Rhalala, en voilà une petite date qu’elle m’a fait du bien à mes esgourdes, hein ! Il y a moins d’une semaine, je subissais une légère déconvenue en sortant de la très chic Salle Pleyel après le concert de DEVIN TOWNSEND, mais tous les espoirs de plaisir live étaient de nouveau permis en revenant à l’Espace B, une salle certes modeste, mais où je me sens bien plus dans mon élément et surtout un lieu qui reste associé au souvenir impérissable du passage de FAUNA et de L’ACEPHALE en avril dernier.
La pénultième date de cette petite tournée européenne d'une quinzaine de jours, la seconde en France après Clermont-Ferrand la veille, n’a malheureusement pas fait le plein, avec une cinquantaine de personnes peut-être au plus fort de l’affluence, pour accueillir comme il se devait les Américains de FALSE et les Anglais de DAWN RAY’D, ces derniers étant ceux qu’il me tardait le plus de découvrir sur scène. Tant pis pour les absents, ils ont toujours tort de toute façon !
L’ambiance est calme et décontractée à mon arrivée à l’Espace B (qui est avant tout un bar restaurant), les groupes sont encore à table, le public sirote son verre et/ou discute tranquillement, sans se presser, à tel point que FALSE ne montera sur scène que vers 21h00, horaire plutôt inhabituel à Paris.
J’avais découvert
FALSE à l’occasion de l’annonce de cette tournée, et la très chouette chronique dans nos colonnes de ma consœur Dysthymie sur leur dernier album
Portent, sorti en juillet dernier chez Gilead Media, avait fini par me convaincre qu'il y aurait peut-être une bonne surprise avec eux aussi. Ça commence plutôt bien visuellement : il y a du cheveu, du poil, du muscle et un peu de cuir, mais perdue au milieu de ce concentré de testostérone, la chanteuse Rachel…Je n’aime pas dire du mal des gens, mais effectivement elle paraît gentille … ou plutôt complètement affolée d’être sur scène. Vous avez certainement le souvenir contrit de votre récitation de Maurice Carême complètement ratée en CE1, de votre première boom en sixième lorsque vous vous dandiniez gauchement en joignant vos talons ou du jour où mamie vous a surpris la main dans la bonbonnière. Eh bien, c’est exactement que ce semblait vivre douloureusement Rachel, le regard fuyant, les gestes maladroits et enfantins, la voix malheureusement peu assurée. Ses cinq camarades, un peu à l’étroit sur scène, ne font pas preuve d’une plus grande démonstration, mais semblent néanmoins beaucoup moins crispés. Musicalement, c’est malgré tout assez plaisant, avec un bon équilibre entre les guitares sauvages et mélodiques à la fois, l’investissement sans faille du batteur qui assure la rythmique effrénée des compositions et l’excellent travail de Kishel sur les ambiances au clavier, encore fallait-il savoir faire abstraction de ce persistant sentiment de malaise (j’avais mal pour elle) ou tout simplement fermer les yeux. Je mettrais bien volontiers ce demi-échec sur le compte d’un épouvantable trac et/ou d’un manque cruel d’expérience scénique et c’est bien dommage, vraiment dommage, car les trois titres interprétés ce soir, malgré leur très longue durée, avaient suffisamment d’atouts pour susciter durablement l’intérêt du public.
Quitte à rester dans la thématique du souvenir honteux, l’amorce de la performance de
DAWN RAY’D m’a rappelé ma première rencontre avec l’océan Atlantique : tu trempes gentiment tes orteils dans quelques centimètres de flotte quand un rouleau sorti de nulle part te submerge et te traîne sur cinq mètres sous l’eau et remplit ton maillot de bain de sable ! La rage au ventre, la révolte dans le sang et le pied au plancher, les trois garçons dans la tempête de Liverpool sont venus présenter leur dernier album,
Behold Sedition Plainsong, sorti il y a à peine un mois chez Prosthetic Records, et enchaînent belliqueusement
Raise the Flails, The Smell of Ancient Dust, Like Smoke into Fog et To All, to All, to All ! Le combo de ces deux derniers titres m’a mise sur le flanc ! Que l’on adhère ou pas aux idéaux politiques des Anglais (m’est avis qu’il fallait éviter de se pointer avec un patch de DISMA ou un t-shirt d’ABSURD), il faut bien leur reconnaître un incroyable talent de transposition de leurs convictions révolutionnaires en un propos musical radical, emporté, virulent, mais aussi empreint de douceur avec ses breaks folkisants et apaisants lorsque Simon se saisit de son violon. Certes, ce n’est pas Rostropovitch, mais ce n’est pas ce qu’on exige de lui de toute façon : il a toutes les qualités requises pour être un grand front-man : charisme indéniable - le poing serré, le poing levé, la colère, sincère, déformant ses traits - aisance scénique, et cette voix impeccable, dont le rendu live est en tous points conformes à la version studio. Vous l’aurez compris, je suis tombée sous son charme ! Ceci étant dit, ses camarades ne sont pas en reste : Matthew, derrière son rideau de cheveux virevoltants matraque ses fûts avec la même rigueur que la police sur les manifestants à Hong-Kong, tandis que Fabian, l’unique gratteux (chapeau bas, Mister, to do this job alone !), mâchoires serrées, lèvres retroussées sur un sourire Ultra-Brite, articule silencieusement toutes les paroles (si vous avez regardé leurs vidéos officielles, ses mimiques ne vous ont certainement pas échappé). Alors que le set touche à sa fin - comment ça ? déjà ? - Simon prend la parole calmement et sans en faire des caisses avec un discours politique à rallonge, rappelle que le monde ne tourne pas rond, qu’il est dominé par les riches, les puissants et les gouvernants incapables d’agir, qu’il faut se battre contre toutes les formes du fascisme, qu’il nous revient de passer à l’action avant d’entamer
Emptiness Beneath the Great Emptiness, incroyable titre de
The Unlawful Assembly. L’apothéose. Un set mené tambour battant, d’une rare intensité, passé bien trop vite à mon goût, opinion que semble partager le public qui en redemande encore aux Anglais qui ne se feront pas prier bien longtemps puisqu’ils nous offriront
Caudron of Rebirth en guise d’adieu.
Un grand merci aux groupes et plus particulièrement à DAWN RAY’D, à l’ingé derrière sa console pour le très bon son produit ce soir, mais aussi à KONGFUZI BOOKING et à l’Espace B pour avoir organisé cette date, de celles que l’on garde en mémoire longtemps. Dommage que le public parisien ne se soit pas déplacé en nombre, ça me fait toujours un peu mal de voir des groupes de cette qualité se produire devant un parterre clairsemé…
Setlist :
. Raise the Flails
. The Smell of Ancient Dust
. Like Smoke into Fog
. To All, to All, to All !
. Fire Sermon
. Until the Forge Goes Cold
. Soon Will Be the Age of Lessons Learnt
. Emptiness Beneath the Great Emptiness
Encore :
. Cauldron of Rebirth
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