8 groupes de Funeral Doom / Doom Death de 13h00 à 1h00 du mat’, ça vous dit ?
On était 200 (sold out) dépressifs à répondre à l’appel pour se retrouver en Belgique à l’occasion de ce 5ème Slow Festival.
DEHA
Le prolifique Déhà avait été ajouté à l’affiche comme une (bonne) surprise juste quelques semaines avant le jour J. Selon Metal Archives, le Belge est impliqué dans pas moins de 26 projets (dont
DEHA,
DRACHE,
MALADIE ou encore
SLOW) et il a participé à 28 autres par le passé !
Aujourd’hui, il monte seul sur les planches, uniquement accompagné de sa guitare (le reste étant enregistré) pour nous présenter une version courte de « Nethermost », le concept Funeral Doom qu’il avait mentionné dans sa vidéo YouTube avec Sakrifiss en mars dernier. Cela donne un show torturé avec une étrange vidéo en noir & blanc en fond visuel. Les plaintes à la
BETHLEHEM et les moments inattendus pendant lesquels il s’est mis en recul du micro avant de hurler ce qui semble être douloureux, même déchirant pour lui, sont ceux qui m’auront le plus marqué.
Au bout de 35 minutes, il s’assied au milieu de la scène, on comprend que c’est la fin du set.
Cela aura été une très bonne ouverture, complètement dans la thématique du « From Dusk Till Doom », on attend maintenant d’en savoir plus sur ce « Nethermost ».
(EchO)
Appelés
ECHOES OF PERDITION lors de leur création, les Lombards ont raccourci pour
(EchO) et évoluent dans un registre parfois proche du
PARADISE LOST des années 2000. Les conditions live ont fait qu’on avait les passages de clavier enregistrés, que le chant clair n’était malheureusement pas au top et pas toujours très audible. En parlant du chant, la chanteuse avait dû décommander pour raison de santé, c’est donc son collègue masculin qui s’en est chargé en plus de ses parties.
Moins lent que le reste de l’affiche, c’était la formation la plus « à part » du festival et il semble que sa prestation n’ait pas été autant appréciée que celle des autres groupes. Ce qui m’a un peu agacé, ce sont les demandes à répétition de « Fist in the air » de la part du chanteur qui recherchait visiblement un signe ostensible de soutien de la part de son public.
En revanche, je retiens la bonne idée du batteur qui a effectué la transition entre plusieurs titres par un jeu de cymbales, ce qui donnait une sorte de fondu très agréable pour enchaîner avec le morceau d’après.
OPHIS
Les Allemands commencent le dos face à l’auditoire et lorsqu’ils se retournent, c’est pour nous asséner un Doom/Death sans fioritures. En effet, à part quelques samples pour des intros, c’est une musique sans clavier et sans chant clair ni féminin que nous offre le « serpent » (traduction de « ophis » en grec). Ils notent même « Raw, old school nihilistic Death/Doom Metal » sur leur Bandcamp.
La basse bien utilisée qui a toute sa place dans les compos, les quelques leads bien entraînants à la old
MY DYING BRIDE et le 2nd guitariste en renfort au chant ont achevé de me convaincre. J’en ai même eu des frissons, pour vous dire si j’ai vraiment accroché. Et je n’ai pas été le seul car malgré quelques problèmes techniques, le succès a été au rendez-vous et il est évident que la salle (maintenant pleine) a apprécié. Mon coup de cœur du festival !
Pour ceux qui n’avaient pu être présents, vous pouvez vous rattraper car ils jouent le 6 novembre à Paris (Le Klub) et le 7 à Nantes (Black Shelter).
EVADNE
Un petit d’appréhension pour l’entité qui s’annonçait la plus soft/mélodique : les anciennement nommés
HEXENPROZESSE. Mais le Doom Death mélodique des Espagnols s’est révélé finalement assez puissant et pas « Gothic » comme j’avais pu le lire par ailleurs. Avec là encore, une guitare de temps à autre inspirée
MY DYING BRIDE, ils ont su créer une ambiance presque intimiste grâce à quelques nappes de clavier, des chuchotements ainsi que la participation de Natalie, la chanteuse de
SHAPE OF DESPAIR qui les a rejoints pour « Awaiting » (dommage juste que l’on entendait peu sa voix recouverte par celle d’Albert, du coup son apport a été limité). L’énergie était là également, avec un guitariste très mobile, un growl bien guttural ainsi qu’un batteur présent pour seconder le chanteur principal. Une fois de plus, seul le chant clair m’a déçu mais je trouve de toute façon qu’il n’y en a pas besoin dans le Doom/Death.
