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Bölzer + One Tail, One Head + Orkan + Taake

Live report

Bölzer + One Tail, One Head + Orkan + Taake Le 11 Octobre 2018 à Paris, France (Petit Bain)
J’ai beau avoir vu BÖLZER cinq fois depuis 2014, je ne m’en lasse toujours pas. Alors forcément, lorsque le duo suisse passe nous faire un petit coucou accompagné pour l’occasion par d’autres groupes que j’apprécie, il était hors de question de passer à côté de cette nouvelle date parisienne tenue une fois de plus au Petit Bain, sur les bords de Seine. Organisée par Garmonbozia, cette date réunissait également trois groupes norvégiens : ORKAN sur lequel je ne me suis jamais penché, ONE TAIL, ONE HEAD qui effectue ici sa tournée d’adieu avant de se séparer et enfin TAAKE que l’on avait pas revu sur Paris depuis la date de 2016 en compagnie de Shining.

Si le concert n’affiche pas complet, il y a pourtant déjà foule lorsque j’arrive dans la salle. Il faut dire que je ne suis pas en avance et qu’ORKAN est déjà à pied d’œuvre depuis au moins vingt-cinq minutes. En fait, je n’aurai le temps d’entendre qu’un seul titre en entier avant que le groupe ne quitte finalement la scène. De ce que j’ai pu voir, les Norvégiens s’adonnent à un Black Metal plutôt générique, ni bon ni mauvais, sur lequel je ne me pencherai probablement jamais mais qui a néanmoins le mérite de mettre les gens dans l’ambiance avant le début des choses sérieuses.

Choses sérieuses qui commencent pour moi avec la venue de ONE TAIL, ONE HEAD dont nos chemins ne s’étaient plus croisés depuis ces quelques titres aperçus de loin à Bruxelles fin 2015 (pour cause de motivation et de guitares inaudibles). Je sais bien qu’autour de moi, les Norvégiens sont loin de faire l’unanimité mais en ce qui me concerne j’ai toujours apprécié leur Black Metal teinté de Rock’n’Roll. Et puis sur scène, Luctus est un excellent frontman qui va d’ailleurs encore une fois nous le prouver ce soir en arpentant la scène dans tous les sens, en faisant participer le public et en offrant une gestuelle et des attitudes particulièrement agressives et explicites. Les autres musiciens ne sont pas en reste, notamment Andras Marquis T. dont on sent l’héritage Punk/Hardcore qui l’anime encore aujourd’hui et qui va nous offrir au passage de belles lignes de basse (notamment sur "The Splendour Of The Trident Tyger"). Évidemment, l’emphase sera mise sur le premier album du groupe sorti récemment chez Terratur Possessions (un disque d’ailleurs vendu 20€ pour la version CD sur le stand derrière moi. Autant vous dire qu’ils ne m’y ont pas vu). Pas moins de cinq morceaux seront joués ce soir ("Arrival, Yet Again", "Firebirds", "Passage", "Rise In Red" et "Worlds Open, Worlds Collide") avec fouge et énergie. Si les débuts du set sont timides du côté du public, très vite les riffs Black’n’Roll dispensés par Åsli finissent par faire leur effet. Il faut dire qu’il est difficile de résister à un titre comme "The Splendour Of The Trident Tyger" et son riff particulièrement accrocheur. ONE TAIL, ONE HEAD tire sa révérence après quarante minutes d’un show efficace et fort sympathique laissant un public a priori satisfait de cette dernière rencontre.

