Enfin! C’est le mot que je me suis dit en remettant les pieds au 106, salle des musiques actuelles de Rouen pour ce concert de Yob, avec Spirit Adrif en première partie. Enfin, parce que depuis la réouverture de cette salle, la programmation n’avait pas été du tout intéressante, et que ce mois de mai s’annonce sous de meilleurs augures. De toute manière, je ne pouvais aucunement manquer le passage de Yob dans ma ville, après les avoir vus deux fois auparavant à Paris, dont une autre fois en tête d’affiche où je ne me souviens plus si j’avais regardé les hommes passés et les pleurnicheurs de Pallbearer, tellement peu engageants sur scène. Ce fut l’occasion de revoir certains visages pas vus depuis quelques temps et l’affluence était assez correcte, le concert n’était pas old-out, mais il y avait pas mal de monde, dont de nombreuses personnes ayant fait la route, le 106 ayant l’avantage d’être facile d’accès en voiture et d’avoir un très grand parking gratuit. Même s’il faut signaler que ce concert avait lieu dans la petite salle, la salle club, qui est beaucoup plus intimiste et même appropriée pour ce type de concerts.
Le temps de me réhydrater en céréales, ce sont les Américains de Spirit Adrift qui montent sur scène et entament leur set. J’avais des souvenirs de cette formation à l’époque de leur premier album, Chained to Oblivion, mais je n’avais pas suivi l’évolution de la formation de Nate Garett, qui est désormais une pure formation de heavy metal. Et le groupe nous a ainsi présenté un set où les compositions les plus récentes étaient à l’honneur, avec deux titres en provenance de leur dernier EP en date, Forge Your Future, dont le morceau éponyme et Invisible Enemy, mais également leur tout récent single Sorcerer’s Fate. Et ce fut très plaisant de découvrir Spirit Adrift dans ces conditions, car le quatuor est très bien en place et cela se voyait qu’il était assez content de faire enfin sa première tournée européenne, elle qui aurait du avoir lieu il y a deux ans de cela. C’est surtout que les deux guitaristes m’ont assez surpris, et dans le bon sens du terme, car chez Spirit Adrift l’on sait exécuter ce noble art du vrai metal que sont les twin leads à la Thin Lizzy, et il y en a beaucoup dans les titres.
Et je me suis souvent fait la réflexion qu’ils avaient tout compris, et que si les influences sont assez flagrantes, Nate Garett a réussi à bien tout combiner ceci avec des compositions loin d’être linéaires et simples. Et c’est quelque chose que l’on a pu également constater sur des titres plus anciens tels que Ride Into the Night, Invisible Enemy ou bien encore Divided by Darkness. L’un des grands moments de ce set fut Reunited in the Void, plus lent et plus lourd, mais tout en feeling. Nate Garett a été peu loquace, mais a toutefois pris la paroles avant de lancer le dernier titre, Astral Levitation, dédié à Tony Iommi, dont le riff d’entrée n’est pas sans rappeler le riff principal d’Heaven and Hell. L’on notera toutefois un chant très mal mixé et parfois peu audible, mais sans doute que le chanteur guitariste n’avait pas bien réglé son pied de micro, c’est le seul bémol de ce set. Comme de coutume, le public rouennais est resté assez froid et poli, mais a toutefois apprécié le set, preuve en est le nombre de personnes qui se sont ruées vers leur stand de merchandising.
Après cette bonne entame de soirée, et un passage rapide au stand pour m’acheter la dernière version de l’album Atma, et d’éviter toute déshydratation durant le set de Yob en prenant une spécialité locale, ce fut donc au tour de Yob de prendre possession de la scène. Avant qu’ils ne commencent à jouer, quelques spectateurs à mes côtés discutaient sur le groupe et ne le connaissaient pas: j’ai pris le temps de les rassurer quant à ce qu’il allait se passer. L’on notera l’absence du batteur Travis Foster sur cette tournée, remplacé par Dave French, qui a joué dans Brothers of the Sonic Cloth et qui a parfaitement assuré derrière son kit. Intense, c’est le mot qui va le mieux définir cette prestation de Yob bénéficiant d’un son vraiment excellent. Si Mike Sheidt avait l’air très content d’être sur scène, il n’était pas venu ici pour faire de la dentelle et l’on a eu le droit à un set très massif et axé uniquement sur les albums Atma, qui vient d’être réédité dans une version remixé, et The Great Cessation. Un choix assez surprenant car faisant l’impasse sur les deux réalisations les plus récentes du groupe, mais, pour le coup, l’on a été gâté.
