Garmonbozia a toujours su y faire pour proposer des affiches alléchantes et celle-là, du moins sur le papier, avait tout pour faire rêver plus d’un quidam. Il faut dire que le triptyque semble parfait : une ouverture de grande classe avec
CRYPTOSIS, un co-
headliner de choix en la personne d’
OBSCURA et une tête d’affiche mythique :
CYNIC.
Les portes du
Petit Bain (Paris) ouvraient à 18h30, le premier concert commençait à 19h, c’est donc à 18h45 que l’on présente nos billets à l’entrée. C’est bizarre, il n’y a personne dehors, pas de queue, pas de métalleux sifflant une canette sur le quai alors qu’il fait étonnamment doux pour la saison (mon petit côté Evelyne Dhéliat), comme souvent l’ami Erwan tracte pour l’organisateur… Oui, la salle est en fait déjà archi-comble, j’ai à peine le temps de pisser, de commander une boisson et de me faufiler dans l’allée de gauche que le
set des Hollandais débute. J’avais déjà pu dire
en ces pages tout le bien que je pense du trio, je réitère et confirme donc mes propos. Le
thrash progressif de
CRYPTOSIS est clairement l’une des meilleures choses qui soient arrivées au genre ces dernières années et si la
setlist est peu ou prou la même que lors de son passage en ouverture de
VEKTOR, avec cependant deux titres en moins du fait d’un positionnement plus bas sur l’affiche et le morceau « The Silent Call » en guise de nouveauté, issu de l’EP éponyme sorti en décembre 2023, les trente minutes allouées sont tout simplement parfaites, bien que trop courtes. C’est vrai qu’avoir constamment une projection en arrière-plan, à mi-chemin du clip et du court-métrage expérimental, fait parfois un peu oublier qu’il y a de vrais musiciens sur scène mais bon sang que le jeu est propre ! Hypnotique même. Je n’ai qu’une hâte, c’est que la formation sorte son deuxième LP pour réaliser une tournée en tête d’affiche car sept chansons, c’est définitivement trop peu pour moi. Quoi qu’il en soit, techniquement parlant, les mecs foutent tout le monde d’accord, il y a toujours ce feeling à la
CORONER dans la limpidité des solos ou encore la froideur minimaliste vocale, si le groupe poursuit sur cette lancée en termes d’inventivité et de créativité, nous sommes alors clairement face au prochain géant du
techno-thrash.
Setlist Cryptosis
1. Decypher
2. Death Technology
3. Prospect of Immortality
4. Transcendence
5. Conjuring the Egoist
6. The Silent Call
7. Flux Divergence
Nous profitons de l’entracte pour grimper à l’étage, prendre l’air, fumer une clope, jeter un œil au
merchandising et commander à boire. Le stand est bien achalandé, il y a du choix, les couleurs sont aguichantes, les tarifs un peu moins. Cela n’a cependant pas l’air de refroidir les fans, la nana qui gère la boutique ne sait plus où donner de la tête.
C’est au tour d’
OBSCURA d’investir la scène. Autant le dire tout net, je me suis bien emmerdé. Peut-être que cela est dû au fait que je ne suis déjà pas un grand amateur de leur
death metal progressif et technique dont je reconnais certes toutes les vertus mais que j’ai toujours trouvé trop froid et démonstratif. A choisir, je préfère largement
ALKALOID ou bien entendu
GOROD qui, il y a à peine quelques mois,
au même endroit, avait fait une démonstration de force imparable. Peu friand des Allemands donc mais j’étais néanmoins impatient de les voir en concert, je pensais sincèrement prendre une leçon de virtuosité… Leçon vraisemblablement gâchée par un ingénieur du son qui devait souffrir d’une otite. Cela manquait de puissance, c’était brouillon, trop compressé, les instruments mal mis en valeur, un comble pour une formation pareille dont le cœur est précisément sa légendaire dextérité.
In fine, je n’ai rien retenu, aucun instant marquant, une déception totale alors que j’en attendais beaucoup, peut-être trop, mais, encore une fois, difficile d’être transcendant quant tu es sabordé par la table de mixage. J’espère pouvoir les revoir dans de meilleures conditions.
