A THOUSAND LOST CIVILIZATIONS MARCH MMXIX - JOUR 1
Live report
A THOUSAND LOST CIVILIZATIONS MARCH MMXIX - JOUR 1 Dikasterion + Goat Torment + Hagzissa + Hekte Zaren + Misþyrming + Nexul + Sabathan + Saqra's Cult
Le 06 Mars 2019 à Bruxelles, Belgique (Atelier 210)
Un premier jour de festival devient vite une course contre le temps lorsqu'il s'agit de quitter ses pénates, de voyager, de s'installer puis de se rendre dans la foulée sur les lieux des réjouissances. Quelques jours à peine après avoir découvert Denain et son splendide théâtre à l’italienne, me voici arrivée peu avant 16 heures à l’Atelier 210, un autre théâtre, installé dans un immeuble mitoyen niché dans un quartier résidentiel à l’écart du centre-ville. La pose bracelet s’effectue en quelques minutes, il n’y a étonnamment aucune fouille et après trois volées de marches, je me retrouve sur un palier - où se situe le bar (système de jetons à 1,10 €, bière de base à deux jetons) et où sont installés les stands de merch - depuis lequel on accède directement à la salle de spectacle. Au rez-de-chaussée, un petit point restauration sera installé avec le pittoresque hot dog/choucroute/oignons frits et le sandwich vegan (respectivement 5 et 6 €).
Alors que le premier set démarre pile à l’heure, je découvre une salle avec une belle hauteur sous plafond, en légère inclinaison, parfaite pour une bonne visibilité, et dans laquelle plusieurs rangées de sièges ont été laissées à la disposition du public. HEKTE ZAREN, une artiste polonaise un temps exilée à Bruxelles, monte sur scène accompagnée de deux « nameless ghouls » chargées des samples, pour délivrer trente minutes de Dark Ambient ténébreux et inquiétant, tantôt triste, tantôt agressif. Teint pâle et chevelure noir de jais sous le capuchon, la belle use de sa voix comme d’un instrument de musique à part entière qu’elle module en une succession de lamentations, d’imprécations, de rugissements ou de sanglots. Une entame de cérémonie réussie grâce à une envoûtante cantatrice de catacombes venue murmurer de terribles secrets aux oreilles au public.
Une seule démo au compteur (Demo MMXVIII sortie en … 2018 du coup !) pour DIKASTERION, qui se produit à domicile et dont le seul membre officiel connu est le batteur de POSSESSION. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à AC/DC et notamment à Angus Young en regardant l’un des guitaristes à la frêle silhouette, le cheveu collé par la sueur, ne faisant qu’un avec son instrument, survolté et ne tenant pas en place, tandis que le bassiste a, quant à lui, des allures du frangin Malcolm. Le chanteur, vraisemblablement blessé, garde une main dans la poche, ne semble pas très à l’aise sur scène et fait presque intrus lorsque le second guitariste, plus sûr de lui, prend la relève au chant. Mêlant Death et Black voire Black/Thrash ou Black’n’roll (avec notamment la cover Warmetal de BARATHRUM), leur set s’apparente plus à un boeuf entre potes qu’à un set trve evil de la mort qui tue, mais que pour ces mêmes raisons, j’ai trouvé fort sympathique.
J’ai d’abord cru à une parodie à l’arrivée des Autrichiens d’HAGZISSA (une seule démo à leur actif également) : un guitariste hippie en shorty de jeans et des carottes dans les cheveux, un bassiste avec une cape de Dracula de supermarché, un batteur ayant adopté la mode Mgla et un chanteur portant une ridicule cagoule de bourreau et drapé dans une pelisse découpée dans les rideaux de mémé au comportement d’un hyperactif en manque de Ritaline. Il saute et gesticule dans tous les sens en permanence et quittera la scène en jetant violemment le micro à terre. Une fois la surprise visuelle passée, je suis vite happée par une prestation qui dépote sévère (gros son de basse, batteur qui tabasse) proposant un Black crasseux et sans fioriture dans son esprit punk originel. Alors que je n’en attendais pas grand-chose, je suis très agréablement surprise, bien qu’au départ assez déroutée, par cet ovni d’Asylum Black Metal. #coupdecoeurdelajournée.
SAQRA’S CULT, figure montante de la scène Black Metal belge, était venu présenter son second méfait, The 9th King, sorti récemment chez Amor Fati Productions et débute logiquement son set avec le titre éponyme. Même si je dois avouer une nette préférence pour les titres de Forgotten Rites, leur premier album, je ne boude pas mon petit plaisir mésoaméricain. Bougies, encens et de statuettes incas sur scène, les Belges, le visage maculé de sang, ne vont pas décevoir, emmenés par la silhouette imposante de Destroyer G., son chanteur à l’opulente crinière blonde et au charisme certain. Respect total envers son unique gratteux assurant seul un déferlement de riffs incisifs et parfaitement exécutés et au duo basse/batterie assénant sans répit une rythmique variée et originale. Après leur remarquable prestation lors du FOREST FEST 2018, SAQRA’S CULT confirme qu’il va falloir désormais compter avec eux dans le paysage musical qui nous occupe.
