Shitstorm - Only In Dade
Chronique
Shitstorm Only In Dade
Vingt-sept titres pour à peine dix minutes. « Comme à la maison », je crois qu’on dit, non ? Non, pardon : "Proper wreck shop sound", formule qui résume à merveille « Only in Dade », et que l’on doit au grand Mick Harris – que je ne vous ferai pas l’affront de présenter.
Une nouvelle sortie de Shitstorm qui, si j’en crois ce que j’ai pu lire sur les internets, est un véritable évènement, surtout après neuf ans de silence radio relatif. Apparemment, la formation, composée de deux ex-Torche (Jonathan Nuñez à la guitare/basse et Rick Smith à la batterie), jouit d’un certain statut… Je connais finalement très peu ces joyeux drilles, survolés à l’époque sur leur split avec les fous de Magrudergrind – ceux qui connaissent mon immense affection pour le groupe devineront sans mal quelle partie dudit split gagnait les faveurs du bouton replay. Bref, c’était il y a longtemps (2006, pour être précis), prenons « Only in Dade » comme ma première rencontre avec Shitstorm. Mazette, j’étais pas prêt.
Comme l’écrit un random sur Bandcamp : "BY FAR the most intense Grindcore I've heard in a very long time. " On pourrait en rester là, c’est la synthèse parfaite : phrase courte, droit au but, efficace. Grosse intensité qui n’est jamais prise en défaut. La faute à des titres toujours en dessous de la minute, des blast beats à la pelle, un chant purement Punk, aboyé, à bout de souffle, et une guitare en garde alternée, entre papa Hardcore et maman Noise – Hé oui, non content de tartiner généreusement les esgourdes, Shitstorm n’hésite jamais à laisser sonner les larsens, massacrer les cordes face aux amplis, plages de bruits sourds ou stridents. En témoigne l’hallucinante ouverture de disque, cinquante-cinq secondes de bruit abstrait sur un batteur qui fracasse littéralement ses toms, bonne idée qui plonge directement dans le bain, judicieusement utilisée tout au long du disque pour maintenir la tension (l’intro de « Left With Anger », le grand final « This is not a Scam »…) Et quelle prod’, nom de Dieu ! Signée Jonathan Nuñez, elle est absolument parfaite, ni trop huge, ni trop raw, rendu brouillon sans jamais être inaudible. Elle sert à merveille les assauts des Floridiens – grosse, grosse vindicte pour le pauvre auditeur… Qui en redemande.
Si tu me lis, tu sais que j’ai tendance à être un vrai peine-à-jouir dès lors que « Grindcore » et « Durée » cohabitent dans la même phrase. Trop court, trop long… « Only in Dade » est un exemple en la matière. En fait, si le tout-venant pourra trouver absurde d’expédier vingt-sept titres en neuf minutes et quarante secondes, les autres, les sachants, trouveront la chose parfaite. Toute indiquée vu le massacre qui se joue dans les sillons du vinyle, produit par ALT MIA et Malokul (à qui l’on devait le pressage du dernier Sulfuric Cautery, autre dinguerie abordée dans nos colonnes). Elle garde vive l'urgence, l'intensité qui habite chacun des vingt-sept titres de l'opus. Comment ça, tu crains de devoir te relever toutes les dix minutes pour remettre le LP en place ? Pas d'inquiétude, une certitude : on ne peut pas rester assis quand on écoute "Only in Dade". On se frappe la tête contre les murs, et on distribue des balayettes au mobilier du salon.
Shitstorm me rappelle Siege, mais sous stéroïdes et atteint d'un sérieux TDAH. Sois sûr que si je ne l'avais pas découvert sur le tard, cet "Only in Dade" figurerait en très bonne place dans mon bilan de l'année dernière. Qu'on goûte le Grindcore ou le Punk Hardcore, cette dernière fournée made in Dade City saura mettre plus-ou-moins tout le monde d'accord. Ça, c'est de l'arrosage en règle - vous savez à quoi consacrer vos dix prochaines minutes.
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