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Siege Of The Profane Europe Tour 2019

Live report

Siege Of The Profane Europe Tour 2019 Atavisma + Defeated Sanity + Incantation + Skinned
Le 15 Mars 2019 à Paris, France (Gibus)
Les concerts du vendredi soir sont toujours un petit peu difficiles à négocier avec madame. Vous comprenez, on « ne laisse pas bébé dans un coin ». Si la vie de couple nécessite ainsi de faire quelques compromis, il faut aussi parfois réussir à s’imposer. Il était donc absolument hors de question que je rate ainsi le retour d’INCANTATION à Paris, surtout après ce rendez-vous manqué d’il y a deux ans et demi au Klub. D’autant plus que pour l’occasion le groupe de John McEntee était accompagné pour l’occasion des Allemands de DEFEATED SANITY. Oui, rien que ça...
Proposée par Suden Promotion avec le soutien de Garmonbozia, cette date organisée au Gibus s’est faite également en compagnie des Américains de SKINNED et des locaux d’ATAVISMA. Une affiche particulièrement alléchante qui a donné lieu à une salle probablement pas loin d’afficher complet.

Le début des festivités était fixé à 18h30. En ce qui me concerne, j’arrive dans la salle avec dix bonnes minutes de retard pour constater qu'ATAVISMA est déjà à pied d’œuvre sur scène. On ne rigole pas avec les horaires au Gibus. Très vite, je sens que je ne rentrerai pas dans le set des Parisiens. Déjà, le son n’a rien d’exceptionnel, me forçant à tendre systématiquement l’oreille pour tenter de distinguer les riffs dispensés par G. qui, si ma vue ne m’a pas fait défaut, arbore désormais une jolie moustache recourbée. Mais surtout, au-delà du son, je trouve que le groupe n’est pas spécialement très à l’aise sur scène. Entre les errements de L. sur les planches qui semble manquer un peu de confiance en lui et un bassiste particulièrement stoïque qui pour sa défense cherche peut-être encore sa place après le départ de W.L. l’année dernière, il manquait ce soir-là à ATAVISMA quelque chose pour vraiment réussir à s’imposer sur les planches du Gibus. C’était moins flagrant dans une salle comme le Klub où le manque de place impose une gestuelle un peu plus contenue mais ici au Gibus, le constat est sans appel. Trop de demi-mesure, pas assez d’affirmation et un son plutôt moyen font de cette première mise en bouche un moment sympathique mais certainement pas mémorable. Dommage quand on sait de quoi ATAVISMA est capable sur album.

Quelques minutes plus tard et après une entrée en matière un peu cahoteuse suite à un petit problème d’ordre technique, c’est au tour des Américains de SKINNED d’investir les lieux. Bien que formé en 1995, je n’avais jusque-là jamais entendu parler de ce groupe originaire du Colorado et dont le dernier album est sorti l’année dernière sur le label français XenoKorp (Ad Patres, Ataraxie, Defenestration, Mercyless...). Y a-t-il eu un changement de personnel derrière la console ou bien est-ce tout simplement que les groupes américains savent mieux faire sonner leurs instruments ? Toujours est-il que le son est d’emblée bien meilleur que pour ATAVISMA. Réduit à un quatuor alors que le groupe évolue vraisemblablement sous la forme d’un quintet, SKINNED va livrer une prestation malgré tout relativement efficace grâce à un Brutal Death moderne qui à défaut d’originalité fait preuve d’une excellente dynamique grâce à des morceaux relativement courts et très bien exécutés. On lui reprochera néanmoins une petite tendance aux saccades modernes et aux breaks un peu trop faciles typiques d’une scène Deathcore bien souvent limitée mais au-delà de ça, SKINNED réussi son pari. Car du côté du public, mêmes si les retours en début de set étaient plutôt timides, ces derniers vont se montrer bien plus enthousiastes passés quelques minutes. Certes, ce n’est pas encore la grosse démonstration de testostérone mais les choses s’agitent tout de même un peu devant la scène. Signe que les Américains réussissent à convaincre.

