Finis Omnivm - Cercle
Chronique
Finis Omnivm Cercle (EP)
Il est parfois difficile de définir dans quel(s) style(s) évolue(nt) certaines formations tant celles-ci manient avec conviction différents éléments pour les modeler à leur image et ainsi en faire quelquechose d’assez unique et personnel, à l’instar de DEFTONES ou plus proche de nous géographiquement avec FINIS OMNIVM. Venu de Paris et de Londres le quatuor formé en 2017 provient d’horizons musicaux très éloignés les uns des autres qui vont du Black-Metal atmosphérique, en passant le Hardcore et Crustcore, ce qui rend sa musique d’autant plus étonnante mais dont la qualité est indéniable. De plus ce premier EP se paie le luxe d’arriver à presque trente-six minutes de gros son, en ne comportant seulement que trois morceaux (dont la durée ne descend jamais sous les neuf minutes et montant même jusqu’au quart d’heure), sans que jamais on ne ressente un trop-plein ou une lassitude malgré un concept de départ assez ardu. En effet bien que reprenant le thème éculé de l’occultisme il y rajoute de nombreuses symboliques de tous bords qui parlent du caractère irresponsable de l’homme face à la nature et ses congénères, le tout en y incluant des samples tirés de pensées et paroles d’intellectuels et philosophes. Intégrés en ouverture de chacune des compos présentes ici on y trouve le très zen Alan Watts, le physicien Robert Oppenheimer et le maître bouddhiste Chögyam Trungpa Rinpoche, d’ailleurs cette thématique de bien-être et de réflexion sur soi-même se retrouve au sein du logo du groupe qui reprend la calligraphie du cercle "Enso", symbole de la vacuité et de l’achèvement au sein du bouddhisme.
Tout ceci démarre de façon acoustique et douce avec « The Womb » qui va voir ensuite l’électricité se greffer à la guitare sèche avant de partir sur un tempo très lent conjugué à un chant criard et possédé. Alors qu’on s’achemine vers une ambiance Doom le rythme va subitement s’énerver et monter en vitesse, à la fois très rapide comme en mid-tempo, particulièrement enlevé et épique, avant qu’ensuite il ne retombe comme au démarrage pour mieux repartir ensuite et conclure par quelquechose d’entraînant et qui passe très bien dans les oreilles. Car malgré ses variations nombreuses et ses onze minutes au compteur l’ensemble reste d’une cohérence sans failles, se montrant particulièrement fluide et où les diverses influences sont très bien assimilées, tout en n’en faisant jamais trop. En effet ici pas de technicité outrancière inutile, car bien qu’étant vraiment travaillée et complexe la musique de la bande conserve une fraîcheur et une spontanéité qui contribue à sa qualité, comme on le retrouve sur l’excellent et martial « The Great Destroyer ». Débutant sur la même construction que précédemment il montre aussi une facette plus guerrière et radicale, où se mêle une froideur importante et agrémentée de courts blasts qui contribuent à renforcer ce sentiment militariste. Conservant le même schéma qu’entrevu auparavant le combo se risque à jouer sur les extrêmes en n’hésitant à faire le grand-écart rythmique entre lenteur massive et vitesse élevée, sans que là-encore il ne soit pris en défaut tant l’écriture plus aérienne et éthérée est impeccable une fois encore. Sur les parties plus lentes on peut avoir la sensation d’une certaine plénitude qui tranche avec la brume et la noirceur qui englobent le reste de la compo, ce qui va servir de tremplin à l’ambitieux et dense « The Empty Gem ». Titre à tiroir dans tout ce que ce terme signifie de meilleur il voit l’apparition d’ambiances tribales en guise d’introduction, puis plus tard de relents Sludge voire carrément de Cold-Wave au niveau du jeu sobre et glaçant de la guitare (qui rappelle à certains moments celui de Bernard Sumner de JOY DIVISION), le tout calé sur les bases plus classiques entre passages au ralenti et ceux joués à fond les ballons. N’hésitant à inclure des cassures et des changements de pression à plusieurs reprises, les mecs réussissent le tour de force que tout cela s’agglomère en totale adéquation, et en y rajoutant des passages qui donnent envie de headbanguer et de taper du pied et donnent ainsi des zones de lumière au milieu de cette noirceur et abîmes d’obédience psychanalytiques.
Sans jamais être pompeuse ni indigeste cette première sortie franco-britannique est un pur régal qui n’a rien à envier à des noms plus expérimentés tant ça sent un savoir-faire affirmé, conjugué à une ligne directrice bien précise. Car on sent que les gars savent où ils veulent aller et qu’ils s’y tiennent, du coup pas de sortie de route et chacune des expériences testées ici a été minutieusement préparée et répétée de très longues heures avant d’obtenir le rendu voulu et qui s’entend aujourd’hui. Avec cette œuvre qui demandera du temps pour être assimilée aussi bien musicalement que textuellement (avec en prime une production propre et naturelle d’une grande homogénéité), le jeune combo ne rate absolument pas ses débuts malgré la multitude de genres explorés ici et qui avaient tout du piège pour un "novice" comme lui. Autant dire qu’on a déjà hâte d’écouter le successeur de ce « Cercle » qui n’est pas réservé uniquement à une poignée d’initiés, mais bel et bien au plus grand nombre tant la diversité des genres proposés permettra à chacun d’y trouver son bonheur, c’est dire la polyvalence de ce bijou qui n’a demande donc qu’à briller et à faire parler de lui le plus possible.
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