qui, peu importe ce que peut en penser K.K. Warslut, fait toujours son petit effet sur scène pour peu que le public respecte cela. Au final, même si j’ai préféré le set de MARE que j’ai trouvé plus incisif et immersif, celui de DARK SONORITY fût à son tour une belle réussite, invitant le public du Nidrosian à se recueillir four célébrer la mort annoncée de ce festival né, rappelons-le, en Norvège.


PERTURBATOR

Mais ce n’est pas tout à fait terminé et même si une partie du public tire sa révérence, il reste encore la prestation d’un petit français prénommé James Kent. C’est sous le patronyme de PERTURBATOR qu’il exerce, écumant tous les clubs d’Europe avec ses sonorités électroniques inspirées des films d’action et d’horreur des années 80 (John Carpenter…). Pour le set, une table est ainsi placée au milieu de la scène sur laquelle sont déposés plusieurs bougies et chandeliers afin de rester dans l’ambiance ritualiste qui nous a suivi quatre jours durant. Au centre de cette table, un Macbook Pro et certainement d’autres outils de DJaying que je ne connais ou ne vois pas d’où je suis, à droite de la salle contre le mur. Il lui faudra quelques minutes pour se mettre en place avant de lancer son introduction au son de "War Against Machines". On sent la fièvre et la tension monter alors que je commence à voir pointer dans les airs des tubes phosphorescents habituellement réservés à la Gay Pride et autre bal des pompiers du 14 juillet... Et le plus drôle reste à venir. Ainsi, lorsque PERTURBATOR lance le très sombre « Future Club » et ses grosses basses vrombissantes, voilà que le public du Nidrosian se met à danser frénétiquement. Voir ainsi des gars et des nanas vêtus de vestes à patchs Revenge, Conqueror et autre Black Witchery se mettre à sauter dans tous les sens restera un des plus grands moments du Nidrosian. Pour le reste, j’aime suffisamment ce que fait PERTURBATOR sur CD pour me laisser entrainer par cette musique électro à la fois rétro et futuriste. Derrière James Kent sont diffusés des passages de films des années 80 et 90 (à l’image du film Cobra avec Sylvester Stallone) afin de définitivement planter le décor et donner autre chose à voir qu’un petit mec avec un teddy et un sweat capuche vissé sur la tête. Ceci étant, même si je tape du pied et prend plaisir à l’écoute de quelques-uns de ses tubes ("Satanic Rites", "She Is Young, She Is Beautiful, She Is Next", "Sexualizer", "Technoir"...), je sens mon intérêt diminuer au fil des minutes qui déroulent. Je tire donc ma révérence après une quarantaine de minutes amplement suffisantes et m’en retourne dans mes pénates retrouver quelques uns de mes camarades ayant pliés bagages dès le début du set.


Ce set électrisant et catchy de PERTURBATOR vient ainsi conclure quatre jours de festival particulièrement intense et durant lequel j’ai fait de belles (re)découvertes (URFAUST, THE RUINS OF BEVERAST, NEGATIVE PLANE). Et si l’atmosphère n’est pas aussi à la cool qu’un Kill Town Deathfest, la qualité de l’affiche fait tout de même bien vite oublier cette ambiance souvent plus froide et élitiste liée à la scène Black Metal. Quoiqu’il en soit, hormis quelques déceptions à commencer par la prestation horriblement mauvaise de BLASPHEMY suivi, très loin derrière, par celles de SVARTIDAUDI ou encore de LVCIFYRE gangrénées toutes les deux par un son de guitare lointain et diffus, le reste à été d’un niveau plus que réjouissant avec des prestations souvent parfaites que je garderai en mémoire un paquet d’années (MARE, URFAUST, CULT OF FIRE, MISÞYRMING, CLANDESTINE BLAZE, MGLA, NEGATIVE PLANE et j’en passe…). Mais comme toujours, toutes les bonnes choses ont une fin. Nous quitterons Bruxelles le lendemain matin encore fatigués mais tous ravis de cette ultime édition du Nidrosian Black Mass Festival. Une chose est sûre, cela valait bien les 120€ de la place et tout le drama Internet autour de cet événement qui n’a certainement pas volé sa réputation. Dommage que cela doivent s’arrêter sur cette cinquième édition. On aurait aimé y revenir avec grand plaisir.

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