Setlist Obscura
1. Forsaken
2. The Anticosmic Overload
3. Emergent Evolution
4. Akroasis
5. When Stars Collide
6. Mortification of the Vulgar Sun
7. The Beyond
8. Orbital Elements
9. Septuagint
Quant à
CYNIC, ce fut tout l’inverse. Alors que je pensais m’endormir devant les assauts soporifiques du vocoder, la prestation des Américains m’a fait comprendre à quel point cela fait des années que je passe totalement à côté de leur talent. Je craignais une prestation molle, ultra progressive (traitez-moi de pauvre con, c’est mérité), et j’ai été cueilli par un savant mélange de puissance, d’intelligence et de technicité. Afin de renforcer l’immersion, le groupe utilise lui aussi des projections, principalement des déclinaisons des pochettes d’albums, le chanteur d’
OBSCURA assurant les
growls depuis les coulisses. Car oui
CYNIC est toujours un groupe de
metal, alors que j’en doutais fortement. Evidemment, la partie consacrée à
« Focus » ne pouvait qu’être magique mais là où j’ai surtout été bluffé c’est sur l’ampleur que prennent les morceaux des sorties suivantes en
live, avec notamment l’enchaînement magnifique « Carbon-Based Anatomy » - « Adam’s Murmur », d’une beauté toute cristalline.
Pour dire mon ressenti exact, la prestation fut un instant magique, d’une profondeur émotionnelle qui ne transparaît à mon sens que trop peu en studio mais qui, sur scène, procure une parfaite alchimie des sens. A part dire merci, je ne vois pas quoi ajouter de plus car il me faudrait des connaissances musicales supplémentaires pour évoquer la subtilité du jeu, l’humilité des musiciens, la complexité de structures pourtant jamais démonstratives… Même le chant si spécifique
Paul Masvidal révèle sa vraie nature. Ce que je prenais pour de la froideur n’est que de la pudeur, oui il est possible d’avoir une approche sensible du
death metal (même si le terme n’est plus vraiment approprié), oui le groupe a démontré qu’il était toujours au sommet de son art, oui mes prochaines écoutes prendront une autre saveur.
Setlist Cynic
1. Veil of Maya
2. Celestial Voyage
3. The Eagle Nature
4. Sentiment
5. I’m but a Wave to…
6. Uroboric Forms
7. Textures
8. How Could I
9. Integral
10. Kindly Bent to Free Us
11. In a Multiverse Where Atoms Sing
12. Carbon-Based Anatomy
13. Adam’s Murmur
14. Evolutionary Sleeper
10 COMMENTAIRE(S)
22/03/2024 17:57
Constat similaire que vous tous sur Obscura et sur le son, même si c'était quand même un plaisir d'entendre Orbital Elements et que Septuagint déboite comme il faut en live.
Cynic, ben je sais pas trop quoi en penser...
Déjà le son. Je serais curieux d'avoir le ressenti des autres Lyonnais, mais j'ai perso trouvé ça hyper moyen. Alors quand je lis qu'il était excellent sur Paris, je me pose des questions... Est-ce que c'est moi qui ait des attentes démesurées par rapport au format CD ?
Sinon, je suis variablement rentré dans le set... How could I? était monstrueuse, de même que les 2 pistes de Traced in Air (même si je les préfère avec l'ajout des vocaux death et Steffen n'est resté que pour Focus), le reste un peu moins.
Et le vocoder est absolument affreux, autant ça passe sur album, autant j'ai détesté en live...
Tiens puis aparté complètement random mais aucun souci d'oubli de paroles de Steffen mais j'ai eu l'impression de voir une genre de tablette sur le micro, peut-être qu'ils ont acheté un truc en catastrophe pour palier les erreurs ?
22/03/2024 12:13
How could I? live, j'en bave déjà... Je pensais qu'ils ne jouaient que l'intégrale de Focus sinon, cool qu'il y ait qq titres de Traced in Air que j'aime bcp aussi
J'y étais aussi hier soir au O Totem, on était environ 300. Même sentiment mitigé sur le son d'OBSCURA, très déçu car j'en attendais beaucoup. CYNIC je ne suis pas rentré dedans. CRYPTOSIS gagnant haut la main.
