Depuis que
VIRGIL a été fondé, le quintette n’a pas chômé : un EP («
Initium ») en 2018 pour s’échauffer, puis un premier album en 2020 («
Divina Infernum ») suivi la même année d’un single («
Zaqqum »), pour aujourd’hui aboutir à ce deuxième LP intitulé «
Acheron ». Pour certains, ce nom fera immédiatement référence à une bonne dizaine de formations extrêmes, pour d’autres ce sera le fleuve côtier d’Epire, en Grèce, qui au temps de l’Antiquité remplissait le lac Achérousia. Quant à Virgil, j’espère que c’est en lien avec le poète latin et non pas une publicité masquée pour l’agence immobilière. Bref, trêve de galéjade, on va devoir causer de…
blackened deathcore ? J’imagine que c’est encore l’étiquette la mieux adaptée au contenu du disque, particulièrement chargé avec ses douze titres. Eux appellent cela du
modern blackened death metal, c’est vraiment pour ne pas employer le mot « core » je trouve, mais peu importe, on a compris l’idée.
Bon, première résolution pour l’année prochaine : être moins conciliant. Quand je reçois un disque que je n’ai pas demandé (je n’en demande jamais d’ailleurs), je me sens un peu redevable et donc obligé d’en parler. Ainsi en est-il de
VIRGIL, sur qui je ne me serai jamais penché en temps normal, le style pratiqué n’étant absolument pas à mon goût. Par conséquent, c’est sûr que cela fausse un peu la chronique mais que vaut-il mieux pour la formation ? Que j’écrive un article ou que je n’en écrive pas ? Dans tous les cas, étant donné qu’il y en a certainement ici qui écoute du
deathcore je vais quand même essayer d’être objectif. Et, pour de vrai, je n’aurai pas tant à me forcer que cela car «
Acheron » a tout de même de sérieux atouts à faire valoir.
Pour commencer, il y a la très grosse production qui débouche tout : les tympans, les sinus, les occlusions intestinales, et ce dès les premières mesures de « Black Feathers », « Acheron » n’étant qu’une mise en bouche cinématographique visant à poser une ambiance. Les mecs semblent avoir tout misé sur la maximisation de l’impact sonore, avec une batterie bien avant, des rythmiques épaisses et un chant certes très typé mais qui a le mérite de ne jamais s’égarer dans les envolées mélodiques en voix claire. Cette voix putain… Je ne sais même pas comment la décrire, c’est guttural sans pour autant être du
death, c’est parfois criard mais jamais comme du
black ou du
grind, ça sonne toujours hyper retouché du fait des dédoublages de pistes, c’est sûr que ça avoine sec mais personnellement je ne suis que rarement ému par de telles vocalises. Par analogie, cela me procure la même réaction que la vue d’une femme bodybuildeuse : je suis impressionné mais je ne ressens aucune forme d’attirance physique, ma libido prend direct un aller simple pour le fin fond de mes godasses.
Dans tous les cas, les compositions cartonnent, c’est un fait indéniable. Evidemment, il n’y a presque aucun solo, tout est construit autour d’éléments purement rythmiques et les musiciens ne surexploitent pas le filon des breakdowns, ou alors ces derniers me semblent plus malins et/ou techniques que la moyenne, ce qui évite partiellement d’avoir le sentiment d’écouter douze fois le même titre. Je dis partiellement parce que comme les morceaux font peu ou prou tous la même durée, qu’ils balancent tous la même purée sur à peu près le même tempo et que le chanteur beugle en continue, cela devient compliqué pour moi de distinguer les nuances. Alors je sais bien que nous sommes des bœufs mais je n’aime pas trop que ma tête soit prise pour une enclume, même si « Charon » nous laisse souffler deux minutes. Donc oui
VIRGIL est un groupe très viril, qui la joue costaud tout du long mais quarante minutes à ce régime, c’est définitivement trop pour moi. J’ajouterai cependant qu’effectivement, de nombreux riffs sont clairement d’obédience
black death, aussi volumineux que des biceps d’haltérophiles, ce qui est clairement ce qui permet aux musiciens de se démarquer du reste de la scène.
En synthèse : si vous êtes à fond dans le
deathcore à tendance très brutale, il vous faut acquérir «
Acheron ». C’est l’un des trucs les plus réussis que j’ai pu écouter dans le genre, sachant que je n’en suis pas un spécialiste donc cet avis vaut ce qu’il vaut. En revanche les autres, qui aiment aussi certainement le brutal mais qui préfèrent la folie du
grind ou le coulis caverneux du
death, je ne vois point de salut pour vous ici.
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