Une petite surprise m’attend lorsque le set de GOAT TORMENT débute : la montée sur scène de Kev Desecrator, le mercenaire multi-instrumentiste (VENEFIXION, NECROWRETCH notamment) basse à la main. La maîtrise technique est irréprochable, n’empêchant en rien une rapidité d’exécution, on rentre alors dans le vif du sujet Black Metal dans ce qu’il propose de plus bourrin, à grand renfort de cuir et de clous. Je ne suis pas une grande fan de ce groupe qui me laisse sur le bord de la route émotionnellement, mais à qui je dois reconnaître une prestation de grande qualité, redoutable d’efficacité et pleine d’assurance. Finalement une assez bonne surprise car ma précédente expérience avec eux au METAL MEAN FESTIVAL en 2017 avait été particulièrement ennuyeuse.
On creuse un peu plus le budget bougies avec les Américains de NEXUL. Leur unique album Paradigm of Chaos, titre évocateur s’il en est, annonce de suite la couleur (sombre) du programme. Alors que résonne la très chouette intro dudit album, on assiste à un étrange rituel. Le chanteur-guitariste, dos au public, tient un calice rempli d’un liquide noir et visqueux (le sang, c’est du déjà vu, c’est surfait !) qu’il applique généreusement sur son visage, puis sur celui de ses compères. Quarante-cinq minutes de matraquage en règle, compact, opaque, emporté et tempétueux, entre occultisme et War Metal. Je note au passage l’impressionnant doigté du bassiste. La présence de NEXUL sur une affiche comme celle-ci est la preuve irréfutable de l’intérêt de ce genre de festivals : la découverte de groupes méconnus, que l’on n’est pas prêt, à mon avis, de revoir sur scène en Europe.
Je trépignais d’impatience à l’idée de revoir MISÞYRMING dont le dress code a changé : ils ont remisé les capuches au grenier, enfilé des chemises autrefois blanches mais aujourd’hui maculées de sang séché et de crasse et découvrent enfin leurs visages. Ce que j’ai pu écouter Söngvar elds og óreiðu l’année de sa sortie ! Je pense que MISÞYRMING est l’un des groupes les plus marquants de l’école islandaise, combinaison parfaite de fureur et de poésie, qu’ils arrivent magistralement à transposer sur scène. Le chant est incroyable de justesse et de puissance, le batteur complètement déchaîné (un beau spécimen de ventilateur capillaire), le bassiste arcbouté sur son instrument deux fois gros comme lui. Malheureusement, le son, pour la première fois depuis le début de la journée n’est pas tout à fait à la hauteur. Les compositions exigeantes et raffinées auraient mérité un son plus propre, sans larsen, pour une perception plus accrue de toute la finesse et des subtilités que recèle leur musique, notamment au niveau des guitares. Il n’empêche, j’ai passé un excellent moment.
Lord Sabathan est comme à la maison. Il connaît beaucoup de monde, et depuis le début de la journée, circule, s’arrête pour discuter, toujours avec le sourire, et profite des concerts en tant que spectateur. A son tour de monter sur scène, sous la bannière de SABATHAN, interprétant pour l’occasion un florilège des deux premiers albums d’ENTHRONED, Prophecies of Pagan Fire et Towards the Skullthrone of Satan, dont il était l’un des membres fondateurs. Encore une fois, je ne suis pas dans ma zone de confort musical, mais j’ai trouvé le set ultra carré, accrocheur et old school à mort. Lord Sabathan est en pleine forme et surtout très en voix, avec une excellente maîtrise du chant aigu. Il ne lésine pas non plus sur le côté spectaculaire en jouant brièvement le rôle d’un cracheur de feu (il en fait de même avec SLAUGHTER MESSIAH). Pourtant, la salle est à moitié vide… Désaffection du public pour un genre un peu désuet ? Départ précipité du public en raison des difficultés de transport dans la nuit bruxelloise ? Qu’importe ! Généreux, le groupe continuera de jouer au-delà du temps imparti, pour le plus grand plaisir des membres de SAQRA’S CULT, bras dessus bras dessous, bière à la main, chantant et headbanguant.
Une première journée de festival bien remplie, avec de bonnes surprises, un son globalement très satisfaisant (merci Jeremie d’EMPTINESS à la console !) mais qui laisse le théâtre dans un triste état : sol collant de bière et jonché de gobelets en plastique (un gobelet consigné serait une très bonne idée) et des espaces de circulation assez enfumés (à partir d’une certaine heure, il ne sera plus possible aux accros à la nicotine de sortir dans la rue).
| ERZEWYN 14 Mars 2019 - 2526 lectures |
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