20/03/2024 19:42
Honnêtement, mais ceci m'a pris beaucoup de temps à saisir : Masvidal a une approche très personnelle de la musique, et les textures sur albums sont vraiment incroyables. Je pense que Ascension Codes m'a vraiment permis de comprendre entièrement le projet du masvidalien Parce que ce dernier disque, faut le prendre comme 50 minutes d'expérience méditative, et là tu saisis à quel point rien n'est laissé au hasard.
Je suis ravi de voir que leur tournée se passe super bien : ils parviennent à remettre en avant leur nom et, surtout, à réconcilier les gens avec Cynic. Et ça, ce n'était pas gagné !
18/03/2024 15:03
Dommage, on se serait croisé !
Bien entendu je n'allais pas rater Cynic, ça faisait quatorze ans que j'attendais de les revoir, leur prestation au Nouveau Casino en 2010 reste le meilleur concert que j'ai fait de ma vie. J'étais dégoûté qu'ils splittent à un mois de leur tournée européenne en 2015, alors que j'aurais eu l'occasion de les voir avec Reinert et Malone...
Du coup j'ai pris mes places bien en avance, juste pour eux, ils auraient pu tourner avec Korn et Annie Cordy que je serais venu quand même.
Mais bonne surprise, Cryptosis était bien cool que je ne pensais. Je croyais que c'était du thrash moderne à la Vektor, mais en live j'ai souvent entendu du Nocturnus et du Coroner. C'était un bon concert, parfait pour une première partie, une vraie bonne pioche sur cette affiche.
Puis c'est au tour d'Obscura, et là c'est la douche froide. Déjà le son est naze, alors que je me tiens juste derrière les ingés son, mais ça ne me surprend pas. C'est la quatrième fois que je les vois, même si je ne me suis jamais déplacé pour eux (deux fois sur la tournée avec Spawn of Possession, Gorod et Exivious, une fois avec Death To All), et à chaque fois le son laissait à désirer. Alors, techniquement c'est toujours bien, Muenzner reste irréprochable, mais on est loin de leurs prestations de 2012, ou même de leur line-up post-Grossmann. La set-list est à moitié naze, vu que tous leurs albums post-Omnivium sont nazes, et c'est logique. Mais dans mon souvenir, sur les vieux morceaux ils étaient meilleurs que ça à l'époque. Rien dramatique, mais c'était moyen. La set-list notée ici n'est pas dans le bon ordre mais je crois que c'est la bonne, en tout cas pour les morceaux que je connais.
Puis ce fut au tour de Cynic, et que dire si ce n'est que c'était quasi parfait ? Quasi car Steffen d'Obscura a pas mal oublié de parties de chant, ce qui la fout un peu mal, Masvidal le regardait pour lui indiquer quand chanter, c'était marrant à voir. Mais pour le reste, c'était la quatrième fois que je les voyais, et c'était vraiment du très haut niveau, même pour leurs standards à eux. Set-list super cool (bon, quatrième fois que je me tape tout Focus, mais je prends), son excellent, prestation parfaite, en particulier de Mike Gilbert, le gratteux de Severed Savior qui assurait la deuxième guitare. J'attendais quelques moments au tournant, le solo de I'm But A Wave To, la batterie pendant le solo de Sentiment, mais tout était vraiment quasi parfait.
Du coup j'ai pas mal pu discuter avec Mike après le concert, il est très cool, comme ses streams le laissent deviner. J'aurais pu venir à une autre date car il m'a proposé de me mettre en guest list, mais malheureusement je ne pourrai pas.
Il reste une date à Lyon, et je vous préviens : ne la ratez pas, vous le regretteriez.
17/03/2024 19:51
How could I? live, j'en bave déjà... Je pensais qu'ils ne jouaient que l'intégrale de Focus sinon, cool qu'il y ait qq titres de Traced in Air que j'aime bcp aussi
17/03/2024 07:49
16/03/2024 19:53
Apparemment j'étais mal placé car un pote qui était plus devant m'a dit que ça allait. Mais bon, j'étais placé au même endroit pour Gorod et c'était la branlée il y avait donc bien un souci de sonorisation.
16/03/2024 18:23
16/03/2024 18:02
16/03/2024 14:34