J’étais resté sur une impression très mitigée suite au dernier concert de
NAPALM DEATH auquel j’ai pu assister à Paris (
« Live Report »), la faute à un
line up décimé ainsi qu’à une ambiance générale ultra politisée qui avait fini par me casser les pieds. Cependant, ce passage surprise à
Magny-le-Hongre (77) semblait déjà sur le papier bien plus attractif, notamment grâce à une affiche qui ne regroupe que des formations de grand standing, le
package étant composé de
PRIMITIVE MAN et surtout du génialissime
WORMROT que j’avais eu le plaisir de voir en 2019 en ouverture de
MISERY INDEX au
Glazart. En prime, nous aurons aussi droit à
MASTER en remplacement de
BIERMACHT (loué soit le Seigneur), en revanche pas de
PIG DESTROYER à l’horizon, hélas, mais je ne vais pas pleurer ou faire le museau, cette affiche du «
Campaign for Musical Destruction Tour 2024 » est tout simplement parfaite telle qu’elle est. Comment ça il y a quatre groupes et je ne me plains pas que c’est trop ? Tu as vu le pedigree ? Le tourneur n’a pas fait les fonds de tiroirs, il n’y a que du lourd !
C’est avec une pointe de déception que nous apprenons que c’est à
WORMROT que revient la tâche d’ouvrir la soirée. Je les aurais
a priori plutôt vus en avant-dernier, bien que la réalité de la soirée finisse par me convaincre que le
running order choisi était finalement le plus judicieux possible. Il y a déjà foule, tout le monde s’attend certainement à un saccage en règles, pour ma part j’ai surtout hâte de découvrir
live les compositions de
« Hiss », dernier album en date.
Rasyid (guitare) et
Vijesh (batterie) sont là, pas de bassiste, et c’est
Gabbo Dubko, d’
IMPLORE (entre autres), qui remplace
Arif au chant. Sans lui faire offense, sa prestation me semble très loin du panel vocal de son prédécesseur, avec en plus une prestance scénique peut-être un peu trop effacée. Par conséquent, il faudra uniquement compter sur la section guitare – batterie pour assurer le spectacle : le
set est rageur, très technique avec notamment des plans ahurissants de
Vijesh, ma seule réserve étant que la performance nucléaire ne laisse pas transparaître toute la finesse du dernier album, avec ses passages parfois
émo – screamo. L’accent est donc mis sur la sauvagerie totale mais, clairement, l’absence de basse ainsi que le chant de
Gabbo, qui manque peut-être un peu de folie, ne rendent pas justice au potentiel réel de
WORMROT. Le public semble cependant s’en foutre pas mal, il y a du
circle pit, un peu de
stage diving, les jeunes sont chauds ! Si le groupe est bien à sa place en premier : définitivement oui.
C’est ensuite un autre trio qui prend le relais :
PRIMITIVE MAN. La salle est plongée dans la pénombre, la machine à fumée turbine dur, le gabarit des musiciens est pour le moins imposant, à la mesure du
sludge doom noise de la formation. C’est lourd, c’est sale, fortement anxiogène, les types gardent tout du long une posture monolithique et, pour moi, il se passe un truc. J’avoue que j’étais assez impatient de découvrir les Américains et le spectacle ne m’a à aucun moment déçu, même s’il est évident qu’il n’y a rien de visuellement spectaculaire. Cela tient plus à l’atmosphère étouffante que dégage la musique, au chant possédé d’
ELM, à la pesanteur funéraire de compositions qui ouvrent sous nos pieds de véritables gouffres peuplés de créatures cauchemardesques… Cela prend directement au bide, secoue les tripes, fracasse le crâne. Je ne peux évidemment pas comparer avec d’autres concerts mais j’ai vécu ce moment comme un instant parfait, suspendu, probablement aussi parce que les musiciens ne sont pas trop allés sur le terrain des longues plages bruitistes, centrant leur concert sur ce qu’ils font de mieux : les éboulements rythmiques, l’orgie sismique.
MASTER, à défaut d’être un groupe que j’affectionne, c’est tout de même l’un des pionniers du
death thrash metal, cette visite étant certainement la seule occasion que j’aurai de voir
Paul Speckmann, alias « le Yéti », alias « Gandalf le gris ». Le groupe, évoluant également à trois, parcourt l’ensemble de sa discographie, il y a parfois une dimension
groove et presque
rock, je suis surtout bluffé par le guitariste
Alex Nejezchleba. Ses solos ultras techniques semblent un poil incongrus au milieu de ces titres somme toute très basiques, le mec a l’étoffe d’un
guitar hero, il tartine tout ce qui passe, le
show aurait été nettement plus chiant sans lui c’est une certitude. Il reste que l’expérience parle pour le groupe, qui ne compte que des fans dans la salle. Je comprends mieux leur troisième position, l’ordre des choses est finalement bien respecté. Excellent, tout simplement.
Bien entendu, le patron est et restera sans doute à jamais
NAPALM DEATH. On regrettera l’absence de
Shane Embury (qui ne serait ni mort ni malade selon
Barney), son remplaçant a beau faire un boulot impeccable, il ne comble pas le vide dans nos petits cœurs. Quoi qu’il en soit, la foule se déchaîne, une nana se fait évacuer, il y a beaucoup de
slams et le pogo semble particulièrement virulent, comment aurait-il pu en être autrement ? Bon, si je devais faire la fine bouche, je dirais que cinq titres de
« Throes of Joy in the Jaws of Defeatism », c’est un peu trop, d’autant que le disque est sorti en 2020, on ne peut donc pas vraiment dire que les Anglais sont encore en tournée promotionnelle. Pour le reste, c’est un pur concentré de vitamines,
Greenway a toujours cette même gueule d’éternel adolescent, dans dix ans encore ils seront certainement là pour nous broyer la tronche, avec cinq ou six LP de plus dans la musette, et le plaisir d’écouter « Suffer the Children » sera toujours le même, et « You Suffer » fera toujours marrer, et ils reprendront encore « Nazi Punks Fuck Off », et ça sera encore la même branlée.
Je finirai en glissant un petit mot sur l’organisation, parfaite sur tous les aspects : professionnelle sur la fouille à l’entrée, sympathique et souriante aux différents stands (nourriture, boisson, merchandising, tickets boisson). J’ajoute que la salle est vraiment très agréable avec son sol en bois, sa très bonne acoustique et son bon équipement : le son était excellent, le jeu de lumière sobre mais immersif, que des bons points ! Sans compter qu’une fois n’est pas coutume la bière était de qualité, bref la soirée idéale !
Setlist Napalm Death :
1. From Enslavement to Obliteration
2. Taste the Poison
3. Next on the List
4. Continuing War on Stupidity
5. Contagion
6. Rise Above
7. Resentment Always Simmers
8. That Curse of Being in Thrall
9. Amoral
10. If the Truth Be Known
11. Backlash Just Because
12. Fuck the Factoid
13. Suffer the Children
14. Mass Appeal Madness
15. Scrum
16. M.A.D.
17. Success?
18. You Suffer
19. The Code is Red… Long Live the Code
20. Dead
21. Nazi Punks Fuck Off
22. Instinct of Survival
23. Contemptuous
2 COMMENTAIRE(S)
25/02/2024 13:09
25/02/2024 13:02
A surveiller la programmation de cette salle.