En effet, dès l’introduction de Prepare the Ground qui ouvre Atma, l’on a bien vu que le trio était ici en mode rouleau compresseur. Comme me l’avait dit à la fin du set mon voisin, Mike Sheidt c’est un sorcier, et cela s’est vérifié une nouvelle fois et dans plusieurs sens du terme. Ne serait-ce que par son jeu de guitare assez particulier, que pour son chant qui oscille entre intonation aigües et growls assez profonds et très puissants, et une présence scénique vraiment excellente. Une fois cette bonne mise en bouche passée, Yob enchaîne avec le titre Atma et son fameux riff marteau piqueur qui a brisé plus d’une nuque durant ce concert, - votre humble serviteur a eu un peu de mal à s’en remettre le lendemain -. Et lorsque je parle d’intensité, il fallait voir comment le chanteur guitariste hurlait « to the call » sur ce titre comme s’il était possédé et que sa vie en dépendait. L’on pensait reprendre son souffle par la suite, mais ce n’était pas ce qu’avaient décidé les trois musiciens présents sur scène en enchaînant avec le plus tortueux The Lie That Is Sin, extrait de The Great Cessation avec son introduction bien pachydermique, histoire de bien montrer qui est le maître des lieux. L’on se rend compte avec ce genre de titre, que Yob peut être tout aussi cajoleur que dominateur, avec toujours cette faculté d’emmener son petit monde avec lui, avec ses riffs tournoyants et ses effluves psychédéliques et même un peu épiques comme c’est le cas sur ce titre. Et c’est là une des forces du groupe, c’est qu’il sait captiver l’attention du public avec son doom metal si particulier et surtout si personnel, car aucun autre groupe au monde ne sonne comme Yob. Après ce titre plus enlevé au niveau du rythme, le groupe choisit de ralentir la chose avec Upon the Sight of the Other Shore. Cela ne veut pas moins dire qu’il a diminué en intensité avec un titre bien massif et où le côté moderne du groupe prend peut-être plus les devants avec ce côté à la fois écrasant et légèrement dissonant, notamment avec ces harmoniques plaquées qu’affectionne Mike Sheidt.
Si les musiciens n’en font pas des caisses au niveau de leur prestance, ils assurent bien comme il faut. Une légère accalmie va finalement poindre le bout de son nez durant ce set avec le fabuleux Adrift in the Ocean. Je ne mentirais pas si je vous disais que je l’attendais ce titre tant c’est une réelle merveille avec ce côté plus nostalgique, dont cette introduction aux arpèges qui sentent bon les vents marins et une épopée maritime. C’est là que le côté plus psychédélique du groupe prend le dessus, avec une interprétation magistrale et poignante. C’est toujours un régal de voir également ces titres plus mélancoliques de Yob sur scène - j’ai d’excellents souvenir de Marrow par exemple - et cela n’a pas manqué. Cela étant dit, une fois l’intro passée et cette montée en puissance passée, l’on a eu de nouveaux ces riffs de mastodontes qui ont donné lieu à de belles séances d’headbanging. Si Mike Sheidt a été assez communicatif avec le public, il a toutefois pris la parole plus longuement après ce titre, expliquant qu’il était content de revenir sur scène après deux années sans rien, et qu’il s’excusait presque de ne pas proposer de nouveaux titres ce soir, annonçant qu’il le ferait assez prochainement, ce qui laisse entendre qu’un nouvel album serait en préparation. Il a bien entendu été ovationné par le public. Histoire de finir de nous achever le groupe nous joua Burning the Altar, titre d’ouverture de The Great Cessation, avec toujours autant de classe et de prestance, et ce fut un bon choix pour terminer ces quelques soixante dix minutes de concert qui sont passées très rapidement, trop même.
Autant dire que ce concert de Yob était excellent et même totalement jouissif, et que ce plaisir fut partagé par une bonne partie du public. Si le style un peu alambiqué et personnel de Yob peut faire peur sur album, sa musique prend réellement tout son sens sur scène et le trio joue sur scène comme si c’était son dernier concert. Voilà le genre de moments qui m’avait tellement manqué et j’étais très content d’avoir assisté à ce concert et d'avoir retrouvé certains plaisirs simples du monde d’avant.
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