Pour être totalement honnête, de cette affiche
KOZORIA –
MAUDITS au
Backstage, c’est une fois n’est pas coutume le
guest qui me pousse au déplacement. Je n’ai rien contre la tête d’affiche, qui fête la sortie de son premier album «
The Source » chez l’estimé
Black Lion Records, un label suédois de haute qualité, mais le single « We’re Wolves » ne m’a pas vraiment emballé, ce
heavy metal moderne très punchy me laissant de marbre, du moins en piste audio. Par conséquent, j’ai pris le billet en me disant que je pourrais toujours quitter la salle à la fin du
set de la première partie, sans remords. J’ai fini par rester quasiment jusqu’au bout (ma vessie a craqué sur le dernier titre).
Etrangement, alors que j’ai souvent vu
THE LAST EMBRACE en concert, le précédent groupe du guitariste et du batteur de
M (le maudit, Fritz Lang), j’ai systématiquement loupé les prestations parisiennes du trio instrumental, y compris les plus marquantes comme celle du
Grand Paris Sludge en avril dernier, il fallait donc réparer cela d’autant que
« Précipice », dernier LP en date, m’a fait forte impression. Vous me direz, j’aurais aussi pu aller les voir ce dimanche en ouverture de
KLONE au
Petit Bain mais l’intégralité de la soirée étant acoustique… Bref, le
package était certes plus attrayant mais j’ai clairement eu peur de somnoler un peu aussi. Peut-être à tort, j’ai opté pour le tout électrique.
Vendredi oblige, je peux finir ma journée un peu plus tôt, ce qui me permet de m’autoriser exceptionnellement une ou deux pintes au bar en observant la faune. J’aurais pu en profiter pour interviewer
Olivier Dubuc mais, par manque de temps dans la semaine, je n’avais pas préparé mes questions, ce n’est que partie remise. Je le croise tout de même quelques minutes avant le début du concert, il me confirme qu’ils ont trois quarts d’heure de jeu, cela me permettra de pleinement savourer la dimension que prennent les morceaux sur scène. En attendant le début et alors que le lieu n’est encore que très modestement garni, je crois reconnaître
MASS HYSTERIA en fond sonore, je n’en suis pas certain mais ce que j’entends ressemble beaucoup à «
Le bien-être et la paix », en davantage electro dancefloor. Si ce n’est pas ça, c’est drôlement bien imité. Heureusement, cette question existentielle sera rapidement balayée par l’arrivée du trio.
Le temps que l’ingé son trouve les bons réglages, la batterie est un peu trop mise en avant. Il faut dire que
Christophe Hiegel a une grosse force de frappe, c’est un cogneur, les coups sont secs, son jeu est également plein de
feeling et le sentiment que j’avais eu en écoutant «
Précipice » comme quoi c’était un peu lui qui portait le principal de l’ossature des titres se trouve pour moi confirmé. Capable d’avoiner sur les passages
doom metal ou de créer des climats plus
jazzy durant les phases
dub, il assure une assise rythmique primordiale aux multiples développements des compositions. Evidemment, ses comparses ne sont pas des manchots, à commencer par le bassiste
Erwan Lombard dont le son tout en rondeur s’adapte lui aussi à chaque ambiance, ma préférence allant peut-être aux instants où les notes les plus basses m’évoquent parfois les climats d’un
BOHREN & DER CLUB OF GORE. Quant à
Olivier, il m’a paru évident que toutes ses collaborations (
THROANE,
OVTRENOIR,
ZËLOT,
KRV,
EITRIN) ont aiguisé sa présence scénique. Et s’il est depuis longtemps un adepte des
loop, elles me semblent aujourd’hui bien mieux dosées, l’homme excellant dans la création de tessitures sonores. Ce n’est pas un
riffeur si je puis dire (ce qui n’est pas une critique), même si la poudre de ce
post doom metal cinématographique a parlé à plus d’une occasion.
