Crown + Deafheaven + Myrkur + Tesa
Live report
Crown + Deafheaven + Myrkur + Tesa Le 01 Avril 2016 à Karlsruhe, Allemagne (Jubez)
Après avoir embarqué pour une longue tournée sur le continent européen, Deafheaven et Myrkur font une dernière étape en Allemagne, à Karlsruhe. Une occasion parfaite de voir ce groupe qui s'est imposé, à mes yeux, parmi les meilleures formations récentes de (post-)black metal. Le projet de la chanteuse danoise Amalie Bruun, alias Myrkur, s'est joint à eux pour assurer la première partie. On se pointe donc au Jubez pour assister au concert, qui aura lieu dans deux salles différentes : les invités Tesa et C R O W N joueront sur une petite scène, dans un espace plutôt exigu, pendant que les derniers groupes, eux, auront droit à une grande et belle scène. Une organisation que mes collègues et moi-même auront bien du mal à comprendre, par ailleurs.
Pour cette dernière date de la tournée, Deafheaven est accompagné de trois premières parties et ce sont les Lettons de Tesa qui sont chargés d'ouvrir le bal. Un trio parfaitement inconnu pour votre serviteur et très certainement pour une bonne partie du public, dont je n'attendais strictement rien. Et qui m'a foutu sur les fesses dès le premier titre. Œuvrant dans un registre totalement différent des autres formations de la soirée, les quarante minutes de post-metal des Baltes passeront comme une lettre à la poste grâce à des compositions incroyablement prenantes et passionnantes, pour lesquels mon intérêt n'est pas retombé un seul instant. Chaque riff était à sa bonne place, chaque montée en puissance très justement dosée et les ambiances sombres fabriquées par les trois musiciens nous transportaient littéralement. Les quelques ressemblances avec Year of No Light ont sans doute contribué à mon appréciation positive quant aux titres des Lettons. On retrouve aujourd'hui de nombreux groupes talentueux parmi cette scène post-metal mais le concert qui nous a été donné par Tesa est un énorme cran au-dessus d'une bonne partie de leurs collègues. La claque inattendue de cette soirée, qui faisait réellement du bien car la suite des événements sera un peu moins enthousiasmante.
Pour emboîter le pas aux Lettons, place à C R O W N, trio français qui commence à gagner en popularité. Pour ma part, leur premier opus tourne encore régulièrement et si j'ai été moins emballé par son successeur, on peut difficilement dire qu'il est mauvais et s'écoute sans déplaisir. Du coup, scéniquement, ça devrait le faire non? Ben en fait pas du tout. Un aspect linéaire et répétitif prend rapidement le pas sur les éléments intéressants des compositions du groupe, aspect aboutissant vite à une lassitude complète qui fait bien vite décrocher. J'ai pourtant tout essayé pour adhérer au set des Alsaciens mais rien n'y fait. Les moments les plus lourds et pesants manquent de consistance et donnent l'impression de taper dans le vide, de ne pas parvenir à nous asséner le coup de massue nécessaire, et je termine par partir avant la fin tant je demeure hermétique à leur univers.
J'avais envie de défendre Myrkur face à mes collègues, tant elle partait perdante avant même d'avoir commencé pour Matpewka et Flesh. Mais au fur et à mesure du concert, les arguments en faveur de la Danoise étaient de plus en plus difficiles à trouver. En revanche, si je devais me mettre à vous énumérer tout ce qui n'allait pas dans ce concert, je pourrais y consacrer des paragraphes entier. Pour être concis et faire simple : son attitude mièvre frôlait le ridicule, son jeu de scène était inexistant, son chant extrême catastrophique et ses compositions d'une platitude rarement égalée. Les bons moments que l'on pouvait trouver sur M étaient complètement absents. Oubliez les vocaux éthérés et les quelques riffs épiques comme sur « Skøgen Skulle Dø », place à une surenchère de démonstration où Amalie tente de nous montrer qu'elle sait monter très haut dans les aigus. On ne doute pas un instant de sa technique vocale mais ce chant supposé être doux et angélique en devient crispant tant il est forcé. Quant aux musiciens l'accompagnant, le constat est à peine plus clément : chacun se contente de jouer sa partition, dans son coin, sans échanger un seul regard vers ses compères. Même des pistes que j'appréciais sur le disque, telles « Onde Børn » ou « Skadi », se sont révélées ennuyeuses à en mourir. Bref, on est allé de désillusion en déconvenue et la fin fut saluée comme le messie. Au moins, avec ce set, on comprend pourquoi cette date a eu lieu un 1er Avril, vu que c'était une vaste blague.
Un court changement de plateau plus tard et les Américains entrent en scène. Mais si on suit le fil de la soirée, qui va de mal en pis, le concert de Deafheaven devrait être une catastrophe absolue. Sauf qu'en une minute à peine, la formation va me rappeler pourquoi mes attentes étaient si élevées envers eux. Ne serait-ce que par l'exécution absolument impeccable de l'ensemble des musiciens, avec une mention spéciale pour un batteur frénétique qui impressionne du début à la fin. La prestation complètement possédée de George Clarke est également à souligner. Le frontman communique, va régulièrement au contact du public et se déchaîne durant l'intégralité du set. Le rendu scénique de son chant est un peu différent du format studio, mais n'en reste pas moins excellent. Et pour mettre en valeur le dernier né New Bermuda, Deafheaven va jouer l'ensemble de celui-ci. Et si je m'attendais à prendre une claque, j'ai reçu un énorme coup de boule à la place. Tout y est magistral, tant les parties agressives propres au black metal que les accalmies qui laissent un moment de répit pour se laisser aller avant de repartir de plus belle vers des accélérations toujours plus intenses. Impossible de citer un instant du concert plus marquant qu'un autre, tant les reproches à adresser aux Américains sont presque inexistants. Mon seul regret viendra de l'absence du titre « Vertigo » lors du rappel. Une fois New Bermuda terminé, le groupe s'éclipse puis revient quelques instants après pour finir sur les cultes « Sunbather » et « Dream House », à la plus grande joie d'un public complètement abasourdi par la prestation de Deafheaven. On ne boude pas son plaisir devant ces deux pistes si magistralement interprétées, qui clôturent le concert à la perfection. On en aurait bien redemandé...
Setlist :
Brought to the Water
Luna
Baby Blue
Come Back
Gifts for the Earth
Sunbather
Dream House
Je n'imagine pas une meilleure fin de soirée que celle qui nous a été offerte par Deafheaven. Si tous les groupes ne m'ont pas emballé, cette prestation à elle seule valait bien le déplacement. Mais je retiendrai également l'inattendue découverte des excellents Tesa, que j'espère bien revoir au plus vite.
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