European Tour MMXXII
Live report
European Tour MMXXII Faceless Burial + Innumerable Forms + The Satan's Scourge
Le 09 Septembre 2022 à Paris, France (Le Klub)
Le Klub, c’est clairement pour moi la salle parisienne idéale pour assister à des « petits » concerts de death metal de deuxième voire troisième division comme on les aime. Cela doit faire une dizaine d’années que je la fréquente et alors que je me relevais à peine de la correction infligée quelques semaines plus tôt par MORTIFERUM, voilà qu’une nouvelle alléchante affiche internationale se profilait : les Colombiens de THE SATAN’S SCOURGE, les Australiens de FACELESS BURIAL et les Américains de INNUMERABLE FORMS. Comme ces deux dernières formations sortent chacune un nouveau LP dans les semaines / mois qui viennent (respectivement le 07/10 et le 16/09), c’était la belle occasion de découvrir ces espoirs de la scène death metal actuelle.
Aimant bien boire un godet avant d’entrer dans le vif du sujet mais étant trop court pour faire un détour par le Black Dog (bar co-organisateur de la soirée avec Le Klub et Killtown), je me suis rabattu sur une valeur sûre du quartier : la boutique de craft « Bières Cultes », à 5 minutes de la salle, afin de déguster une excellente Cloudwater blonde, fraîche et légère mais cela n’intéresse certainement pas grand monde.
Au Klub, on reconnaît généralement l’importance de l’évènement au fait que la salle du haut est ouverte ou non. Là, elle est close, le merchandising des groupes sera donc proposé dans le petit couloir menant à la salle du sous-sol. Personnellement, j’apprécie cette configuration, elle donne toujours l’occasion de gueuler à l’oreille du mec qui tient le stand, généralement un musicien, que son concert était génial. D’une, ça fait plaisir et, de deux, c’est toujours sincère.
Quand j’entre, je dois dire que le public est encore plus que clairsemé : le fait de lancer les débats à 19h pile n’aide pas forcément, même un vendredi soir. Mais comme un autre évènement est programmé à 23h, je sais que le timing sera minuté et que les trois formations n’auront guère plus de 40 minutes pour s’exprimer.
THE SATAN’S SCOURGE ayant déjà entamé son set (j’ai dû louper deux ou trois titres car je n’avais pas fini ma canette) je suis directement et sans aucun préliminaire plongé dans la violence rustre de son black death metal. Le trio est particulièrement énervé et, s’il est avare de paroles entre les titres, c’est en revanche un déluge qui s’abat sur le public sitôt qu’il malmène ses instruments. La formation semble avoir une solide renommée étant donné qu’elle existe depuis 2004, la crédibilité underground étant renforcée par le fait que son tout premier album, « De Carminibus Prophanis Necrophiliae », vient juste (août 2022) d’être publié en indépendant, le groupe ayant jusqu’alors enchaîné les EPs, démos et autres splits.
Il reste que le côté monolithique des compositions, pourtant brèves, fait que je finis par trouver le temps paradoxalement long, la bière achetée au bar étant terminée bien avant le concert. Ce ne sont pas les tentatives de solos de Bloodthirsty Damnedbutcher qui parviennent à me dérider : toujours à fond en bas du manche, ça sent à plein nez la joyeuse improvisation bordélique et ressemble plus à une bouillie hystérique qu’autre chose. Au début, je me dis que la sonorisation est peut-être moisie et que je suis un peu trop vache avec le guitariste-chanteur mais quand j’entendrai ce que plante Fuj, de FACELESS BURIAL, mes remords seront bien vite étouffés.
Ayant été rejoint entre temps par mon bon camarade « Ventriloque », nous profitons de la pause pour nous aérer un brin puis passer au merch où un t-shirt d’INNUMERABLE FORMS retient mon attention ainsi qu’un billet. Les dates de la tournée sont au dos, cela fait toujours un chic souvenir et un moyen élégant de soutenir les musiciens.
J’avais écouté très (trop) rapidement FACELESS BURIAL, force est de constater que j’étais complètement passé à côté du truc. Car là, je prends vraiment une grosse leçon, le trio (encore une fois) alternant les passages hyper sombres et blastés avec des plans que la scène techno-death des années 90 (coucou ATHEIST par exemple) ne renierait pas. Mes oreilles sont donc ballotées entre des ralentissements doom death, des accélérations fulgurantes et des plans techniques assez déconcertants, presque progressifs dans l’esprit. Le batteur a une bonne bouille, il se marre en enchaînant les patterns complexes, le bassiste-chanteur Alex possède une voix d’enculé et le guitariste Max abat un boulot phénoménal à lui tout seul : rythmiques alambiquées ou bourrines, harmoniques, solos limpides, tout y passe et en finesse qui plus est.
Comme par hasard tout est devenu audible, les rythmiques comme les solos, même si je pense que Le Klub est effectivement davantage construit pour accueillir les mid tempos que des blasts ininterrompus. Quoi qu’il en soit, les types ont une aisance et un touché très spécifiques.
Le temps alloué à FACELESS BURIAL arrive donc à son terme et je me sens profondément frustré car j’en aurais bien repris un peu. Il faut dire que les compositions sont hyper dynamiques, pleines de cassures et de changements de rythmes, ce qui maintient l’attention de l’auditeur tout du long.
Pour ma part, j’ai clairement découvert le groupe sur ce concert et je ne peux que féliciter le label Dark Descent Records de la qualité de sa signature. Comme je connais encore mal la discographie, je ne saurais dire ce qui a été joué d’anciens (« Grotesque Miscreation » de 2017, « Speciation » de 2020) et de nouveaux (« At the Foothills of Deliration ») mais ce fut tout simplement impeccable. L’achat du prochain album est inéluctable.
Difficile de passer après une telle prestation et pourtant INNUMERABLE FORMS, auteur d’un premier LP en 2018 (« Punishment in Flesh ») et d’un deuxième cette année (« Philosophical Collapse »), était définitivement le groupe le plus attendu de la soirée même s’il ne fut pas mon favori.
Le style est d’une efficacité sans faille : du gros doom death joué dans un esprit 90’s couplé à la grosse patate moderne. Dans une petite salle et avec un public bien chaud, c’est forcément le carton plein. Et il est vrai que le quintette s’y entend pour faire transpirer l’auditoire : les ralentissements sont tout en puissance, le son est sale juste ce qu’il faut, il n’y a pas une once de volonté mélodique dans ce rouleau-compresseur que sont les bonhommes sur scène.
Cela étant, je me dois de rester subjectif. Sur un plan purement musical, j’ai amplement préféré la technicité plus démonstrative de FACELESS BURIAL mais, tant en termes de maîtrise de l’espace que d’occupation du territoire sonore, la recrue de Profound Lore Records dame le pion a pas mal de monde : la tension est constante, on ne sait jamais vraiment quand les breaks vont tomber et, bizarrement, les titres pourtant d’une durée classique (4 ou 5 minutes) paraissent en faire le double : la pesanteur dégagée déforme littéralement le temps.
A 22h pile, tout le monde dehors. On rend les gobelets, s’arrête aux gogues pour ne pas avoir envie de pisser dans les transports en commun… La belle soirée, comme toujours au Klub.
| Sosthène 12 Septembre 2022 - 1778 lectures |
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