Quoi qu’il en soit, le
live met bien en évidence l’aspect oxymorique de la musique de
MAUDITS, la charge métallique est plus radicale, la douceur plus soyeuse, les instants
trip hop me donnant envie de gober un truc pour encore mieux accompagner les montées. En conclusion, je dirai donc que j’ai trouvé le
set parfaitement carré et dense, appuyé par un jeu de lumières totalement immersif, il faudra quand même faire attention à l’exploitation des enfants, la gamine du batteur venant mettre quelques coups de toms à la fin et c’est aussi elle qui m’a vendu un t-shirt ! :-) Tout cela est fort sympathique, une bonne illustration de l’état d’esprit de la formation qui est là pour le plaisir (salut Herbert !) tout en ayant une approche très professionnelle de la performance scénique. En fait, si j’avais juste une minuscule pointe de dépit, ce serait les bandes de violoncelle et, rarement, l’absence de chant. Pour le premier point, cet instrument porte parfois tellement la mélodie qu’il est dommage que le musicien ne soit pas physiquement là (ce sera le cas dimanche en revanche), même si pour bien retranscrire l’album c’est au moins un quatuor de cordistes qui serait nécessaire. Pour le second, je verrais bien quelque chose à la
ISIS, notamment sur l’album
« Panopticon », c’est-à-dire quelques rares interventions vocales bien rugueuses, juste des ponctuations… Mais c’est vraiment pour chipoter, moi qui suis rarement amateur de musique instrumentale, je me suis laissé porter tout du long. Merci pour ce voyage, lumineux, dont je ressors plein de positivité.
(Extrait filmé par
Nagash)
Peut-être ai-je un peu trop abusé de la boisson, je n’ai clairement pas envie de rentrer et je m’attarde donc pour découvrir
KOZORIA, à qui la soirée est dédiée. Je ne m’en étais pas rendu compte mais la salle est à présent bien remplie, il semblerait que la formation jouisse d’une belle côte de popularité pour une discographie somme toute plutôt maigre : un EP «
K » datant de 2016 en plus de ce nouvel album. Les mecs déboulent avec une forte énergie, tu sens vite qu’ils sont contents d’être là et qu’ils veulent nous en mettre plein la tête, le public étant déjà acquis à leur cause. Le son est excellent, il y a une grosse présence scénique mais, assez rapidement, je me lasse de ce style qui mélange principalement du
heavy metal à des rythmiques
metalcore, les quelques
growls ne suffisant pas à compenser la prépondérance de chant clair, très bon d’ailleurs, toujours juste, puissant. Pourtant, la musique est réellement accrocheuse car, titre après titre, je demeure à ma place alors qu’en soi je n’écouterai certainement jamais cela chez moi. C’est bien branlé, il n’y a pas à dire, avec notamment quelques mélodies à trois voix qui marquent durablement les esprits. Le spectacle est donc parfaitement à la hauteur de l’évènement, c’est un succès indéniable pour le groupe et, je l’espère pour les musiciens, le début d’une jolie carrière.
Alors que je relis mes notes de la veille pour rédiger cet article, je constate que je ne peux bien sûr pas tout retranscrire car il y a des mots parfois un peu durs, aussi me contenterai-je en guise de conclusion de vous partager une petite sélection de mes pensées du soir, en vrac et sans retouche :
« Ça sent la sueur, fort, c’est la meuf à côté de moi ? Tout à l’heure ça sentait le prout, j’espère que ce n’est pas la même. »
Extraits d’un échange de textos :
« Moi : Je finis mon ricbal et je pars de ce « Je ne vous entends pas Paris ! »
Ventriloque : Quelle horreur ce cliché.
Moi : J’ai repris un Ricard, je suis hypnotisé.
Ventriloque : Tu vas y prendre goût, attention. »
« Merde, leur truc est vraiment malin, je reste. »
Setlist
1. Pandora’s Box
2. Demonize Them
3. Fading Embers
4. Dawn
5. Reborn
6. Leviathan
7. We’re Wolves
8. The Source
9. Division
Par Keyser
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Par Lestat
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Par Sosthène
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Par MoM
Par Jean-Clint
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Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
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Par Troll Traya
Par alexwilson
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