Finis Omnivm - Hagards
Chronique
Finis Omnivm Hagards (EP)
Après de brillants débuts via le réussi et original
« Cercle » il y’a déjà trois ans de cela, il était temps pour le combo de lui donner un successeur tout aussi convaincant tant le potentiel entrevu précédemment laissait augurer de bien bonnes choses pour la suite. Ayant vu depuis l’arrivée d’un troisième guitariste (afin de densifier un peu plus une musique bien épaisse et aux influences multiples) l’entité bien que reprenant le principe des trois titres va oser aller plus loin côté créatif, et faire de ce nouvel Ep un disque bien différent du précédent qui va montrer toute la qualité technique de ses géniteurs et surtout leur assurance à repousser leurs limites, sans avoir peur de dérouter leur auditoire. Car si l’on retrouve des éléments de la précédente livraison ce qui va surtout marquer les esprits c’est ce travail encore plus méticuleux, apparaissant sur une durée plus condensée qui ne va nuire aucunement à l’impact ni à l’accroche qui reste immédiate malgré une certaine rugosité de façade. En effet même si la noirceur de l’ensemble est toujours omniprésente celle-ci va régulièrement s’effacer au profit d’ambiances lumineuses et brumeuses, amenant ainsi de l’espoir au milieu des ténèbres portés par des rythmiques énervés autant que lourdes et suffocantes.
C’est ce schéma qui se dessine dès le départ avec l’excellent « Isolés » au nom bien raccord, tant ici on ressent un sentiment de solitude permanent au milieu d’une nature hostile et désertique, où l’on pourrait se croire autant au milieu de la tourbe Islandaise que la lande d’Ecosse de par notamment une météo changeante régulièrement. En effet toutes les rythmiques vont être de sortie et en premier la vitesse élevée via une influence Punk majeure portée par du riffing sobre (mais bien plus travaillé qu’il n’y parait) et une basse bien lourde, avant que tout cela ne laisse place à un fort ralentissement où le bridage va être de mise. S’obscurcissant au fur et à mesure de l’avancée cette compo est une marmite prête à exploser de par la lourdeur extrême qui s’en dégage et où le chant entièrement chanté dans notre belle langue (cela va être le cas en permanence sur ce court-format) amène un supplément d’âme, tant J. derrière son micro réalise une prestation de haute volée. Si le sentiment immersif rempli d’humidité est présent sur la durée l’explosion tant attendue finit par arriver, via des parties où ça tabasse fort et sec qui sont ponctuées en alternance de mid-tempo remuant et propice au headbanging, avant que tout cela ne voit le retour du calme après la tempête de par l’apport d’arpèges doux et éthérés joués dans le néant cosmique et où là-encore la voix se montre clairement à son avantage. Servant de parfait condensé au style du groupe cette plage d’ouverture ne comporte aucune faute de goût et exprime au mieux la multiplicité des styles mélangés par ses créateurs, qui ne tombent jamais dans le mauvais-goût et surtout n’en font jamais trop.
Si l’on peut pinailler sur la production sans doute trop compressée et qui manque de puissance (notamment au niveau de la batterie) le rendu proposé est suffisamment positif pour ne pas lui en tenir trop rigueur, d’ailleurs même en allant plus à l’essentiel et en osant une facette plus directe (si l’on peut dire) « Obscènes » va montrer une écriture plus inquiétante de par son ambiance rampante et ses nuages noirs à l’horizon. N’hésitant pas à blaster quand il faut comme à ralentir lourdement la cadence d’où émerge des relents occultes via un break tribal hypnotique, où tristesse et mélancolie prennent le dessus sur l’obscurité pure sans pour autant la mettre de côté. Ce point va d’ailleurs apparaître encore sur le tout aussi réussi « Abandonnés » qui va miser là-encore sur un tempo très ralenti aux accents Doom putrides et étouffants, où l’on se voit embarqué en pleine messe noire aidés en cela par les riffs coupants et précis et cette basse massive tel un marteau-pilon qui renforce ce sentiment de froideur et de densification globale, avant que la seconde moitié finisse enfin par prendre vie et délivrer la violence tant attendue avec un mélange entre passages enlevés et ceux où ca s’excite à fond la caisse aidés par des relents Sludge remplis de graisse qui suintent de partout et amènent de fait de la chaleur intense, concluant un disque qui fait passer par tous les états possibles et inimaginables.
Réussite indéniable de bout en bout et confirmant tout le bien qu’on pensait de ses compositeurs ce nouveau chapitre à l’instar du précédent demandera du temps et de la patience pour être totalement assimilé, tant de nouveaux détails émergent lors de chaque nouvelle écoute. S’il sera plus mémorisable il n’en reste pas moins tout aussi travaillé et dévoile une autre facette plus personnelle élargissant ainsi son champ d’action sans pour autant renier celui de son passé proche, dont le rendu de ces deux éléments offre un disque d’une grande densité à la fois âpre et solaire. En espérant désormais en entendre plus rapidement sur un format que l’on espère supérieur tant tout cela est encore trop court, et qu’on a du mal à être rassasié malgré un résultat à la hauteur des espérances. Comme quoi la discrétion a du bon tant les gars privilégient la musique à l’image, ne jouant nullement les poseurs et gardant leur doctrine underground et du fait-maison… même si un peu plus d’exposition médiatique ne serait pas de refus tant ils le méritent et qu’ils ont largement les moyens de se hisser haut dans la hiérarchie nationale.
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