ATARAXIE
Avec à nouveau un nom venant du grec (la tranquillité de l’âme/le bonheur pour les philosophes et l’état d'indifférence émotionnelle totale en médecine), les Normands nous ont offert trois compositions riches et variées. Leur son ultra saturé (merci les trois guitares) alterne en effet un Funeral Doom morbide à des accélérations brutales et inattendues, le tout parsemé de passages techniques parfaitement exécutés. Je ne sais pas si cela leur a permis d’atteindre la plénitude mais ils avaient l’air en tout cas de prendre leur pied sur scène, avec quelques jeux entre eux, comme ce face à face entre le bassiste-chanteur et un guitariste. Le public s’est quant à lui également assurément fait plaisir, surtout en se délectant de voir les Rouennais produire en face de lui - pour le final - les 25 minutes de « Les Affres du Trépas » (dernier bijou de l’album « Résignés ») pendant lesquelles on passe successivement de l’état d’hypnose à celui d’agonie…
OFFICIUM TRISTE
Sur une base Death Metal (sous le nom de
REINCREMATED), et comme d’autres formations de la première moitié des années ’90, les Hollandais avaient pris le virage Doom et s’étaient renommés
OFFICIUM TRISTE à cette occasion (en 1994). Depuis, ils évoluent dans un Doom/Death atmosphérique au son caractéristique. En effet, outre les ambiances au clavier allant jusqu’au piano (enregistré pour le concert de ce soir), ils se démarquent par une guitare lead très présente, parfois limite guitare hero/prog, ce qui n’est pas si courant dans le genre.
Ils nous avaient concocté un programme du jour très sympa composé de pas moins de 9 titres représentant quasiment chacun de leur 6 albums. Et le petit plaisir aura été l’antépénultième morceau de leur setlist, le dénommé « Morose » (single paru en septembre 2022) au sonorités lancinantes et déchirantes des guitares. Très beau et très triste, une complainte à éviter quand on a le moral au fond des chaussettes…
ESOTERIC
Ah,
ESOTERIC en live, toute une expérience ! Je dirais un peu comme
OCEANO dans un autre style (Deathcore très sombre). Cela m’y a fait penser car c’est tout autant immersif, entêtant et ensorcelant. Ils ont la capacité à nous embarquer dans un autre monde, beaucoup plus mystique et – bien sûr – sans ne laisser entrevoir aucune lumière au bout du tunnel.
Les Seniors (peut-être à égalité avec les membres de
OFFICIUM TRISTE) du festival détiennent plusieurs secrets pour nous emmener dans leur univers. Tout d’abord la musique : les trois guitares balancent un mur de son hyper saturé (impressionnant d’ailleurs de voir les racks de nombreuses pédales aux multiples effets) qui fait qu’une fois qu’il nous est tombé dessus, plus possible d’en ressortir. Quant au bassiste (souvent tourné vers son compère batteur), il a branché son instrument (à 6 cordes) au maximum et le faisait sonner le plus grave possible. Ensuite, ce que l’on voit : le background projeté avec des motifs mystiques/psychédéliques avait également tout pour nous hypnotiser. Enfin, le « chant » : plus que des paroles, je le qualifierais fait de mots successifs lâchés de façon douloureuse et sépulcrale. Tout cela a permis aux Anglais de nous offrir 1 heure et 15 minutes d’un voyage dont on se souviendra !
SHAPE OF DESPAIR
Les Finlandais, qui avaient eux aussi commencé sous un autre patronyme (
RAVEN, de 1995 à 1998), nous avaient préparé une mise en scène avec arrivée successive des artistes (dont le chanteur et la chanteuse encapuchonnés), le tout dans une pénombre avec un faible éclairage rouge et bleu.
Ils nous ont joué 8 morceaux dont 3 extraits de chacun de leurs deux derniers albums (« Monotony Fields » et « Return to the Void ») durant 90 minutes de pur Funeral Doom. Si vous voulez de la lenteur et de la lourdeur extrêmes répétées en boucle à l’envi, vous êtes au bon endroit. Seule la voix éthérée de Natalie apportait un peu de respiration, bien que son chant monocorde participe définitivement au côté monotone qui finit par s’installer. L’attitude des artistes, très statique et sans aucune communication avec leur auditoire, est venue renforcer cette impression. C’est ce qu’on aime et on est venu pour ça mais j’avoue que lorsqu’on arrive au 8ème groupe de la journée et à minuit passé, c’était un peu dur de rester alerte devant cette immobilité. Bon, ça reste toutefois de qualité et je suis très content d’avoir exploré ma connaissance de la « forme du désespoir » en les ayant eus en face de moi.
Merci à « Brothers in Raw » et au photographe Wim Wilms pour toutes les photos !
En conclusion, top festival (pour les fans du genre quand même) ! Le côté européen avec 8 pays différents représentés est chouette aussi. Niveau logistique, ça demande néanmoins de s’organiser mais on peut se garer facilement en arrivant, la scène est spacieuse, il y a un bar et on pouvait acheter son chili con ou sin carne dès 16h00. Que demander de plus ? Une chose en fait, pour la prochaine édition, j’y verrais bien HIDDEN IN ETERNITY qui a marqué les esprits avec le très beau « A tout jamais » et qui a ému ceux qui les ont vus en live…
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