Je ne vais pas vous mentir, la véritable raison de ma venue ce soir, outre INCANTATION, est également due à la présence de DEFEATED SANITY que je n’avais pas revu depuis l’édition 2017 du Netherlands Deathfest où le groupe allemand avait alors interprété en intégralité les titres de Dharmata, un EP ayant permis à l’époque au groupe d’explorer une autre facette, celle d’un Death Metal technique et progressif bien loin de cette brutalité pour laquelle il est connu. Mais pas de ça ici ce soir puisque les Allemands (accompagnés pour l’occasion par l’Américain Josh Welshman) vont livrer un set 100% Brutal Death. Une leçon dispensée en douze actes qui va passer en revue l’intégralité de leur discographie. Le groupe va ainsi attaquer son set par trois titres tirés de Disposal Of The Dead ("Into The Soil", "Generosity Of The Deceased", et "Suttee"). Dès le premier titre, les intentions de DEFEATED SANITY sont claires, broyer le public à grands coups de matraques. On se régale ainsi de tout ce qui fait le charme de ce groupe : cette caisse claire qui claque, ces blasts qui n’en finissent pas, ces breaks slamisants à se dévisser les cervicales, ces riffs tarabiscotés tricotés d’une main experte, cette basse insolente et puis bien sûr ces growls profonds assurés ici par Josh Welshman qui ne manque certainement pas de charisme. Bref, c’est la punition du début à la fin et le public l’a bien compris, s’agitant dans tous les sens, grimpant sur scène pour slammer et même pour taper quelques pompes et même une petite série d’abdos (triste génération narcissique). Josh laisse faire et s’en amuse (allant jusqu’à poser son pied sur le dos du slammeur adepte de fitness) alors que l’on tente tant bien que mal de ramasser nos dents après ces douze mandales punitives dispensées par ce qui est tout simplement l’un des meilleurs représentant du genre aujourd’hui. Si le son aurait pu être de meilleur facture, difficile de faire mieux que DEFEATED SANITY qui, avec une setlist brassant aussi large (de "Naraka" à "Drifting Further" en passant par "Consumed By Repugnance", "Engorged With Humiliation" ou "Insecta Incendium", titre inédit figurant sur la réédition de Chapters Of Repugnance sorti l’année dernière), aura su mettre à genoux tous les amateurs de Brutal Death. Quelle putain de branlée !

Six mois après leur prestation au Kill Town Death Fest, je retrouve à nouveau John McEntee et ses acolytes pour un set faisant cette fois-ci bien plus office de best-of que celui de Copenhague qui était alors tournée vers les sonorités les plus Doom d'INCANTATION. Le groupe monte sur les planches au son d’un sample tiré du premier Evil Dead. Un sample qui va quelque peu s’éterniser avant de laisser place à un "Christening The Afterbirth" malheureusement plombé par les soucis techniques de Sonny Lombardozzi (ex-Fleshtized) qui passera l’essentiel du morceau à genou devant ses pédales d’effets. Quel dommage ! Heureusement, il n’y aura pas d’autres soucis de ce genre et INCANTATION peut enfin nous administrer cette leçon tant attendue pour laquelle le public parisien s’est réuni massivement. Passant ainsi en revue l’essentiel de sa discographie (de Onward To Golgotha à Profane Nexus en passant par Diabolical Conquest, Blasphemy et Mortal Throne Of Nazarene), le groupe va se mettre le public dans la poche en l’espace de quelques minutes seulement. Il faut dire que sur scène ça ne rigole pas car sans en faire des caisses, chaque musicien impressionne. Sonny Lombardozzi est ses solos malfaisants à vous filer la chair de poule, Luke Shively et ses lignes de basse tout en rondeurs, Dan Grainger discret mais à la frappe assassine et bien sûr monsieur McEntee en maître de cérémonie dont le growl n’a rien perdu de sa profondeur malgré les années qui passent. Si certains groupes de la fin des années 80 ont vu fondre comme neige au soleil cette aura qui les caractérisaient à l’époque (Morbid Angel, encore eux...) d’autres ont cependant su conserver ce qui faisant déjà à l’époque leur force et leur puissance. A côté des Cannibal Corpse et autre Immolation qui continuent d’en imposer, INCANTATION prouve également qu’il est encore l’un des patrons de la scène Death US. Une démonstration de force à coups de titres imparables ("Immortal Cessation", "Golgotha", "Forsaken Mourning Of Angelic Anguish", "The Ibex Moon", "Impending Diabolical Conquest", "Shadows Of The Ancient Empire", "Rotting With Your Christ") qui va rendre une partie du public complètement dingue. Alors c’est vrai, la guitare de John McEntee aurait sûrement méritée d’être mise un poil plus en avant mais c’est bien ici la seule petite ombre au tableau d’une représentation généreuse et quasi-parfaite.

Vous n’étiez pas à ce concert ? Vous pouvez alors vous en mordre les doigts car à l’exception d'ATAVISMA que j’ai trouvé trop sur la réserve et de SKINNED qui malgré une prestation sympathique ne m’a pas donné envie de m’y intéresser outre mesure, DEFEATED SANITY et INCANTATION ont livré deux prestations absolument remarquables. La première particulièrement brutale et pleine de groove, sans finesse et exécutée d’une main de maître par l’un des leaders du Brutal Death. La seconde tout aussi redoutable mais pour des raisons différentes. Résolument malfaisante avec ces leads et autres fulgurances démoniaques, cette voix gutturale d’outre-tombe et ces riffs blasphématoires qui en ont fait sa renommée. Quelles leçons que nous avons reçues là !

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