Etant donné l’affluence de ce soir, je décide de ne pas trop m’éloigner de la scène et même de m’en rapprocher pour ne pas avoir à jouer des coudes le moment venu. Fabien et Okoï investissent très vite les lieux pour s’y installer. Après quelques minutes de préparations, les lumières s’éteignent alors que résonnent des sons étranges en guise d’introduction avant que le grand rouquin n’entame les premières notes de "Steppes" en guise d’opener. Un titre tiré de Soma que je n’avais plus entendu sur scène depuis 2016. Et oui, cela a beau être la sixième fois que je vois BÖLZER, à chaque fois le groupe s’arrange pour proposer une setlist relativement différente. Bien entendu, certains morceaux semblent inévitables mais d’autres plus rares viennent heureusement se glisser au gré des setlists afin d’apporter un peu de nouveauté. Et il faut bien cela dans la mesure où le duo est un groupe qui tourne quand même très souvent. Quoi qu’il en soit, dès les premières notes de "Steppes" je suis embêté par la qualité du son. C’était déjà le cas pour ONE TAIL, ONE HEAD mais c’est à mon goût plus gênant ici où la guitare d’Okoï à vraiment besoin de cette finesse de restitution pour être appréciée à sa juste valeur. Je connais très bien chaque morceau donc il n’y a pas vraiment de problème mais j’aurai tout de même apprécié pour une fois que le son soit vraiment à la hauteur. Enfin je ne boude pas mon plaisir lorsque retentit ensuite "Zeus - Seducer Of Hearts" suivi de ces quelques titres de Hero qui en live m’ont aidé à redécouvrir l’album et ainsi passé outre ma déception des débuts. Okoï, comme à son habitude, transpire la toute-puissance et l’animalité faisant ainsi se dégager une atmosphère toujours aussi spéciale, quasi-divine avec ces hululements de chouette. Le jeu de lumière d’ailleurs y contribue également beaucoup, notamment sur"Phosphor" où le moi épileptique d’il y a vingt ans aurait sûrement fait un malaise face à ce stroboscope. Et ce "Phosphor", quel titre ! Sept minutes quasi-instrumentales (hormis ce court mais intense passage hurlé en vieux norrois) où Fabien va être particulièrement mis à contribution. Et si le public se montre déjà particulièrement enthousiaste, celui-ci s’extasie encore davantage lorsque résonne les notes de "C.M.E." et surtout "Entranced By The Woolfshook". Le son de la guitare n’est toujours pas ouf mais tant pis, je prends mon pied comme le reste de la salle. Et alors que beaucoup pensait le concert terminé, BÖLZER enchaîne finalement avec l’excellent "Chlorophyllia" laissant résonner ces quelques paroles dans nos têtes pendant encore de nombreuses minutes : "Mother, forgive my vices. Hold me one last time. Mother, do not despair. See you on the other side".

Après un bref interlude passé dehors à tenter d’esquiver les goûtes de pluie, me revoilà à l’intérieur pour le set de TAAKE. Les Norvégiens débarquent au son de "Jernhaand", premier extrait de Kong Vinter à être joué ce soir. Quelle surprise de voir débarquer en courant depuis les loges un Hoest désormais débarrassé de toute chevelure. Encore un coup de madame calvitie. Mais au moins, monsieur a eu le bon goût de ne pas chercher à cacher la misère trop longtemps. Quand c’est fini, c’est fini. Autant l’accepter. Pour le reste, toujours la même dégaine : jeans troués, t-shirt quelque peu rincé et perfecto aux manches parfaitement remontées. En tout cas, si la tignasse a bien disparue, le talent de frontman n’a lui pas diminué. Comme Luctus chez ONE TAIL, ONE HEAD, ce dernier se donne corps et âme à la scène et le public le lui rend bien, hurlant avec vigueur à chaque fois que le micro lui est tendu. Cela dit, après avoir repoussé de son pied de micro un fan s’étant aventuré un peu trop près de la scène, Hoest tiendra tout de même à marquer son territoire en précisant à l’assistance que sa place est en bas et celle du groupe en haut et que quiconque y contreviendrait s’exposerait à de douloureuses blessures. Ok... Bref, cela n’a en tout cas pas entamé l’humeur générale puisque tout le monde semble prendre du bon temps à commencer par TAAKE qui se donne vraiment à fond sur chacun de ses morceaux. D’ailleurs si on pouvait légitimement penser que la setlist serait orientée autour du dernier album en date, et bien il n’en est rien puisque c’est plutôt du côté de Noregs Vaapen que les Norvégiens vont se pencher avec quatre titres joués ce soir : "Fra Vadested Til Vaandesmed", "Du Ville Ville Vestland", "Nordbundet" ainsi que "Myr" et son fameux banjo. Dommage que l’ingé son ait foiré son boulot à ce moment-là puisque les premières secondes furent totalement inaudibles à moins d’être sur scène (mais mieux ne valait pas trop s’y risquer). Après une heure de set, TAAKE nous annonce qu’il est temps pour lui de plier ses gaules sans manquer néanmoins de se renseigner sur la possibilité d’en placer une ou deux supplémentaires. Finalement, les Norvégiens s’acquitteront d’un dernier morceau avant de quitter la scène pour de bon devant une audience pleinement satisfaite.

Encore une soirée rondement menée par Garmonbozia qui nous régale chaque nouvelle saison de plateaux bien souvent dignes d’intérêt. Certes, les quatre groupes de ce soir ne figurent pas parmi les plus rares sur les planches mais la soirée n’en fût pas moins agréable pour autant même si, et ce n’est pas la première fois que je le constate au Petit Bain, le son des guitares mériterait d’être amélioré un minimum.

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