Zemial - The Repairer of Reputations
Chronique
Zemial The Repairer of Reputations (EP)
Cela n’est guère un secret que Archon Vorskaath est un très grand fan de rock progressif, entre autres, et plus particulièrement de celui des année mille neuf cent soixante dix. Il l’avait clairement démontré sur le troisième album de Zemial, l’excellent Nykta, qui, même s’il renouait d’un côté avec le black thrash metal des débuts, avait aussi démontré de grandes ouvertures vers d’autres horizons. C’est bel et bien vers ces autres horizons qu’il faille chercher avec cet EP intitulé The Repairer of Reputations, sorti en deux mille seize, et qui n’est composé d’un unique titre dépassant les quatorze minutes. L’on ajoutera que cet EP est uniquement sorti en format numérique et est accompagné d’un livret expliquant de quoi il est question dans l’histoire narrée le long de ces minutes.
Inspiré d’une nouvelle de Robert W. Chambers du même nom, ce titre est une merveille de progressif, ne comprenant d’ailleurs pas de structures récurrentes, si l’on devait se référer à l’un des dogmes de ce courant musical. Si le titre nous est présenté comme étant en deux parties, il comprend tout de même un enchevêtrement de moments bien distincts, d’ambiances assez différentes dans lesquelles l’on navigue assez agréablement en étant porté par les instruments. Mais ce que l’on va surtout retenir de cette composition c’est d’abord sa fluidité et le soin apporté à chaque éléments, Archon Vorskaath ayant enregistré quasiment tous les instruments sur ce titre. En tout cas, cela renvoie très souvent à pas mal de groupes de cette scène progressive des seventies, je pense notamment à l’école de Canterbury, mais aussi à des groupes comme Yes ou Genesis, pour ce côté très narratif et construit de ce titre. Cela commence assez doucement avec des acoustiques jouées en arpèges, avec quelque chose d’assez théâtral au niveau du chant, qui sera une des grandes caractéristiques de ce titre. Viennent se joindre à tout ceci du mellotron donnant évidemment une coloration on ne peut plus passéiste et onirique à l’ensemble. Il y a quelque chose d’enchanteur dans ces quelques minutes avant que l’ensemble ne devienne plus inquiétant, ce qui transparait notamment avec ces quelques notes de synthétiseurs analogiques et l’entrée petit à petit des instruments électriques. C’est dans cette partie que le protagoniste se pause des questions existentielles et va rencontrer le réparateur de réputations.
Car il ne faudrait pas pour autant oublier qu’on est toujours dans des sphères métalliques, et les deux tiers de ce titre sont dans cette veine. Évidemment, c’est là que l’on sent bien la patte de Vorskaath dans le riffing, même si l’on va rapidement prendre des chemins progressifs, qui rappelleront pas mal les Allemands d’Eloy dans les sonorités, avec d’ailleurs une production assez chaude et naturelle. Et l’on va ainsi alterner entre parties chantées plus intenses et d’autres plus instrumentales, où tout le feeling de l’Hellène va être mis en avant. Il y a autant de simplicité que de moments touchants, mais avec aussi une forme de grandiloquence, notamment dans cette partie instrumentale centrale de toute beauté. Même dans ces élans les plus progressifs, l’on retrouve cette touche méditerranéenne, un peu comme si les vieux Genesis avaient été joué par les membres d’Aphrodite’s Child. Ce qu’il y a de bien, c’est cette montée en intensité bien heavy metal qui monte dans cette longue partie instrumentale, comme une sorte de climax avant que le tout ne redescende pour quelque chose de plus sombre, voire même un peu menaçant et lourd, avec des légers drones à la basse. L’on a là une bonne illustration de la folie et de la mégalomanie dont va s’emparer le personnage de la nouvelle. Tout ceci s’étiole vers quelque chose de plus mélancolique avec le retour des acoustiques et du mellotron pour un final poignant qui sonne assez nostalgique et tient pour une forme de rédemption et de regret de la part du personnage.
Le résultat est évidemment époustouflant, tant dans la construction du titre où tout s’articule très bien, que dans l’exécution des instruments. C’est fait vraiment avec finesse et la technique est clairement mise au service de la musique. Dans tous les cas l’on ne s’ennuie pas à l’écoute de cette composition et l’agencement de ce titre suit bien la progression de l’histoire qui nous est narrée. L’on est bien dans le prolongement de titres comme Pharos ou In the Arms of Hades de Nykta, mais sans les éléments extrêmes de la musique de Zemial. C’est certes un exercice de style auquel s’est confronté Archon Vorskaath mais il l’a réussi haut la main. Encore une fois, ce projet n’est pas le plus prolifique du monde, mais la qualité est bien présente à chaque fois. Un album dans cette veine musicale a été annoncé il y a quelques temps par le leader du groupe, j’espère qu’il sortira assez vite, car s’il est de cette qualité, il y a de quoi être comblé. En attendant, si vous aimez le metal progressif, mais surtout le rock progressif des années soixante dix, il n’y a aucun doute que The Repairer of Reputations devrait vous ravir.
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